Ce tome fait suite à For tomorrow (épisodes 37 à 50). Il s'agit du dernier de la série. Il contient l'épisode hors série "Hitman / Lobo : that stupid bastich", 10 pages extraites de "Superman 80-page giant", les épisodes 51 à 60 de la série "Hitman", ainsi que les 2 épisodes de la minisérie "Justice League / Hitman". Tous ces épisodes sont parus entre 1999 et 2001, à l'exception du crossover "JLA / Hitman" qui date de 2007. Tous les scénarios sont de
Garth Ennis.
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That stupid bastich (dessins et encrage de
Doug Mahnke) - Tommy Monaghan est tranquillement installé au comptoir en train de descendre une bière chez Noonan, quand entre Lobo (tueur à gages intergalactique) qui s'en prend à Sixpack (le chef du groupe de "superhéros" Section 8).
À la base, le personnage de Lobo est une parodie de Bad Guy qui a connu son heure de gloire grâce à l'inventivité perverse et drôle de
Keith Giffen (dans Portrait of a bastich).
Garth Ennis s'empare du personnage en le rendant un peu plus abruti et Monaghan peut s'en donner à coeur joie pour lui faire subir les pires outrages (et pas seulement se retrouver avec un cadavre de chien soudé au derrière, grâce à Dog Welder). le final avec Bueno Excellente fait froid dans le dos et rappelle au lecteur qu'Ennis n'a pas son pareil pour faire rire de toutes les horreurs, et faire prendre conscience au lecteur de l'aspect malsain de son rire. Cet épisode est très bien servi par les illustrations obsessionnelles baignant dans la dérision et l'exagération de Mahnke en pleine forme. 5 étoiles pour ce jeu de massacre pervers.
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How to be a superhero (dessins de Nelson, encrage de
Jimmy Palmiotti) - Dans cette courte histoire de 10 pages, Sixpack montre à Superman ce qu'est l'efficacité pour un superhéros, et Superman lui apprend la mansuétude. Décidemment, Ennis semble avoir un petit faible pour l'idéal de pureté désintéressée que représente Superman (l'un des rares superhéros qu'il met en valeur au premier degré), et aussi pour les inadaptés sociaux tels que Sixpack, un alcoolique un peu agressif et particulièrement pathétique. Les dessins de Nelson sont assez agréables. 4 étoiles pour ce regard attendri sur 2 personnages hors du commun que tout oppose.
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Superguy (épisodes 51 & 52, dessins de
John McCrea, encrage de Gary Leach) - le professeur Haddock (savant fou, directeur du laboratoire clandestin Injun Peak, et déjà responsable de pingouins zombies et de l'apparition d'un tyrannosaure à Gotham) a lâché sa dernière expérimentation dans les rues de Gotham (un aide laborantin, avec un tesseract dans le derrière). le docteur Jackson (son adjoint) a contacté Monaghan pour abattre ce laborantin devenu une preuve compromettante, et un danger public. Mais les choses se compliquent et seule l'intervention de tous les membres de la Section 8 permettra de mettre fin à cette menace. Voici venir Sixpack, Dog Welder, Defenestrator, Shakes, Flemgem, Jean de Baton-Baton, Friendly Fire et Bueno Excellente.
Ennis et McCrea sont au summum de leur art avec cette histoire. La première page (une illustration pleine page) en donne un magnifique aperçu : Sixpack en train de vomir sur le trottoir, et le nom des créateurs se déverse dans le flot de vomi. Avec le recul, il est difficile de croire qu'une telle image ait pu paraître dans un comics tout public, publié à coté des séries de Batman et de Superman. Ennis marie à nouveau grand guignol, humour qui tâche et situations malsaines dans un dosage parfait. McCrea crée des gueules inoubliables et des exagérations qui transcrivent bien le second degré du récit. Leach arrondit les traits de McCrea pour leur apporter un fini très agréable. Certes, les décors ne sont pas toujours présents, et la mise en scène est assez basique pendant les dialogues. Mais la verve de ces créateurs balaye ces imperfections pour un récit provocateur, chargé en émotion. 5 étoiles.
