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EAN : 9782070122141
240 pages
Gallimard (30/11/-1)
3.45/5   725 notes
Résumé :
« Décembre est un mois où les hommes se saoulent – tuent, violent, se mettent en couple, reconnaissent des enfants qui ne sont pas les leurs, s'enfuient, gémissent, meurent... »
"Oh..." raconte trente jours d'une vie sans répit, où les souvenirs, le sexe et la mort se court-circuitent à tout instant.
(Quatrième de couverture de l'édition Gallimard 2012)
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Critiques, Analyses et Avis (154) Voir plus Ajouter une critique
3,45

sur 725 notes
Certains esprits chagrins ne manqueront pas de déplorer qu'en un mois, il se passe beaucoup trop de trucs improbables dans la vie de Michèle.

A l'inverse de nombreux commentaires qui déflorent hélas le sujet, je me garderai d'énumérer à mon tour les calamités, familières ou hors normes, qui jalonnent en effet ces trente jours de la vie d'une femme. Et peu importe la vraisemblance car l'essence même du livre se trouve précisément dans ce conglomérat de péripéties et d'individus, comme un assemblage baroque unirait plusieurs existences en une seule pour permettre de mieux en appréhender le sens.

Fait rare, parait-il, Philippe Djian s'est glissé ici dans la peau d'un personnage féminin. Forte et vulnérable, prudente et impulsive, Michèle est paradoxale, intelligente, indépendante, libre et (donc) politiquement incorrecte. Son sacré tempérament ainsi que l'accumulation des tracasseries qui vont entraver son quotidien se révèlent rapidement addictifs. Djian n'y va pourtant pas avec le dos de la main morte… plaçant son personnage et ses névroses en équilibre perpétuellement instable, toujours à la lisière de l'implosion malencontreuse. Son écriture particulière ne s'embarrassant pas plus de détails superflus que de respirations ou d'un traditionnel découpage en chapitres, la narration se déverse d'une seule traite et nous cueille au finish sur un coup de théâtre corrosif et… percutant (c'est le mot).

L'histoire d' ''Oh...'' s'apparente à l'inexorable descente d'un rapide, de plus en plus tumultueux et parsemé d'écueils ; on finit par dégringoler du haut de ses chutes pour en ressortir à peu près indemne, sonné, rincé, achevant le voyage au fil d'un fleuve (presque) tranquille. Voilà pour moi l'illustration précise du déroulement de ce roman habile et troublant… Une chouette balade, qui secoue méchamment.



Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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Oh... oh zut, mes retrouvailles avec Djian sont un peu mitigées !
Nous nous sommes beaucoup aimés, avant, au temps de '37,2 le matin', de 'Sotos' ou de 'Lent Dehors', un peu comme Michèle et Richard dans 'Oh'. Puis, toujours comme Michèle et Richard dans 'Oh', nous nous sommes quittés, pour une sombre histoire de 'Doggy bag' qui ne passait pas. J'espérais donc que nous allions nous retrouver dans un grand 'Oh' de plaisir littéraire... mais en fait non, pas vraiment, dommage.

Le livre raconte l'histoire de Michèle avec ses hommes : son (pas tout à fait) ex-mari Richard, toujours là pour l'aider ou l'engueuler, son amant Robert qui ne la fait vraiment plus rêver, son fils Vincent qui la fait carrément flipper, son gentil voisin Patrick qui la fait vaguement fantasmer, son violeur qui l'a salement cabossée et son père qui l'a encore plus profondément traumatisée... Il y a quelques femmes aussi, mais leur rôle est moindre, elles semblent être là juste pour enfanter, mourir ou réconforter...

Aussi bizarre et déjantée soit-elle, l'histoire ne m'a pas dérangée, bien au contraire, et j'ai trouvé plutôt belles les relations avec Richard et Anna. En revanche, j'ai cherché en vain les tripes, le sang, le coeur qui font pour moi la force de Djian. Alors oui, il y a ses ingrédients habituels, du sexe à l'état brut, quelques personnages bien allumés et des situations compliquées, mais la magie n'opère pas, ça reste assez tiède... 

