AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,92

sur 691 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Rentrée littéraire 2021 #24

« Mon fils va naître aveugle, répétait au bout du couloir la présence, qui n'avait pas de cheveux et portait une robe bleue. Gaspar ne pouvait pas l'entendre, mais il l'avait sans doute vue. C'était d'elle qu'il avait parlé dans la salle de bains un peu plus tôt : une femme assise sur la place devant l'hôtel, qui regardait vers la fenêtre, la bouche ouverte. Juan n'y avait pas prêté attention car Gaspar n'avait pas semblé avoir peur et c'était bon signe. le garçon avait raison intuitivement : il n'y avait rien à craindre, cette femme était à peine un écho. Il y en avait beaucoup, désormais. C'était toujours le cas après un massacre, comme des cris dans une grotte qui demeuraient un certain temps avant de s'éteindre définitivement. Ce moment était loin d'être arrivé et les morts inquiets bougeaient à toute vitesse, cherchant à être vus. ‘The dead travel fast', pensa-t-il. »

Notre part de nuit, c'est LE livre que j'avais envie de lire depuis des années. Et c'est sans doute la proposition romanesque la plus excitante du moment. Un livre monstrueux, aux plus de 700 pages éclatent de baroque, de gothique, d'horrifique, pour composer une oeuvre absolument inclassable à l'intensité flamboyante qui s'affranchit totalement de la question des genres littéraires en brassant les plus irréconciliables .

Ce n'est pas la première fois qu'un auteur choisit de traduire l'horreur d'une situation historique en l'incarnant littéralement de façon très concrète : Matt Ruff l'a fait dans son Lovecraft Country pour évoquer les actes du Ku Klux Klan ; idem pour le réalisateur Jordan Peele dans Get out sur la racisme hérité de la ségrégation. Cette fois, les monstres réels de Mariana Enriquez ne sont rien d'autres que ceux du passé tragique de l'Argentine avec ses morts et ses disparus, comme un miroir, comme un écho. C'est ainsi extrêmement troublant de voir complètement brouillée la frontière entre la fiction et le réel, entre la réalité de la guerre sale ( sa torture organisée, ses assassinats, ses disparus ) et l'incursion du fantastique avec les agissements de la secte de l'Ordre ( des oligarques soutiens de Videla ) qui torturent et assassinent à tour de bras pour nourrir un culte chtonien dédié à l'Obscurité, une divinité archaïque qui exige des sacrifices humains. La terreur surnaturelle croise des terreurs bien réelles. Comme si le réel invoquait la fiction pour trouver un sens à la férocité humaine durant le gouvernement Videla. Comme si l'hyperréalisme du roman contrebalançait le fantastique pour n'en accroître que plus la peur ressenti en lisant.

L'auteure propose un terrifiant voyage pour dire les dernières décennies de l'Argentine. Elle déploie une construction narrative brillante, complexe, qui ne prend tout son sens seulement dans les dernières pages. Rien n'est gratuit, même quand on a l'impression qu'il y aurait quelques longueurs ou quelques brouillards. Les six parties ne sont pas données dans l'ordre chronologique mais répondent à une logique interne qui permet aussi bien d'anticiper l'itinéraire des personnages que de sursauter en même temps qu'eux, tout en permettant de déclencher de façon magistrale le dénouement.

Si ce puzzle furioso donne le vertige et coupe le souffle dans ses enchaînements, c'est également parce qu'il est incarné par des personnages tous incroyables. A commencer par le duo père-fils. Notre part de nuit est avant tout une magnifique histoire d'amour entre un père et son fils, d'un père qui veut sauver son fils d'une malédiction qu'il ne veut pas lui transmettre. Juan est un medium surpuissant, capable de faire apparaître l'Obscurité au service d'une secte en quête de vie éternelle. Mais le contact des dieux usent ces êtres dotés de pouvoirs spéciaux et Juan ne veut pas que son fils Gaspar devienne medium. Ils fuient. Tout l'enjeu du roman est de savoir ce que deviendra Gaspar, de l'enfance à l'âge adulte, de son ignorance sur l'identité de son père et son pouvoir, jusqu'à sa révélation et les choix qu'il devra faire. C'est extrêmement poignant de le suivre, déchirant même.

Des rituels sacrificiels odieux au Londres psychédélique époque Bowie, de maisons dont l'intérieur change pour engloutir au début de l'épidémie sida, c'est incroyable ce que ce roman fou, inquiétant et fulgurant parvient à associer tout en ne parlant que d'amour. Une réussite majeure et éclatante.

