Ce tome contient "Vengeance of Bane" (1993) et la minisérie en 4 épisodes "Bane of the Demon" (1998).
La vengeance de Bane (Scénario de
Chuck Dixon, dessins de
Graham Nolan, encrage d'
Eduardo Barreto) - En 1993, Bane casse la colonne vertébrale de Batman. Ces histoires ont été rééditées dans Knightfall, tome 1 et suivant (à l'occasion du film "The Dark Knight rises"). En parallèle paraît ce numéro spécial qui raconte l'enfance de Bane dans une prison, jusqu'à sa première rencontre avec Batman à Gotham.
Minisérie Bane (scénario de
Chuck Dixon, dessins de
Graham Nolan, encrage de
Tom Palmer) - Bane a surmonté sa dépendance à la drogue qui lui donnait une force surhumaine, appelée Venom. Il décide de partir à la recherche de l'identité de son père. Après un bref passage par la prison de Santa Prisca, la piste des indices le ballade de Rome à Singapour, en passant par Madrid, Sarajevo, Aden, Okhost, Lusaka et Kota Kinabalu (tout ça en 1 seule page). Enfin à Singapour, il met la main sur Jean-Paul Aumont qu'il se met à torturer pour extraire des informations. Au même moment Talia al Ghul investit l'immeuble avec des hommes de main de son père à la recherche d'un incunable dans la collection d'Aumont.
Dans les années 1990, Dennis O'Neil est le responsable éditorial de groupe des séries affiliées au personnage de Batman. Non seulement il coordonne les séries entre elles, mais aussi il s'assure de la cohérence de l'univers partagé spécifique au personnage. Il conçoit également des superstructures narratives qui ont fait date dans l'histoire du personnage : Knightfall, Contagion (1996), Legacy (1996), Cataclysm (1998), No man's land (1999). C'est lui qui assure une vision à moyen terme des personnages les plus significatifs et les plus structurants. C'est en partie grâce à lui que ces récits résistent à l'épreuve du temps et reste lisibles.
L'enfance de Bane se déroule dans une prison sur l'île ficitive de Santa Prisca qui est apparu pour la première fois dans la série "The Question", écrite par O'Neil. Bane s'injecte une drogue pour décupler ses forces, appelée Venom et créée par O'Neil dans une histoire de Batman (Venom, en anglais). En replongeant dans ces histoires, ou en les découvrant, le lecteur évolue dans un monde fortement structuré, même si ces éléments ne constituent pas l'intérêt principal du récit.
Quant au contenu proprement dit,
Chuck Dixon privilégie toujours l'action et une histoire facile à suivre. L'enfance de Bane est dénuée de tout réalisme, toute vraisemblance et toute plausibilité. Mais au final, il se dégage un léger parfum de tragédie virile assez séduisant. Comme par hasard, pendant ses pires cauchemars, Bane s'imagine en proie à une horreur indicible qui a la forme d'une chauve-souris. Bane est doué d'une force de volonté hors du commun, titanesque à ce niveau là qui fait de lui un autodidacte exceptionnel. Comme par hasard, la prison où il est détenu dispose d'une bibliothèque recelant des ouvrages didactiques sur des langues étrangères parlées un millier d'individus. Dixon s'amuse aussi un peu en faisant de Bane, l'antithèse de Doc Savage. Comme lui il est autodidacte, comme lui il représente la perfection de la performance physique, comme lui il est entouré par une bande de 5 spécialistes.
La minisérie qui suit reprend le même schéma : de l'action, des coïncidences impossibles (Bane et Talia au même moment et au même endroit). Bane est plus viril que jamais, et certainement plus noble puisqu'il est maintenant sevré.
Chuck Dixon en fait le successeur de Batman auprès de Talia al Ghul, avec l'ombre paternelle très présente. Ce récit simple et rapide parfait l'intégration de Bane au sein de la mythologie de Batman. le lecteur découvre petit à petit les 2 ou 3 ressorts psychologiques de Bane. Cette construction est rudimentaire, mais bien conçue et solide ; elle sera reprise en l'état par
Gail Simone quand elle intègrera le personnage aux Secret Six, à partir de Unhinged.
Comme
Chuck Dixon,
Graham Nolan a réalisé beaucoup d'épisodes de Batman à cette époque. Il a un style relativement réaliste qui semble un amalgame entre
Jim Aparo et
Joe Kubert. le résultat se laisse lire sans avoir à se forcer. La densité narrative visuelle n'est pas très élevée. Il y a une moyenne de 4 cases par page. Les visages des personnages arborent des expressions très marquées, pour ne pas dire exagérées. Les décors sont présents assez régulièrement, plus que dans des planches de
Jim Aparo par exemple. le niveau de violence est assez élevé (comme en général dans les comics), mais sans être très graphique. Les illustrations sont à l'image du scénario : directe, sans effet de manche, sans sophistication.
Ce tome propose une plongée dans le passé d'un ennemi significatif de Batman (tout en étant assez récent). Il s'agit d'histoire qui se lisent vite et qui viennent apporter des précisions dans la continuité et les origines du personnage de Bane. S'il n'y a pas de quoi fouetter un chat, il ne s'agit pas non plus d'une lecture fastidieuse.