Quand il examinait longuement cette image, il lui arrivait d'entendre la voix de sa femme résonner dans sa mémoire. La voix était la première chose que l'on oubliait après le départ de quelqu'un.
Peu d'êtres vivants nous défient à la manière des animaux sauvages. Ils nous bouleversent comme le font les grandes marées, nous hantent en posant sans cesse pour nous les grandes questions de la détermination, du sens de la responsabilité, de l'importance de notre héritage génétique et du passé en général.
Ma femme disait souvent qu'un couple sincère est un couple qui dort.
Anna appartenait à cette catégorie de femmes qui possèdent la rare grâce de rendre un homme meilleur, faisant sourdre en lui des sentiments nouveaux que nul, jusque-là, ne lui avait permis de révéler.Ce n'était pas intentionnel chez Anna. Simplement, elle induisait cet état de fait, agissant sur l'âme des hommes comme la lune influe sur les marées.
Les Indiens disent que la seule chose que l'on ait à craindre pendant le blizzard,c'est que le vent soulève la mauvaise part que chacun porte en soi et que,lorsque tout s'apaise,apparaisse à la lumière ce que l'on a parfois essayé d'enfouir tout au long d'une vie.
Mentir ne le gênait pas.C'était une nécessité de l'existence,ni plus ni moins.Le lubrifiant indispensable qui permettait aux humains de se fréquenter et de se supporter temporairement.
Les Indiens disent que la seule chose que l'on ait à craindre pendant le blizzard, c'est que le vent soulève la mauvaise part que chacun porte en soi et que, lorsque tout s'apaise, apparaisse à la lumière ce que l'on a parfois essayé d'enfouir tout au long d'une vie.
Je crois qu'il ne faut jamais regarder très longtemps en soi. C'est là que se trouve notre pire visage, celui que nous essayons de dissimuler pendant toute une vie. C'est mon père qui disait ces choses-là, il prétendait les tenir d'une vieille légende indienne. C'était un sang-mêlé.
Comme souvent , durant ces tempêtes d'hiver, il avait l'impression d'héberger en lui un alambic distillant en permanence un mauvais alcool obtenu à partir d'idées rances et de vieilles rancœurs. Les blizzards déclenchaient toujours ce genre de macération, faisant de lui un être plein d'aigreur,mesquin, nerveux et parfais même vindicatif.
La voix était la première chose que l'on oubliait après le départ de quelqu'un. La voix, ce n'était rien. Rien qu'un peu d'air modulé dans des cordes vocales.