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Laurent Karila (Préfacier, etc.)
EAN : 9782491404161
222 pages
Éditions des lacs (20/05/2021)
4.32/5   42 notes
Résumé :
Vous avez un coeur qui bat dans la poitrine, vous le savez, mais il ne suffit pas. Parfois seuls les yeux et les mains d’un papa vous font sentir que vous existez.

Et puis un jour, comme par magie, après un tour de passe-passe ignoble dans la salle de bain pendant lequel Papa a sorti son lapin du chapeau, il disparaît brutalement emportant avec lui ses secrets les plus obscurs, vous laissant seule avec votre culpabilité.

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Je ne pensais pas en ouvrant ce livre, qu'il allait avoir autant de résonance en moi et que j'allais vivre cette histoire.
Pourtant, quelques autrices avaient déjà traité ce sujet encore très tabou aujourd'hui, sur l‘inceste, sur la déstructuration des êtres et sur leur difficile reconstruction.
*

« Désabîmez-moi » n'est pas un roman comme les autres. Il est à la fois un chuchotis, un murmure, une confidence, une prière et un énorme cri libérateur de femme. Il est un témoignage profond, il est une fiction ou bien les deux. Il est ce que la vie a de plus ignoble à offrir à un enfant.
Et c'est avec ce tout, si puissant, que je me suis laissé complètement envahir par mes émotions, par cette histoire terrible, secrète, inavouable, cruelle, déstabilisante parfois.
*

Et c'est « à fleur de peau » que j'ai suivi frissonnant, l'histoire d'Emmanuelle, cette petite fille que son papa a plongée très vite et beaucoup trop tôt dans la souffrance, dans la douleur de la solitude, dans ce qu'elle croit être une punition, dans l'incompréhension et surtout dans sa culpabilité de petite fille.
Comme j'aurais voulu l'éloigner des infamies, des souillures, des vomissures. Comme j'aurais voulu la protéger de ce genre dans lequel je ne me reconnais pas et refuse de me reconnaître.


Comment se reconstruire ? Comment se restructurer ? Comment se « désabîmer » après avoir vécu l'immonde, le deuil, l'absence, le manque d'amour paternel, le silence et la perte de son innocence ?
*

J'ai aussi accompagné le coeur serré ou plutôt j'ai assisté impuissant, à la descente en enfer d'Emmanuelle. Celle qui deviendra cette jeune fille confrontée à sa douloureuse addiction sexuelle.
Et là chapeau bas ! Car l'auteure a su expliquer, avec grand talent, avec beaucoup de justesse et sans pathos, tous les traumas et toutes les angoisses qui conduisent inéluctablement à ce sérieux trouble de la sexualité et à cette dépendance destructrice.

Emmanuelle Drouet nous a aussi éclairé avec des mots simples, pudiques et d'une grande efficacité, sur ce que fut « le sexe en surdose » pour une jeune fille de dix-neuf ans, dans une totale soumission, cherchant à combler le vide abyssal qui était creusé en elle.
Il faut tout de même, être dans une totale et immense détresse que d'accepter de se faire traiter de « salope » par la société entière, de peur qu'elle vous confine à une « Rien du tout ».
*

Patrick Louis Richard écrivait : « Personne ne sait rebondir entre deux eaux, il faut toucher le fond pour cela. ».
Cette phrase résume bien la fin de ce roman. Qu'il existe toujours quelque part quelqu'un, auréolé de lumière, qui vous attend pour vous tendre la main. Il suffit parfois écouter son coeur.

La lettre d'amour écrite pour Elvira est magnifique. Avec ces mots : « Je n'étais plus là pour toi, car je n'étais déjà plus là pour moi. »
*

Malgré ses thèmes sensibles, ce récit n'est pas aussi sombre et aussi morbide que je vous le laisse peut-être croire, amis.es lectrices et lecteurs.

Le roman d'Emmanuelle Drouet est écrit avec une grande maîtrise de son sujet et de sa narration. le portrait psychologique, par touches très fines et précises du personnage central, est renversant.
L'auteure a su par sa belle plume, trouver des mots délicats, presque poétiques. Pas de descriptions crues ou gore, car beaucoup de choses sont suggérées.

