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80 pages
Faton (30/06/2020)
3.5/5   1 notes
Résumé :
Personnage clef des textes anciens les plus prestigieux, indispensable, en un sens, à tout récit, la sorcière est représentée depuis des millénaires. L’histoire figurative qui en est esquissée ici traverse les âges, des grandes aînées gréco-romaines et bibliques jusqu’aux déclinaisons les plus contemporaines de la figure dans l’art et le cinéma. Au fil de ses évolutions, on découvre à quel point celle-ci n’a cessé d’accompagner la représentation du monde et du desti... >Voir plus
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
L’affaire des Poisons (1679-82), à propos de laquelle le Premier peintre de Louis XIV, Charles Le Brun (1619-1690), laissa un témoignage saisissant en portraiturant la marquise de Brinvilliers conduite à l’échafaud, n’en démontre pas moins l’attrait persistant pour la sorcellerie au sommet de la société du Grand Siècle. Les actes barbares dont cette crise de démonomanie fut le prétexte en Europe tant catholique (dans les principautés allemandes de Cologne, Mayence, Würzburg, Bamberg ou Trèves comme en Lorraine) que réformée (en Suisse, en Écosse ou encore en Saxe, laquelle connut, avec Carpzov, un persécuteur particulièrement fanatique), et ce jusque dans le Nouveau Monde, posent une question troublante. Celle de l’abdication de la raison dans un climat panique d’exaltation spirituelle. Comment expliquer que des sociétés donnant des preuves surabondantes de sagacité aient pu, à ce degré, céder à ces fantasmes meurtriers, fruits d’un véritable état de délire collectif (les estimations basses font état de cinquante mille personnes ayant laissé la vie dans les procès en sorcellerie) ?
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Le Moyen Âge [...] avait su ménager une place au savoir empirique de la figure de la vieille guérisseuse (vetula medica). Unanimement exécrée à la fin de la période médiévale, sentant désormais le fagot, la vieille rebouteuse, veuve, marginale, incarna pour la Renaissance la vetula malefica dont la puissance funeste n’était pas le résultat de son savoir – il était acquis qu’il était inexistant – mais du pacte qu’elle avait conclu avec le Malin. Florissante au contraire, la magia noble, savante, la magia naturalis de la Renaissance, qui conjoint alors des intuitions scientifiques fulgurantes et de navrantes élucubrations, conforta son statut de monopole masculin. Serrés de près par les institutions chargées de réprimer la sorcellerie, ses praticiens, clercs et laïcs souvent hauts en couleur, sont d’abord représentatifs d’une époque de confusion intellectuelle extrême. En Italie, ils serviront fréquemment de « paratonnerres » aux sorcières en attirant l’essentiel des persécutions. Cette société bigarrée de mages-médecins, d’astrologues de cour, de nécromants, cabalistes, alchimistes, démonologues néo-platoniciens qui inventent parfois la science moderne par « accident », constitue un bloc d’aporie que paraît résumer un Jérôme Cardan (Cardano), génial mathématicien italien arrêté par l’Inquisition en 1570 pour s’être hasardé à établir l’horoscope du Christ.
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L’identification du sorcier et de la sorcière à l’hérétique et réciproquement se lit à livre ouvert, si l’on ose dire, dans une fameuse page illustrée d’un exemplaire du Traité du crime de vauderie dû au théologien Jean Tinctor († 1469), dans le contexte d’une persécution (meurtrière) d’hérétiques en Artois (1459-1460) passée dans l’histoire sous le nom de Vauderie d’Arras. On y assiste à un sabbat d’hérétiques accomplissant une parodie démoniaque de la messe et de l’adoration de l’Agneau mystique (en « baisant le diable en forme de bouc au derrière », selon les termes prêtés à un inquisiteur ayant prêché à Arras en 1460), réunion qui est aussi un sabbat de sorcières, lesquelles décrivent un ballet aérien au-dessus de la scène. Le bouc luxurieux est parfois remplacé dans l’iconographie, encore très parcimonieuse, de la vauderie (bientôt désignée presque unanimement comme le sabbat) par un gros chat (enluminure du Champion des dames de Grenoble, notamment). Ces représentations, encore bien sages, ne doivent pas masquer l’évolution fatale qui s’est accomplie. Désormais liés à l’hérétique et à l’apostat dans un crime majeur qui est un attentat contre Dieu, sorciers et sorcières partageront leur sort, jusqu’au bûcher.
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La Sorcière de Michelet
La thèse de ce livre exalté, environné à sa sortie d’un parfum de scandale, est fameuse. Michelet défend dans la sorcière une révoltée. Femme issue d’un peuple réduit à la misère – et par conséquent asservie parmi les asservis –, elle est à la fois sa porte-parole et sa libératrice persécutée. Devant la faillite du prêtre et le caractère odieux du pouvoir seigneurial, la « fiancée du Diable », impuissante à renverser l’ordre établi, offrira, du moins, une consolation, un soulagement (et une revanche) aux désespérés. Livre amoureusement féministe, « sataniste » – inspirateur prométhéen, Satan s’y voit libéré de la lourde charge de l’incarnation du Mal –, l’ouvrage célèbre, en outre, l’intensité bénéfique des rapports maintenus par la « sorcière-fée » avec la Nature et la corporalité. Michelet valide, notamment, les connaissances empiriques acquises par son « héroïne », qu’il suppose ainsi avoir été à l’origine des sciences modernes et de la médecine. Le livre est enfin remarquable parce que cette réclamation de la Nature contre la religion chrétienne donne lieu à une charge d’une rare virulence contre des clercs enivrés de l’idée mortifère de pureté jusqu’à la perversion et jusqu’au crime.
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L’obsession du Malin et l’antiféminisme radical de la fin du Moyen Âge, sa croyance, surtout, en une offensive générale de l’hérésie pavèrent la voie d’une chasse aux sorciers et aux sorcières de bien plus large ampleur. Le bûcher idéologique étant prêt, il ne manquait plus que d’y mettre le feu. Promulguée fin 1484 par Innocent VIII, la bulle Summis desiderantes affectibus fait ici figure de symbole. Elle étendit notamment les pouvoirs de l’Inquisition dans la « Germanie supérieure » après qu’un dominicain, Heinrich Kramer, se fut heurté dans son entreprise inquisitoriale à la mauvaise volonté et au scepticisme des autorités ecclésiastiques locales (ce qui se produisit, à nouveau, en 1485 lors du procès de femmes accusées de sorcellerie à Innsbruck). Devant l’urgence de la menace, le temps d’une
action plus énergique avait sonné…
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