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3,99

sur 1468 notes
Il y a des livres dont on entend parler...et puis qu'on ne lit pas. Et puis un jour ce livre on l'a en main, presque par hasard...
L'immeuble Yacoubian on le découvre dans son ensemble et peu à peu les personnages qui y vivent. Premier étage... 2e ... 3 e... Et tout en haut, sur les toits, dans de petites constructions les pauvres...
On est en Égypte, au Caire dans les années 1930. Corruption, sexe, politique et montée de l'islamisme sont au coeur de ce roman. Tout s'achète...
Cette histoire nous entraîne dans un univers qui nous dépasse, comment peut-on prier sans cesse, invoquer la parole d'Allah et s'affranchir de certaines règles..
Des personnages qui se croisent, se rencontrent, mentent, magouillent... Des étudiants qui font des mauvais choix car ils ne rêvent que de vengeance après des rêves brisés.
Poussez la porte de cet immeuble, vous découvrirez des hommes qui nous touchent, révulsent ou inquiètent.
Et les femmes ? Leur vie n'est certes pas enviable..
Un roman effrayant, fort et terriblement actuel.
J'y ai beaucoup appris, je ne l'oublierai pas de sitôt cet immeuble dont j'ai mis du temps à pousser la porte.
Même s'il m'a bouleversée je ne regrette pas cette découverte. Une histoire très forte.
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Pour certains auteurs écrire est un acte politique. Pour son brillant premier roman Alaa El Aswany a sorti l'artillerie lourde.

Baignant dans les eaux polluées de la société cairote au moment de la guerre contre l'Irak, cette mosaïque romanesque qu'est l'immeuble Youcoubian, nous permet de nous perdre dans les fascinants dédales où nous entraîne ce conteur redoutable.
On y découvre dans cet écosystème les inégalités sociales qui fomentent les crises, l'hypocrisie et la corruption dans la vie politique, l'absence de liberté sexuelle, la condition de la femme sujette au harcèlement des patrons et d'autres thèmes chers à l'auteur.

Foisonnant et riche en intrigues parallèles, ce roman est peuplé de personnages singuliers et attachants qui animent cet univers onirique et qui représentent chacun une partie de l'évolution sociétale qui pend au nez de l'Egypte.
La montée de l'islamisme radical menace l'équilibre d'une société en pleine transformation, la police torture ceux qui ne s'y plient pas et des jeunes se sacrifient pour le djihad.

Alaa El Aswany se positionne en auteur engagé et a composé un récit à son image, entre regard sur l'intime, analyse de la société et l'ouverture vers les nouvelles générations.


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L'immeuble Yacoubian, construit en 1930 en plein coeur du Caire, accueillait au départ des appartements de grand luxe. Quelques décennies plus tard, il a été redécoupé en logements plus petits, destinés à une population plus pauvre. L'auteur nous fait découvrir ses habitants : le fils du concierge bien décidé à passer le concours de police, sa petite amie qui vient de terminer ses études de commerce, de vieux aristocrates qui regrettent le mode de vie à l'européenne, etc.

Mais les rêves de ces habitants sont vite brisés . La corruption règne dans tous les domaines, et le plus riche a toujours raison. Il faut alors composer avec la réalité du pays : renoncer au concours à cause de ses origines modestes, accepter le harcèlement sexuel de son patron pour conserver sa place ou acheter sa place de député au prix fort. Les seuls refuges sont peu enthousiasmants : l'islam radical, ou la prostitution : « classique », comme seconde épouse, ou auprès de riches homosexuels.

Le ton change au fil de l'histoire : après nous avoir douillettement installé auprès de ses personnages, et nous faire aimer leurs qualités et leurs petits défauts, l'auteur ne nous épargne rien de leur sombre avenir : les humiliations, les injustices, la violence, qui resteront impunies puisque venues de plus haut dans l'échelle sociale.

