AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,21

sur 131 notes
5
11 avis
4
10 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
La guerre à travers le destin tragique de deux adolescents. L'une fuit les combats avec sa mère handicapée et son jeune frère ; l'autre intègre un groupe de miliciens et devient tueur pour ne pas être tué. Deux parcours opposés où la violence de l'un n'aura d'égal que la grandeur de l'autre.

Chaque chapitre, dédié à chacun des deux protagonistes est en réalité le reflet de l'absurdité de cette guerre où les ennemis se renouvellent tous les jours. Brefs moments de répit et exactions, peurs et espérances se succèdent à un rythme effréné, et ce, sous la plume juste et imagée d'Emmanuel Dongala.

Ainsi, on referme ce livre, avec la désagréable impression d'avoir été le témoin impuissant d'une énième catastrophe universelle.
Déroutant, émouvant, nécessaire.
Commenter  J’apprécie          260
Johnny chien méchant retrace le quotidien en alternance des deux personnages principaux de ce roman : Johnny, enfant soldat d'une part et Laokole, jeune fille en fuite dans son pays en guerre.
L'une des forces du livre est l'alternance entre chapitres évoquant le bourreau et la victime. Récit assez court, mais d'une telle force!
Sans doute l'un des livres qui m'a le plus marquée et impressionnée, tant le sujet est dur et les descriptions réalistes et précises. Certaines scènes sont à la limite de l'insoutenable et on souffre avec Laokole notamment par tant de haine et d'inhumanité.
C'est un roman certes mais qui m'a semblé être très proche de la vérité et du vécu de trop nombreux enfants et adolescents vivant dans des pays en guerre où ils sont enrôlés.
A lire absolument, mais plutôt lorsque l'on est dans un contexte positif.
Commenter  J’apprécie          214
Roman choral où deux voix se succèdent, celle de Johnny adolescent milicien et celle de Laokolé jeune fille bienveillante. Tout les oppose, leur intelligence, leur compréhension du monde, leurs choix, leur humanité.
Mais ces deux enfants pris dans la guerre ne sont-ils pas, tels les deux têtes de Janus, les deux faces d'une même pièce ?
Comme une ritournelle, Emmanuel Dongala reprend plusieurs fois les mêmes phrases, à quelques lignes ou chapitres d'intervalle. Sans même les distordre, seul le locuteur ou le contexte les rendra contraires.
Si quelques repères nous emmènent bien au coeur de l'Afrique, la forêt, les gorilles, c'est une guerre universelle, Général Giap, Kandahar, Idi Amin. Les deux tribus combattantes sont les Mayi-Dogos et les Dogo-Mayis tels Tweedledum and Tweedledee.
« Tous les camps qui se battaient disaient le faire au nom du peuple, c'était donc au peuple de payer pour ceux qui remportaient la victoire et de payer pour ceux qui la perdaient. Or le peuple, c'était nous. »

Un livre pour dénoncer la vacuité et la sauvagerie de la guerre, ni moralisateur ni démoralisant.
Commenter  J’apprécie          112
Attention ! Roman choc. Sous la forme romanesque avec des personnages plutôt rares (les deux narrateurs ont une personnalité forte), Emmanuel Dongala nous raconte la guerre ethnique dans ce Congo gangréné par le pillage étatique, l'enrichissement de ces hommes politiques au rythme de leurs renversements. le récit bascule entre Johnny Chien Méchant, milicien sans scrupule et Laokolé, jeune fille, obligé de fuir les exactions avec sa mère et son frère car ils sont de la « mauvaise » ethnie.

Quel tableau ! Emmanuel Dongala ne nous épargne rien et pourtant, Johnny Chien Méchant n'est pas pesant à la lecture. Ça tient à cette narration à la 1re personne qui d'un côté use d'un langage dédramatisant ou les pires atrocités sont normales tandis qu'il tue, viole et pille. Et de l'autre, malgré la souffrance, la résignation prend le pas sur le pire à venir. Elle tente de sauver ce qui peut l'être et il y a de moins en moins de chose à sauver.

Roman récit, roman témoignage, il ne doit y avoir que peu de fiction dans les faits que rapporte Emmanuel Dongala. Je ne vais pas faire ici de la démagogie, dire que la guerre, c'est mal, que je veux la paix dans le monde. Ce n'est pas le propos d'Emmanuel Dongala et je trouve même qu'il est parvenu à éclairer la psyché des tortionnaires du moment avec Johnny Chien Méchant.

Il est parvenu à intégrer beaucoup d'éléments comme les tensions ethniques absurdes, les problématiques humanitaires, la répartition des richesses, les antagonismes politiques qui deviennent des guerres fratricides ainsi que les diverses psychologies, victimes comme tortionnaires. Il y a les fuites, les traumatismes et les mécanismes de persécution. Johnny Chien Méchant est un roman complet.
Lien : http://livrepoche.fr/johnny-..
Commenter  J’apprécie          60
Soyez prêt psychologiquement avant de commencer ce roman. C'est violent, c'est choquant, la nausée vous prend de nombreuses fois.

