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3,84

sur 83 notes
45 pages, quelques minutes à vide.
Le temps de lire, en apnée, les mots qui ne sortent pas.
Les mots que je lis et que je ressens.
Ils sont là , ces mots, enserrés, bloqués, qui s'étouffent dans ma gorge.
Je suis là, à sourire, comme tout le monde, mais ailleurs.
Face à lui, le vide.
Voir ses mains, "ses mains en travers", qui touchent et chatouillent.
Ses mains qui se posent, là où elles veulent.
Pas anodines, pas légères.
Insistantes, insidieuses, fallacieuses.

"L'instant de la fracture" est un court texte en vers libres. On le lit en un souffle rauque, le ventre dur. C'est une lecture physique, comme tous ces livres de la collection "Ego". Antoine Dole écrit ce que le narrateur ne peut dire. Il décrit ce que les autres ne peuvent voir. Son père a abusé de lui lorsqu'il était enfant. Lui, maintenant adulte, celui que ses frères et soeurs trouvent toujours trop triste, trop "à faire la gueule" pendant les repas, subit ces réunions de famille comme une grande farce sinistre. Comment leur dire ce qui le ronge depuis toutes ces années ? Comment leur expliquer le dégoût face à cet homme, aimé et aimant ? Ce serait la fin d'un monde, la fin de leur monde.

Etre victime d'abus sexuels est une ignominie. Etre victime d'abus sexuels au sein de sa famille, est une double ignominie. Car la parole porte en elle le devenir de la famille. La parole porte en elle la force des liens qui les unit les uns aux autres. La parole porte en elle ce que personne ne souhaite entendre. Antoine Dole a trouvé les mots justes et les émotions exactes mais ce texte est tellement de l'ordre de l'intime que tous les lecteurs ne pourront pas forcément y être sensible.

"L'instant de la fracture"... de la nécessité de dire l'indicible et de l'impossibilité de le faire. A moins que peut-être...
"Cette douleur.
Un jour.
Je te la promets.
Je parlerai.
Et il ne restera plus rien de toi.
Tu disparaîtras dans ce cri.
Dans cette lumière.
Dans cette vérité."
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Noël. La famille. le repas de Noël en famille. Tout le monde se parle, tout le monde est agréable. Il le faut, c'est la fête de Noël. Toute la famille est réunie. Au grand complet. Sauf un. Il est présent, mais il n'est pas complet. Il est en morceaux, cassé, détruit, anéanti. Il fait triste mine. C'est un bien triste sire. Il n'essaie même pas de faire bonne figure, il se contente de faire de la figuration. Il est assis à table, sans dire un mot. Il est planté là, seul parmi les siens. Muet. Inexpressif. Il n'a plus de mots, plus de sentiments, plus rien. Que s'est-il passé ? Quelle blessure doit-il cacher ? Au beau milieu des guirlandes et du papier cadeau, entre la dinde et la buche, va-t-il parler ? Va-t-il tout lâcher ? Va-t-il exploser ?

Vous le saurez en lisant cet étrange roman écrit comme un poème en vers libres, une supplique, comme une lettre anonyme, un cri dans la nuit de Noël !
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un texte très court.
Intense.
Sur un instant de vie, une fraction.
Ou tout a basculé.
Et où tout pourrait encore basculer.
Parler ?
Ou garder les mots, enfouis, cachés...
Jusqu'à la prochaine fois ?
Un texte, intense, puissant. Des mots choisis avec précision, agencés avec méticulosité, dans une mise ne page travaillée.
Un sujet tragique et important pour libérer la parole des enfants aujourd'hui ou plus tard.
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LECTURE COUP DE POING
C'est une lecture courte et en apnée, rythmée par des phrases courtes et chirurgicales que nous livre Antoine Dole.
Le narrateur, 20 ans, se trouve à table avec sa famille pour le réveillon de Noël. Il essaie de trouver le courage et les mots pour dire l'indicible, ce que son père lui a fait enfant. Il nous dit ce qu'il ressent en voyant cette famille tout sourire, auprès de ses frères, soeurs, belle-famille et enfants.

Un roman uppercut où chaque mot est pensée pour aller à l'essentiel, sans fioriture et sans faux semblant. 45 pages pour essayer de faire sortir les mots bloqués dans sa gorge.
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Je ne savais pas, en ouvrant ce livre, que je m'installais sur une planche. Face à moi, Antoine Dole en lanceur de couteaux pas décidé à m'éviter, et ses mots, ses phrases, courtes, en poignards. Certains m'ont effleurée, plantés au plus près pour m'empêcher de bouger. Souffle coupé, à ce moment-là, je respirais encore. D'autres m'ont transpercée. le coeur, le ventre. Les jambes. En plein dedans. A genoux la lectrice. L'écrivain sait viser, sans trembler, laissant ça à ceux qui le lisent.

J'ai donc tourné la première page sans me méfier et écouté penser celui qui raconte, qui veut dire. J'ai senti sa boule de mots trop mâchés au fond de la gorge. A force de les garder sans pouvoir rien en faire, ils se sont agglutinés. Morceaux de chair arrachés qui ne veulent pas être avalés. Mais au cours du repas, c'est décidé, il tentera de les cracher, les envoyer au milieu de la table, aux yeux de tous. Ce sera ici, maintenant. Mais qu'il est dur de dire, qu'il est dur de sortir ce qui est coincé. La vie en éboulis, tombée, cassée. Et la voix qui essaie d'en sortir, écrasée. Au fond de la gorge, le cristal pur de l'enfance devenu verre pilé. La fracture n'a rien épargné.

