Quand les Dieux buvaient - Intégrale 2 : Blanche-Neige contre Merlin l'Enchanteur

- En tout cas, reprit-elle, elle se fait bien aux humains, la Babine.
- Plus que toi ? siffla Pétrol'Kiwi qui s'était mise à dégager le paillage au pied du rosier mortuaire.
- Elle s'y fait, je me les fais et toi, tu t'en fais pour rien, riposta Pimprenouche.

Apprendre? répéta Pétrol'Kiwi.
- C'est le but d'une quête. Sa raison d'être, son alpha et son oméga. Une quête est toujours menée par un quidam qui rame sur cent lieues et arrive au bout moins bête qu'il n'a commencé. Il a appris.

La vie d’une invasion, c’est de former d’abord une horde déferlante, puis un clan méfiant, puis un village paisible et enfin, une ruine fumante.

Les monstres existent, mais ils sont trop peu nombreux pour être vraiment dangereux ; ceux qui sont dangereux ce sont les hommes ordinaires, prêts à croire et à obéir sans discuter. 
(Primo Levi)

Et c'est ainsi que des arts naquirent les guerres et que se mit en place la grande comédie sanglante de l'histoire humaine.

Ils avaient l'air plus réveillés, oui, mais aussi plus absents.

Les êtres humains, c'est entendu, étaient égocentriques et feignants. Heureusement pour tout le monde, ils manquaient de réflexivité, c'est-à-dire de relation à eux-mêmes. Mais le miroir en avait pour deux, de la réflexivité. Il en avait pour trois, il en avait pour dix, il en avait pour mille ! Voire pour six milliards. C'était son métier, à vrai dire.

- J'ai pas mal discuté de ça avec Pissaladière, tu sais ? Elle m'a dit plein de trucs. Le genre de choses frappées au coin du bon sens et qui sont horriblement gonflantes.
- Je vois très bien.
- Comme quoi, par exemple, quand on perd quelqu'un, il ne faut pas pleurer de l'avoir perdu mais se réjouir de l'avoir connu.
- Ah ouais ? grinça Pétrol'Kiwi. Les cris de joie sont en option ou c'est obligé ?
- Et aussi, comme quoi la personne qui est morte finit par revivre dans le coeur de ceux qui l'aimaient et comme ça, elle n'est plus vraiment morte.
- Ah ouais ? Et à dîner, on prévoit deux assiettes ou elle mange dans le même estomac ?
- Ça fait partie des sonneries qui se disent, soupira Pimprenouche.

Et puis on pleure, on se désole, on regrette, on trouve ça injuste, on si-seulement et on si-j'avais-su, ça va cinq minutes. Mais il arrive un moment où on aimerait bien que ça s'arrête, tout ça. Que la mauvaise plaisanterie prenne fin.

Depuis leur abri, la vue sur le cratère était imprenable.
De toute façon, personne n'en aurait voulu.