Ce tome comprend les 3 épisodes de la minisérie parue en 2010.
Dans la partie ouest de l'Allemagne en 1945, un Obersturmbanführer observe la progression d'une colonne de chars américains, avec son second. Ils sont responsables d'une équipe pilotant un char Königstiger. le commandant décide de profiter de la supériorité militaire de son tank pour faire un carnage. le sergent Stiles commande lui l'équipage d'un char de modèle Sherman Firefly et il découvre les restes du massacre peu de temps après. Il rejoint le camp des survivants et s'enquiert du déroulement du combat qui a conduit à de telles pertes. À la suite des explications, le sergent Stiles décide de profiter de l'autonomie de son équipe pour pourchasser le Königstiger, et d'en faire une affaire personnelle pour des raisons qui seront dévoilées au cours de l'histoire.
Garth Ennis propose au lecteur une nouvelle histoire mettant en scène des chars (comme dans "The tankies"), avec des hommes qui veulent se battre pour prouver leur supériorité sur l'ennemi. Dans des notes, Ennis expose son point de vue sur ce qui selon lui faisait des allemands de meilleurs soldats et de meilleurs combattants que les Anglais ou les Américains. C'est une vision qui lui appartient et dont il nourrit les motivations de l'Obersturmbanführer qui a décidé de se battre jusqu'à la fin, tout en sachant que la victoire a déjà changé de camp. Les quelques scènes dédiées aux soldats allemands ne sont pas là pour les rendre humains. Au contraire leur opiniâtreté devient un défaut plutôt qu'un trait de caractère positif : ils prolongent la guerre alors qu'ils sont déjà vaincus. Et une scène du deuxième épisode condamne clairement les valeurs morales de l'Obersturmbanführer.
Coté anglais, le sergent Stiles est compétent, compréhensif avec son équipage, mais tout aussi opiniâtre. Il profite des circonstances qui l'ont séparé de sa chaîne de commandement pour se livrer à une chasse dont l'intérêt stratégique reste discutable. Pour le rendre plus humain, Ennis prend le temps de le confronter à un civil allemand. Il lui donne un accent à couper au couteau qui rend la compréhension de ses propos parfois un peu laborieuse. Il faut vraiment du temps pour s'habituer aux déformations des mots. Il insère également des composantes sociales. Comme pour les autres récits de cette série, le travail de recherche et de références sur les éléments historiques est sans reproche. Ennis intègre les informations sur les 2 modèles de char de manière fluide et pédagogique, ce qui permet au lecteur de bien cerner les enjeux de l'affrontement, ainsi que les avantages tactiques de chaque équipage.
Cette histoire est illustrée par
Carlos Ezquerra, comme celle des "Tankies". Il a vraiment eu le temps de s'appliquer et ça se voit sur chaque page. Comme le lecteur est en droit de l'attendre d'une série historique, les uniformes, les armes et les véhicules sont tous conformes à la réalité historique. Les chars sont impressionnants et Ezquerra réussit plusieurs planches dans lesquelles les chars ont un impact visuel incroyable. Là où Ezquerra prouve sa maîtrise graphique, c'est avec les personnages. Bien qu'ils soient tous en uniforme du début jusqu'à la fin, le lecteur reconnaît immédiatement l'un ou l'autre grâce à des visages et des morphologies différentes. J'ai également beaucoup apprécié les expressions faciales du sergent Stiles et ses lèvres de travers qui s'accordent parfaitement avec son incroyable accent. Ezquerra sait également rendre compte de chaque manoeuvre des chars et de leur position l'un par rapport à l'autre, sans jamais perdre le lecteur.
Alors pourquoi seulement 4 étoiles ? C'est le fond même de l'histoire (savoir qui se révélera l'alpha-mâle le plus impitoyable des 2) qui n'a pas réussi à me captiver. le reste est parfait, que ce soit l'évocation de cette phase de la guerre ou les relations entre les individus, avec une mise en images qui n'est pas simplement professionnelle, mais aussi marquante. Et Ennis n'a pas pu s'empêcher de terminer sur un moment grotesque dont il a le secret qui dévalue l'impact dramatique du récit en insérant une touche grotesque.
BATTLEFIELDS de
Garth Ennis - Il s'agit de 6 récits indépendants : (1) The Night Witches, (2) Dear Billy, (3) The Tankies, (4) Happy Valley, (5) The Firefly and His Majesty et (6) Motherland.
Les histories (1), (2) et (3) ont été regroupées dans Battlefields volume 1 et les histoires (4), (5) et (6) ont regroupées dans Battlefields volume 2.