J'ai lu sans avoir le coeur retourné, les joues en feu ou envie de crier, bref sans les émotions et sensations fortes que j'attendais. Alors, même si ça reste efficace et agréable à lire, mon 'oh' est un peu déçu...
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Oh oh oh! (Je fais echo au titre). Oh oh oh (je fais à present echo à la fin du livre). Oh oh oh (là, je peine). Oh oh oh donc. Oh oh oh dis-je.
Oh! Tout ça pour ça?
Il n'est pas du tout déplaisant ce dernier Djian puisque je l'ai lu en une journée, sans me rendre compte qu'il ne présentait pas de chapitres. Ceci expliquant peut-être cela. Allez savoir. Pas déplaisant mais pas particulièrement plaisant. Nanouxy, ma copine Babelio, me suggèrerait de dire: "je ne suis ni pour ni contre, au contraire!"

C'est un roman et il s'agit d'une histoire même si Philippe Djian raconte à l'envi qu'il ne raconte pas d'histoire. Une histoire qui grince entre moult personnages tragi-comiques. Une histoire avec chute. Mais une histoire peu crédible.

Michèle, bientôt quinquagénaire, a la parole. Séparée de Richard, mère d'un adolescent attardé de vingt-quatre printemps, elle se fait violer à son domicile. Notez bien qu'elle n'a pas été violée. Malgré la culpabilité que semble recouvrir la formule active et pronominale, Michèle ne juge pas l'évènement d'importance. Elle prend un bain, achète quelque bombe lacrymogène, commande un système d'alarme lorsque le violeur se re-manifeste mais ne se met pas davantage martel en tête. Elle poursuit sa collaboration professionnelle avec son amie Anna, persiste à la cocufier avec un Robert peu appétissant. Elle n'en finit pas de s'agacer sur le fiston qui reconnaît le bébé d'une grosse vache et d'un trafiquant de drogue arrêté quelque part. Elle s'énerve aussi contre sa septuagénaire de mère affublée de jupes courtes en cuir et d'un fiancé trentenaire. Elle s'entête à snober son vieux père qui moisit en prison pour avoir assassiné soixante-dix enfants dans un club Mickey. Accepte mal la nouvelle relation de son ex. Enfin, elle engage une danse mortifère avec le voisin banquier charmant et athlétique en qui elle reconnaît…

Au bout de cette histoire qui cumule les invraisemblances, perce pourtant quelque chose de nos malaises contemporains. Ce qui sauve le livre. Peut-être.
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Oh… une femme vient de se faire violer, et continue de coucher avec son violeur dans des jeux sadiques à la limite de la bestialité bien pensante. Une affaire de pulsions, dirai-je et les pulsions, ça ne se commande pas, ça se vit. Et ça se pratique, viens ici, ma belle, que je te viole. Et après on fera peut-être l'amour. Mais ce n'est pas tout. Elle a aussi une liaison avec le mari de sa meilleure amie. Elle a un fils qui kidnappe le fils de sa petite amie, un ex-mari scénariste incompris, une mère qui a des amants trois fois plus jeunes qu'elle et un père en taule depuis trente ans pour avoir massacré une soixantaine de gamins dans un club Mickey. Voilà, je crois que je n'ai rien oublié du portrait de cette femme à la famille bien déjanté et à l'humour presque grinçant. « Elle » est un peu particulière dans son genre.

Ma première pénétration dans l'univers de Philippe Djian, que je n'avais fait qu'effleurer aux travers des textes musicaux de Stephan Eicher. 37°2 le matin, pas lu, et même pas sûr d'avoir vu le film, c'est que Béatrice Dalle m'a toujours indifféré, même pour sa scène de baise anthologique, il y a d'autres brunes nettement plus incendiaire et appétissante pour construire d'autres scènes de baise d'anthologie. Mais passons, bien, pas bien, tu te fous de ma réponse, tu veux juste savoir les détails de ces viols à répétition, de la froideur avec laquelle « Elle » prend les jeux de l'amour.

Je tourne les pages mais ne sais pas quoi penser d' « Elle ». Acide, cynique, folle, baisable, froide, glaciale, mais surtout une femme forte et indépendante. Même si je n'ai pas vu le film, encore, Michelle a, au fil des pages, les traits d'Isabelle Huppert. Je n'y peux rien, c'est mon inconscient qui lui a donné son double cinématographique. Et je crois que le duo s'adapte bien à ce roman, Isabelle est « Elle », « Elle » est Michelle. Et moi je me demande quand tu m'autoriseras à te violer, une nouvelle fois, plusieurs fois…
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Oh… oh, il envoie du lourd. Narration glaçante des premières lignes, sans fioriture. On comprend à demi-mots ce qui vient de se jouer. Je suis choquée, le saisissement est brutal et je chute dans un gouffre de non-sens. Comment fait-elle, putain ?! Merci monsieur Djian, j'adore être prise de stupeur comme ça. Ce roman me plait déjà à peine ouvert.

