AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Numéro zéro (87)

Il existe un joli mot allemand, schadenfreude, la jouissance de l'infortune d'autrui. C'est le sentiment qu'un journal doit respecter et alimenter. Mais pour l’heure, nous ne sommes pas obligés de nous occuper de ces misères, et laissons les indignations aux journaux de gauche dont c'est la spécialité.
Commenter  J’apprécie          50
-pour le fric, maudit fric. C'est le lot des ratés.
Commenter  J’apprécie          50
..., en plein écran s'inscrivaient les déclarations de grands espions comme "La mystification est un état d'esprit, et c'est l'esprit d'un Etat."
Commenter  J’apprécie          50
Bonjour, présentons nous à tour de rôle. Voici le dottor Colonna, homme de grande expérience journalistique. Il travaillera à mes côtés - ce pour quoi nous le qualifierons d'assistant de direction ; sa tâche principale consistera à revoir tous vos articles. Chacun arrive avec ses propres expériences, c'est une chose d'avoir travaillé pour un journal d'extrême gauche et une autre d'avoir collaboré, disons, à La voix de l'égout, et comme (vous le voyez) nous sommes spartiatement peu nombreux, celui qui a toujours travaillé à la nécro devra peut-être écrire un article de fond sur la crise du gouvernement. il s'agit donc d'uniformiser le style et, si quelqu'un avait la faiblesse d'écrire palingénésie, Colonna vous dirait qu'il ne faut pas et il vous proposerait une alternative.

- Une profonde renaissance morale, avais-je dit.

- Voilà. Et si quelqu'un, pour qualifier une situation dramatique, écrit que nous sommes dans "l'œil du cyclone", j'imagine que le dottor Colonna sera assez avisé pour vous rappeler que, d'après tous les manuels scientifiques, l'œil du cyclone est le seul endroit où règne le calme, alors que le cyclone se développe tout autour de lui.

- Non, dottor Simei, suis-je intervenu, en ce cas je dirais qu'il faut précisément employer œil du cyclone car peu importe ce que dit la science, le lecteur l'ignore, et c'est précisément l'œil du cyclone qui lui donne l'idée qu'on se trouve en pleine tempête. C'est ce qu'il a appris par la presse et la télévision...

- Excellente idée, dottor Colonna, il faut parler le langage du lecteur, pas celui des intellectuels qui disent "oblitérer" le titre de transport. D'ailleurs, il paraît que notre éditeur a proclamé une fois que les spectateurs de ses chaînes de télévision ont une moyenne d'âge (je parle de l'âge mental) de douze ans. Les nôtres, non, mais il est toujours utile d'assigner un âge à ses propres lecteurs : les nôtres devraient avoir plus de cinquante ans, être de bons et honnêtes bourgeois partisans de la loi et de l'ordre, mais friands de cancans et de révélations sur les désordres en tout genre. Nous partirons du principe qu'ils ne sont pas ce qu'on appelle des lecteurs assidus, la plupart d'entre eux ne doivent pas avoir un seul livre chez eux, même si, à l'occasion, on parlera du grand roman qui se vend à des millions d'exemplaires à travers le monde. Nôtre lecteur ne lit pas de livres mais le fait qu'il existe de grands artistes bizarres et milliardaires lui plaît, de même qu'il ne verra jamais de près la diva à longues cuisses et pourtant il voudra tout savoir de ses amours secrètes...
Commenter  J’apprécie          40
— Exact. Les journaux disent aux gens ce qu'ils doivent penser, avait interrompu Simei.
— Mais les journaux suivent les tendances des gens ou bien ils les créent ?
— Les deux, mademoiselle Fresia. Au début, les gens ne savent pas de quel côté pencher, alors nous intervenons, et ils s'aperçoivent qu'ils s'étaient déjà, forgé une opinion. N'abusons pas de la philosophie et travaillons en professionnels.
Commenter  J’apprécie          40
La vie est supportable, il suffit de se contenter de ce qu’on a.
Commenter  J’apprécie          40
La vie est supportable, il suffit de se contenter de ce qu'on a.
Commenter  J’apprécie          30
Simei n'est sans doute pas un grand journaliste, avais-je pensé, mais dans son genre, c'est un génie. Et il m'est venu à l'esprit le mot attribué à un chef d'orchestre, une vraie langue de vipère, à propos d'un musicien : « Dans son genre, c'est un dieu. C'est son genre qui est de la merde. »
Commenter  J’apprécie          30
Regardez les grands journaux anglo-saxons. S’ils décrivent, que sais-je, un incendie ou un accident d’automobile, ils ne peuvent évidemment pas dire ce qu’ils en pensent, eux. Et alors ils insèrent dans l’article, entre guillemets, les déclarations d’un témoin, un homme de la rue, un représentant de l’opinion publique. Une fois les guillemets mis, ces affirmations deviennent des faits, car c’est un fait qu’un tel a exprimé telle opinion. On pourrait cependant supposer que le journalisme n’a donné la parole qu’à quelqu’un qui pense comme lui. C’est pourquoi il faudra deux déclarations, contradictoires, pour démontrer qu’il y a sur une même affaire des opinions divergentes – et le journal rend compte de ce fait incontestable. L’astuce, c’est de mettre entre guillemets d’abord une opinion banale, puis une autre opinion, plus raisonnée, qui reflète celle du journalisme. Ainsi le lecteur a l’impression d’avoir été informé sur deux faits, mais il est amené à accepter une seule opinion comme la plus convaincante.

Le lecteur ne comprend ce qui se passe que si on dit stratégie de la corde raide, le gouvernement annonce des larmes et du sang, le chemin n’est qu’une aride montée, le Quirinal est prêt à la guerre(…) nous avons le couteau sous la gorge, autrement dit nous sommes dans l’œil du cyclone. (…) Et les forces de l’ordre ont agi avec professionnalisme.
(...)
Une coupure dit qu’untel a écopé d’une amende il y a des années pour excès de vitesse, une autre que le mois passé il a visité un camp de scouts, que la veille il a été vu dans une discothèque. On peut très bien partir de là pour suggérer qu’il s’agit d’un casse-cou qui viole le code de la route pour se rendre dans un lieu où on boit, et que, peut-être, je dis bien peut-être, mais c’est clair, il aime les petits garçons.
Commenter  J’apprécie          30
Simei avait la tête d'un autre. Ce que je veux dire, c'est que moi, je ne me souviens jamais du nom de celui qui s'appelle Rossi, Bambilla, Colombo, ou même Mazzini ou Manzoni, parce qu'il a le nom d'un autre, je me souviens seulement qu'il devrait avoir le nom d'un autre. Bon, la tête de Simei, impossible de se la rappeler car elle ressemblait à celle de quelqu'un qui n'était pas lui. En fait, il avait la tête de tout le monde.
"- Un livre ? lui ai-je demandé
- Un livre. Les mémoires d'un journaliste, le récit d'une année de travail pour préparer un quotidien qui ne sortira jamais. D'ailleurs, le titre du journal devrait être Domani : ieri - "Demain : hier", pas mal non ?
Commenter  J’apprécie          20






    Lecteurs (622) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Le Nom de la Rose

    Quel est le nom du personnage principal ?

    Guillaume d’Ockham
    Guillaume de Baskerville
    Sherlock d’Holmes
    Sherlock de Melk

    10 questions
    729 lecteurs ont répondu
    Thème : Le nom de la rose de Umberto EcoCréer un quiz sur ce livre

    {* *}