J'ai demandé ce service presse aux éditions J.C Lattès parce que j'ai toujours été très intéressée par les religions (bien qu'agnostique confirmée), mais surtout parce que, comme beaucoup, je suis sortie traumatisée des attentats qui ont touché la France, la Belgique ou encore l'Espagne…
Une réelle prise de conscience de la guerre qui nous entoure, de cette montée de haine et tout cela au pas de notre porte. Une peur grandissante et oppressante pour nos enfants, pour nos familles, pour nos pays, qui m'a poussé à m'interroger, à lire de nombreux articles et ouvrages et je dois de dire que celui ci restera particulièrement dans ma mémoire.
Quand j'ai commencé ma lecture, cela semblait être le simple cri d'un homme bouleversé.
Mohamed El Bachiri a perdu sa femme, Loubna, dans les attentats de Bruxelles, mais son témoignage ne s'arrête pas là. Il s'adresse à ceux qui ont engendré son malheur, ses « frères » comme il les appelle, ces autres humains qui sont « musulmans » à la fois comme lui, mais autrement.
Ce livre est bouleversant. Cette femme si jeune et pleine de vie, qui laisse derrière elle trois petits garçons et un papa qui se doit de rester fort pour eux, c'était déjà trop pour mon petit coeur.
Cette histoire est une ode à l'amour, d'un homme à sa femme, de leur rencontre à son décès prématuré, puis la description d'une douleur indescriptible qui nous atteint à travers ses mots, à travers tout ce qu'il ressentait pour elle.
Elle, Loubna, la femme de sa vie. Cette épouse douce et aimante, enseignante, belgo-marocaine, musulmane, qui comme chaque jour se rendait au travail en métro. Elle a qui on a brutalement ôté la vie. Elle, qui transmettait l'amour et la force à tous les gens qui croisaient sa route. Elle, qui lui manque terriblement. Pourtant,
Mohamed El Bachiri ne leur en veut pas, il n'éprouve pas de haine, il n'est pas vindicatif malgré sa douleur et malgré le vide qui lui reste désormais.
Une déclaration d'amour, mais aussi, une leçon. Un appel à la paix, à la réflexion et à la remise en question, qui m'a émue. Il nous parle de la religion, de sa religion, de sa foi et de ce qu'il a tiré de cet horrible évènement. Il raconte, explique, par le biais d'histoires courtes, de souvenirs et de belles phrases, que la religion n'est pas une science exacte, qu'elle évolue, qu'elle fluctue selon les époques, selon ce que l'on veut devenir.
Mohamed El Bachiri, c'est le genre de personne que j'aimerais rencontrer plus souvent, avec qui j'aimerais partager mes opinions. Il connaît son sujet, il connaît l'histoire de ses croyances et des religions en général et ça fait du bien. Son message est clair, limpide disons le, il ne veut plus de guerres, plus de morts, plus de violence. Un peu utopique en effet, pourtant apriori, il y arrive. le tout est assez court, à peine 90 pages, mais la qualité est là et le récit nous emporte et nous donne envie de croire à cette tolérance qu'il évoque à plusieurs reprises.
Cette justesse m'a convaincu, au-delà même du fait que je partage son opinion, son discours est percutant et son histoire ne peut que nous atteindre. Il comprend, tout, tout le monde, même ceux qui ont peur de lui parce qu'il est belgo-marocain et musulman. Il ne juge pas, il observe et il apprend. Ce statut de « victime aujourd'hui, coupable demain », le désole et c'est au fond ce qui le pousse à en parler, à raconter ce qu'il pense de cette guerre au nom de dieu.
Que puis-je vous dire d'autre si ce n'est de le lire. Pas besoin d'avoir fait science po ou même d'être un adepte de la religion ou du contraire pour pouvoir le lire ou le comprendre. C'est un simple message, d'un homme d'une grande humilité, qui nous livre son ressentit et ses opinions sans retenue, mais avec beaucoup de respect. Un merveilleux message de tolérance et d'amour. Aimez-vous les uns, les autres, chaque vie est précieuse. Un seul conseil ? Foncez !
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https://lilyn.fr/2017/09/03/..