Le Congo plongé en pleine guerre civile. Peu importe le clan au pouvoir, le peuple trinque à chaque fois. le Général Giap vient de donner carte blanche à ses soldats pour 48 heures de pillages, de meurtres et de viols. Johnny est l'un de ses soldats, il a 16 ans, a tué et violé on ne sait combien de personnes. La guerre est son terrain de jeu, il se sent intouchable et puissant. Il se considère comme un lettré parce qu'il a été jusqu'au CM2 à l'école.
Laokolé a aussi 16 ans. Lors de la première vague de violence, le jour où elle passait son bac, elle a perdu son père. Elle veut être ingénieur et bâtir des murs. Elle tente de se mettre à l'abri avec son frère et sa mère qui a perdu ses deux jambes.

Les points de vue s'alternent, s'enchaînent. Certains chapitres des deux narrateurs finissent par la même phrase mais dans un contexte différent. L'auteur nous montre ainsi le décalage persistant entre Laokolé et Johnny.

Laokolé parviendra-t-elle à se sauver ? Laokolé et Johnny se croisent et se recroisent. On a la boule au ventre en pensant à une possible rencontre.
Ce roman se lit d'une traite, on est plongé au coeur de cette guerre. le rythme est intenable comme la lecture. On a parfois envie de détourner le regard mais l'auteur nous capte et nous met devant la réalité.

On voit l'impuissance des ONG. On a envie de vomir en voyant ses Blancs qui viennent piller les richesses de ce pays et qui veulent être les premiers à partir, à être sauvés quitte à écraser les autres. Un soldat retourne dans un bâtiment sur le point d'être assailli pour sauver le chien d'une dame mais écrase les doigts d'une fillette de dix ans pour lui faire lâcher le camion...
On voit qui sont ces soldats, sces rebelles qui disent faire la guerre pour leur peuple. Mais quel peuple ? Ils assassinent leurs voisins, leurs marchands...Ils sont prêts à s'engager pour pouvoir avoir des lectures DVD gratuits. Et pendant que le peuple fuit, essaye de sauver le peu de biens qu'ils ont, eux s'inventent des surnoms, boivent et se pavanent.

Un récit violent et puissant qu'il est nécessaire de lire.
Lien : https://labullederealita.wor..
Commenter  J’apprécie          60
Tout le talent d'Emmanuel Dongala au service du récit des jeunes chiens de guerre africains. Aussi bien que le film Johnny Mad Dog qui l'a inspiré.
Commenter  J’apprécie          60
Critique publiée initialement sur le site Critiques Libres (2008)

Des guerres civiles africaines, les médias occidentaux nous donnent des aperçus brefs dans l'actualité, commentant de temps à autre un élément particulier dans ce qui semble, bien malheureusement, être devenu un fait routinier. Combats par çi, exode de population par là, visite d'un camp de réfugiés du HCR de tel ministre européen un jour, coup d'état d'un nouveau président autoproclamé le lendemain. Jamais, jusqu'à la lecture de ce formidable roman d'Emmanuel Dongala, les conflits civils opposants des clans ethniques d'un même pays n'avaient été si palpables, si réels.

Laokolé et Chien Méchant ont tous deux seize ans, et vivent dans un Congo en proie à une terrible guerre civile. La première fuit sur les routes avec sa mère, amputée des deux jambes, qu'elle transporte dans une brouette, son petit frère à ses côtés. Fille d'un maçon tué par la milice, elle fuit la ville, les zones de combat et les miliciens avec ce qu'elle a de plus cher : sa mère, son frère, un peu d'argent, une photo de ses parents, quelques biens qu'elle porte sur son dos.

Johnny, lui, s'est enrôlé dans la milice, et s'est placé sous les ordres du “général” Giap, surnom de guerre qu'il est fier de lui avoir trouvé. Armé jusqu'aux dents, il patrouille avec ses hommes afin de démasquer les Tchétchènes qui se cachent dans la population civile, et qui sont des terroristes soutenant l'ancien président. Donc une menace à abattre. En parcourant les rues, ils abattent les hommes, violent les femmes, pillent les maisons. Avec ses gri-gri sur le torse, Johnny se sent protégé. Lui qui rêve de devenir intellectuel doit trouver un nom de guerre à la hauteur de ses ambitions : se sera Chien Méchant.

De leurs deux récits en parallèles, qui parfois se croisent, Laokolé et Johnny donneront une image de la guerre vécue de l'intérieur. D'un côté, la guerre vue comme un grand jeu, sans règles, sans encadrement, avec ses plaisirs immédiats comme le droit de mort, le viol, ou encore la possession d'objets volés qu'ils sont fiers d'exhiber. de l'autre, un courage exemplaire, une force surprenante dévouée à la survie, capable de faire face au pire sans perdre aplomb, qui malgré tout restera debout.

