Ma part d'ombre

L’idée m’a frappé immédiatement. Elle m’a frappé vite et fort, à deux niveaux distincts. Il fallait que moi, je voie ce dossier. Il fallait que j’écrive à propos de cette expérience et que je publie l’article dans un grand magazine. Je savais que l’heure était venue de l’affronter.

Tous les hommes haïssent les femmes pour des raisons vraies et avérées qu'ils partagent au quotidien sous forme de blagues et de traits d'esprit.

James Ellroy à sa maman, assassiné alors qu'il avait une dizaine d'années:

-"Un samedi soir minable a vu ta perte. Ta mort à été stupide et cruelle, sans
même que tu aies pu défendre la vie qui t'était chère.

Ta fuite a été un bref répit. Tu cherchais la sécurité. Tu m'avais emmené dans ta cachette comme ton porte-bonheur. Et je t'ai failli comme talisman, je me dresse donc aujourd'hui comme ton témoin

Ta mort définit ma vie. Je veux trouver l'amour que nous n'avons jamais eu et l'expliciter en ton nom.

Je veux mettre tes secrets au grands jour. Je veux consumer la distance qui nous sépare.

Je veux te donner vie".

-" Les personnes âgées inventaient des choses inconsciemment. Elles voulaient faire plaisir et impressionner. Elles voulaient faire la preuve de leur solvabilité en termes de souvenirs."

El Monté était en 58 le moyeu de la vallée. Les premiers colons l'avaient baptisé "la fin de la piste de Santa Fé". C'était une ville de bouseux et un bon endroit pour se marrer. Les arrivants les plus récents l'appelaient "la cité des femmes divorcées". C'était un coin à bastringues avec une atmosphère western plus que marquée.

Les morts appartiennent à ceux, parmi les vivants, qui les réclament de la manière la plus obsessionnelle. Elle était mienne toute entière.

"Elle était mon salut, pas moins.

J'ai passé un moment à l'intérieur de la maison. On l'avait modifiée et agrandie. J'ai fermé les yeux et abattu les modifications.Je me suis tenu dans ma chambre et dans la chambre de ma mère telles qu'elles étaient alors. J'ai senti sa présence. J'ai senti son odeur.

Tu trompais ton monde. Tu te révélais aux autres par bribes, petit à petit, et tu reinventais ton personnage au gré de tes caprices. Tes manières secrètes effaçaient tout moyen de marquer ta mort du sceau de la vengeance.

Je croyais te connaître. Je faisais passer ma haine infantile pour un savoir intime. Je ne t'ai jamais pleurée. Jai agressé ton souvenir.

Tu affichais une rectitude austère. Tu lâchais les amarres le samedi soir. Tes brèves réconciliations avec toi-même te rendaient chaotique.

Je ne te définirai pas de cette manière. Je ne livrerai pas tes secrets de façon aussi banale.
Je veux apprendre où tu as enterré ton amour.

Un samedi soir minable a vu ta perte.
Ta mort a été stupide et cruelle, sans même que tu aies pu défendre la vie qui t'était chère.

Ta fuite a été un bref répit. Tu cherchais la sécurité.
Tu m'avais emmené dans ta cachette comme ton porte-bonheur. Et je t'ai failli comme talisman- je me dresse donc aujourd'hui comme ton témoin.

Ta mort définit ma vie. Je veux trouver l'amour que nous n'avons jamais eu et l'expliciter en ton nom.

Je veux mettre tes secrets au grand jour.
Je veux consumer la distance qui nous sépare.

Je veux te donner vie.