« Tu as de ces mots, putain ! » Ok j'arrête de parler comme les mecs de cette famille. Mais écoute ce qu'elle te raconte, elle.

Incroyable ce roman, un verre brisé, une tâche de vin blanc qui s'évapore, aucune trace visible juste une faible odeur qui partira lentement, resteront uniquement les envies meurtries de cette femme et ses souvenirs. Une percée dans les failles d'une femme arrivée au milieu de sa vie, qui se livre uniquement aux lecteurs, car à qui pourrait-elle dire la vérité ?

« Même à moi, je n'ose pas dire la vérité. »

Seuls des lecteurs irréels à ses yeux sont capables de savoir la réalité de ce qui s'est passé un hiver, autour d'un Noël froid et pénétrant. Coincée, elle est prise dans un engrenage d'amour qui s'est refermé sur elle. C'est un homme qui décrit d'une façon admirable les pensées les plus intimes d'une femme pas comme les autres, une histoire paternelle lourde ayant conduit à la destruction de sa famille alors qu'elle était adolescente, elle s'est reconstruite envers et contre tout.

Elle a rencontré un homme (aujourd'hui son ex) avec qui elle a eu un fils (devenu père récemment). Elle a une amie depuis la naissance de son fils avec qui elle partage tout et même plus. Elle a un amant qui lui fait naître des désirs insoupçonnés. Elle a un chat qui assiste à tout et voit tout, comme nous lecteurs, et tous nous ne dirons rien de ce qui se passe dans cette maison…et celle d'en face. C'est violent, physiquement et psychologiquement et j'ai adoré cette plongée dans cet amour mortifère. Elle aime son fils, sa mère, son amant, comme on meurt. Oh… c'est de l'amour emberlificoté qui balance entre des hauts et des bas, des pulsions antagonistes contenues dans chacun de nous, eros et thanatos réunis dans une dernière valse. « le cimetière est vide. Je tiens quelques minutes. Puis mes lèvres commencent à trembler, je balbutie, je ressors promptement – et je sais qu'elle me lance : ‘Quelle poule mouillée tu fais, ma fille' ! »

