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sur 604 notes
Que pensez-vous des prix littéraires ? Plus j'avance, plus j'apprécie d'en lire, peut-être influencée par le fait qu'ils sont mis en avant, mais surtout car ils m'apparaissent comme les témoins des préoccupations et des courants de pensée d'un instant donné dans le pays où ils sont attribués.

Aux Etats-Unis, le Prix Pulitzer de la fiction a été attribué en 2021 à Louise Erdrich pour Celui qui veille, sur les difficultés des réserves amérindiennes dans les années 1950, alors qu'il avait été décerné en 2020 à Colson Whitehead pour Nickel Boys, sur les maisons de correction et la condition afro-américaine dans les années 1960.

Le traitement en littérature de ces parties obscures de l'Histoire met un coup de projecteur qui enrichit, à mon sens, le lecteur dans ses connaissances et sa conscience du monde qui l'entoure.

Celui qui veille, c'est Thomas Wazhashk. Veilleur de nuit à l'usine de pierres d'horlogerie de la réserve de Turtle Mountain, il veille également aux intérêts de sa communauté comme Président du conseil tribal et veille sur les défavorisés et les jeunes de la tribu dans les moments de joie et de peine.

Thomas, personnage inspiré de la vie du grand-père de Louise Erdrich, va s'investir contre la loi de « termination », ayant pour objectif de retirer toute spécificité au statut des Indiens, afin principalement de pouvoir morceler leur terre, possédée collectivement, et de les relocaliser.

Thomas va aussi aider comme il le peut, sa nièce, Patrice. Cette jeune femme intelligente cherche à atteindre ses idéaux, même si elle doit se confronter à l'alcoolisme de son père, à la disparition de sa soeur et prendre en compte de nombreux éléments qui pourraient la détourner de son chemin.

La force de ces deux personnages, la vie dans la réserve en opposition aux lieux de débauche de Minneapolis, l'importance des traditions et de la boxe donnent un roman très dense. A découvrir !
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1953 - Thomas, indien Chippewas de la réserve de Turtle Mountain dans le Dakota du Nord, veille sur la tribu, sur sa famille, sur l'usine, sur le site, sur l'évolution de cette loi « d'émancipation » qu'un sénateur zélé tente de faire passer. Il veille comme le fit le grand-père de l'auteure, et lutte.
Pixie, elle, jeune fille de la tribu, un peu naïve et téméraire, espère retrouver sa soeur à Minneapolis où elle se rend, inconsciente des dangers auxquels elle s'expose.
Accompagnés de personnages multiples, ces deux héros mêlent leur histoire à la grande Histoire et partagent leur vie au sein de la Réserve où la précarité côtoie la force des traditions et des savoirs ancestraux, la solidarité et la pugnacité. Soutenu par une belle écriture et par la richesse de ses détails, ce roman pose alors le témoignage d'une époque au cours de laquelle les Chippewas ont dû lutter pour préserver leurs droits. Instructive et romanesque, cette lecture se fait avec plaisir malgré quelques longueurs et le foisonnement de personnages qui, parfois, la ralentissent.
Une lecture intéressante.