Commenter  J’apprécie          14524
J'ai l'impression d'être passée dans une lessiveuse, programme essorage maximal: j'ai fini « Notre part de nuit »..
Ce matin (mais pourquoi est-ce que je m'inflige ça?), j'ai lu « Le Monde »: crimes de guerre en Ukraine, tortures au Liberia. L'épouvante distillée dans le roman d'Enriquez relève moins du genre horrifique que d'un réalisme atroce: comme le rappelle Wikipedia dans son article sur l'Argentine (le pays d'origine de Mariana Enriquez), « La CONADEP -Commission nationale sur la disparition des personnes- a estimé que la répression militaire avait fait un peu moins de 10 000 victimes, dans la majorité des « disparus » et de nombreux réfugiés politiques enfuis de pays voisins sont assassinés par le biais des services secrets ou d'escadrons de la mort ». Il peut paraître impossible de rendre compte des exactions commises par la junte de Videla et consorts sans convoquer la magie noire, dont seule la perversité satanique semble à la hauteur des abominations perpétrées.
Mais les grands livres se reconnaissent à ce qu'ils embrassent bien au-delà de leur sujet premier. le roman parle aussi (surtout) du lien que développent les parents avec leurs enfants et de la protection qu'ils leur doivent. Jusqu'où peut-on mentir ou se taire pour leur épargner le pire? Ce livre est d'une certaine façon l'anti « La Vie est belle » (que j'abhorre): ici, le père ne camoufle pas l'horreur d'un camp d'extermination sous les couleurs mièvres d'un parc d'attraction, il est plutôt du genre à couper son fils en morceaux pour lui permettre de passer plus facilement de l'autre côté des miradors. Et cette rage à le sauver, au détriment de tout, en choisissant la vie même contre l'amour et la santé mentale, est profondément pathétique et bouleversante.
La mère de Gaspar meurt, elle, alors que son fils est encore très jeune. Un chapitre central lui est pourtant consacré, sans doute le moins intéressant a priori. Il raconte sa vie d'étudiante privilégiée qui a fui sa terrifiante famille tout en profitant de la fortune dont elle dispose. Enriquez nous place à la périphérie du Mal: non pas chez les S.S., pour filer une métaphore qui m'est plus familière que les crimes perpétrés par la junte argentine, mais parmi leurs enfants. Enfants révoltés, bien entendu, qui trouvent papa et maman vraiment odieux, mais élevés dans la certitude d'appartenir à la race des Seigneurs et qui ne voient aucun inconvénient à la disparition de victimes collatérales. Rosario, la solaire, qui prend tous les risques pour sauver son beau-frère de la dictature, assiste sans frémir aux cérémonies qui épargnent ses proches et ne sacrifient que la piétaille.
« Notre part de nuit » n'est pas seulement l'héritage maudit que se partagent Juan et Gaspar: c'est le mal qui nous habite tous, pavé de bonnes intentions et d'indifférence et renforcé des petits avantages dont la faiblesse d'autrui nous fait profiter. Faut-il couper tous les ponts pour cesser d'être dangereux, comme finit par le penser Gaspar ? Faut-il se faire monstrueux pour sauver les siens ?
Lisez ce roman. Il va vous hanter. Si la grammaire du genre horrifique est bien au coeur du roman d'Enriquez, ce sont moins les maléfices d'une divinité affamée et hideuse qui nous terrifie que la révélation de nos accommodements avec le Mal.
Commenter  J’apprécie          5620
Comment résumer un tel roman ??? Comment en parler ?
La 4ème de couverture dit l'essentiel. Juan traverse l'Argentine avec son fils Gaspar afin d'échapper à une société secrète : l'Ordre tenue par deux familles puissantes les Mathers et les Bradford. Ce qu'ils veulent : son pouvoir de médium et son fils qui devrait en principe avoir hérité de ses capacités à appeler l'Obscurité, celle qui peut leur conférer une forme de vie éternelle.
C'est une histoire réellement mystérieuse et diabolique autour des membres de ces deux familles dans lesquelles Juan va entrer et que l'auteure nous amène à découvrir par petites touches, par allusions, par des retours en arrière, des croisements d'informations données de-ci, delà. .
Il y a bien sûr des prédateurs notamment la terrible Mercédès, qui utilisent Juan comme un instrument au service uniquement de leur grand oeuvre et qui ont bien l'intention de se servir par la suite de Gaspar puisque les problèmes de santé de Juan laissent présager qu'il va lui falloir un successeur.
Et il a aussi des alliés et des victimes… de nombreuses victimes.
Car cette histoire brutale rejoint la grande Histoire de l'Argentine de 1976 à 1983, celle de la dictature, celles des juntes qui vont mettre en coupe réglée le pays pendant des années. Que ce soit l'Ordre ou les militaires, les vies n'ont pas grandes importances, peuvent être torturées, sacrifiées, englouties dans des puits dissimulés dans la forêt, dévorées par le monstre, le dieu vorace de la forêt…
Si on retrouve le réalisme magique rien n'est merveilleux ici. Nous voici devant une histoire qui semble obscure comme la nuit.
Sans en dire trop pour garder le plaisir de la découverte aux nouveaux lecteurs, le personnage central de Juan est complexe, souffrant mais aussi maltraitant. Ses actions, réactions restent bien longtemps dérangeantes, mystérieuses, incompréhensibles. Il faut avancer quasiment au terme du récit pour que, comme Gaspar, tout prenne sens. C'est brillant car parfaitement maîtrisé. Ainsi le chapitre consacré à Rosario qui, sur le moment, m'a semblé long, lent, livre des clés essentielles à la résolution de l'histoire.
Mais ce roman est plus riche que cela. Il aborde aussi la crise économique, le rejet de l'homosexualité, les ravages du Sida dans les années 80, la toute puissante des grandes familles terriennes et leur exploitation de la main d'oeuvre locale…
Enfin, c'est aussi l'histoire d'amour d'une famille : Rosario, Juan, le merveilleux Luis et bien sûr Gaspar.


