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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Tout le monde évidemment a entendu ou lu la magnifique histoire d'amour de Tristan et Yseut...
Mais qui alors a pu imaginer les pensées qui animaient le mari trompé, ce roi Marc qui vit sa jeune épouse aimer son protégé, celui à qui il avait ouvert ses bras?
la légende dit qu'un philtre d'amour avait été bu par erreur lors du voyage qui amenait Yseut à son futur mari. Mais Marc , sans avoir bu cette potion, est fou d'amour pour Yseut.
Clara Dupont-Monod parle à la place de ce roi blessé, humilié, qui tantôt pardonne, tantôt condamne. Elle le mène avec nous à la folie.
C'est un livre étonnant, dans lequel le roi Marc tient un long monologue. Je me suis un peu ennuyée par moments mais j'ai néanmoins trouvé l'écriture belle et riche souvent poétique.

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Le Roi Marc, c'est celui qui n'a pas eu de chance, celui qui arrive après le vin herbé, qui reçoit Yseut ramenée d'Irlande par Tristan…

Dupe ?

Cocu ?

Personnage prêtant à rire ou à pleurer ?

Avec lui ou sur son dos ?

Aveugle, surtout, lorsqu'il accueille sa promise et ne voit qu'elle puisqu'elle lui est promise, réservée, à lui seul et aucun autre.
Aveuglé par sa beauté, sa jeunesse, ébloui par sa lumineuse présence, ses grands yeux gris, ses longs cheveux blonds entremêlés de fils d'or.

Le Roi Marc, c'est celui qui ne pensait pas à se marier, voulait que son neveu Tristan lui succède sur le trône de Cornouailles, puis a été convaincu par ses barons qu'il lui fallait engendrer un héritier.
Dans la littérature médiévale, les barons sont rarement de bon conseil.
Ceux-là ne dérogent pas à la règle.
Ils n'agissent par pour le Roi Marc mais contre Tristan.
Quelle aubaine pour eux, cet amour de Tristan pour Yseut et d'Yseut pour Tristan, qui crève tellement les yeux que le Roi Marc ne le voit pas ! Il est bien le seul.

Le Roi Marc, c'est celui qu'on oublie sans cesse, celui qui est de trop dans ce parfait amour, qui devrait s'effacer mais n'y pense même pas.
Sauf quand il est trop tard.

Clara Dupont-Monod lui donne la parole, à ce mis de côté, surnuméraire, encombrant Roi Marc.
Elle lui prête les mots de l'amour, de la jalousie, de la colère, de la vengeance, du déni, des prières balbutiées et des ordres cinglants, de l'orgueil froissé comme un papier de soie et de la fierté de l'ignorance.

Il est humain, son Roi Marc, il ne nous cache rien des marées de son amour à sens unique, qui le portent et le noient tout ensemble.

On l'écoute, souverain et influençable, fort et faible, prêtant l'oreille aux imbéciles et aux mesquins, fermant son coeur à ceux qui l'aiment sans le craindre.

Il décide, et puis change d'avis, vire et volte, instable et vacillant.
Surtout, il ne comprend pas que cet amour qui lui vole SA femme, celle qui LUI était promise, réservée, à LUI SEUL et AUCUN AUTRE, cet amour dépasse tout le monde, dépasse tout, à commencer par ces deux qui en deviendront légendaires.

Alternance de poésie et de bassesse, de descriptions merveilleuses et de sentiments médiocres, il nous dit tout, son Roi Marc, comme un ami repu de détresse et de mauvais vin qui vient pleurer son mariage raté, sa femme infidèle, reniflant et morveux, postillonnant son malheur entre deux hoquets.

Non, Jef, t'es pas tout seul…

Viens, Roi Marc, allez viens, il me reste trois sous à moi aussi, j'ai pas de guitare mais on fera avec mon hukulélé, tu ne finiras pas poivrot sanglotant dans le caniveau…
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N°904– Mai 2015

LA FOLIE DU ROI MARC .Clara Dupont-Monod – Grasset.

Clara Dupont-Monod s'approprie un thème vieux comme le monde, celui de l'amour impossible puisqu'il a déjà ses mythes, celui de Roméo et Juliette, de Cyrano et de Roxane, d'Héloïse et d'Abélard… Elle choisit comme sujet de son roman la relation amoureuse de Tristan et Iseut conservée par la tradition orale bretonne et qui été largement illustrée au Moyen-Age, notamment par Chrétien de Troye. Tristan a été recueilli et élevé comme son fils par son oncle Marc, roi de Cornouailles. Pour avoir un héritier direct, le souverain doit se marier et il choisit Iseut, une princesse irlandaise que va chercher Tristan. Les deux jeunes gens tombent amoureux l'un de l'autre après avoir bu par erreur un philtre mais malgré celai, Iseut épouse Marc tout en étant l'amante de Tristan. La légende celte conclut cet amour impossible par la séparation et la mort des deux amants. Ici l'auteur revisite cette histoire mais du point de vue de Marc seulement. Il est présenté comme un mari trompé deux fois, non seulement par une femme infidèle mais aussi par un neveu traître qui pourtant lui doit tout. Il s'ensuit un long monologue pendant lequel il confesse l'amour qu'il porte à son épouse, les attentions qu'il a pour elle. Aveuglé par sa beauté, il ne voit rien du manège des deux amants mais alerté par ses barons finit par se rendre à l'évidence et bannit Tristan et Yseut lui revient.

