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Critique de Lamifranz


« Ange Pitou » (1850) est le troisième roman de la tétralogie « Les Mémoires d'un médecin », faisant suite à « Joseph Balsamo » (1846-1849) et au « Collier de la Reine » (1849-1850) et précédant « La Comtesse de Charny » (1852-1855).
Tout aussi passionnant que les autres tomes (et moins que le suivant qui constitue l'apothéose de la série), il se révèle curieux autant par son contenu que par les circonstances de sa publication. A l'origine, le roman devait comporter six volumes. Dumas et Maquet commencèrent la rédaction dans cette optique. Les premiers chapitres parurent dans « La Presse », un quotidien lancé par Emile de Girardin. Mais une cabale politique s'acharna sur les feuilletonnistes (au premier rang desquels Eugène Sue, Frédéric Soulié, George Sand et Alexandre Dumas) et interdirent la parution des feuilletons au motif « que tous les adultères qui se commettaient, toutes les concussions qui se faisaient, tous les vols qui s'accomplissaient, c'était le feuilleton qui en était cause ! » (lisez ou relisez le désopilant avant-propos de Dumas à « La Comtesse de Charny »). Emile de Girardin dut se plier, et voilà pourquoi « Ange Pitou » n'eut qu'un volume au lieu de six. Mais que le lecteur ses rassure, l'auteur (les auteurs, devrais-je dire) rattrapèrent le coup dans « La Comtesse de Charny ».
Ange Pitou est un brave campagnard né à Villers-Cotterets (comme Dumas), qui ne demande rien à personne. Il est amoureux de Catherine, la fille de Billot, le fermier qui l'a recueilli, elle-même amoureuse de Isidore de Charny (frère de Georges et d'Olivier de Charny, vous voyez qui c'est). Billot doit partir à Paris prévenir le docteur Gilbert (vous voyez qui c'est) que le coffret qu'il lui a confié a été volé. Seulement Gilbert est à la Bastille, Billot et Pitou n'ont pas d'autre solution que prendre la Bastille (on est le 14 juillet 1789). Gilbert est libéré, et apprenant que c'est la comtesse de Charny qui l'a fait arrêter et qui en plus a volé le coffret, il se fait nommer médecin à Paris et retombe sur sa trace : c'est Andrée de Taverney (vous voyez qui c'est). A partir de là, les affaires se gâtent. Ange Pitou, déçu dans ses amours, décide de faire la révolution dans son village, comme il l'a vu faire à Paris. A Versailles, des extrêmistes parisiens, obéissant aux ordres que Marat donna, attaquent les Tuileries, et ce n'est que grâce aux efforts de Billot, Gilbert, Lafayette et Georges de Charny (vous voyez qui c'est) que la famille royale arrive à s'en sortir. A Villers Cotterets, Ange Pitou est devenu le héros local. Isidore de Charny appelé par son frère à Paris, prend le chemin de la capitale. Ange trouve Catherine inanimée sur le chemin. Fin du roman.
C'est sûr, on reste un peu sur sa faim. Mais patience, tout viendra à son heure dans le roman suivant « La Comtesse de Charny » qui est forcément plus épais, et encore plus intéressant.
Tel quel, Ange Pitou se lit très bien (Dumas se lit toujours très bien, du reste), et on passe comme d'habitude, un excellent moment avec ces héros attachants, même les plus ambigus. Bien entendu, le fait que le roman soit tronqué, laisse des trous dans l'histoire : où est passé Cagliostro ? C'est quand même le fil rouge de la tétralogie, c'est lui qui tire les ficelles dans toute cette tragédie. On verra dans le roman suivant comment il arrive à ses fins.
Ange Pitou a vraiment existé : il était journaliste, contre-révolutionnaire, agent royaliste, conspirateur, et surtout chansonnier. Rien à voir avec celui de Dumas. Mais il est quand même passé à la postérité grâce à l'opéra-comique de Charles Lecoq « La fille de Madame Angot » (que je vous recommande hautement, par les temps de morosité que nous vivons) …

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