Citations sur Envoyée spéciale (99)
C'est qu'Hubert, bien connu dans sa profession, dispose d'un volant de clientèle assez riche et varié pour se permettre un style vestimentaire soigneusement négligé. De la sorte il met à l'aise les huiles qu'il retrouvera au golf, au tennis, au squash, de la sorte il n'effarouche pas le non plus le gustave anonyme, magnétisé par la réputation d'Hubert mais rassuré de voir un éminent juriste, aussi simplement mis, s'occuper de ses humbles intérêts. Hubert s'attire ainsi le respect fasciné du gustave, lui donne conscience de l'honneur qui lui est fait jusqu'au jour où, toutes taxes comprises, la secrétaire d'Hubert fera part au gustave ébahi du montant de ses honoraires.
Ce qu'il faudrait avant tout, voyez-vous, c'est lui faire subir une sorte de purge une fois que nous l'aurons trouvée. La mettre entièrement hors-circuit quelque temps avant qu'elle intervienne. Une sorte de bonne cure d'isolement, si vous voulez. La personnalité se modifie dans ce cas-là. Je ne dis pas que ça détruit le caractère, mais ça crée des réactions mieux adaptées, ça rend le sujet plus ductile.
Qu'elles soient de douleur, d'émotion, de joie voire de deuil, les larmes ont en effet du bon. Peu importe au fond ce dont elles témoignent, tant elles soulagent, et tant, s'écoulant de nos yeux, c'est tout le corps qu'elles apaisent. Et soit dit en passant, ce phénomène concerne peu ou prou tout ce que ce corps expulse : dès l'instant où quelque chose de liquide, solide ou gazeux s'échappe de l'organisme - soit une dizaine de modes d'évacuation possible qu'on s'abstiendra de détailler-, c'est chaque fois, du sublime au trivial, un plaisir spécifique. A des degrés divers et quoi qu'on en dise, c'est toujours plutôt bon. Il n'y a que transpirer qui ne l'est pas toujours - encore que ce soit, au sauna, au hammam, pas si mal - et bien sûr saigner, qui est franchement discutable.
(P189)
Le cimetière de Passy est, de loin, le plus chic de Paris. De taille assez réduite, il est imbattable dans la proportion d'individus riches et célèbres au mètre carré, spécialement dans le domaine des arts et lettres. On l'a d'ailleurs installé en surplomb, ce qui permet aux personnes gisant là de se maintenir toujours au-dessus du niveau des vivants.
Toutes dents immaculées, tous cheveux drus gelés en arrière agrémentés d'une virgule indocile, mèche savamment rétive qu'il rejette en se propulsant d'un pas souple vers Tausk, Hubert a pris celui-ci dans ses bras pour l'étreindre, c'est ce qu'on fait en famille.(..)
Hubert Coste est plus grand que Lou Tausk, plus élancé, plus souriant, plus bronzé, plus musclé, plus tout ce que l'on peut concevoir et nous ferons grâce de sa putain de très jolie femme et de ses saloperies de merveilleux enfants. Physiquement, il est impeccable, ce que Tausk, chacun tenant de sa mère, est moins.
Tout est en place et chacun joue sa partie. Ils n'ont aucune idée de ce qu'ils font, mais ils font tout comme je l'avais prévu.
[…] le cycle entier de repousse des ongles, côté mains, dure trois mois – côté pieds, compter neuf car ceux-ci, passant leur vie dans le noir, sont plus lents.
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Nous ne prendrons pas la peine de décrire Pak Dong-bok : il ne va jouer qu'un rôle mineur et nous n'avons pas que ça à faire.
Au vu de son ancienneté, sa hiérarchie a peu à peu allégé ses responsabilités même si, eu égard aux services rendus, on lui a laissé l’usage de son bureau, de son planton, l’intégralité de son traitement mais pas son véhicule de fonction. N’entendant pas être entièrement mis au rancart, Bourgeaud continue cependant à monter en douce quelques opérations pour ne pas perdre la main. Pour s’occuper. Pour la France.
Constance s'étant étonnée auprès du commandant que tous les hommes soient coiffés à peu près de la même façon, il a répondu qu'ils étaient en effet tenus de conserver une longueur de cheveux de cinq centimètres - sept à partir de cinquante ans pour ceux qui commencent à les perdre - et de les couper tous les quinze jours, les cheveux longs dérobant comme on sait l'énergie du cerveau.