Avec une réelle dimension émotionnelle, l'auteur nous fait partager la naïveté de Marc, son ignorance de ce qui se trame derrière son dos, la confiance aveugle qu'il lui fait, puis son désarroi quand il prend conscience de son erreur. Il est pourtant fou amoureux d'Iseut qui le délaisse au profit de son amant, elle qui n'a aucune considération pour lui, pour son autorité royale. On la sent silencieuse, indifférente à l'humiliation qu'elle lui impose, ajoutant au plaisir que lui procure son amant celui de rabaisser son époux et ce d'autant qu'elle sait qu'il ne fera rien contre elle. Pour donner le change ou faire durer son calvaire, elle a auprès de lui et en public un rôle passif, équivoque même, entre les ragots et la jalousie de la cour, tandis que Tristan reste tapi dans l'ombre, attendant son heure. Se sent-elle autorisée à agir ainsi contre son époux qu'elle n'aime pas, est-ce l'effet du philtre ou de son égoïsme ? Face à cette liaison adultère, Marc n'oppose au début que sa tristesse, sa volonté de supporter l'opprobre par amour pour cette femme en se demandant ce qu'il a bien pu faire pour mériter cela. Puis il la méprise pour finalement admettre que cette situation délétère le détruit. Il tergiverse, réagit comme un mari trompé mais aussi comme un roi qui décrète une vengeance à la mesure de la faute. Finalement la légende reprend son cours...
Loin de se moquer d'une situation qui d'ordinaire suscite la raillerie, surtout quand on n'est pas concerné, le lecteur communie à la peine de cet homme trahi par sa femme. L'auteure choisit de lui donner la parole, de le tirer de l'oubli alors que le mythe choisit de conter ce qui n'est pas autre chose qu'un adultère, débarrassé d'ailleurs de toute culpabilité. Elle le présente comme un homme qui se croyait sans doute protégé par son amour pour sa femme ou par son autorité royale et qui se voit soudain ravalé à la position d'un simple humain. Elle analyse les différentes phases par lesquels passe un homme victime de la trahison, surtout quand celle-ci vient de quelqu'un qu'on aime, tant il est vrai qu'on n'est vraiment trahi que par les siens. Puis son malheur le fait peu à peu entrer dans la folie, il doute de ce qu'il a vu, finit par se persuader que c'est une illusion, que son épouse lui est fidèle, que tout cela n'est qu'un cauchemar. Cette malheureuse histoire fait de lui un lâche, un pauvre homme, un faible qui ne sait même pas tenir sa femme qui admet tout et ce d'autant plus qu'il lui semble que Dieu est complice des amants.
Ce thème hérité du Moyen-Age peut sembler suranné aujourd'hui où les idées autour du mariage et des relations amoureuses sont différentes. Certes le contexte est autre mais ce que je retiens c'est le malheur de Marc, ses états d'âme à propos de l'adultère de sa femme. Cela c'est universel et très humain et même si les choses ont pu changer, les idées évoluer et se libéraliser, la peine, le chagrin restent les mêmes face à une telle trahison.

C'est un thème vieux comme le monde, souvent repris dans les légendes médiévales. Les relations amoureuses entre les hommes et les femmes ont toujours nourri les création artistiques et en particulier celles des écrivains. Ici, le texte est servi par la belle plume de Clara Dupond-Monod. Son style est pathétique, simple, dépouillé, poétique, parfois mais un peu redondant quand même à certains moments. Je continue cependant d'explorer avec plaisir l'oeuvre de cette auteure.
©Hervé GAUTIER – Mai 2015 - http://hervegautier.e-monsite.com
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Superbe variation sur le mythe de Tristan et Yseut. Ce roman est composé d'un long monologue du roi Marc, l'époux malheureux d'Yseut : « Je m'appelle Marc, je suis roi de Cornouailles et ma femme me trompe. Elle s'appelle Yseut. »

Tour à tour fou d'amour, de douleur et de jalousie, Marc nous parle d'Yseut qui l'a réellement ensorcelée. Il raconte les différents épisodes de cette histoire qui le rend sans cesse malheureux : son amour pour Tristan, son fils adoptif, l'arrivée d'Yseut, la montée des soupçons et les mauvais conseils de ses barons, la fuite des amants, leur retour, l'exil de Tristan et le pardon officiel à Yseut, la séparation et la mort de Tristan et Yseut.

