C'est un roman très dense, mais j'y suis rentré facilement, grâce à une écriture classique agréable et surtout grâce à l'humour égyptien que j'avais déjà remarqué dans Taxi de
Khaled Alkhamissi ( cinquante-huit conversations avec des chauffeurs de taxi du Caire composent un tableau fascinant de ce pays). de suite, il s'installe dans une grande liberté de ton, ne lésinant sur les critiques des dysfonctionnements du pays, à travers l'histoire de sa poignée de personnages.
Ceux-ci sont d'ailleurs très intéressants, mais peut-être un peu trop stéréotypés : entre le millionnaire qui finira par tomber amoureux mais devra déjouer les plans de sa soeur voulant le dépouiller de tous ses biens; le brillant fils du portier qui échoue au concours de police à cause du métier de son père et qui se tournera vers le terrorisme en désespoir de cause; le tailleur débrouillard; l'homosexuel assumé; etc.
Au final, une Égypte que l'on ne connaît pas, ou peu. Une photographie sans complaisance mais très enrichissante, du point de vue de la France. Car, s'il est difficile d'adhérer avec certaines valeurs (les références constantes à la religion, la situation des femmes – et pourtant c'est un pays moderne comparé à l'Afghanistan – tout ça finit par être gênant au fil de la lecture), il est évident que ce n'est pas le but d'ailleurs, le roman nous permet de comprendre cette société, d'une manière remarquable, et du coup de mieux appréhender les tenants et les aboutissants de la révolution de février 2011.
Et du coup la question majeure est la suivante : qu'est-ce qui a changé depuis 2002 en Égypte ? La révolution a t-elle bouleversé les rapports sociaux ? a-t-elle rétabli plus de justice dans ces derniers ?
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