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Ils sont nombreux, en ce jour glacial de février 1945, à se presser sur les bancs de l'église Saint-Pierre-de-Chaillot pour assister à la messe d'enterrement de la duchesse Natalie de Sorrente, née princesse de Lusignan. Officiellement, cette femme encore jeune est morte d'une embolie pulmonaire. La vérité est pourtant toute autre. Natalie de Sorrente est morte dévorée par la morphine, rongée par un secret de famille. Un secret de famille embarrassant mais si banal qu'autour d'elle on l'a balayé d'un désinvolte : ''ce sont des choses qui arrivent''. Mais pour cette princesse si fière de son ascendance, le secret s'est insinué comme un poison, balayant ses convictions les plus profondes, l'interrogeant sur ses origines à un moment de l'Histoire où l'occupant nazi en a fait une question de vie ou de mort.


C'est à Cannes et dans ses alentours que l'aristocratie parisienne trouve refuge pendant l'Occupation. Ils ne fuient pas les persécutions allemandes, ils n'ont rien à se reprocher, leur particule les met à l'abri d'une quelconque ascendance juive et ils apprécient tout ce que fait Pétain pour la France. Non ils essaient d'échapper à un Pris qui s'enlise dans l'ennui et les restrictions. Sur la Côte d'Azur, le soleil brille, les dîners sont charmants et le bruit des bottes reste lointain. L'aristocratie est pétainiste, frivole, cynique, et peut se faire antisémite si l'air du temps l'exige. Dans ce monde qui l'a vu naître et où elle évolue comme un poisson dans l'eau, Natalie de Sorrente se targue d'être anti-conformiste, même si elle participe à l'insouciance générale. Même la découverte de sa filiation ne la fait pas dévier de sa trajectoire pailletée. Bien sûr, elle va laisser le doute s'insinuer en elle, s'interroger sur le sort des juifs mais n'ira pas jusqu'à trouver le courage de se démarquer de la complaisance teintée de lâcheté de son milieu. Elle mourra d'avoir fermé les yeux, de s'être tue.
Un livre dérangeant dont le titre aux notes résignées décrit toute la passivité de l'aristocratie française à l'heure des choix. Eux ferment les yeux et essaient de maintenir leur train de vie. Dans ce monde où il faut avoir du sang bleu pour exister, les juifs ne sont pas dignes qu'on s'intéresse à leur existence ou à leur mort.
Les petites histoires de ces mondains se mêlent à la grande Histoire sans réellement s'y frotter. Tandis qu'on danse dans les salons parisiens, qu'on fréquente les plus grandes tables du marché noir, ailleurs des hommes, des femmes, des enfants, portent une étoile jaune... Ils se vantent du passé glorieux de leurs ancêtres mais ils n'ont rien de glorieux ces aristocrates qui pactisent avec l'ennemi.
Un beau roman qui décrit la guerre sous un angle original, même si l'empathie est difficile avec ces êtres frivoles et lâches.
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L'ironie mordante dés les premières pages, lors de l'enterrement de la Duchesse de Natalie de Sorrente, en l'église Saint-Pierre de Chaillot, l'une des paroisses les plus huppées de Paris, nous conforte dans l'idée que nous allons passer un riche moment de lecture.
Pauline Dreyfus nous donne à voir les années de guerre et d'occupation d'une façon inédite et originale, du côté de l'Aristocratie.
En1940, Natalie de Sorrente est astreinte en villégiature avec sa famille sur la Riviera pendant l'occupation allemande .
Plus de fêtes à thèmes , de bals costumés, de grands dîners entre gens du même monde.
"La guerre pour les Sorrente, c'est d'abord des complications domestiques".
Un roman parfaitement construit , dérangeant, oú l'auteur décrit la passivité, l'égoïsme, l'opportunisme de l'aristocratie française à l'heure de choix cruciaux.

Ils ferment les yeux en cette période sombre sur le drame et l''injustice dont est victime une partie de la population..
Ils tentent par tous les moyens même les plus indignes de maintenir leur train de vie.
Les juifs ne sont pas dignes que l'on s'intéresse à eux.
L'auteur montre avec cynisme éclairé, véracité et lucidité mêlées , ironie cinglante cette aristocratie pétrie de préjugés , de principes surannés, de snobisme indécent, de mépris de caste.
Une société refermée sur elle même, rétrécie, glaçante, imbue de ses priviléges ,encalminée dans son ennui superbe,.........sa superficialité, sa magnifique insouciance........