Commenter  J’apprécie          487
« Notre part de nuit » est, pour moi, un OLNI, c'est-à-dire un objet littéraire non identifié. Ce livre est inclassable tant les genres abordés sont nombreux et habituellement antinomiques. Alliant à la fois l'Histoire au fantastique, ce roman devrait vous fasciner tout comme je l'ai été.

Comptant plus de 740 pages en format « poche », c'est une lecture exigeante tant par la quantité d'informations que par la façon dont elles sont égrenées. le style d'écriture de Mariana Enriquez est incomparable tant il est recherché et travaillé. Sa plume est tout simplement sublime. « Notre part de nuit » est son premier roman traduit en français.

Sa quatrième de couverture n'en dit pas grand chose et grand bien lui fasse. Il n'y a rien de plus agaçant quand le résumé en énumère quasi toute l'histoire, voire même en spoile certains passages. Sachez seulement qu'une fois happé, vous en serez tout simplement hanté.

Composé de 6 parties, se déroulant à des époques différentes et placée chronologiquement pas dans le bon ordre, le lecteur sera finalement surpris de la logique. Souvent sombre, l'histoire est fascinante à plus d'un égard. Les personnages sont complexes et travaillés à l'extrême. J'ai été absolument éblouie par les nombreuses qualités de ce livre, il ne peut laisser indifférent.

La lecture par Féodor Atkine est tout simplement hypnotique. Son timbre de voix si singulier est parfait pour ce livre. Les voix de Clara Brajtman et Françoise Cadol sont élégantes et complémentaires à la masculine. Il s'agissait de ma dernière écoute/lecture (j'ai aussi découvert ce livre de façon totalement immersive en lisant le livre en même temps que je l'écoutais) des livres-audio en lice pour la première sélection du Prix Audiolib 2023 mais quel uppercut que j'ai reçu-là!
Lien : https://www.musemaniasbooks...
Commenter  J’apprécie          442
C'est à l'âge de 19 ans que Mariana Enriquez écrit son premier roman, Bajar es lo pire, qui rencontre par la suite un succès public immédiat et la propulse sur le devant de la scène littéraire argentine à l'âge de 22 ans.
Depuis, la jeune Mariana est devenue journaliste et occupe désormais le poste de rédactrice en chef du supplément culturel Radar du journal Página/12.
Après un recueil de nouvelles particulièrement remarqué, Ce que nous avons perdu dans le feu (traduit en langue française par les éditions du Sous-Sol et réédité en format poche cette année aux éditions Points), l'écrivaine argentine nous revient dans l'Hexagone avec la traduction française de son tout dernier ouvrage, Notre part de nuit, un pavé de 760 pages qui a décroché le prestigieux Prix Herralde en 2019 et qui jouit d'une réputation particulièrement flatteuse.
Plongeons donc au coeur de l'Obscurité !

