Région Bordelaise, 1950. Dans le village tout le monde vit de la terre. La terre qui fait vivre, celle qu'on travaille tout au long de l'année, la seule richesse des gens du cru.
Dans la famille Bacquey, il y a Gentil, le père, Jean le fils ainé marié à Jacqueline, et Gustave, que chacun trouve bizarre au village, qui a épousé Louise. Nicole quant à elle, la dernière des trois enfants a été chassé par son père en raison d'une liaison qu'elle aurait eu avec Arnaud le fils des voisins, les Gassian. Ces deux familles se détestent depuis des générations, en particulier en raison d'un bout de terre qui appartient aux Bacquey, mais que les Gassian voudraient acheter pour y planter des pins. A la mort de Gentil, les Gassian reviennent à la charge mais c'est un nouveau refus qui leur est adressé, la lande restera propriété des Bacquey, il ne sera pas dit que dans la famille on a besoin d'argent. La terre on en achète, on en vend pas. Peu à peu les langues se délient, les rumeurs enflent. Gentil est-il un ancien résistant ou un ancien collaborateur ? Chacun au village y va de sa petite histoire, mais on sait bien que lors des parachutages nocturnes pour approvisionner le maquis proche, Gentil était toujours présent, et c'est justement sur ce bout de terre tant convoité qu'avaient lieu les largages. Et quand Louise la belle fille des Bacquey vit une aventure avec le fils des Gassian, c'est l'étincelle qui met le feu aux poudres et les évènements dramatiques vont s'en suivre.
Un excellent roman de terroir, que j'ai beaucoup aimé. Impatiente de connaitre le dénouement et la vérité sur le secret jalousement gardé par les deux familles, je l'ai lu très rapidement. Un auteur que j'espère relire bientôt.
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Si elle s’était fait rare, c’est parce que son père lui avait clairement ordonné de partir. Pourtant, elle l’aimait, cette terre. Le matin, lorsque les brumes enveloppaient les prés d’une écharpe légère, l’odeur qui en montait la ravissait. Oui, elle sentait bon. Mais ici, elle ne se transmettait qu’aux hommes de la famille. Le jour où elle avait compris qu’elle n’en aurait pas, ne fût-ce qu’une petite partie, elle avait pleuré. Alors, quand elle avait été jugée indésirable à cause d’un amour de jeunesse, elle s’était juré de ne plus revenir. À quoi bon être étranger chez soi ? Si elle était là, en ce moment, c’était par respect pour ce père qui n’en avait pas eu beaucoup pour elle
Ici, la terre, et seulement la terre, commande, servie ou détruite par les caprices du temps. Ici, on ne demande qu’à vivre de son travail. Rien d’autre. C’est suffisant. Raisonnable
Elle ne serait pas celle qui remplacerait la mère plus tard. Non. Pour ça, il aurait fallu qu’elle épouse l’aîné. « Tu ne seras que la troisième roue de la charrette, lui avait dit son père, mais bon », avait-il seulement ajouté. Ce « mais bon » signifiait sans doute que c’était mieux que rien. Elle ne serait donc jamais autre chose qu’une rapportée ; une fille à qui l’on faisait parfois remarquer la chance qu’elle avait d’avoir une place à table, et d’être au chaud l’hiver.
Hubert Gassian nourrissait un autre rêve depuis longtemps. La lande qui touchait son terrain, au Nord, appartenait à Gentil. Impossible de traiter avec lui. Cabochard et mauvais caractère. Il avait essayé maintes et maintes fois de la lui acheter, sans succès
’existence, disent-ils, peut se résumer à une année : on prépare la terre, on sème, on récolte le fruit. Une fois cela fait, la terre entre dans l’hiver comme Gentil vient d’entrer dans le sien. Ce n’est rien d’autre, une vie.