Écrit quelques années avant la chute de Moubarak, ce livre aide à comprendre les événements qui se sont déroulés récemment, et donne aussi envie au lecteur d'aller manifester sur la place Tahrir.
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105 Babéliotes ont déjà poussé les portes de cette époque charnière faisant grincer les gonds de la destinée des habitants Cariotes de l'immeuble Yacoubian.
Au seuil de modifications politiques et sociales majeures, la terrasse de cet immeuble imposant cristallise tous les courants de cette Egypte fracturée et corrompue.
Alaa El-Aswany a su transformer de simples mots en émotions que nous ressentons aussi profondément que notre sensibilité et notre compréhension d'européen puissent le faire :
Accepter les rapports dominants-dominés.
Valider le comportement à « géométrie variable » pour l'homosexuel banni ou adulé suivant sa position sociale ou son capital sympathie.
Accepter que toute jeune femme se fasse harceler dès son premier emploi par un patron adipeux ou un vieux beau sur le retour.
Admettre qu'un fils de concierge, parce que recalé à l'école de police devienne islamiste humilié par l'administration pervertie.
Cette fresque relate les frasques de toute une génération plus intéressée par l'argent, les femmes et le pouvoir.
« Il n'y a pas de bienfaits, tout le monde agit dans son intérêt.»
Cet immeuble et ses habitants sont le parfait exemple d'une Egypte sûrement trop européanisée, glissant vers un islamisme difficile à maîtriser.
« La cause de la décadence du pays c'est l'absence de démocratie. S'il y avait un véritable régime démocratique, l'Egypte serait une grande puissance.»
Mais laissons là les grands mots, nous y pallierons avec les rêves.
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Une vision de l'Egypte à la fois désabusée, cynique, et pleine de compassion. On partage la vie des personnages comme s'il s'agissait d'un autre monde. Et pourtant ces personnages sont proches, vivants et attachants, mais la société les a rendu fous au point que que l'on ne sait plus si on doit les plaindre ou les blâmer. L'auteur rend à merveille ces destins, la permanente confrontation entre idéal et réalité, les arrangements avec la religion, la dictature, et surtout le délabrement de la société égyptienne. le tout est décrit avec tant de talent que l'on ne s'ennuie pas une seconde et que le livre se lit d'un trait.
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A mon tour d'ouvrir les portes de "L' Immeuble Yacoubian", de regarder son architecture révolue des années 30 à l'époque où le jazz accompagnait les autochtones raffinés et les européens orientalisés qui menaient la grande vie insouciante de la décennie sortie tout droit des années folles.

A mon tour de pénétrer dans ces appartements qui ne sont plus que le pâle reflet de ce qui fut et de grimper sur la terrasse où les plus pauvres se tiennent. La comédie humaine continue, chacun sa classe, chacun sa place.

Taha, fils de concierge, tu as tort de vouloir en changer, reste où tu es, de toutes façons, quoi que tu fasses, quoi que tu étudies, les autres t'en empêcheront, personne n'accepte l'ascension d'un fils de rien. Victime affaiblie, tu tomberas dans d'autres filets qui te manipuleront. La religion s'y entend pour ce genre de choses.

Une autre porte mène chez Hatem, le journaliste homosexuel. Tout le monde sait, juge, rejette. Tout le monde se tait. Hatem est trop brillant, Hatem est trop puissant. Hatem veut être amoureux, il en a assez de ces passes dégradantes. Il aime. Un drame bouleverse tout. La religion s'en mêle... jusqu'au drame.

D'autres portes : celle de Zaki, l'aristocrate "vieux beau", affublé d'une soeur intéressée et monstrueuse, d'un serviteur manipulateur. Son histoire sera la plus belle parce qu'enfin la corruption ne s'en mêlera pas et l'amour fleurira, vrai, sincère. La porte de Azzam s'ouvre sur un monde d'affaires, de politicaille, de pots-de-vin, de "parrain", trouble, répugnance, amoralité s'y côtoient.

La porte de la belle Boussaïna nous la montre pauvre et brisée parce qu'on attend d'elle ce qu'elle n'imaginait même pas...

J'ai refermé ces portes. J'ai aimé ce livre, je me suis demandé pourquoi puisque c'est laid. L'intérêt vient de l'écrivain qui nous entraîne d'un personnage à l'autre, crée des interruptions dans ce qu'il raconte titillant ainsi notre curiosité. Notre curiosité à savoir, notre étonnement, notre révolte devant toutes ces dégradations de l'histoire humaine, notre refus d'ignorer l'emportent. Tout est pourri, corrompu et c'est pour cela que ce livre est utile, nécessaire même si nous le savons depuis longtemps... Toujours être sur le qui-vive. Ne jamais se taire. Ne jamais accepter.