"Les juifs sont devenus des morts- vivants, tout leur est interdit, ils sont plus ostracisés que des lépreux au moyen-âge".
"Tout pour les apparences et rien au- delà";

"Rien n'empêchera les gens du monde de s'amuser".
Un roman coup de coeur à l'écriture ciselée, bien documenté, un portrait de femme bouleversant ,écartelée entre son éducation et son milieu,oscillant entre lâcheté et faiblesse.
Une vision saisissante et acide, juste , précise et sarcastique de ces milieux mondains et pétainistes.
Et aussi, comment le secret révélé d' une filiation peut chambouler une vie ?
Ouvrage intéressant par le décalage entre un monde aristocratique bardé de certitudes et de titres brandis comme une armure par delà le peuple, attentif au paraître , un monde disparu.........



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Événement mondain en 1945 : on enterre Natalie de Sorrente en l'église de Saint-Pierre de Chaillot.

Travelling arrière: La guerre et ses contraintes, "ce sont des choses qui arrivent..."
En 1940, la belle duchesse est astreinte en villégiature sur la Riviera pendant l'occupation allemande. L'exil forcé en zone libre sonne le glas des fêtes à thèmes et des bals costumés, des essayages chez les grands couturiers, des invitations quotidiennes qui remplissaient si bien un agenda de futilités raffinées.

Pauvre duchesse! Ce séjour en Méditerranée est d'un ennui!
En dépit d'une grossesse insolite ("Ce sont des choses qui arrivent": fatalisme d'époux trompé mais bien né donc bien élevé), en dépit aussi de leur microcosme de haute lignée contraint de se tasser dans les villas ensoleillées.

Cette guerre est une vraie plaie!
D'autant que le scandale d'une autre et ancienne bâtardise couve dans ces temps de peur des loi anti juives. La prise de conscience d'un malheur annoncé par un secret de famille révélé mettra Madame la duchesse face à elle même, assise à sa coiffeuse.
Envolée la frivolité, lors du retour dans un Paris vert-de-gris.

"Car là où on avait plutôt la manie de compter ses quartiers de noblesse, il faut désormais prouver ses quartiers de chrétienté".
Bien des secrets de familles sortent des alcôves des nantis, engendrant tristesse et regrets. Ce sont des choses qui arrivent et on fait avec, avec élégance.

J'ai dégusté cette peinture féroce et jubilatoire de la société aristocratique d'avant-guerre, un petit monde qui se croit grand, et "qui attache plus de prix à la naissance, même illégitime, qu'au caractère et au talent". Entre gazette mondaine et album-photos sépia, une certaine société ressuscite, vivant sur le postulat de base: "ce qui se fait"et "ce qui ne se fait pas".
Vanités, lâcheté, futilités, condescendance de caste, une société affligeante, à l'agonie dans son insouciance et son ennui, autiste aux bouleversements humains.

Un livre acide, ironique, bien moins léger qu'il n'y parait.

Un petit détail amusant, néanmoins... on y croise une rue du cirque :-)
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J'ai été absorbée dès les premières pages, car j'ai trouvé le sujet très original et superbement traité. L'occupation vécue du côté de l'aristocratie est en effet un thème que je n'avais pas encore rencontré dans la littérature.
A la mort de sa mère, Natalie de Sorrente, maman de deux enfants dont le dernier né est le fruit d'une relation adultère (ce sont des choses qui arrivent… ), doit faire face à une révélation qui va complètement bouleverser sa vie.
L'écriture très précise de Pauline Dreyfus, notamment sur la période trouble du Gouvernement de Vichy est également empreinte de sarcasme, c'est un régal !
C'est un coup de coeur. C'est assurément un livre à lire si le sujet vous interpelle.