Emmanuelle Drouet se paie même le luxe de glisser des jeux de mots et de mettre un petit ton sarcastique.
Le roman en devient encore plus vibrant et lumineux. Et c'est vrai comme l'ont écrit certaines lectrices, qu'il s'en dégage de la sensualité.

Un livre dont je ne m'en sors pas indemne. Il m'a interrogé aussi sur le monde des adultes, sur son immaturité. Sur les désirs parfois malsains des hommes, sur les actes irresponsables d'un père et sur l'inconscience de certains de ses gestes et de leurs fulgurants impacts.
*

Un grand merci à l'auteure Delphine Muse et son éditeur, qui ont aiguisé ma curiosité de découvrir Emmanuelle Drouet.
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Évoquer des thèmes aussi délicats que l'inceste, la perte et l'addiction sexuelle n'est en aucun cas une tâche aisée. Trouver les mots pour aborder ces sujets est une tâche extrêmement délicate. Emmanuelle Drouet a réussi à les aborder avec une profondeur et une sensibilité dans son livre "Désabîmez-moi". Ce livre m'a touché, suscitant un autre regard sur les conséquences des traumas, la façon dont on a tous la possibilité de les surmonter. Une écriture dénuée de préjugés, et une lecture qui en est tout aussi absente. On lit avec compréhension sur ces sujets sensibles.

La narratrice, Emmanuelle, nous parle de son expérience de petite fille, exposée à des circonstances très difficiles et douloureuses, impliquant une relation inappropriée avec son père. Elle a été confrontée à des sentiments de solitude, d'incompréhension et de culpabilité, ce qui a eu un impact profond sur sa vie. En lisant, on découvre également les conséquences négatives auxquelles elle a été confrontée. le texte met également en avant l'habileté de l'auteure à expliquer de manière sensible et précise les traumatismes et les défis qui ont conduit cette jeune fille à traverser des moments difficiles, plongeant dans une addiction sexuelle où les hommes n'étaient en soi que des relations pansements sur une plaie totalement hémorragique… Et cette relation à soi, au corps, au plaisir, à l'homme, se chercher, se perdre, se trouver… Il n'y a pas de mode d'emploi pour survivre à l'innommable.

En ouvrant les pages de "Désabîmez-moi", je ne m'attendais pas à être autant bouleversée. C'est un cri silencieux qui parvient à faire taire les préjugés qui entourent souvent ces sujets. Dans une société où la parole des victimes est déjà fortement mise à rude épreuve, ici, on accueille, on sort du jugement facile et on regarde comment le personnage essaye de trouver des solutions à son vécu, ses ressentis, ses difficultés, la vision qu'elle a d'elle-même et son rapport à la fois à son corps, aux autres et à ses propres « démons ». La sincérité avec laquelle Emmanuelle Drouet raconte cette histoire m'a profondément interpellé, m'incitant à une réflexion profonde sur moi-même, réveillant des souvenirs sombres que j'avais enfouis. C'est cela aussi, un livre qui laisse sa trace : en le refermant, on se projette en nous-même, on se questionne, on regarde quel est notre comportement face à soi, et face aux autres.

L'écriture d'Emmanuelle Drouet est dépourvue de fausses notes. Elle parvient à décrire avec une grande précision les émotions les plus profondes, et cela m'a profondément touché. "Désabîmez-moi" est bien plus qu'un simple récit, c'est un témoignage criant de vérité et d'importance sociétale. À travers ces pages, l'auteure s'efforce de briser le silence qui entoure ces sujets tabous, tout en invitant le lecteur à considérer une réalité souvent méconnue. Mais je me pose cette question : qui, le premier, est dans cette position de jugement ? Les victimes sont déjà dans un mode parfois autodestructeur, dans une forte culpabilité. La société qui se veut bienpensante, aujourd'hui propose qu'on appelle les pédophiles des personnes étant attirés par des enfants pour ne pas les « heurter » (véridique, voir les propos tenus par certaines personnes sur les réseaux anglo-saxons).

