Les Anges de cire

- Fallait-il tuer ou non la petite Nell?
Cette question que se posent en Angleterre et en Amérique des milliers de lecteurs, ne cesse d'obséder son créateur lui-même, Charles Dickens, depuis qu'il a achevé son dernier livre Old Curiosity Shop, par cet épisode tragique.

Les Parisiens qui vont de la place de la Concorde à l'Arc de Triomphe de l'Étoile ne peuvent manquer d'apercevoir près de Beaujon la modeste baraque de figures de cire.
Peu de visiteurs. Les affiches mentionnant l'exposition de mannequins « historiques » et la présentation de quelques phénomènes n'attirent presque personne. Nul durant la journée ne fait grincer les anneaux sur la tringle de fer surmontant à l'entrée un crasseux rideau rouge orné de glands jadis blancs.
À certaines heures du soir, l'écartement du rideau permet cependant de distinguer deux admirables figures de cire qui semblent descendues du ciel pour engager les chalands à acquitter le modeste nri d'entrée.
Deux anges blonds, minces et élancés, se ressem- hlant comme frères, les yeux bleu émail grands ouverts, les ailes dans le dos, les mains jointes dans un geste de prière. .
S'il advient à quelque curieux de s'arrêter devant l'étrange spectacle, les figurines s animent comnt automates.

Dickens, je vous tuerai, vous et votre famille, comme vous avez tué la petite Nell.
Nathanaël