Lien : http://uneautrelecture.blogs..
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Nous assistons à l'évolution d'une grande bourgeoise parisienne durant la seconde guerre mondiale qui découvre que son père naturel est d'origine juive. Sa vision futile de la vie est bouleversée, elle devient angoissée et de plus en plus droguée à la morphine qu'elle prend depuis plusieurs années pour calmer - au départ - une douleur physique.
Ce monde de la haute bourgeoisie et de la noblesse, royale et napoléonienne, ses revirements, ses adultères, sa frivolité et surtout ses secrets de famille sont décrits de manière abrupte et très caustique, tellement que j'ai eu peine à croire à tant de turpitude.
On est bien loin d'un roman à l'eau de rose !
Ces personnages ne sont guère sympathiques, en particulier la principale. Pour ma part, j'ai besoin d'un minimum d'empathie envers les acteurs d'un roman pour éprouver du plaisir à le lire.
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L'histoire débute par les obsèques de Natalie, duchesse de Sorrente, née Princesse de Lusignan ; tout le gratin mondain est là, il ne manque que Léon Zitrone pour commenter la cérémonie mais nous ne sommes qu'en 1945.

Le milieu dans lequel a évolué Natalie n'a pas connu la même guerre que le commun des mortels: réfugiée sur la cote d'Azur avec mari et enfants pour fuir un Paris devenu ennuyeux , la vie de Natalie est toujours remplie de fêtes , avec parfois la rencontre d'un homme séduisant et à la clé une grossesse imprévue mais ce sont des choses qui arrivent, répond le mari ...

Le bruit des canons est loin, et celui des bottes n'est pas forcément gênant sauf s'il faut laisser la villa à l'occupant et rentrer à Paris .

Mais lors du décès de sa mère, elle apprend le secret de sa naissance et découvre avec stupeur les origines juives de son père biologique, le coup de tonnerre est immense et sa raison s'ébranle, elle perd d'un coup ses repères , tente de s'identifier à ceux dont elle ne s'était jusqu'à présent jamais préoccupée et c'est le début de la descente aux enfers, accélérée par une addiction à la morphine qui la précipite dans la déliquescence puis la mort.

Roman intéressant par ce décalage entre un monde aristocratique, bardé de ses titres comme d'un bouclier, au dessus de masse populaire et souvent sans scrupule et la découverte d'une faille dans cette certitude avec comme seul moyen trouvé pour affronter la réalité : la drogue .

On suit d'une façon assez détachée, il est vrai car il est difficile de ressentir de l'empathie pour le personnage , le cheminement de Natalie oscillant entre lâcheté , faiblesse , écrasée par son éducation et son milieu et n'arrivant pas à s'en libérer.
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Beau coup de cœur!!!
Le roman commence par l'enterrement en 1945, de Natalie, emportée officiellement par une embolie pulmonaire.
Natalie, princesse de la Maison de France, de la branche des bourbons, descend du duc de Berry, son mari Jérôme descend de Napoléon.
En juin 40, alors que s'installe le régime de Vichy avec Pétain, Natalie, Jérôme et leur fille partent en villégiature à Cannes, la population française est quant à elle en plein exode.
A Paris ils menaient une vie oisive, voyageant au gré des saisons et des fêtes. Natalie vivait dans un tourbillon mondain, de bals en bals. A Cannes, elle trompe son ennui en jouant au casino.
Natalie a un mépris des conventions et des convenances et un fort esprit de contradictions.
Elle se retrouve enceinte d'un amant de passage, "ce sont des choses qui arrivent" pense-t-elle, "ce sont des choses qui arrivent" lui dit son mari qui sait qu'il n'est pas le père.
A la mort de sa mère elle apprend par sa sœur que son père n'est pas son père, elle se découvre bâtarde et demie juive, "ce sont des choses qui arrivent" lui disent ses sœurs...
Cette jeune femme jusqu'ici frivole et superficielle, commence alors à se torturer, à s'interroger...Comment reconnaître la race juive? Elle en recherche les signes sur son visage, compare ses comportements à ceux considérés comme caractéristiques des juifs (le goût de l'argent, l'avarice...). Elle, jusqu'à présent indifférente à la guerre, se demande ce que deviennent les juifs une fois qu'ils ont été arrêtés. Complètement déstabilisée, elle oscille entre solidarité et rejet et va jusqu'à coudre, un jour, une étoile jaune sur une de ses robes. Peu à peu, elle va devenir dépendante à la morphine.
J'ai été immédiatement happée par cette histoire de secrets de famille où l'on côtoie également Cocteau, Gérard Philipe, Proust, Arletty, Guitry, Chanel, Giraudoux, Karajan...
L'auteure décrit avec beaucoup d'ironie ce monde de l'aristocratie pétri de préjugés, de principes, empreint de snobisme. L'écriture est très belle. Je conseille fortement la lecture de ce très beau roman.
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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Dès les premières pages, l'ironie mordante de quelques phrases bien senties vous conforte dans l'idée que vous allez passer un sacré bon moment. Certes cela commence par un enterrement, mais sa description est si savoureuse qu'elle donne le ton de ce qui va suivre. Nous sommes en 1945 et c'est la duchesse Natalie de Sorrente que l'on enterre, en présence du "tout Paris". En revenant sur les dernières années de sa courte vie, Pauline Dreyfus nous invite à observer les années de guerre et d'occupation de façon plutôt inédite et généralement peu mise en avant. Car dans les rangs de l'aristocratie et de la grande bourgeoisie, on n'a pas tout à fait vécu les mêmes choses...