Défaire la Marque
D'emblée, avouons-le, Notre part de nuit, en tant qu'objet-livre…effraie !
Un énorme pavé de 760 pages à la couverture minimaliste et intriguant dont la quatrième de couverture succincte ne laisse qu'entrevoir le prodigieux univers qu'il renferme. Livre-monstre, le roman de Mariana Enriquez invite le lecteur dans une histoire dense qui court sur près d'un siècle entre l'Argentine, l'Afrique et l'Angleterre.
Pourtant, tout commence de façon classique par le départ (la fuite ?) d'un père, Juan Peterson, avec son fils, Gaspar. L'ambiance entre ces deux-là est tendue, pas parce que le père et le fils ne s'aiment pas, au contraire, mais parce que le danger guette, un danger abstrait, insidieux, terrifiant.
Puis, au détour d'un hôtel, le jeune Gaspar entrevoit une femme errant dans un couloir, une femme qui l'effraie et l'attire en même temps. Juan lui apprend alors à la chasser, à la faire disparaître.
« Les morts voyagent vite » et Juan, comme Gaspar, peut les voir.
De là, l'aventure commence réellement. Au coeur d'une Argentine en proie à la dictature de la junte militaire au pouvoir, les morts ne manquent pas : abandonnés dans un fossé, noyés dans les rivières ou tout simplement oubliés dans un puits sans fond. Juan arrive alors à Puerto Reyes, une immense demeure appartenant à une richissime famille sud-américaine, sa « famille », celle des Reyes.
Juan Peterson ne vient pas à Puerto Reyes par hasard. Il y vient pour diriger le Cérémonial…et aussi pour tenter de protéger son fils aux dons si particuliers.
Juan n'est pas un homme ordinaire, c'est un « medium », une personne capable de percevoir des choses que les autres ne ressentent pas ou ne font qu'effleurer, une personne capable de parler aux morts et de convoquer des démons, une personne capable d'invoquer l'Obscurité.
Depuis des dizaines d'années, les familles Reyes et Mathers ont constitué un Ordre, une organisation secrète qui voue un culte à « l'Obscurité », sorte de dieu dément et carnassier qui vit au-delà de notre réalité et qui pourrait, selon ses adeptes, offrir la vie éternelle à qui parvient à déchiffrer ses instructions cryptiques.
Juan, grâce à son don unique, peut faire parler l'Obscurité. Mais l'Obscurité a faim et elle dévore les Initiés qu'on lui jette en pâture comme elle épuise le porteur du don lui-même, ce medium cardiopathe volé à ses parents par des familles aussi puissantes que démentes.
Après la mort de Rosario, la mère de Gaspar et le grand amour de Juan, tout a changé pour ce dernier qui cherche désespérément à masquer le talent récent de son enfant. Pour le protéger, il va devoir accomplir l'impossible, il va devoir trahir, sacrifier et…tuer !
Voilà, lecteurs, le meilleur résumé possible pour vous mettre un pied à l'étrier avant de vous enfoncer plus avant dans Notre part de nuit, certainement le roman de fantastique/horreur le plus impressionnant et le plus renversant depuis La Maison des Feuilles de Mark Z. Danielewski.

L'Échelle de Juan
Mariana Enriquez met au point toute une mythologie et un univers intriqué avec le nôtre, entrelaçant l'Histoire avec un grand H, celle de l'Argentine, de sa dictature et de ses révolutions, celle du Londres des années 70 ou même du Nigeria de l'époque coloniale, avec celle, secrète, glaçante, de son histoire à elle. Une histoire de pouvoirs, de terreurs, de démons, de puissances obscures, de San La Muerte, de cercles à la craie, d'invunches et de maisons abandonnées.
Dès sa première partie, Notre part de nuit assume sa dimension fantastique et le lecteur découvre la plume déliée, tantôt brutale tantôt poétique, de l'écrivaine argentine. le récit commence comme une histoire d'amour, celle d'un père, Juan, envers son fils, Gaspar. Un amour si fort qu'il transcende tout : les drames, les morts et l'au-delà. Car Juan ne veut pas pour son fils la vie qu'il a lui même subit. Enlevé à sa famille, torturé, instrumentalisé et finalement condamné à la souffrance pour protéger la seule chose chère à ses yeux, sa propre chair.
Notre part de nuit, c'est donc, avant tout, une histoire d'amour. Qui prendra des détours car Juan n'est pas un être parfait, c'est un être de colère et de violences, qui frappe parfois son enfant, qui ne lui révèle pas tout de son histoire et qui, souvent, utilise les autres quitte à les briser.
On découvre très rapidement la monstrueuse famille qui gère le fameux Ordre, partagée entre des membres froidement calculateurs et de véritables ordures sadiques qui prennent l'Obscurité au pied de la lettre.
Mercedes, la propre mère de Rosario, en sera l'exemple le plus parlant. Ce sera d'ailleurs l'occasion pour le lecteur de s'apercevoir que Mariana Enriquez sait non seulement jongler avec les différents registres de la peur mais qu'elle peut, brutalement et sans difficulté, nous plonger la tête la première dans uns horreur crue, sanglante et d'une extrême violence.
Vous resterez longtemps hanté par le tunnel de Mercedes et par sa Grange.
Notre Part de Nuit assume son côté horrifique, et le propulse dans des sommets de terreur rarement atteints, capable de ménager ses effets, d'offrir des coups d'oeil qui donnent la chair de poule comme de regarder frontalement des rangées de torses humains décapités.