L'Egypte actuelle est en ébullition. Comment s'en sortira-t-elle? Comment dépassera-t-elle ces décennies corrompues? Fera-t-elle confiance à ses intellectuels démocrates? Un long chemin est à parcourir... Inch Allah.
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Bâti en 1934 par un millionnaire, l'immeuble Yacoubian situé dans la rue Soliman Pacha du Caire est à la fois un vestige de l'influence occidentale passée et l'image de la société égyptienne des années 90 marquée par la corruption, l'injustice sociale et la montée de l'emprise des religieux.
Les beaux appartements logent une population riche pendant que les pauvres s'entassent sur la terrasse, dans des cabanes, autrefois débarras transformés en pièces minuscules. Riches comme pauvres sont soumis aux règles d'un pays qui n'en a plus et se laisse peu à peu submerger par la vague islamiste qui dénonce la démocratie corrompue, impose le voile aux femmes, ferme les bars, traque les homosexuels, impose la charia comme avenir unique.

Zaki Dessouki, homme à femmes et porté sur l'alcool, y a son bureau au rez-de-chaussée où il reçoit ses rendez-vous galants à l'abri de sa redoutable soeur, Daoulet, qui partage avec lui l'appartement que leur a légué leur père. Victime d'une de ses conquêtes pulpeuse mais pilleuse, il est jeté dehors et dépossédé par sa soeur courroucée. Quelques étages plus haut, Hatem, homosexuel aisé, y accueille son bel amant Abdou qu'il aide financièrement à nourrir femme et enfant. Relation compliquée, entachée de culpabilité, à l'avenir incertain…
Hadj Azzam qui a retrouvé sa vigueur sexuelle à l'âge de 60 ans, y loge une deuxième femme, épousée mais cachée, qu'il visite deux heures par jour. Soad, veuve démunie chargée d'un enfant, a accepté mais à condition qu'elle ne voit plus son fils et qu'elle ne tombe pas enceinte…
Taha, brillant jeune homme, rêvant de rentrer dans la police, est recalé au concours car fils de concierge…Écoeuré il s'inscrit à la fac puis se laisse entraîner vers les frères musulmans. Arrêté, violé et torturé par les policiers, il décide de se venger…et s'engage dans le djihad. Sa petite amie, Boussaïna, habitante de la terrasse, contrainte de nourrir sa famille suite au décès de son père, est la proie d'un harcèlement sexuel impuni de la part de ses employeurs. Elle doit son salut à sa rencontre avec le vieux Zaki…

Quelques personnages au service de l'Etat corrompu comme El-Fawli font la pluie et le beau temps dans un pays, gouverné par le Grand Homme, où tout s'achète. Avec beaucoup d'humour mais également de colère, Alaa El Aswany nous dépeint un pays où tout est possible pour celui qui en a les moyens, acheter une femme, une élection, un contrat, des diplômes, un poste, des juges, des médecins…Même si l'on sourit parfois, le constat est amer et le sentiment d'un immense gâchis s'impose. Celui d'une société particulièrement violente, inégalitaire et phallocrate basée sur la loi du plus fort qui laisse aux plus faibles le choix de se soumettre ou de se tourner vers les prêcheurs d'arrière-mondes…
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Dans cet immeuble reflétant avec une telle réalité la société cairote, il y a le vieux Zaki Dessouki, fils du pacha déchu, amateur de femmes et chez qui la jeune Boussaïna se sentira enfin respectée, il y a le journaliste Hatem Rachid vivant difficilement son homosexualité avec un jeune soldat, il y a Taha, exclu de l'école des officiers suite à sa condition de fils du concierge et poussé dans les bras du djihad, il y a Soad, deuxième épouse secrète du corrompu hadj Azzam et qui se battra pour garder son enfant...

La révolte de Soad face au cheikh Samman est extraordinaire de même que les discours d'exhortation au djihad.