Il n'aura fallu que 45 pages à l'auteur pour me fracasser. 45 pages, ce n'est rien, me direz-vous. Détrompez-vous, parfois c'est exactement ce qu'il faut. le talent n'a pas besoin de plus pour s'exprimer, il sait exploser en espace restreint.

Mr Dole, je vous ai découvert grâce à ma fille, fan d'Adèle. Jamais je n'aurais cru que, du haut de ses 9 ans, elle me mènerait à un auteur que j'aimerai autant. Heureusement que ma curiosité et mon amour pour la littérature estampillée jeunesse m'ont guidée jusqu'à ce livre-là, bien orientée que j'étais par ma jolie Rose. Je vous lirai à nouveau, soyez-en certain. Je reviens de mourir m'attend d'ailleurs déjà et je pressens que je n'en sortirai toujours pas indemne.
Et vous, lecteurs, franchissez la barrière, dépassez vos a priori. Il n'y a pas que Oui-oui au rayon jeunesse, il y a Antoine Dole aussi. Et vous savez quoi ? C'est mortel ! ;)
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Ce court roman pour ados est un coup de poing comme bien souvent dans cette collection.
Dans un monologue de phrases courtes, le narrateur, au repas du réveillon de Noël en famille ressasse tous ces mots qu'il n'arrive pas à faire sortir et le murent dans le silence depuis tant d'années… depuis cette nuit où il est mort un peu.
Et il commente ce qu'il observe et voit. Son père, devenu grand-père, dont les mains courent sur le corps de ses petits enfants sous prétexte de chatouilles.
Et les autres qui rient tout autour...
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J'aime bien les éditions Talents Hauts car elles traitent de sujets engagés. Je trouve cela important pour les ados qui souhaitent affûter leur esprit critique.

Un repas de Noël en famille. le fils qui rumine ses pensées, horrifié à l'idée d'être en face de son père alors que ce dernier a abusé de lui quand il avait une dizaine d'années. Une partie de lui est morte, sa peau est sale en permanence, la vie a un goût fade ; c'est ce qu'explique Antoine Dole à propos de ce garçon devenu adulte mais qu'on n'a pas le temps de connaître dans l'instant de la fracture. J'aurais bien aimé que le livre fasse un peu plus de 45 pages mais qui sait si nous ne sommes pas là aussi en présence d'une métaphore ? Après tout, l'inceste dégoûte, il faut vite s'en débarrasser. Je trouve que le sujet n'est pas assez traité et le côté monologue intérieur du personnage n'est pas un style auquel j'ai accroché. Je mets à ce roman 2,5/5.
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On y est. A l'instant de la fracture. Quand tout va basculer.
Ils sont là. Autour de la table. Pour le réveillon de Noël.
Bientôt il va ouvrir la bouche. Après ce sera la déflagration. L'explosion.
Il le dira une fois. Avant de hausser le ton. Et de pointer le doigt vers son père.
« Papa a abusé de moi ».
Les souvenirs douloureux affluent. Il se rappelle le loup dans la maisonnée. L'ogre qui a laissé sur l'enfant qu'il était son empreinte indélébile. La mère, Les frères et soeurs plus âgés qui n'ont rien vu. Ou qui n'ont pas voulu voir. Jusqu'alors il s'est tu. Ne rien dire pour les préserver. La famille comme un piège dont on ne peut se sortir. Pour ne pas faire souffrir les autres avec ses propres souffrances. Pour ne pas briser l'harmonie, l'équilibre. le bonheur de façade.
Quarante petites pages dans la tête d'un fils qui s'apprête à dire l'insoutenable. L'inimaginable. Des phrases courtes. Heurtées. Comme une respiration saccadée. Ce moment où monte le vertige, où l'on prend son courage à deux mains pour franchir le pas en sachant qu'il n'y aura pas de retour en arrière possible. Jusqu'à la dernière ligne on attend l'instant de la fracture. le moment de se jeter dans le vide. Sans filet.
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Incroyable. Bouleversant. Horrible. Vrai.
Une histoire très courte mais en même temps tellement puissante. On s'identifie au personnage au point que ça nous fait mal, et la d'un coup. Bam. La fracture.
Une seule phrase et tout se brise. Colère, peur, tristesse, dégout.

Je conseille vraiment ce livre, rapide à lire, mais qui fait passer un message tellement important. Si cela peut en perturber certains, je ne peut me résoudre à placer un petit "âmes sensibles peuvent s'abstenir", car ce livre est dur mais vrai, et écrit avec une telle sincérité et une telle légèreté dans les mots pour un message aussi fort.
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Un livre qui fait froid dans le dos !

L'histoire d'un homme qui semble nous confier ce qu'il n'a jamais pu révéler. Un lourd secret qui pourrait bien tout fracturer s'il devait voir le jour. Un homme brisé, un enfant oublié.

Ce livre m'a beaucoup touchée, les mots utilisés sont poignants et on s'habitue vite au type d'écriture employé.
J'ai eu beaucoup de compassion pour le personnage principal et du dégoût envers son père. La lâcheté du reste de la famille était frustrante à voir.
Un passage parmi tant d'autres qui m'a touché : "Il m'a suffit d'une odeur. D'un souffle. D'une main sur la mienne. D'une main sur mon corps. Pour redevenir enfant. Pour me souvenir. Et tomber de ma vie."
Je conseille ce livre mais attention aux âmes sensibles.
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