Les différents visages de l'histoire
Mais voilà qu'après une première partie consacrée à Juan et son fils, Mariana Enriquez change de point de vue avec le vénérable chirurgien qui a sauvé Juan d'une mort certaine. Puis, tout glisse à nouveau et l'on retombe quelques années plus tard avec Gaspar dans une petite banlieue tranquille et qui vit d'étranges aventures avec son père de plus en plus malade et des gosses du quartiers un peu trop curieux. Notre part de nuit se scinde en plusieurs parties, change régulièrement de point de vue narratif voire même de type de texte, du journal intime à l'article de presse. Mariana Enriquez sait parfaitement ce qu'elle fait, place ses pièces avec une maestria digne des plus grand maîtres du genre et change d'influences comme de chemises. de Stephen King à H.P Lovecraft en passant par Borges, l'autrice argentine connaît ses classiques et…les explose littéralement.
Tout, dans Notre part de nuit, tient du prodige littéraire, de sa construction narrative à la chair de ses personnages en passant par son émotion brute et incontrôlée. En écho, la sauvagerie du monde, de l'inhumanité des colons à l'insouciance punk du Londres des 70's, Mariana Enriquez offre des terreurs qui répondent aux terreurs, que les morts soient causées par le SIDA ou par le canon d'un fusil militaire, la mort vient invariablement et l'Obscurité vibre, grandit, bondit.
Dans cette fresque narrative ample et protéiforme, l'Argentine devient le terrain de jeu idéal où les horreurs commises par les différents régimes entrent en collision avec la terreur de l'Autre Lieu, celui que contrôle l'Obscurité et qui semble convoquer les terreurs assemblées d'un King, d'un Danielewski et d'un Lovecraft. Derrière les portes fermées, Mariana Enriquez invente un autre monde digne des pires enfers où les membres amputés et les pendus reflètent la sauvagerie d'un lieu incompréhensible et horrible.

Sacrifier son humanité
Il n'y a pourtant pas que l'horreur ou le fantastique dans ce roman foisonnant mais toute une galerie de personnages incroyables dont l'humanité transpire à chaque page. Des gays subissant l'oppression de leur temps, des femmes qui s'affirment malgré la brutalité des hommes, des enfants qui subissent les douleurs du monde adulte, des pauvres écrasés par le pouvoirs des puissants, des pères et des mères, des oncles et des frères.
Ce qui porte et structure finalement Notre part de nuit, c'est la remarquable habilité de Mariana Enriquez pour accoucher de personnages attachants et complexes, des personnages humains au pied de la lettre, qui commettent parfois des actes terribles, des fautes, des pactes qu'ils regrettent.
C'est la capacité de l'écrivaine à saisir un monde de nuances entre le noir profond de son invention démoniaque et l'espoir béat d'un monde qui en ignore jusqu'à l'existence.
Juan en sera certainement le plus brillant exemple mais comment ne pas citer Rosario, peut-être l'un des plus beaux personnages féminins de ces dernières années, ou encore Gaspar, petit garçon fragile épris de poésie, qui cite Rimbaud, Keats et Dickinson comme sa véritable mère, sa créatrice dans l'Obscurité, Marianna Enriquez.
Au coeur des ténèbres, dans ce monde fou qui est le nôtre et dans ce siècle plein de terreurs et de massacres, l'autrice nous balance des êtres imparfaits qui nous émeuvent et nous tordent, ravagés par des évènements qu'ils ne maitrisent pas et qui s'aiment, envers et contre tout.
C'est certainement pour ça que nous, simples lecteurs, nous ne les en aimons que davantage.

Notre part de nuit s'impose comme un chef d'oeuvre total, quelque chose de monumental et de terrifiant, une pièce maîtresse dans l'histoire du fantastique, de l'horreur et de la littérature. le genre de roman-monstre qui nous laisse orphelin dans l'Obscurité une fois la dernière page refermée, captivé par l'intelligence et le talent surnaturels de Mariana Enriquez jusqu'au bout de la nuit.
Lien : https://justaword.fr/notre-p..
Commenter  J’apprécie          428
Comment ne pas mettre cinq étoiles à ce livre ?
Comment ne pas être séduit par ces mots, cette histoire ?
Quelle claque, un livre comme on n'en rencontre que très rarement et que l'on n'oublie pas. J'ai été captivé du début à la fin. Bien sûr, si vous êtes réfractaire au fantastique, ce roman ne devrait pas vous attirer au premier abord, mais ce serait une erreur, il a tant d'autres qualités que chacun devrait y trouver son compte.
Je sais que je ne vais pas trouver les bons mots pour vous décrire tout ce que j'ai ressenti et c'est peut être mieux et, de toute façon, chaque lecteur va ressentir autre chose de différent ce qui fait le charme de la lecture.
J'ai aimé cette histoire, avant tout celle de ce père et de ce fils, relation unique, compliqué, qui va jusqu'à l'extrême. Jusqu'où aller pour protéger ceux qu'on aime, quitte à compromettre cet amour ?
Histoire de passion entre un homme et une femme que même la mort ne pourrait briser.
Histoire de fraternité entre des hommes, des femmes qui croient encore à un avenir meilleur malgré les embûches.
Histoire d'un pays, l'Argentine, traversé par la dictature, les différences de classes, le sida...
Histoire d'un enfant, adolescent puis homme qui essaie de se construire, victime innocente de forces qui le dépassent.
Et enfin, histoire de l'Ordre, organisation, secte, fascination pour l'ombre et l'Obscurité, captivant.
Tant de choses dans ce livre empreint de références poétiques et musicales.
Le lyrisme de la plume de Mariana Enriquez traverse les pages, les parties du roman contés non chronologiquement finiront par s'imbriquer totalement.
Enfin, un mot sur cette couverture magnifique, détail du tableau "l'ange déchu" du peintre Alexandre Cabanel et qui cadre si bien avec ce livre.
Bref, un roman magistral.
Commenter  J’apprécie          3711
Une brique de dépaysement, un roman de complots contemporains de magie noire.

