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Citations sur Écrire (8)

Curtis,

(...) Je n'écris toujours pas, et la question qui me préoccupe est de savoir pourquoi cette soudaine stérilité me plonge dans un tel désarroi. Comme si je cessais progressivement d'exister, comme si je m'éteignais petit à petit. (p. 9)
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Je réalisai pour la première fois que, bien que frères et sœurs nés de mêmes parents, nous n'avions pas la même histoire. J'avais pensé qu'en écrivant mon premier roman je sauvai de l'oubli notre histoire commune, or je ne sauvai que ma propre histoire en laquelle aucun de mes frères et sœurs ne se reconnut. (p.111)
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Une autobiographie ? Un état des lieux ? ça n'a pas d'importance, le nom. Je voudrais que mon récit rende compte de l'imperfection, de tout ce qui demeure inachevé, irrésolu en nous. (...) Car j'aimerais parvenir à montrer combien nous sommes faits des autres, ceux qu'on ne choisit pas, au début, puis qu'on décide de garder, ou de quitter; ceux qu'on choisit, plus tard, et aussi ceux que le hasard place en travers de notre chemin. (p.15)
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Ce roman était bien plus que le meurtre prémédité de ma mère, mais, comme l'arbre cache la forêt, mes frères et soeurs n'ont vu que ce meurtre. Je crois avoir tenté de leur expliquer que ce livre marquait en réalité notre retour dans le monde des hommes, notre retour du front, devrais-je dire, la fin de notre exclusion, nous qui avions passé notre enfance à être chassés de partout comme des pouilleux, seulement dans tout ce drame je n'ai jamais su trouver les mots pour les convaincre. Et moi aussi, en plein désarroi, j'ai fini par croire que mon roman se résumait à nous débarasser de notre mère.
Mais non, vous le savez bien, vous ,Curtis, combien ce livre est plus riche, plus perspicace. Mon émotion, le jour où je l'ai vu pour la première fois dans la vitrine d'une librairie ! C'était comme si je rentrais de captivité. je l'ai regardé, regardé, j'avais les larmes aux yeux, je n'en revenais pas d'avoir réussi. On nous avait jetés à la rue par la porte, et je venais de rentrer par la fenêtre pour nous réinstaller dans la vie. A une place dont personne n'oserait jamais nous expulser : une librairie ! (p. 134)
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Travaillant sur le personnage de mon ami écrivain, j'avais procédé de la même façon, en moins caricaturale : je m'étais emparé de ce que je savais de lui, cependant , en grossissant les traits qui me touchaient au détriment d'autres qui ne me disaient rien, je l'avais attiré dans mon univers, le distordant au point que, tout en se reconnaissant, il ne s'était pas aimé. Un peu comme si je lui avais imposé de porter mes propres vêtements pour se contempler dans une glace. Maintenant, je comprenais mieux ce qu'il avait voulu dire quand il avait évoqué -ce mélange un peu pervers de fiction et de réalité.
(...) Ces réflexions m'inspirèrent un nouveau roman sur le danger que représentent les écrivains dans une société qui ne se méfient pas d'eux. J'inventai un immeuble parisien habité par des gens de toutes sortes, et j'installai au deuxième étage gauche un romancier qui entendait faire de ces innocents les victimes de son prochain livre. Le lecteur découvre en alternance les carnets de ce voyeur où ne sont consignés que des faits patents, observés, et les chapitres du roman qu'il en tire aussitôt. Cela me permet de montrer qu'on peut bien noter des tas de détails du monde réel, il n'en reste pas moins qu'au moment d'écrire on ne retient que ceux qui ont éveillé un écho particulier en nous. (p. 128)
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Voilà, Curtis, j'ai fait d'emblée de la littérature une affaire personnelle, une affaire de règlements de comptes, et sans votre complicité, vous qui m'avez édité, publié, je serai mort depuis longtemps étouffé par ma propre colère.
(p. 135)
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Si un livre peut tuer, me disais-je, c'est qu'il peut aussi guérir, sauver. (p. 131)
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Je n'avais jamais approché Hélène de si près qu'en la faisant aller et venir dans les pages de mon manuscrit. Je travaillais selon ce vieux précepte, énoncé par je ne sais qui, et que je garde en mémoire depuis ma classe de philosophie, si tu n'as pas la réponse à un problème, attache-toi à le décrire et tu en découvriras peut-être l'explication. (...)
voyez-vous, Curtis, je m'enfonçais si loin dans notre vie qu'à l'instant où elle surgissait dans mon bureau, essoufflée et moqueuse, pleine des parfums du dehors, j'en perdais le souffle, moi aussi, comme si lisant Tolstoï, j'avais vu surgir Anna Karénine. (p. 130)
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