L'écriture est belle, classique, simple et pleine de pudeur. Puissent les autres oeuvres d'Aswany autant me combler....avec la permission de Dieu!
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J'ai fini ce roman à regret. Il fait partie de ceux que j'ai eu hâte de retrouver, jour après jour, lors du rendez-vous rituel de la séance de lecture qui précède de peu le sommeil. J'ai tout de suite été séduite par l'analyse psychologique des personnages tellement réaliste qu'on croirait les avoir connus ou du moins croisé dans les parties communes de l'immeuble Yacoubian ou encore dans la rue Soliman-Pacha. La forme et l'écriture sont des plus classiques. Elle rappellent, et ce n'est pas pour me déplaire, les grands auteurs français de XIXè siècle. J'ai pensé à Zola et surtout à Balzac mais le procédé m'a évoqué aussi, dans une certaine mesure, celui de Georges Perec dans La vie, mode d'emploi. Ceci étant dit, c'est parfaitement original en ce qui a trait au lieu tout à fait dépaysant de l'Égypte moderne et c'est tout l'art de l'auteur de nous faire comprendre, par le biais de l'étude des moeurs de quelques habitants de l'immeuble Yacoubian, les problèmes politiques et sociaux du pays et, en particulier, le terrain qui y a favorisé la montée de l'islamisme radical. En conclusion, l'immeuble Yacoubian a été pour moi une belle découverte et je n'hésiterai pas une seule seconde à revenir à cet auteur prochainement.
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Tout d'abord merci à Machaloubrun pour cette jolie découverte puis merci à Alaa El Aswany pour les youyous. Oui, oui, pour les youyous, ceux qui égayent les dernières pages, voyez-vous j'en avais sérieusement besoin...

Voilà donc l'histoire de l'immeuble Yacoubian, au coeur du Caire et au tournant du millénaire ; en ses murs vivent tous les protagonistes du roman, des appartements bourgeois aux cabanes pauvres de la terrasse. Là se croisent le fils du concierge, sa petite amie un peu trop jolie, un journaliste homosexuel, un vieil aristo en mal d'affection, un homme d'affaire peu honnête, sa seconde femme...

En nous contant une tranche de vie des différents habitants l'auteur dresse un portrait de la société égyptienne : inégalité et discriminations sociales, corruption, brutalité policière, homosexualité interdite et brimée, lubricité, misère sexuelle, cruelle condition des femmes, montée de l'islamisme. Il ne nous épargne rien. Sans complaisance, mais surtout sans juger, il expose les turpitudes des plus riches, les souffrances des plus faibles.

Chacun s'attachera à un personnage en particulier. Personnellement c'est le jeune Taha qui m'a le plus touchée. Taha, le fils du concierge, il n'est rien, il n'est le fils de personne... mais Taha a réussi son bac brillamment et rêve d'un avenir meilleur. Il postule à l'école des officiers de police. Sauf que le fils de personne ne rejoint pas les rangs d'une telle institution, même s'il en est capable, s'il ne démérite pas. Injustice, inégalité des chances, ascenseur social inexistant, un moins que rien n'a pas ce genre d'ambition. Alors certains sauront écouter son désarroi, le guider sur un chemin où sa naissance n'est pas un frein à ses ambitions... Au premier prêche pour le djihad, il est déjà conquis à la cause. Il est si perdu ce môme, j'aimerais tant qu 'Alaa El Aswany lui écrive un avenir... Je tourne les pages sans vraiment y croire et ironie de la vie, des hasards des lectures, son destin trouve une résonance bien cruelle dans l'actualité. La veille du 7 janvier 2015, je lisais l'appel au Djihad du cheikh. le 7 janvier... et je laisse le livre de côté, presque une semaine je crois. Puis je tourne à nouveau ses pages et je comprends que Taha est perdu qu'il aura son martyre . Je continue pourtant d'espérer qu'au détour d'une ligne quelqu'un lui tendra la main, le sauvera, lui et ceux qui seront de l'autre côté de son arme... C'est dans cet état d'esprit que je finis le livre. Bien sûr ceux qui l'ont lu comprendront pourquoi les youyous du dernier chapitre étaient les bienvenus.

Quel roman, quel écrivain ! Vous avez compris, je suis conquise, oui, je recommande sa lecture à 300 % !! Il est riche et puissant ce livre !! Les autres destins, eux aussi brillamment contés, et dont j'aurais pu vous parler, ne manquent pas d'intérêt c'est vrai, en particulier celui des femmes... Mais voyez-vous c'est pour Taha que j'ai tremblé...

PS : écrit en février 2015, je voulais me laisser le temps de la réflexion ou plutôt celui de la raison...Mais en fait je publie tel quel...
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