Envie d'un roman léger pour vous changer les idées en vacances? Pour se changer les idées, ça marche, mais pour la légèreté, ce n'est pas le cas, ni avec le contenant de 800 pages, ni avait le contenu souvent très noir, plein d'Obscurité.

D'ailleurs, l'Obscurité c'est le nom du dieu (ou démon), de la puissance invoquée et nourrie par un « Ordre » secret qui espère en retour recevoir l'immortalité. Et là, on est aussi dans l'horreur, comme avec cette femme qui enlève ou achète des enfants et les enferme dans des cages et les torturer pour profiter de « l'énergie » de leur souffrance!

Un livre de fantastique, d'aventures, mais aussi une fresque des contextes sociaux de la fin du 20e siècle, de l'Argentine, où la dictature a pu cacher bien d'autres méfaits, où les crises économiques et la répression sont endémiques et où subsistent des légendes des Guaranis.

On ira aussi dans les mouvements hippies psychédéliques de Londres des années 60. On aura plus tard l'émergence des mouvements « gays » et l'épidémie du sida.

Mais tout n'est pas noir, on aura l'amitié entre les adolescents, l'amour d'un père pour son fils, la chaleur de la nature amazonienne et la poésie, un peu de baume sur la misère humaine.

Une excellente lecture dont la noirceur ne plaira pas à tous, mais qui ravira les amateurs du genre.
Commenter  J’apprécie          360

-Haunt me-Si seulement je pouvais arrêter de l'aimer. L'oublier, pour replonger. Mais est-ce qu'on peut seulement oublier un livre qui vous hante? Est-ce qu'on se détache de l'emprise d'une Main Gauche de l'obscurité? -Haunt me-Est-ce que les morts voyagent trop vite, et vous gardent sous leurs coupes? Est-ce que je sais seulement ce qui c'est passé dans mes nuits? Est-ce que Nyx était avec moi, durant cette lecture? Est-ce que j'ai laissé quelque chose dans l'obscurité qui ne me sera pas rendu? Est-ce qu'on oublie un livre d'une telle intensité?
Est-ce que j'en ai envie? Non. -Haunt me, encore-
Je voudrais retourner la-bas, à Buenos Aires, où les maisons avalent les vivants, où l'horreur s'invite à table, où les fantômes vous donnent la main, où la beauté vous fait perdre la tête…
Ramenez-moi là-bas. -Haunt me-Je m'accommoderais de ces mythes et légendes lointaines, je les aimerais, comme miennes. Je m'accommoderais aussi, des visions, des règles, des rituels, de la matière noire, des griffes, tout m'ira, je promets. Je voyagerais aussi vite que les morts pour retourner là-bas.
Retourner dans l'univers riche et exaltant de Mariana Enriquez. Je voudrais qu'elle continue à écarquiller mes yeux, sur la situation socio-politique de ces dernières années en Argentine, avec son réalisme magique. Je veux qu'elle les maintiennent ouverts à jamais, pour que je ne vois plus que l'essentiel. Ainsi, je regarderais au fond du puits de Zañartù, je regarderais les charniers, je regarderais les ravages, je regarderais les âmes prisonnières, je regarderais les os, je regarderais la forêt, je regarderais l'Obscurité bien en face.-Haunt me-Je n'ai pas besoin de chambre…
Je ne saurais pas si les mots que je laisse partir, me laisseront vivre paisiblement, mais je me sens obligée de bien vous faire comprendre que ce roman polyphonique est extraordinaire. Extraordinairement puissant. Puissamment extraordinaire. Comme l'occulte se mêle à la dictature, comme l'ésotérisme côtoie les disparitions inexpliquées, on ne sait plus d'où vient le Mal…Qui garde la prise la plus forte, quelles forces obscures agissent en toute impunité? Quel mal court les rues, les lits, les nuits? Ne serait-ce pas les victimes, Elles-mêmes, les milliers de victimes de la guerre sale, qui reviennent hanter ces pages et nos coeurs, pour que leurs histoires soient entendues, écrites, reconnues?
-Haunt me, encore-Je laisse les fantômes me parler, je me ferais médium s'il le faut, j'en crèverai sans doute, mais -Haunt me, et n'arrête pas-
Mais si les ténèbres sont partout, dévorantes, furieuses, je sais grâce à la poésie, que je verrais la lumière…-Notre part de nuit à porter-Merci Emily. le chemin est long, mais j'ai de bons compagnons de routes. Un père et son fils, qui m'apprennent la force de l'amour, l'essence de la transmission, l'énergie de la liberté…La belle Rosario m'apprend la puissance féminine, la patience, la persévérance. Quand je regarde cette jeunesse, j'apprends les joies de l'amitié, les prémisses des émois, les petits miracles. Après tant de souffrances vécues dans les chairs, dans les coeurs et les âmes, ces quelques poignées de lumières aux proies de l'Obscurité, sont des petits joyaux…Et je les garde, et j'espère que ce n'est pas maudit.Haunt me-
Je ne peux plus tenir longtemps, une fois la porte ouverte, il faut la fermer…Reste à savoir si je reste ici ou là-bas dans l'Autre Lieu…Ce n'est pas la nostalgie qui m'étouffe, mais je préfère invoquer le lien indéfectible que je viens de créer avec ce livre✨Je dépose là, le scintillement✨Et le coup de coeur. le coup de coeur infaillible, avec des fleurs de ceibo, qui poussent dessus. le coup de coeur qui saigne, mais qui bat encore…Le coup de coeur avec une bouche à l'intérieur qui continue de répéter encore et encore - Haunt me-…
Lien : https://fairystelphique.word..
Commenter  J’apprécie          302
Nous avons tous « Notre part de nuit ». Chez certains, cette partie est plus puissante que chez d'autres, plus opaque, noirceur plongée dans des ténèbres sépulcrales. Au coeur de l'Argentine, un père entraîne son fils dans une cavale pour des raisons obscures. Juan est né avec une grave malformation cardiaque. Il a déjà subi plusieurs opérations et cela depuis son plus jeune âge. Chacune semble le laisser plus affaibli. Son fils Gaspar, enfant au début du roman, pleure le décès de sa mère Rosario, écrasée par un bus. Celle-ci fut la première femme argentine à avoir obtenu un doctorat en anthropologie à Cambridge. le couple formé par ces deux êtres est tout sauf singulier. Juan est « le Médium » d'une organisation appelée « L'Ordre » qui a pour but de nourrir « l'Obscurité ». Il est susceptible d'« (…) entendre le son des couleurs », il est « capable d'entendre pousser les plantes », il sait parler grâce à la méthode du pishogue, une forme de communication secrète. Plus dérangeant, il voit les morts. Gaspar les voit également… Ce « don » dont le père ne veut pas parler frappe également le fils. le jeune âge de celui-ci permet à Juan de raconter des histoires, de tenter de l'embobiner, de dédramatiser. « Je te jure qu'ils ne peuvent rien te faire. Ce ne sont pas des hommes et des femmes, ce sont des échos. » Ce cerveau malléable peut encore croire à ce que lui dit son père, mais ses entrailles savent qu'il est « spécial ».