Le style de ce roman est enchanteur, cette longue incantation magnifiquement écrite nous plonge vraiment dans cette folie amoureuse d'un homme prêt à tout, même à souffrir, pour la femme qu'il aime. Cette réécriture ne trahit pas la légende mais lui apporte une richesse supplémentaire.
Lien : http://jimpee.free.fr/index...
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Il fallait donner la parole au roi Marc, personnage négligé et souvent présenté uniquement comme l'obstacle à l'amour parfait de Tristan et Yseut dans les différentes versions ( encore que Thomas évoque sa douleur de vivre à côté d'une femme amoureuse d'un autre). La romancière a repris fidèlement les étapes de la légende, en faisant du roi Marc le narrateur. Pauvre roi, qui se voit trahi par les deux personnes qu'il aime le plus au monde, son fils adoptif Tristan et sa jeune femme Yseut. il n'a pas besoin de philtre pour ressentir toutes les souffrances de l'amour, et passer de la passion à la haine. Un personnage fort
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Reprenant le schéma narratif de la légende avec ses moments clefs (schèmes) (le philtre ; les lépreux ; la traversée du gué d'Yseut à califourchon sur Tristan déguisé en mendiant ; le mariage de Tristan avec Yseult aux Blanches Mains ; les voiles etc.), Clara Dupond-Monod fait la part belle à celui que la légende a souvent négligé le confinant dans le rôle du mari trompé et berné par les stratagèmes des deux amants. Marc raconte donc son histoire pour ne pas être oublié de la légende, pour exister et exprimer ses douleurs de mari et de père.

L'idée est séduisante. Ayant étudié la version de Béroul durant mes années de fac, replonger dans cette légende me plaisait assez. Cependant cette lecture m'a profondément ennuyée. J'ai vu dans la reprise de la légende de Tristan et Yseut qu'un prétexte à écrire sur un sujet déjà éculé en littérature et l'introspection de Marc m'a très vite lassée. Les répétitions sont nombreuses dans le récit (les descriptions figées d'Yseut ; Marc couché auprès d'Yseut et voulant la toucher, etc.), la multiplication des termes du Moyen-Âge pour faire médiéval m'a semblé surfaite d'autant que plusieurs passages avaient, au contraire, des accents d'anachronisme dans l'expression de la douleur de Marc menant à la folie.

Certes il s'agit d'une réécriture moderne d'une légende ancestrale voire d'un mythe, et chaque réécriture est une trahison. Clara Dupont-Monod a su rendre compte de l'esprit courtois de la littérature du Moyen-Âge (on suppose donc qu'elle s'est davantage inspirée de la version de Thomas d'Angleterre), dans certains passages la phrase a quelque chose des vers anciens, la voix de Marc rappelle l'origine orale de la légende… mais je n'ai pas été convaincue. Ce récit m'a semblé un peu vain.
Lien : http://leslivresdegeorgesand..
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Roman intéressant. Voici, une suite originale donné au chef d'oeuvre de "Tristan et Yseult" par Clara DUPONT-MONOD, passionnée par la période médiévale. L'écriture y est riche, fluide et intense car elle met en avant les affres du sentiment amoureux, ses tourments et la folie qu'il engendre. L'auteur donne la parole au roi Marc, époux d'Yseult.
Pour rappel, Tristan, neveu du roi Marc part en Irlande sur sa demande afin de rapporter une épouse, en la personne d'Yseult. Sur le chemin qui les ramène tous les deux, ils sont victimes d'un sortilège. Tristan et Yseult tombent amoureux par la magie du philtre qu'ils viennent de boire. Cet amour est au-dessus de tout, indestructible. Yseult épouse le roi Marc et devient reine de Cornouailles.
Influencé et mal conseillé par la cour qui veut la perte des amants, le roi n'en demeure pas moins épris d'Yseult qu'il soupçonne d'adultère. Ses soupçons et ses doutes le rendent malade de jalousie. Il peine à accepter l'évidence. Cette double trahison, celle d'Yseult, puis de Tristan qu'il a élevé et qu'il considère comme son fils achève de le faire sombrer dans la folie. Pourtant, il ne renonce pas à elle, il s'accroche. Il l'aime trop pour la renier. Il accepte à ses dépens de la partager avec Tristan. Il accepte sa souffrance, l'accueille et vit avec elle. Il accepte les silences d'Yseult, son indifférence, sa soumission fondée sur les préceptes de l'église et son devoir d'épouse, ses regards fuyants. Tout en sachant que son coeur à elle vibre pour un autre homme, plus jeune, plus fort, plus populaire, plus craint, plus respecté. Il ne peut les haïr tout en les haïssant chacun. Il les regarde, les observe, les épie. Il souffre. Il souffre en silence jusqu'à la colère et la vengeance où il livre Yseult aux lépreux. Mais, c'était sans compter sans les valeurs et le courage chevaleresque de Tristan. Même si elle lui revient, même s'il lui pardonne, il ne peut s'empêcher de les aimer tous les deux à sa manière.
Ici, le roi Marc éperdument amoureux d'Yseult sans qu'aucune magie ne vienne influencer ses sentiments offre un monologue dans lequel se distille tout un panel d'émotions : l'amour, la souffrance, la colère, la haine, la vengeance, l'épuisement, la jalousie, le doute, la folie dans laquelle il sombre peu à peu, folie d'amour pour sa reine. Il se livre sincèrement à son lecteur, le laissant, aussi, pénétrer dans ses pensées les plus intimes.
Ce roman est bel et bien un roman d'amour sincère où les protagonistes ne sont pas maître de leur sentiment.
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