Chaque jour qui passait, chaque histoire qu'il apprenait de ces hommes avec lesquels Anna avait vécu, lui rappelait qu'on ne connaît rien, rigouresement rien, des gens avec lesquels on passe toute une vie.
On ne connait jamais la personne avec laquelle on vit.
Mais cela n'avait aucune importance vu le bonheur qu'il éprouvait à se lancer sur les routes où il savait pouvoir trouver du café chaud, des cigarettes, du chauffage dans les voiture, des femmes qui répondent au téléphone, des vagues sur l'océan, et où chacun portait en lui ce sentiment merveilleux et trompeur que le bonheur était toujours à deux pas.
Mentir ne le gênait pas. C'était une nécessité de l'existence, ni plus ni moins. Le lubrifiant indispensable qui permettait aux humains de se fréquenter et de se supporter temporairement. Sans la viscosité du mensonge, le monde aurait eu vite fait de se gripper.
Ne jamais dormir plus qu'il ne fallait. C'était ça, le secret d'une vie bien remplie.
Lui qui avait passé sa vie à se fuir dans le Pacifique,et à travers les bois,savait bien que rien n'est pire que d'être confronté à soi-même,contraint de se découvrir tel qu'on est.
C'était le spectacle le plus répugnant auquel il ait été jamais convié. ces combats sans règles ni limites étaient retransmis par des chaînes de télévision à péage qui réalisaient là leurs plus belles audiences. La recette était simple : à l'intérieur d'un ring ceint de hauts grillages, on enfermait deux hommes pêchés dans quelque torrent de misère avec pour instruction de s'entretuer comme des chiens de combat. Tous les coups, toutes les prises, toute la sauvagerie de la terre étaient ici requis. Pas de gants, pas de protections et surtout beaucoup de sang. Evidemment pas d'arbitre ni de victoire aux points. Le gagnant, celui qui emportait la prime, était le survivant, celui qui, à la fin, tenait encore debout. Entre ces combats qui rappelaient les origines des temps, une équipe denettoyage lessivait le ring pour laisser place nette aux nouveaux guerriers qui se jetaient l'un sur l'autre au milieu d'une foule délirante. Voilà ce qu'était l'Ultimate Fighting, une petite fin du monde filmée, une "bascule des civilisations"...
Hasselbank sentait la fièvre le traverser de part en part, l'araser de la même façon que le blizzard balayait ce pays. Malgré les trois couvertures que lui avait portées Paterson, il était gelé.
Il entendit des pas qui se rapprochaient.
La porte s'ouvrit lentement, il devina un bras, une silhouette se rapprocha, la luminosité d'un flash l'aveugla, il reconnut le grognement caractéristique d'un Polaroïd qui expulse sa photo.
- Qu'est-ce que vous voulez?...Pourquoi faites-vous ces photos?...Dites-le moi.
Mentir ne le gênait pas. C'était une nécessité de l'existence, ni plus ni moins. Le lubrifiant idispensable qui permettait aux humains de se fréquenter et de se supporter temporairement. Sans la viscosité du mensonge, le monde aurait eu vite fait de se gripper.
... elle s'en tenait aux fondements de sa petite philosophie d'agent foncier, persuadée qu'il était préférable d,emprunter le mari des autres plutôt que de partager le sien. (p.134)