« Notre part de nuit » est un roman choral composé de six parties aux titres énigmatiques, apposées de manière non chronologique : « Les griffes du Dieu vivant », « La main gauche le docteur Bradford entre dans l'Obscurité », « Le problème des maisons isolées », « Cercles de craies », « Le puits de Zañartú », « Les fleurs noires qui poussent dans le ciel ». Chaque chapitre est dédié à une voix qui, à sa manière, raconte son vécu. Certaines informations s'entrecoupent, sont parfois redondantes, mais apportent toujours une part de lumière au coeur de la part de nuit. En sus, de nouveaux éléments sont révélés qui, bout à bout, permettent au lecteur d'appréhender les différentes existences narrées dans leur globalité. Même si je ne raffole pas des comparaisons, difficile de ne pas penser à « La route » de Cormac McCarthy ou aux ouvrages de Stephen King qui ne cessent de décrypter les relations père-fils. Cette part de nuit, c'est d'abord celle de Juan, désigné comme le Médium, choisi par l'Ordre pour accomplir une mission. de facto, c'est aussi celle de Rosario qui partage sa vie, lucide quant aux desseins attendus par l'Ordre. Enfin, c'est celle de Gaspar, victime collatérale de cette union, entouré d'une aura que ses parents tentent d'étouffer. La relation entre Juan et Gaspar occupe une grande partie du récit dès le début puisqu'il ne reste qu'eux. Juan est un père étrange, qui parle par énigmes en utilisant des concepts difficiles à comprendre pour un petit garçon. « Je ne veux rien de vivant dans cette maison. » lorsque Gaspar émet le désir d'avoir un chien, « Il ne faut pas maintenir en vie ce qui est mort » ou encore « Les fantômes sont réels. Et ce ne sont pas toujours ceux qu'on appelle qui viennent. » Gaspar est un petit garçon triste, inconsolable, abattu qui ne comprend pas les réactions de son père, sa part de nuit. Leur relation oscille sans arrêt entre l'affection et l'hostilité, la douleur et les bonheurs partagés, l'honnêteté et le mensonge, la santé et la maladie, l'obscurité et la lumière.

