AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782923926407
432 pages
Éditions Hannenorak (12/11/2019)
3.79/5   21 notes
Résumé :
Tout est là : voici la vie sur la réserve, en haute définition. Dawn, la narratrice, revisite sa vie familiale, se replonge dans ses années d’école et s’engage résolument sur la voie de l’avenir. Situé quelque part entre le roman d’apprentissage et le récit autobiographique, On pleure pas au bingo est un livre qui célèbre les différences culturelles et la puissance de la prise de parole par le moyen de ce remède traditionnel et universel qu’est le rire.
Au-de... >Voir plus
Que lire après On pleure pas au bingoVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
“ - Maman, j'ai mal au ventre, j'ai trop faim.
- T'as manqué un numéro.
- C'est pas juste.
- La vie est injuste.

Mon ventre a grondé, il était d'accord.

J'ai fixé les yeux sur ma carte. Les numéros se sont brouillés devant moi, je sentais les larmes jaillir et tomber sur ma feuille. Ma tante m'a tendu un Kleenex.

- Arrête-moi ça! Tout le monde te regarde, a-t-elle murmuré d'une voix colérique. T'es pas censée pleurer. On pleure pas au bingo. le grand bonhomme, là-bas, il va venir te voler.”

Voici une petite partie de l'histoire du Bingo, raconté par Dawn, jeune autochtone des Plaines de la Première Nation okanese en Saskatchewan au Canada. Dawn est aussi l'auteure de cette autobiographie. À chaque chapitre elle nous dépeint: sa famille, complicités, rivalités et jalousies entre frère et soeurs; sa mère souvent monoparentale à cause d'un père alcoolique et absent; l'école publique, où elle côtoie des blancs pas toujours très gentils envers les autochtones; son amour des livres qui la fait rêver d'un prince charmant, et lui apportent également une culture générale assez impressionnante; sa grande solitude, ses complexes, etc. Tout ça souvent avec humour ….

J'ai adoré ce roman ! Oui cela se passe sur une réserve mais je crois que tous peuvent se retrouver en Dawn et sa famille. Un livre que l'on referme avec un grand sourire et des souvenirs de notre jeunesse ...
Commenter  J’apprécie          250
« Okanese veut dire « bouton de rose » en langue crie. La réserve n'a pas vraiment de surnom, bien que beaucoup l'aient rebaptisée « le trou du cul de l'univers », souvent après avoir perdu une élection. »
Dawn Dumont donne sa voix à ce récit autobiographique qui déroule petits et grands souvenirs d'une enfance et d'une adolescence au sein d'une famille autochtone de la Saskatchewan. Une mère, par intermittence monoparentale, un père alcoolique parfois violent, trois soeurs et un frère, tous élevés à la débrouillardise et à l'autodéfense, parlée et physique. Ici, aucun apitoiement, seulement une forte envie de vivre et d'exister envers et contre tous, avec cet humour bravache teinté d'ironie et de causticité d'une narratrice qui se livre sans retenue.
Comme dans son roman Les poules des prairies partent en tournée, Dawn Dumont évoque des thèmes sensibles propre aux habitants des réserves indiennes avec une verve qui ne se dément pas et avec l'aplomb de l'expérience.
Un récit plein d'entrain sur des scènes de la vie quotidienne croquées sur le vif par une plume aiguisée et drolatique.
Commenter  J’apprécie          140
C'est le récit d'une enfance, que l'on devine être celle de l'auteure, ce que suffit d'ailleurs à confirmer un bref coup d'oeil à sa biographie.
Une enfance passée dans des réserves indiennes du Saskatchewan et d'ailleurs, en mouvement perpétuel. Les petits Dumont ont appris très tôt l'art de savoir quoi mettre dans leur valise et de gérer leur consommation de liqueurs en fonction des pauses pipi (même si des accidents arrivaient quand même). Ce nomadisme n'était pas une manière de perpétuer la tradition d'une lignée crie qui, suivant les troupeaux de bisons qui assuraient subsistance, abri et vêtements, bougeaient au fil des saisons. C'était le moyen par lequel leur mère se soustrayait à la brutalité dont elle jugeait son époux capable lors des périodes où il s'adonnait à la boisson plus que de raison.

Hormis cette propension au nomadisme, c'est une enfance sans grands événements. Il n'est ici question ni de drames indépassables ni de joies inoubliables, plutôt d'un quotidien que l'on pourrait qualifier d'ordinaire mais qui prend sous la plume de l'auteure une couleur singulière, qui le rend aussi touchant que divertissant.

L'environnement dans lequel évoluent Dawn et ses proches n'est pourtant guère propice à la gaieté. La vie dans les réserves est une vie de débrouille, de fins de mois difficiles. Violences conjugales, alcoolisme, grossesses précoces sont le lot de nombreux autochtones, qui subissent par ailleurs dès l'école ségrégation et mépris. Et puis Dawn est une fillette maladroite et peureuse, boulotte et bourrée de complexes, notamment vis-à-vis de sa soeur Céleste, plus jeune mais plus jolie, plus athlétique, plus populaire. C'est une enfant qui se réfugie dans la lecture, qu'elle pratique de manière compulsive, et une élève disciplinée, travailleuse, qui tente de conquérir auprès des enseignants une attention que la plupart de ses camarades lui refusent.

