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Citations sur Sophie ou la vie élastique (10)

LES MOTS ET LES CHOSES



Sophie s'accroupit pour regarder si le chien
Veut bien dans ses yeux

Oui

Penchée au-dessus de l'écuelle
Elle en ôte les feuilles que la tempête
A fait chuter des arbres

Voici de la vraie eau et poignée de trèfle
Presque du thé pour la théière

Camille Madeleine et Paul attendent
Bien au chaud ils bavardent

Sorti de l'étagère, du blanc de Meudon
Sophie frotte avec son couteau
De quoi faire que l'eau soit crémeuse
Et pose le couvercle sur le pot de crème

Les morceaux de craie sont carrés
Donc c'est déjà du sucre dans le sucrier
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Le château de Fleurville

D’un jaune pâle et crémeux, les primevères
D’elles-mêmes se sont mises en bouquet
Camille et Madeleine assises pas loin l’une de l’autre
Et de minuscules vêtements étalés sur la pelouse
S’occupent à coiffer leurs poupées

Quand c’est fait,
Camille dispose les petits lits au pied de l’arbre
Madeleine apporte assez de planches
Pour les pièces où elles vivront
Mais s’interroge sur les courants d’air
Que toutes les dames craignent

Puis Camille préfère courir et Madeleine veut bien
Ceux qui vont loin ne savent pas ce qu’ils perdent
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— Quel est cet animal mort sur votre oreiller ?

— Mais Bastien, ce n’est pas comme ça quand on est mort.
— Mais si Mademoiselle, donnez-le moi, je m’en occupe.

Avant elle touche ses dents avec son doigt
Son museau

Maintenant qu’il fait jour, elle voit le sang

— Où l’emmenez-vous ? Demain, il sera vivant ?
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NON PAS LE DERNIER, MAIS LE SEUL JOUR



Camille et Madeleine tendent chacune un bouquet
  de violettes

D'un sourire qui se prolonge hésitant

Visages dont la lumière change
Madame de Réan sourit de leur silence

Quelques fleurs coupées de la terre
Mais contenant sa part anxieuse

Elle les prend dans sa main,
Leurs tiges même pas écrasées par leurs paumes
Ce sont des enfants qui font attention à la vie

Capables d'attendre de très longues secondes
Les décisions du monde, même celles qui les touchent

Au seuil du parc qu'elle va quitter pour toujours
Madame de Réan rassure les enfants, Sophie dort
Mais elle sera contente de les voir, et aussi,
Les violettes sont très belles ce sont les premières
Et elles auront tout le temps de jouer

Rien ne peut disparaître dans ce qui recommence
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MIDI



Extrait 2

Salés à vif les poissons font des bonds à l'agonie
Il a fallu mouiller sa main dans l'eau pour en prendre
D'abord un
Malgré le dégoût parce que c'est trop vivant
Qui chatouille la paume comme pour dire quelque chose
Et enfin le lâcher sur le marbre,
Plus facile et plus triste car ça dévale la pente
Du cœur qui n'entend rien

La boucherie des poissons se fait sans cris

Sophie étale les morceaux devant la poupée qui attendait
Elle en soulève un par une branchie
Le pousse entre les dents de celle
Qui n'en veut pas
Essaye avec un deuxième
Elle n'en veut pas parce qu'elle n'existe pas

Sophie lève les yeux
Le bocal est vide
Elle baisse les yeux

« Au premier coup de couteau les malheureux poissons se tordaient en désespérés ; mais ils devenaient bientôt immobiles, parce qu'ils mouraient. »

Eux sont allés jusqu'au bout avec elle
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MIDI



Extrait 1

Les poissons tournent dans le bocal chatoyant

Ils bougent ils respirent c'est leur nage, leurs nageoires
Si fines que le soleil passe à travers, elles ondoient
Sans fin dans la respiration et dans l'eau

Les poissons tournent les poissons tournent
Sophie peu à peu se demande

Elle porte à la bouche de la poupée de la salade
Coupée et recoupée
Grâce au charmant couteau

Sophie les regarde à nouveau, longtemps

Ça va comme ça, la salade, il lui faut
De la chair à la poupée qui est trop pâle
Et donc
Quelle chance, il y a ce qu'il faut
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N’y a-t-il pas un lierre plein de sève
Ou même craquant
Pour poser ses pattes quelque part ?

Devant le château nulle branche tendue
À la portée de l’élan

Le seul grand souffle ne peut rien porter
Que la nuit
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La morsure te dit non

Cage ouverte, fenêtre ouverte, il a bondi sur la corniche
Extérieure

Rien
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Rien ne bouge dans la chambre, sauf dans une cage

Sauf l’écureuil qui gratte pour retrouver sa vie
Se tourne et se retourne
Sans savoir par où, mais gratte

« Arrête, il faut dormir »
Sophie se redresse, repousse ses draps
Pour mieux voir

Relevées, des presque mains griffues se touchent
Inertes

Soudain le voilà à quatre pattes
Il pivote par secousses, par faibles cris d’oiseau
Tout de lui tremble et recommence

« Tu ne veux pas ? Alors je vais te caresser »

Il montre des yeux les plus simples du monde
Le museau palpitant
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Sophie lui lance quelque chose
Pile dans les reins, touché !
Une balle qui l’atteint casse
La seule vie qu’il avait
Tombe

Elle court vite le rejoindre
De marche en marche une lanterne se balance
Un peu lourde
Pour sa main qui la soulève

Il ne bouge plus ne fait que respirer
Sophie soupire contente, elle peut le gronder, le reprendre
Et le serrer dans ses deux mains

S’endormir en rond
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