« Ceux qui l'emportent sont ceux qui ont les nerfs les plus solides, ne l'oublie pas. »
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critiques presse (5)
Culturebox
15 novembre 2012
Un récit percutant, sans répit, dans lequel l'héroïne, victime d'un viol, s'enfonce dans une spirale de mort et de sexe.
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LeFigaro
15 novembre 2012
Au fil d'un scénario bien séquencé, Djian dresse un tableau ultraréaliste du désarroi contemporain.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Culturebox
11 septembre 2012
Djian réussit très bien à se mettre dans la peau d'une femme de 50 ans. On oublie que c'est un homme qui écrit. "Oh …" est un roman qui parle des vivants. La filiation, l'amour, le sexe, la mort. Djian aborde toutes ces questions charnellement, à travers la vie et les péripéties de ses personnages.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LePoint
30 juillet 2012
Après la série Doggy Bag, puis Impardonnables, Incidences, Vengeances, "Oh..." remploie les ingrédients qui ont fait sa réputation. Pas (seulement) l'alcool, la mort et le sexe, mais l'art des brisures de rythme dans une langue sobre jusqu'à la froideur
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Lexpress
06 juillet 2012
Les inconditionnels de Philippe Djian apprécieront de retrouver sa patte et son univers, où on baise, on fume et on boit pas mal - du vin blanc, des daiquiris, des gin tonic. Un roman enivrant, assurément !
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (118) Voir plus Ajouter une citation
Non pas que je sois jalouse. Richard et moi sommes séparés depuis bientôt trois ans et j’ai aussitôt mis quelques femmes sur son chemin pour lui rendre l’épreuve du divorce aussi peu douloureuse que possible. Je ne suis pas jalouse, mais je ne suis pas non plus indifférente. Il y a beaucoup de femmes dans ce milieu, cet univers les attire, et il s’en trouvait toujours quelques-unes pour estimer qu’un scénariste qui avait eu deux ou trois succès et connaissait du monde tout en étant plutôt bien fait de sa personne valait qu’on s’y intéresse. Je ne voulais pas qu’elles soient trop intelligentes non plus, capables de dévorer un homme jusqu’à l’os, d’échafauder des plans machiavéliques. Je me méfiais de celles qui avaient des gros seins, mais aussi de celles qui avaient lu Sherwood Anderson ou Virginia Woolf.
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«Maintenant parlons de choses sérieuses, dis-je. Vous voulez quoi pour Noël?»
Ils se regardent en gonflant les joues.
Je les aide : « Que diriez-vous, les enfants, d’une bonne machine à laver? Avec un nouveau-né, ça semble indispensable, non?» Ils me regardent comme si j’essayais de leur vendre un jambon.
«Un aspirateur? Une machine à coudre? Un robot Kenwood? Un four? Un lave-vaisselle? Une centrale vapeur? Un frigo?
- Je crois que je préfère un écran plat avec un abonnement aux chaînes payantes», déclare Josie.
- J’acquiesce. «Oui, mais mon conseil, vois-tu, serait d’aller au plus important...
- C’est ce que je fais, me coupe-t-elle. Après vient la chaîne stéréo et après le lecteur-enregistreur.»
Je souris en serrant fortement les mâchoires tandis que Vincent opine du chef.
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Nous trinquons au fait que le voilà devenu l’heureux locataire d’un trois-pièces de soixante cinq mètres carrés orienté plein sud, avec un petit balcon, pour lequel je me suis portée caution.
« Tu comprends ce que ça signifie, Vincent. Alors prends tes responsabilités. Si tu ne payes pas ton loyer, cela retombera sur moi et je ne pourrai pas tenir le coup très longtemps, est-ce que tu m’écoutes, ce n’est pas un jeu, Vincent, et je ne m’en fais pas juste pour vous, je parle pour moi et pour ta grand-mère dont le loyer est aussi à ma charge, tu le sais. Vincent, ils sont extrêmement nerveux en ce moment, ils ne laissent rien passer. Ils peuvent bloquer ton compte en un tour de main, engager des poursuites dont les frais sont entièrement à ta charge, t’envoyer les huissiers sans la moindre hésitation, t’humilier, et j’en passe. Garde toujours à l’esprit que des hommes qui spéculent sur le riz ou le blé ont déjà suffisamment de sang sur les mains pour ne pas craindre d’en faire couler davantage.»
Il me considère un instant puis sourit : «J’ai changé, mais tu ne le vois pas.»
J’aimerais le croire. J’aimerais le prendre dans mes bras et le couvrir de baisers reconnaissants. Mais j’attends de voir.
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Au fond, je ne pensais pas être une personne si étrange, si compliquée, à la fois si forte et si faible. C'est surprenant. L'expérience de la solitude, du temps qui passe est surprenante. L'expérience de soi. De plus hardies ont vacillé - et j'ai fait plus que vaciller, c'est entendu.
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Je me noue un foulard sur la tête, relève le col de mon manteau et file dans l’air lumineux et glacé du milieu de la matinée vers un bar tranquille où nous nous retrouvons parfois, Anna et moi – les toilettes sont parfaites, lumière tamisée, musique Brian Eno, parfum genre Petite Chérie ou Sous le figuier, plantes vertes, les lunettes des WC sont autonettoyantes, différents jets réglables ont remplacé l’emploi du papier hygiénique et l’on reçoit un souffle d’air tiède si l’on veut.
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Vidéo de Philippe Djian
Le romancier Philippe Djian, adapté de nombreuses fois au cinéma (notamment dans "37°2 le matin" de Jean-Jacques Beineix, "Impardonnables" d'André Téchiné, "Elle" de Paul Verhoeven), publie un nouveau roman, "Sans compter". Un polar qui ne dit pas son nom et s'approche par moment du fantastique. Il est l'invité d'Olivia Gesbert.
#litterature #polar #cinema _____ Écoutez d'autres personnalités qui font l'actualité de la culture dans Bienvenue au club https://youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDrqYh8kUxa2lt9m1vxzCac7X ou sur le site https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/bienvenue-au-club
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