« Notre part de nuit » est un roman d'une remarquable densité, naviguant entre réalité historique (dictature militaire argentine et Londres dans les années 70), illusions réelles et réalités chimériques. Mais pas seulement… Tout le sel du roman imaginé par Mariana Enriquez repose sur le parfait dosage de fantastique qu'elle distille par petites touches, avec grande intelligence et fort à propos, sans jamais faire basculer le récit dans une histoire à laquelle on ne croit pas. L'Obscurité va jusqu'à transpercer les pages pour atteindre les peurs profondes du lecteur, en sublimant les corps outragés, les monstres effroyables, les sacrifices pétrifiants et les pratiques cauchemardesques. « L'Obscurité avait faim et ne refusait jamais ce qu'on lui offrait. » Malgré cette boulimie opaque dénuée de raison, malgré la maladie qui le terrasse, Juan se donne comme mission de protéger son fils coûte que coûte. Et c'est, dans cette part de nuit, que jaillit toute la beauté de la relation père-fils. « The dead travel fast », les morts se déplacent vite, mais les vivants aussi. Toute l'urgence d'avoir un coup d'avance exacerbe les émotions, confère aux personnages leur statut d'êtres de chair, et marque le lecteur au fer rouge.

Ce roman est un ovni de la rentrée littéraire, l'un des meilleurs qu'il m'ait été donné de lire cette année, autant par son originalité, par son écriture, sa construction, que par les émotions qu'il catalyse. Un très grand roman, un très beau roman, une magistrale part de nuit.
Lien : https://aude-bouquine.com/20..
Commenter  J’apprécie          294
Notre Part de Nuit est un énorme coup de coeur.
Un roman choral qui donne voix à différentes personnes mais aussi à différentes périodes.

L'autrice nous embarque en 1981 avec Juan, medium pour un Ordre occulte. Lorsque sa femme décède et se sachant lui-même condamné à court terme, il fuit la demeure familiale pour empêcher l'Ordre de mettre la main sur son fils et de l'enrôler à son tour comme medium. Après un court arrêt en compagnie d'un membre de cette organisation secrète on atterrit en 1985 et la nouvelle vie de Juan et Gaspar. Puis l'autrice nous fait remonter le temps jusqu'au Londres des années 60-70 avant de nous expédier directement en 1993 sur les traces d'une journaliste désorientée.

Un récit déstructuré qui révèle pourtant une maîtrise parfaite du sujet par son autrice. La non linéarité alimente en effet le mystère sur les événements qui nous sont racontés.
L'écriture possède une esthétique gothique où le lyrisme laisse régulièrement la place à l'action et un rythme qui ne faiblit pas sur les 760 pages mais laisse par moment adroitement le lecteur respirer.
Je peux vous dire que j'ai eu besoin de reprendre plusieurs fois mon souffle pendant ma lecture. Je dois quand même avertir les âmes sensibles qu'en dépit de son incroyable puissance littéraire, le roman est classé dans la catégorie horrifique et ce n'est pas pour rien.

L'autrice puise à la source d'anciens mythes guaranéens pour créer un monde occulte où les adorateurs des Ténèbres attendent avec ferveur d'entrer dans l'Obscurité, d'être repérés et touchés par cet inconnu. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser à la dictature argentine à l'évocation de cet ordre. L'autrice abordera d'ailleurs la question des charniers, des fosses communes, et des horreurs perpétrés durant cette sombre période de l'histoire argentine. Elle fait preuve de beaucoup de réalisme dans ses descriptions des paysages, qu'ils soient oniriques ou répugnants, de la population et du climat de l'époque.

Notre part de Nuit c'est nous, la société dans toute son ambivalence : sa cruauté et sa beauté. Si Juan, serviteur malgré lui de cette obscurité, sait qu'il est condamné, il refuse le même avenir pour son fils. Dès lors, Gaspar apparaît comme l'enfant à protéger de ce mal qui le traque, le possible avenir apaisé. La question universelle du terrible héritage familial, comme le souligne Juan lorsqu'il se confie à son fils Garspar : « Tu possèdes quelque chose à moi. Je t'ai laissé quelque chose, j'espère que ce n'est pas maudit, j'ignore si je peux te donner quelque chose qui ne soit pas souillé, qui ne soit pas obscur, notre part de nuit. ».

Un récit qui hurle le cri d'un père qui refuse l'esclavage de son enfant, qui remue le lecteur par l'horreur engendrée par des fanatiques dépravés, qui dérange par la violence de la relation père-fils.
Une de mes plus bouleversantes lectures de cette année 2021.
Commenter  J’apprécie          243





Lecteurs (2059) Voir plus



Quiz Voir plus

Ce film d'horreur et d'épouvante est (aussi) un roman

Jack Torrance, gardien d'un hôtel fermé l'hiver, sa femme et son fils Danny s'apprêtent à vivre de longs mois de solitude. Ce film réalisé en 1980 par Stanley Kubrick avec Jack NIcholson et Shelley Duvall est adapté d'un roman de Stephen King publié en 1977

Le silence des agneaux
Psychose
Shinning
La nuit du chasseur
Les diaboliques
Rosemary's Baby
Frankenstein
The thing
La mouche
Les Yeux sans visage

10 questions
966 lecteurs ont répondu
Thèmes : cinema , horreur , epouvanteCréer un quiz sur ce livre

{* *}