Ici, la guerre est surtout vue comme un dérangement. "La guerre, pour les Sorrente, ce sont d'abord des complications domestiques". Obligé de se transporter en zone libre, dans le sud de la France, on s'ennuie faute de mondanités suffisantes, on regrette son tailleur, son coiffeur bref, tout ce qui faisait le sel de la vie. Seul Jérôme, le mari de Natalie goûte réellement cette étape qui ôte à sa femme si séduisante le trop plein de tentations du tourbillon parisien. Ce qui ne l'empêche pas de tomber enceinte malgré l'inexistence de rapprochement avec son mari. "Ce sont des choses qui arrivent". C'est ce qui se dit dans ces cas là, inutile d'en faire un drame ou de l'étaler en place publique. C'est ce qui se dit à chaque fois que l'on ne souhaite pas s'étendre sur un sujet ou approfondir. Comme ces juifs que l'on arrête. Surtout éviter les sujets qui fâchent. S'en tenir à la légèreté, à la frivolité qui seules permettent d'éviter l'ennui. le mari accueille donc son héritier de façon toute naturelle, après tout, il doit bien cela à une femme qui garantit le train de vie et l'éclat d'un blason qui avait grand besoin d'être redoré. Mais Natalie n'est pas au bout de ses surprises. A la mort de sa mère, une femme richissime et très courtisée, elle est soudain mise au courant d'un secret entourant ses origines, qu'elle semble être la dernière à ignorer encore. Suffisant pour bouleverser son univers et la plonger dans les affres du questionnement. Car comment garder ses repères si ce que l'on croyait être, les bases sur lesquelles on a construit sa personnalité et sa vie ne sont qu'illusion ?
Pauline Dreyfus frappe fort et juste. Sa reconstitution de l'époque est criante de vérité, assurément très bien documentée. On croise au fil des pages tout ce qui compte dans le monde des arts, des lettres et des affaires. Ce qu'elle nous montre, c'est la vie mondaine sous l'occupation, les premières au théâtre, les dîners chez Maxim's et ces grands bals que l'on donne malgré tout, parce qu'il faut bien se distraire. La collaboration ? Mieux vaut ça que les bolchéviques ! Voilà ce qui guide l'attitude de ce petit monde. On parlera par la suite de "collaboration mondaine".

"Ce sont des choses qui arrivent" est encore en lice pour le Goncourt, dans les huit et c'est assurément mérité, autant pour l'audace du sujet que pour l'écriture, nette, précise, acérée. Un régal.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Février 1945 : toute la bonne société se presse en l'église Saint-Pierre-de-Chaillot pour rendre un dernier hommage à la duchesse de Sorrente. On se gardera de commenter les réflexions jugées déplacées qu'elle pouvait proférer dans les dernières années de sa courte vie, aussi bien que le teint cireux et la terrible maigreur qui avaient pris le pas sur sa grande beauté.

Pourtant le secret qui est à l'origine de sa déchéance et qui ne lui avait été révélé que quelques années avant sa mort était de notoriété publique dans le petit cercle de la haute société. Dans ce monde-là, les enfants nés d'unions illégitimes sont des choses qui arrivent : il faut bien se préserver de l'insondable ennui.

Mais sa mère n'a pas « fauté » avec n'importe qui. En ces années de guerre, la révélation prend une tonalité particulière. La duchesse qui était si fière de sa généalogie sans tache, se découvre une ascendance juive. Son époux, plus encore, en est horrifié.