Ce roman évoque une transformation émotionnelle et psychologique profonde. Il explore le voyage complexe et douloureux de la résilience, et nous guide à travers les difficultés de se reconstruire après des traumatismes profonds. Les thèmes de l'addiction sexuelle sont abordés avec une sensibilité étonnante, oui, je crois que cette chronique gardera ce mot en exergue : sensibilité. Il nous offre aussi une compréhension plus profonde des mécanismes de la psyché humaine, des mécanismes de défenses, cette notion de culpabilité, j'ai trouvé également sur la question de se faire du mal.

Emmanuelle Drouet nous confronte à la réalité brute de ces sujets, nous forçant à remettre en question nos propres convictions et à élargir notre compréhension. L'écriture subtile, évitant les descriptions crues au profit d'une narration nuancée et émotionnelle. Elle a une capacité à susciter une réflexion profonde et une prise de conscience. Je me suis sentie malgré tout sur ma faim/fin, tant j'ai encore de questions, de réflexions, de besoins peut être de confronter ma pensée et de lire ce qui a été tu, non-dit. Aller plus loin, mais c'est un ressenti personnel, le livre nous propose déjà beaucoup.

En bref : "Désabîmez-moi" est un appel à la compréhension et à la compassion. Emmanuelle Drouet parvient à donner une voix aux silences et aux souffrances, tout en encourageant ses lecteurs à dépasser leurs propres limites mentales et à s'engager dans des réflexions importantes. Ce livre est un exemple puissant de la capacité de la littérature à briser les tabous, les silences et à ouvrir la voie à la guérison/résilience, à la compréhension et à l'empathie. Une lecture qui laisse une empreinte durable et qui nous rappelle que même dans les moments les plus sombres, la vérité peut briller.
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Sur le thème de l'addiction sexuelle féminine j'ai lu et beaucoup aimé Dans le jardin de l'ogre, de Leïla Slimani.

Emmanuelle Drouet aborde le sujet sous un angle tout à fait différent, et extrêmement personnel.

Mis à part son thème, assez peu abordé en littérature (peut-être car considéré comme tabou), ce qui fait l'originalité de ce roman (témoignage?) est son écriture, aussi douce et sensuelle que l'histoire est terrible et prosaïque. Et aussi terriblement précise, dans son analyse des ressorts psychologiques qui guident le personnage central dans ses choix, et dans le parcours sinueux (et si peu conventionnel) que lui font emprunter ses désirs.

Emmanuelle ne raconte pas, elle dissèque.
Elle ausculte le corps, l'esprit et l'âme de cette petite fille abusée par son papa.
De cette adolescente qui se prend en pleine face la vérité sur le décès de ce dernier.
De cette jeune femme toujours en manque et jamais rassasiée de sexes masculins. Car ses (multiples) partenaires n'ont pas de prénoms, pas de visages : ils sont des pansements posés sur un petit corps violé, une innocence ravie, une intégrité brutalisée.

Ce texte est déchirant comme un cri de douleur, bouleversant comme une confession, précieux comme un secret dévoilé, lumineux comme une renaissance.
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Je vais avoir du mal à parler de ce roman tellement il m'a boulversé. En fait c'est au delà de ça parce que je pense qu'on est loin du roman sombre mais c'est plutôt nécessaire et impératif de le lire.

En fait, au delà du caractère sexuel et de l'approche psychologique qu'il pourrait en ressortir c'est avant tout le parcours d'une femme. D'un être humain blessé et dévasté par sa vie, son parcours et sa mauvaise expérience de l'amour paternel.

L'auteure, Emmanuelle, développe différents sujets avec une finesse et une rigueur poétique . À aucun moment elle n'écorche le lecteur avec de l'horreur. C'est la douceur et la douleur qui parlent comme tant de maux..
En fait ce roman est à son image, doux, sensuel et tellement intéressant.

Il est selon moi impossible de ne pas être touché par ce récit, par ce message et par toutes les émotions qui sont véhiculés.