C'est une oeuvre sensiblement brillante que ce roman, une lecture qui perturbe, qui interroge le lecteur, et qui réussit, sans jamais juger les attitudes occidentales absurdes, à nous ouvrir les yeux sur une réalité vécue trop souvent par l'intermédiaire d'un écran télévisé. Une plongée édifiante dans la guerre civile, ses aberrations, sa cruauté, qui nous montre la force de vivre d'un peuple qui, malgré tout, garde l'espoir d'un jour meilleur. Tout simplement saisissant.
Commenter  J’apprécie          30
Johnny Chien Méchant est peut-être le meilleur roman que j'ai jamais lu au sujet de la stupidité et de l'horreur de la guerre. La scène est la guerre civile en Congo-B, vu des yeux d'une jeune fille et une jeune garçon - la fille est déplacée par les batailles et le garçon est milicien. C'est un roman, mais c'est trop croyable. La guerre c'est l'enfer. Honte a tous qui la soutienne.
Commenter  J’apprécie          20
En lisant Johnny chien méchant, on aimerait que ce soit un roman. Et puis on pense à ce qui se passe en République Démocratique du Congo par exemple, et on se dit que ce n'est pas vraiment une fiction, que l'auteur a pu s'inspirer de nombreuses situations réelles pour son scénario.
Ryszard Kapuscinski disait qu'en Afrique il y avait 2 sortes de gens, ceux qui tenaient les fusils et les autres. Chacun des 2 personnages principaux de Johnny chien méchant appartient à une de ces catégories, Johnny est le milicien brutal qui terrorise les populations et fait la guerre pour le pillage, tandis que Lao est une jeune fille qui a vu son père assassiné, sa mère mutilée par des miliciens qui venaient piller leur maison.
Malgré la cruauté omniprésente, il y a de l'humour dans ce récit, car l'auteur tourne en ridicule les brutasses qui constituent les diverses milices dont personne ne connait plus l'allégeance. le conflit est parfois présenté comme une lutte entre les Dogo-Mayis et les Mayi-Dogos, deux ethnies que l'on peut supposer assez proches. Et puis il y a le discours officiel des dirigeants, un monument d'hypocrisie, de belles paroles creuses destinées à baratiner l'opinion publique. "Ils nous ont enjoint de dire à ceux qui nous poseraient des questions que nous combattions pour la liberté et la démocratie et cela pour nous attirer les sympathies du monde extérieur" nous dit Johnny.
Le récit alterne, chaque paragraphe étant raconté par l'un ou l'autre des protagonistes. Tout le monde en prend pour son grade dans ce livre : les dirigeants corrompus, les militaires brutaux, les miliciens, véritables fous de la gâchette qui jouissent de la peur qu'ils inspirent, mais l'auteur sous-entend également que des compagnies pétrolières paient largement les politiques pour qu'ils les laissent piller les ressources du pays. Quant aux personnages Européens du livre, ils ne sont pas tous à montrer en exemple. Ceux qui sont réfugiés à l'ambassade exigent un traitement de première classe quand les gens meurent à côté d'eux, tandis que certaines ONG sauvent les gorilles mais restent indifférents aux enfants.
Heureusement il y a de l'humanité dans ce livre. D'abord celle de Lao, la jeune fille qui survit tant bien que mal à toutes les catastrophes qui s'abattent sur elle, et puis celle des infirmières du HCR et du CICR qui se dévouent corps et âme au sauvetage des civils pris entre deux feux, refusant de céder aux brutes armées qui envahissent leur camp. Malgré la violence gratuite, l'humour de l'auteur qui nous présente les situations sous un angle grotesque, et l'humanité de certains personnages rendent ce livre très attachant.
Commenter  J’apprécie          21
Nous plonge dans l'univers chaotique et hallucinogène de la guerre, à travers deux personnages centraux: Lufua Liwa, Matiti Mabé, alias Chien Méchant, un enfant soldat cruel et cynique, un dévot de la gâchette facile, bardé de fétiches, qui n'hésite pas à abattre, il ose mettre en jeu son autorité indestructible de chef de bande armée, et Laokolé, une jeune élève de seize ans, brillante et courageuse, amoureuse de la vie et qui rêve de devenir, un jour, ingénieur ou astronaute. le premier, est le funeste symbole d'une Afrique psychologiquement déséquilibrée et violente, déchirée par les luttes des factions pour le pouvoir, la seconde, incarne le refus de la guerre et l'espoir d'un monde meilleur. Ce livre nous plonge dans un univers chaotique et hallucinogène de la guerre. Certaines scènes sont criantes de vérité et révoltante.
J'ai découvert la littérature africaine par ce le biais de ce livre durant l'année 2003. Quel choc, secoué , effet d'un coup de poing en pleine figure. Un grand livre sur l'Afrique d'aujourd'hui ! Sublime ! Mais ce livre montre aussi la formidable entraide qu'il existe entre les hommes. C'est un livre qui ne s'oublie pas !!
Commenter  J’apprécie          10




Lecteurs (330) Voir plus



Quiz Voir plus

L'Afrique dans la littérature

Dans quel pays d'Afrique se passe une aventure de Tintin ?

Le Congo
Le Mozambique
Le Kenya
La Mauritanie

10 questions
289 lecteurs ont répondu
Thèmes : afriqueCréer un quiz sur ce livre

{* *}