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Citations sur Crocodiles (24)

[...] le pardon est comme le grain d'encens embaumant le feu qui le consume.
(Crocodiles (Hier était un grand jour), p.43
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Tu sais, mes conseils ne te serviraient pas à grand-chose… Mais sois prudente. Et rappelle-toi quand même ceci : « Quand il pleuvrait toute une année, est-ce que l’eau de mer deviendrait douce… ? »
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La rivière était haute et nerveuse. Les berges sifflaient et de petits tourbillons glougloutaient éperdument à la surface avant d'être balayés et ramenés dans les rangs. Je sentais la terre trembler sous mes pieds, je sentais l'euphorie du courant et j'en étais tout réjoui et comme paralysé d'émotion. J'aimais cette rivière. Je sentais mon coeur battre chaque fois que je l'approchais. Je comptais parmi les plus belles choses de ma vie le simple fait de m'asseoir à ses côtés, la regarder, l'écouter, sous le soleil, sous la pluie, qu'elle fût calme ou exaspérée, limpide ou noire comme de l'encre, je connaissais ses humeurs, ses chants, ses sortilèges, elle me parlait, me réconfortait ou me plongeait dans de sombres états d'âme, elle dansait comme un ange ou se dandinait comme une infâme putain, j'avais passé des heures et des heures avec elle, les yeux fixés dans ses reflets, alanguis ou rougis de larmes ou fiévreusement écarquillés lorsque le jour tombait et qu'un dernier rayon déclenchait la plus étonnante et hiératique symphonie que je pouvais imaginer, certainement oui j'éprouvais à son égard un amour véritable.
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Je n'y connaissais pas grand-chose en matière de beauté féminine, pourtant je me rendais bien compte que ma sœur était mal foutue. Je n'étais pas sûr de m'en être aperçu auparavant. À présent qu'elle n'avait plus de seins - ou peu s'en fallait, elle en avait eu pour son argent - son bassin paraissait encore plus large et ses épaules plus étroites et l'on songeait immédiatement à une bouteille d'eau de Vichy. Mais c'était sa maigreur qui frappait par-dessus tout. On aurait dit un corps de vieille femme desséché alors qu'elle n'avait que deux ans de plus que moi. Je découvrais qu'elle n'avait pas de cou, pas de fesses, pas de chevilles. On ne voyait plus que ses défauts, ses formes décourageantes, sa silhouette redoutable. Ma sœur n'avait certes jamais été une créature appétissante. Cependant, le mauvais sort avait épargné son visage et d'aucuns auraient pu la trouver à leur goût. Mais plus maintenant, à moins d'un miracle, ou d'un manchot cérébral ou d'un pasteur non voyant.
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Les heures s'écoulèrent sans le moins du monde entamer le calme qui par bonheur m'échoyait en ces instants difficiles. Une étrange insensibilité était aussi mon lot.
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La solitude m'avait toujours semblé être un fardeau naturel et finalement bien moins terrible qu'on se l'imaginait. Je n'attendais plus rien de la vie. La mort ne m'effrayait pas. Il me restait encore quelques bons livres sous la main et il y avait encore de beaux saumons en perspective, mais rien qui ne me retenait vraiment. Cette idée que ma dernière heure approchait n'éveillait aucune amertume en moi. Je n'étais pas pressé mais je ne souhaitais aucun sursis. Je n'aurais pas su qu'en faire.
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Quand il pleuvrait toute une année, est-ce que l'eau de mer deviendrait douce...?
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La seule victoire que jusqu'à présent j'avais heureusement remportée était celle du silence.
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Je devais donc agir avec précaution et maitriser la violence des sentiments qui me harcelaient. Car ils me harcelaient, me tourmentaient véritablement et la vie ne m'avait pas préparé pour un tel combat. J'étais désarmé, je ne connaissais pas de riposte à ces coups dont me lardait un démon invisible, je brandissais une garde pathétique et dérisoire à travers quoi le moindre assaut passait. La seule victoire que jusqu'à présent j'avais heureusement remporté était celle du silence. Mes affres ne m'avaient pas arraché un seul mot, pas une grimace que je n'eusse étranglés si ils étaient dans les parages. Et je souriais et plaisantais comme à l'accoutumée, m'enjouais de leur simple compagnie, malgré quelques éclairs de lucidité.
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Noé riait. Nous avions les cheveux au vent. Je lui jetai quelques coups d’œil consécutifs tandis qu'une rangée d'arbre zébrait le soleil et stroboscopait ma vision. "Au fond, lui dis-je, ça m'arrange que tu ne parles pas." Je ne savais pas si il m'écoutait mais ça n'avait pas une réelle importance. Mes paroles s'envolaient, des lambeaux de paysage se superposaient indifféremment. "Et je te trouve très bien comme tu es. Tu sais, la plupart des gens ne disent pas ce qu'ils pensent, alors à quoi bon ... ?" Aussitôt descendus en ville, il me donna la main.
Je ne me souvenais pas qu'un enfant m'eût approché de près ou de loin, au cours de ma vie. Je n'avais pas d'avis très particulier sur eux, sinon qu'il fallait leur consacrer du temps et pour moi, cela réglait immédiatement la question.
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