Tout augmente crescendo comme dans un grand coup d'adrénaline. C'est structuré, maîtrisé et si beau, je me répète encore mais j'ai tellement rien à redire ou à reprocher que je cherche obstinément comment dire à quel point ce roman pourrait toucher un large public, comme chaque personne pourrait trouver son compte. Parce que tout le monde a un père, mais tout le monde n'imagine pas l'impact que cela peut avoir.. quand tout bascule, quand l'amour est trop intense pour être bienveillant.

J'ai vraiment du mal à m'exprimer..
C'est pas les milles et une nuit mais c'est tellement d'émotions que je ne peux les définir. J'ai tellement envie de tout vous dire, vous crier que c'est génial. Vous dire de l'acheter, de vous le procurer.

Parce qu'au fond cette femme pourrait être une amie, un proche et même vous. C'est peut être parce qu'il résonne en moi que j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps à la fin ou peut-être juste parce que ce roman est magnifique.. un peu des deux qui sait.. aussi précieux qu'un secret dévoilé..
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Faire une chronique ou un avis traitant sur les thèmes de l'inceste, du suicide et de l'addiction sexuelle n'est pas une chose facile, alors je vais essayée de le faire simplement.
Déjà Emmanuelle merci pour ce livre qui m'a transpercée, bouleversée et m'a faire prendre conscience et à surtout fait taire mes préjugés.
Ce livre m'a fait replonger dans des sombres souvenirs que j'avais enfouies.
C'est un livre sans fausses notes, ce livre est un cri pour tenter de faire taire les préjugés.
Ce récit est bouleversant, il es saisissant, à couper le souffle.
Ce livre est criant de vérité et d'utilité publique.
Ce livre est comme un accouchement douloureux, mais qui au final se termine en douceur.
C'est un livre à lire et à comprendre et surtout en lisant ce livre vous prendrez surement conscience de beaucoup de choses.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Je ne pouvais m'empêcher de penser que la somme de toutes ces hypothèses explicatives aboutissait au résultat de ma vie, pitoyable ! J'aurais préféré faire une erreur de calcul, mais le résultat était évident. Aux soustractions et divisions, je préférais les addi(c)tions et les multiplications. J'étais à moi toute seule l'incarnation du "jamais moins" et du "toujours plus". L'insatisfaction chronique était le problème de toute ma vie.
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Le sexe m'a permis de vivre. Le sexe a été ma bouée me permettant de ne pas couler même si j'ai connu les abysses dans ce domaine. Le sexe a été la lumière d'un phare à laquelle me référer quand, en pleine nuit, je sombrais dans la marée noire du désespoir. Le sexe a été un allié fidèle dont la présence indéfectible m'apportait systématiquement ce que j'attendais. Le sexe, lui, ne m'a jamais abandonnée ou trahie.
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Papa n'est jamais revenu, enfin pas sous la forme que j'aurais souhaitée dans mon désir d'enfant. Pourtant je lui ai laissé maintes fois la possibilités de faire. J'ai creusé et planté dans les sillons de ma vie des graines de douleur, dans l'espoir de faire germer des signaux de détresse censés être perceptibles, même de loin.
(Page 21)
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À la lecture de mes mots, il se peut que l'image que vous vous fassiez de moi soit celle d'une putain. Sachez que deux aspects essentiels différenciaient mon mode de fonctionnement de celui d'une catin. Le premier était que le sexe n'avait jamais été pour moi qu'une quête effrénée d'un plaisir extatique et récréatif ; non un travail. De fait, je ne vivais pas du sexe mais pour le sexe ; la nuance est de taille puisqu'elle procède d'une antinomie capitale.
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Tu me disais que tes mains détenaient le pouvoir de s'assurer que mon corps était en bonne santé. " Tu n'as pas l'air bien ma chérie, laisse-moi faire, je dois vérifier que tu n'es pas malade, c'est important". Le grand malade en vérité, celui qui avait besoin d'être soigné, c'était pourtant toi, papa.
(Page 87)
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