Pauline Dreyfus peint avec talent l'histoire de cette aristocratie déclinante, qui ne joue plus aucun rôle dans la société et qui se meurt d'ennui en sentant sa fin approcher. En la conjuguant avec l'un des épisodes les plus tragiques de notre Histoire, elle donne à ce destin individuel une dimension qui le dépasse : la culpabilité de cette femme frivole incarne ainsi celle de tout un peuple.
Cette femme qui, par le seul fait de sa naissance, se sentait intouchable, à laquelle tous les égards étaient dus, devient fragile pour la même raison. Elle prend alors conscience de l'absurdité de cet ordre des choses. Tandis que son mari tait ou exploite tour à tour cette filiation en fonction des circonstances, sans jamais voir ce qui se joue chez sa femme, celle-ci en fait une question existentielle. Connaître et reconnaître ses origines à un moment où cela peut lui coûter la vie est une équation qu'elle ne pourra résoudre et qui l'entraînera inévitablement vers la mort.

Avec ce roman bref et parfaitement construit, Pauline Dreyfus révèle l'égoïsme et l'opportunisme de ceux qui traversèrent cette sombre période sans jamais s'interroger sur l'arbitraire, l'injustice et le drame dont était victime une partie de la population, persécutée du seul fait de sa naissance.

Lien : http://delphine-olympe.blogs..
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J'ai absolument adoré la première partie de ce roman. Un peu moins la seconde , lorsqu'on voit, en 1943 et 1944, le « Tout Paris » essayer de revivre de façon futile autour du monde du spectacle. le roman commence par l'enterrement à Saint Pierre de Chaillot de : « Princesse Natalie,Marguerite, Marie, Pauline de Lusignan, duchesse de Sorrente. 7mai 1908-10 février 1945″ . le roman raconte la lente et inexorable destruction de cette jeune femme morphinomane . La première partie se passe à Cannes où la famille se trouve « coincée » jusqu'en 1943. Coincée cela veut dire que la famille a du mal à recevoir exactement comme elle l'a toujours fait.

À la mort de sa mère la riche Américaine princesse Elisabeth de Lusignan, Natalie apprend qu'elle est la fille naturelle de Paul Mahl un riche juif ami de son père le prince de Lusignan. En plus d'être une bâtarde elle est donc confrontée au monde juif et sous la botte des nazis cela prend un tout autre sens que dans les salons du microcosme de l'aristocratie parisienne. Natalie n'était pas capable de se défendre d'un milieu oppressant, elle était faite pour une vie de salon à la Marcel Proust, auteur qu'elle découvre et qu'elle comprend. Sa rencontre avec la morphine lui sera fatale et lui enlèvera toutes ses forces. Quand la famille retourne à Paris , cette femme droguée est envahie de pulsions et de révoltes qu'elle n'arrive pas à assumer. Elle aurait voulu être plus courageuse et pouvoir répondre à sa petite fille en pleurs : « mais qu'est ce qu'on leur fait aux juifs , quand on les arrête? » . Sa révolte se limitera à une sortie chez la princesse Murat :

« Les juifs sont devenus des morts-vivants, tout leur est interdit. Ils sont plus ostracisés que des lépreux au Moyen Age! « .

Ambiance glaciale garantie, dans ce Paris mondain qui, comme Natalie me dégoûte quelque peu. Comme elle, et cela grâce au talent de Pauline Dreyfus , le grand écart se creuse entre les soucis des réceptions (quelle robe? quel plat? quelles conversations?) et les familles juives qui disparaissent peu à peu. Comme Natalie, j'ai envie de les secouer tous ces Cocteau, Guitry invités chez les Murat, Noaille Trémoïles et autres… et leur demander s'ils savent répondre à cette petite fille en pleurs: « mais qu'est ce qu'on leur fait aux juifs , quand on les arrête?« . Comme elle, je n'aurais peut-être pas eu le courage d'aller plus loin dans ma révolte que de ne plus traverser les Champs-Élysées interdits aux juifs ( tiens, je ne le savais pas!) et monter dans le dernier wagon du métro le seul autorisé aux juifs. Il me reste à parler du style de cette auteure, son sens de la formule est absolument admirable et drôle. C'est un livre qui se lit vite et qui fait du bien alors qu'il raconte une histoire bien triste et une époque abominable.
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