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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Sans cesse dans la rue, on le prend pour quelqu'un d'autre. Fatigué de démentir tous ceux qui croient reconnaître en lui un proche, il assume les identités qu'on lui prête. Il est le mari adultère qui rentre chez lui, il est le camarade de galère, il est le pensionnaire de la maison de retraite, il est la tête de turc d'une bande de brutes. le courrier qu'il reçoit ne lui est jamais adressé. Son existence lui échappe et il ne fait rien pour la retenir.

C'est avec délice que j'ai plongé dans cet univers absurde. le personnage, sans nom, perd les contours de lui-même. "Je passe de longs moments face au miroir à essayer de comprendre d'où me vient ce sentiment. Je me dévisage, je me tâte du bout des doigts. Je tourne la tête, d'un côté et de l'autre, je m'observe du coin de l'oeil. Et plus, je me regarde, moins je me reconnais." (p. 51) Solitaire dans un monde qui lui refuse une place définitive, il ne maîtrise pas le développement paranoïaque de ses pensées. Tout est prétexte au délire de persécution. Dans sa solitude désabusée, il développe aussi des idées farfelues, absolument hilarantes. "J'ai pensé qu'en mettant bout à bout tous les lacets de son existence, que l'on nouerait ensemble de la première paire à la dernière, on devrait pouvoir mesurer la longueur de sa vie avec une certaine exactitude, en mètres, plutôt qu'en années, ce qui me semblait plus approprié. Et l'on serait sans doute bien étonné de voir combien ce long lacet, ainsi obtenu, serait court. Combien de mètres au juste pouvait-on espérer? En y réfléchissant davantage, j'ai bien été forcé d'admettre pourtant, que cette méthode avait ses limites et ne pouvait pas s'appliquer à tout le monde, et notamment à certains privilégiés qui possédaient, au cours de la même période, plusieurs paires de chaussures qu'ils portaient en alternance, selon les jours ou les saisonss, au gré de leurs envies. En mettant bout à bout toutes leurs paires de lacets, cela donnerait à croire, du coup, qu'ils ont vécu bien plus longtemps que ceux qui ne possédaient qu'une seule paire de chaussures à la fois, ce qui évidemment est absurde. [...] Tout au contraire, on pourrait déduire à tort, en examinant à la fin de ses jours le chapelet de lacets d'un unijambiste, que sa vie a été deux fois plus courte que celle de quelqu'un qui était en possession de ses deux jambes. Et l'on aurait vite fait de conclure que l'on vit deux fois moins longtemps avec une seule jambe qu'avec deux. Ce qui n'est évidemment pas le cas. Quoique... Je ne sais pas. Cela devient très compliqué. On ne s'en sort plus. Que penser alors du cas d'un unijambiste qui ne serait toujours chaussé que d'une pantoufle? Cela conduirait à croire qu'il n'a pas vécu, ce qui n'est pas défendable non plus. Sans parler du problème des femmes qui ne mettent que rarement des chaussures à lacets. Pourrait-on en déduire, pour autant, que les escarpins nuisent gravement à la santé?" (p. 35 et 36)

Bémol tout de même, la chute est trop précipitée. Ca finit en eau-de-boudin... Dix pages de plus n'auraient pas desservi l'intrigue. le roman reste tout de même bien mené, à un bon rythme. Les chapitres s'enchaînent aisément, et les hiatus entre chacun sont des développement à eux seuls: cela témoigne bien du côté caméléon du personnage.

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Avec Joël Egloff on est vite conduit dans l'absurde, dans l'humour cynique, en compagnie de personnages improbables, qui portent en eux des symboles de solitude, de médiocrité, de néant... mais également de réalisme.
Et puis ici, c'est assez dérangeant, il y a comme qui dirait une critique sous-jacente de la perte de nos identités, de l'inutilité de nos noms, patronymes, dans notre société, que personne n'est irremplaçable (comme on le répète souvent dans le monde professionnel surtout....), que l'un peut très bien être l'autre s'il accepte de remplir la fonction...
J'avais beaucoup aimé L'étourdissement, j'ai moins aimé lire L'homme que l'on prenait pour un autre, ce n'est pas aussi emballant, peut-être par l'absence d'empathie que le personnage principal suscite chez le lecteur.
Lien : http://chezlorraine.blogspot..
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De l'absurde. Il faut adhérer et cela a été mon cas.
Les épisodes s'enchainent, leurs conséquences prennent de l'ampleur jusqu'à ce que le personnage lui-même s'y perde et nous avec.
Les situations pourraient être drôles (le sont parfois) mais il y a une sorte de fatalisme triste dans la manière qu'a le personnage principal de se conformer aux multiples identités qu'on lui attribue sans rien dire, sans se défendre. Comme si la vie (ou plutôt les vies) lui glissai(en)t dessus. C'est drôle, c'est triste, c'est complètement invraisemblable.
Un très beau passage sur les lacets de chaussure, plein de poésie.
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Voici l'histoire d'un homme que l'on prenait sans cesse pour un autre et auquel il n'arrive que ce qui devrait arriver aux autres : les coups, les potes, l'amour, les enfants, le désamour, des problèmes de toutes sortes... le complexe de l'identité quasi refusée et la question de la responsabilité individuelle qui l'accompagne sont dans ce livre mis en scène de manière judicieuse et prégnante. Un très bon roman sur fond d'angoisse existentielle...
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Le héros est certainement le Monsieur Je-passe-partout par excellence : il est banal au point d'être quotidiennement pris pour un autre. A chaque rencontre, on le confond avec un voisin de cellule, un mari disparu depuis longtemps, et parce qu'il n'en est presque plus étonné, ni désireux de froisser son interlocuteur, il accepte souvent de jouer le jeu, provoquant sans cesse des situations rocambolesques. Alors oui, le style est simple mais il accompagne à merveille cet homme simple que l'on suit tantôt amusé, tantôt surpris, mais à coup sûr toujours avec un plaisir délicieux.
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