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Celui qui veille, c'est Thomas Wazhashk. Il est gardien de nuit à l'usine de pierre d'horlogerie de Turtle Mountain. Dans les heures interminables qui le séparent du sommeil, il vérifie scrupuleusement que chaque verrou est fermé, pointe au moment dit, fait des rondes. Il discute avec les fantômes aussi. Et écrit des lettres pour défendre sa Bande d'Indiens Chippewas du projet de termination que lui promet la Résolution 108 votée par le Congrès des Etats Unis d'Amérique en 1953. Résolution portée par un sénateur mormon convaincu qu'il est désormais temps de rendre chaque Indien à son destin d'individu libre de toute attache, de toute aide, de toute intermédiation collective afin qu'il se fonde mieux dans le grand creuset libéral américain. En occultant bien entendu les dizaines d'années d'extermination, les terres spoliées, les serments reniés, le refus de considérer d'autres moeurs que celles de l'envahisseur.
Autour de Thomas, une constellation de personnages habitent ces terres qu'on a bien voulu leur laisser. Sa nièce Patrice qui ne veut plus qu'on l'appelle Pixie et dont la mère, Zhaanat, possède un grand savoir médicinal et spirituel. Ses enfants, son épouse Rose. Il y a aussi Wood Mountain, boxer amateur mais déterminé, Barnes qui l'entraine et qui en pince sérieusement pour Patrice. Valentine et Doris, Louis, Millie étudiante déjà éloignée qui reviendra défendre et redécouvrir les siens, un bébé qui se nomme peut-être Archille…
La densité des liens n'empêche pas l'alcoolisme où dévalent certains, les rêves échoués en naufrage sordide. Dans les couvertures que l'on ajoute les unes aux autres au coeur d'un hiver où même le souffle gèle, dans le bois que l'on fend pour se vider la tête, les rites que l'on pratique pour sonder les esprits lorsqu'on a perdu un des siens, dans ces vies à l'interstice entre un monde révolu et un autre qui ne souhaite que les engloutir, se tissent les existences précaires et fortes de personnages clamant leur identité.
Je me suis glissée avec plaisir dans ce roman au rythme tranquille. D'abord guidée par Pixie, sa détermination, son intelligence, je me suis laissé envelopper par Thomas. Calmement résolu, finement observateur d'adversaires qu'il soumet sans jamais leur donner l'impression qu'il les affronte. La puissance et la détermination de l'eau qui se faufile dans la moindre faille et poursuit puissamment son chemin. J'ai aimé que le monde procède du rire aussi. Des esprits comme autant d'aurores boréales qui veillent sur nous. La subtilité avec laquelle les personnages viennent prendre ce que les Blancs peuvent leur apporter afin de les renforcer dans leur être indien. La force qui émane de cette douce résolution à être, procéder de son histoire et de ses rites, à veiller sur les siens.

Je dois cette lecture à une proposition de Berni de me joindre à sa joyeuse bande et de lire Louise Erdrich ensemble. C'est toujours un plaisir de se savoir entourée des copains qui découvrent en parallèle le même livre. Merci Sandrine d'avoir organisé cette lecture et à tous pour ce fructueux compagnonnage, les amis !
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« …depuis près de cinq siècles. Nous avons tenu bon malgré tout ce que les vôtres ont trouvé à nous faire subir. Et pourquoi avons-nous résisté ? Parce que nous ne pouvons tout simplement pas devenir des Américains comme les autres. Nous pouvons en avoir l'air, parfois. Nous comporter comme tels, parfois. Mais en dedans, non. Nous sommes des indiens ».

Ces cinq siècles de colonisation, oppression, privations, vexations et tentatives « d'intégration » n'ont manifestement pas été suffisants pour le sénateur Arthur V. Watkins. Il dépose au coeur des années 50 un projet de loi dite de « termination », tournure sémantique visant à émanciper les Indiens Chippewas de Turtle Mountain de la tutelle fédérale. Administrative et surtout, financière en les rejetant à la charge des deux comtés du Dakota qui accueillent la réserve.

Après les avoir chassés de leurs terres et installés sur de nouvelles parcelles où la simple survie est déjà un objectif ambitieux, voilà une odieuse façon de renier l'histoire et de s'auto-dégager de sa responsabilité. Qui donc pourra comprendre qu'« une suite de mots secs dans un texte officiel soit capable de tuer l'espoir et de briser des vies » ?

À l'image de ce que fit autrefois le propre grand père de Louise Erdrich, Thomas Wazhashk va s'atteler à la tâche et se battre contre ce projet, recenser les arguments à lui opposer, mobiliser les énergies et prêcher jusqu'au capitole pour ses pairs, pour ses frères.