Pour autant, le récit n'est jamais plombant. Il en émane une énergie constante, celle des disputes et des jeux que partagent les enfants Dumont ou qui les mêlent à leur myriade de cousins et cousines, celle des soirées de bingo où leur mère -qui en est complètement accro-, leurs tantes et leurs voisines oublient leur quotidien en étalant leur expertise de professionnelles ; celle, enfin, déployée pour échapper aux clichés des pauvres et ne pas passer pour une "poupoune de réserve", en évitant les tatouages, de porter des espadrilles avec ses jeans, ou de se montrer en public avec un T-shirt d'AC/DC…

Et puis il y a le personnage de cette mère justement, qui constitue pour Dawn un modèle, et lui donne des raisons d'être fière d'être femme et autochtone. Une mère indépendante et solide comme le roc, qui a toujours occupé deux ou trois emplois à la fois tout en prenant soin de ses enfants et des nombreux membres de la famille hébergés à la maison, capable de changer un pneu et de siphonner de l'essence, et dotée d'un sens de l'humour très cru lui permettant de rester à l'écart des conflits.

La narratrice elle-même se montre souvent très drôle, en évoquant avec sincérité et une bonne dose d'auto-dérision cette enfance dont il se dégage, malgré les coups durs, sa solitude et ses complexes, quelque chose de frais et de positif, propre à susciter une grande tendresse pour la jeune Dawn.

A lire.

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
Commenter  J’apprécie          10
L'auteure y raconte sa jeunesse qui se déroule au Saskatchewan dans une réserve indienne. Elle y raconte son quotidien, la réalité sur la réserve, ses dynamiques familiale et sociale en tant qu'élève autochtone fréquentant une école dite « mixte ». J'ai beaucoup aimé le ton qui, à l'inverse de plusieurs récits autochtones, n'est pas misérabiliste, mais plutôt teinté d'humour, quoique très réaliste et sans flafla. On arrive très bien à se mettre dans la peau de Dawn et à se figurer les personnages du récit.

Roman sans vague, constant. Je ne l'ai pas dévoré mais j'en ai apprécié la lecture. J'ai toutefois eu un coup de coeur pour l'attachante Dawn, son style et son authenticité; cela m'a donné envie de lire davantage de ce qu'elle a déjà écrit.
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
"- Où est-ce qu'on va aller quand il va y avoir une tornade, d'abord?

C'était au tour de Tabitha de prendre un air songeur.

- Je pourrais toujours vous attacher à un arbre.

Je la soupçonnais de nous taquiner. Mais elle ne souriait pas, alors elle disait peut être la vérité. Je l'aurais bien dénoncée, mais une partie de moi avait envie de se faire attacher à un arbre. De cette manière, je pourrais observer la tornade en toute sécurité. "
p.10
Commenter  J’apprécie          90
" Il y avait du bingo partout. En ville, dans les petits villages, dans la réserve - il suffisait de quatre murs et de quelques boules pour organiser une bonne soirée de bingo, mon ami. Il y avait du bingo tous les soirs de la semaine si on se donnait la peine de chercher un peu. Ce que plusieurs faisaient."
p.69
Commenter  J’apprécie          110
À en juger par mes piètres performances jusqu’ici, il semblait plutôt que je sois née pour être médiocre, et personne n’avait écrit un livre sur ma tribu, celle des gens ordinaires. « Toutes sa vie, elle a tenté de devenir une grande athlète. elle n’y est jamais parvenue, mais elle a été heureuse quand même et tout le monde l’aimait et tout le monde rêvait d’être à sa place. ». Il était où ce livre?
Commenter  J’apprécie          20
Finalement, quand le Canada a annoncé la mise en place du « Paiement d’expérience commune », mes parents ont rempli les formulaires et ont diligemment inscrit les années qu’ils avaient passées au pensionnat. On savait bien qu’ils méritaient cet argent. On les agaçait quand même en soulignant leur hypocrisie.
— Je pensais que tu m’avais dit que c’était pas si pire que ça, ai-je commenté.
Maman m’a lancé un regard blessé.
— C’est vrai que j’avais faim tout le temps, et mes parents pouvaient venir me voir juste une fois par an.
Mon père a ajouté :
— Ils m’ont empêché de parler ma langue. Ça m’a manqué, ça.
Maman a acquiescé.
— Honnêtement, j’aimerais plus ton père s’il parlait cri. Beaucoup plus.
Commenter  J’apprécie          00
Même la marelle était préférable à ça – et la marelle était le jeu le plus nul de tous les temps. Un hamster se serait ennuyé à jouer à la marelle. (Cela étant dit, une roue géante m’aurait certainement tenue occupée pour de longs mois.)
Commenter  J’apprécie          20

autres livres classés : manitobaVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (57) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1711 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}