Attirée par la couverture de ce livre et le bandeau rouge invitant à se laisser emporter par un nouvel ovni littéraire, j'ai abordé
Notre Part de Nuit en m'attendant à un roman baroque, haletant, que je ne parviendrais pas à lâcher tant que je ne l'aurais pas terminé.
De fait, malgré mes difficultés à totalement apprécier ce roman, je n'ai pas pu le fermer jusqu'à avoir le fin mot de cette histoire: la promesse est donc tenue de ce côté.
Cependant, je ressors de ma lecture avec quelques réserves: peut-être faut-il mieux connaître que moi l'histoire de l'Argentine pour apprécier la métaphore (je reconnais que mes connaissances sur l'histoire du continent Sud-américain est plus que lacunaire!), ce qui explique certainement une partie de mes difficultés à entrer totalement dans ce récit.
Malgré tout, ce n'est pas le seul problème de cet ouvrage qui, à mon sens, joue avec les genres sans vraiment aller au fond de l'un d'eux. Roman horrifique, roman fantastique, roman historique ? On comprend bien que l'autrice ne désire pas se limiter à un style, et après tout pourquoi pas car les cases sont souvent restrictives... Mais on se retrouve laissé pour compte dans chacun de ces styles. La plupart du temps, un début d'explication est donné pour chacune de nos questions, mais aucune ne reçoit de réponse complète, ce que j'ai trouvé très frustrant.
Au-delà de cette critique sur le fond, je dirais que sur la forme on ressort de ce livre avec un sentiment poisseux, très lourd, certainement dû au registre assez glauque de l'écriture. de ce côté-là, le lecteur est servi, avec des descriptions parfois répugnantes, d'autres fois inquiétantes, certaines fois impudiques - serait-on finalement dans un tableau de Jérôme Bosch? - mais j'ignore encore si celles-ci nuisent au récit ou lui confèrent sa force.
En résumé, je ressors de cette lecture avec le sentiment assez rare de ne toujours pas savoir si j'ai aimé ou détesté
Notre Part de Nuit. C'est peut-être cela qui lui a permis d'obtenir le qualificatif d'ovni littéraire : l'incapacité à le classer dans un genre, ni même à définir les sentiments qu'il fait naître chez nous, si ce n'est une sorte de fascination dégoûtante.