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Closing time (épisodes 53 à 60, dessins de McCrea, encrage de Leach) - Maggie Lorenzo a vu quelque chose qu'elle n'aurait jamais dû voir (une exaction de la CIA). Elle s'enfuit dans le Chaudron (un quartier de Gotham) pour requérir l'aide de Tommy Monaghan. Ce dernier rend visite à Deborah Tiegel pour clarifier la nature de leurs relations. Il croise à nouveau Soeur Concepta. Pour défendre Maggie, Monaghan et Natt Walls vont devoir s'organiser contre la CIA. Ils bénéficient de l'aide de Kathryn McAllister (un sosie de Dana Scully), une agente renégate de la CIA.
À la lecture de ces épisodes, il est évident que
Garth Ennis savait que la fin de la série était proche. Il boucle donc toutes ses intrigues secondaires en cours lors d'un affrontement de grande ampleur où ses personnages principaux défendent le bar de Noonan. L'amateur d'Ennis reconnaîtra sans peine le thème du siège de Fort Alamo, cher à cet auteur. Au fil des épisodes, le lecteur sent qu'Ennis a listé tous les sujets qu'il souhaitait encore évoquer et qu'il les égrène de manière ordonnées les uns après les autres. Les possibilités de relations amoureuses pour un tueur à gages : fait. le basculement dans la délinquance, la violence, et le meurtre comme métier pour Monaghan : fait. La gestation de l'amitié virile entre Monaghan et Natt the Hat, ainsi que son développement : fait. le code de l'honneur très personnel de Monaghan : fait. L'immoralité des hommes de pouvoir de la CIA : fait. Si vous découvrez
Garth Ennis avec cette série, ces thèmes vous sembleront abordés avec un point de vue assez personnel. Si vous êtes déjà familier d'Ennis et que vous lisez cette série dans une optique de complétude, vous ne pourrez que ressentir une petite déception car ce sont des thèmes qu'il réaborde dans ses séries suivantes, avec plus de naturel et de conviction, et des dialogues moins chargés en exposition. Les dessins de McCrea restent égaux à eux-mêmes : adaptés à la démesure sarcastique du scénario, tout en présentant de réelles faiblesses de mise en scène et des économies de décors criantes. Leach effectue à nouveau un très bon travail de polissage du style un peu trop rugueux de McCrea. 3 étoiles.
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"Justice League / Hitman" (dessins et encrage de McCrea) - Les extraterrestres qui avait tenté d'envahir la Terre dans l'opération Bloodlines (celle pendant laquelle Tommy Monaghan a acquis ses pouvoirs) sont de retour. La Justice League intercepte leur vaisseau et découvre qu'ils ont piraté une fusée terrienne pour fusionner avec les corps des astronautes. Green Lantern (Kyle
Rayner) dirige la fusée vers la base lunaire de la Justice League et Batman va récupérer Monaghan sur Terre pour pouvoir disposer d'un échantillon sanguin d'un individu porteur de l'ADN des extraterrestres.
6 ans après l'arrêt de la série mensuelle, Ennis et McCrea reviennent une dernière fois au personnage d'Hitman pour raconter une histoire qui leur tient à coeur : une collaboration entre Monaghan et des superhéros traditionnels. le lecteur retrouve tous les moments attendus : confrontation d'égos entre Monaghan et Batman, désarroi de ce dernier en découvrant que Monaghan et Superman se connaissent, déconfiture de Kyle
Rayner de revoir celui qui l'a si bien manipulé, utilisation de la vision à rayon X de Monaghan pour voir sous la tenue de Wonder Woman. Ennis nous ressort les meilleures (et les mêmes) blagues déjà contenues dans les tomes précédents. L'histoire est cousue de fil blanc du début jusqu'à la fin et seuls Monaghan et Superman en ressortent indemnes, comme on pouvait s'y attendre. McCrea réalise un travail plus soigné que d'habitude, sans être inoubliable d'inventivité. 3 étoiles.
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Au final, la série Hitman ne figure pas parmi les meilleures d'Ennis, mais elle recèle beaucoup de très bons moments et mérite un 4 étoiles pour sa globalité.