Thomas est celui qui veille : sur les pierres d'horlogerie de l'usine qui l'emploie ; sur les membres de la réserve qu'il tente d'administrer avec justice et équilibre ; sur les jeunes âmes tout juste adultes à l'image de Patrice/Pixie qui cherche à s'extraire de sa destinée tracée pour s'inventer un avenir plus déterminé. Et Thomas est aussi veillé, par les esprits dansants ou passants des anciens qui le regardent et le guident, dont Roderick l'ami défunt au premier rang.

Mêlant souvenirs personnels et recherches historiques à son roman, Louise Erdrich livre avec Celui qui veille – traduite par Sarah Gurcel – un grand témoignage sourcé et poétique sur cette réserve où elle passa son enfance. Un témoignage toutefois moins prenant qu'attendu, tant il explore deux histoires parallèles – la lutte de Thomas et la quête de Pixie pour retrouver sa soeur – qui se rejoignent un peu artificiellement là où elles auraient pu constituer deux livres séparés.

Sur un thème de l'histoire indienne que j'affectionne et pour lequel mes lectures sont déjà fournies, j'ai souvent eu une impression de déjà lu, heureusement compensée par la grande beauté du style de Erdrich. Un sentiment personnel et isolé très probablement – et tant mieux ! - au vu des critiques déjà lues ci-et-là et du Pulitzer venu couronner ce livre.
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Historiquement et humainement intéressant, le nouveau roman de Louise Erdrich récompensé par le prestigieux Prix Pulitzer nous prouve que l'autrice a encore bien des choses à écrire sur les thèmes qui lui sont chers. Si Celui qui veille n'est pas à proprement parler autobiographique, il n'en demeure pas moins que le roman met en scène un personnage, Thomas Wazhashk, dont les traits de personnalité et le combat sont très largement inspirés de son grand-père maternel. Ce combat, qui est le fil rouge du roman, est celui mené dans les années 50 contre la loi de « termination », loi visant à mettre fin à l'existence des tribus indiennes en fondant ses membres dans la société américaine. le panel de personnages qui gravitent autour de Thomas est riche, à l'image des autres romans de Louise Erdrich, et j'avoue que cela a freiné ma progression dans l'oeuvre car il m'a fallu un peu de temps pour non seulement identifier chacun d'eux mais aussi m'attacher à certains.

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Avec ce bel hommage à son grand-père, Louise Erdrich signe aussi une élégie vibrante aux vivants, à ceux qui se battent pour être ce qu'ils sont, envers et contre tout. Ses nombreux personnages prennent vie, hantent le lecteur longtemps une fois le roman refermé. Entre forêt, cahutes enfumées et bas quartiers des grandes villes voisines, ils dansent, âmes vives et chatoyantes (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2022/01/04/celui-qui-veille-louise-erdrich/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Celui qui veille nous transporte dans les années 50 dans une réserve amérindienne située dans le Dakota du Nord. Un projet de loi mortifère pour les populations autochtones est en discussion au Congrès. En effet, il contraindrait les habitants de la réserve à partir, à s'éparpiller et à s'installer en ville. Autant dire à perdre le peu qu'il leur reste de leurs racines et de leurs terres.

Thomas (personnage charismatique inspiré du grand-père de l'auteur) va mettre toute son énergie pour que sa tribu ne subisse pas ce sort. Thomas est veilleur d'usine la nuit et cultivateur le jour. Il se sent investi d'une mission afin d'éviter à tout prix que la réserve ne disparaisse.

En parallèle, sa nièce Patrice part à la recherche de sa soeur disparue dans des circonstances tragiques à Minneapolis et s'interroge sur son futur en tant que femme. Bien que très courtisée, elle ne veut pas être réduite à un rôle de femme au foyer, épuisée par les tâches ménagères et l'éducation de nombreux enfants.

Autour de ces deux figures, gravite une foule de personnages dans une succession de courts chapitres. C'est à la fois ce qui fait l'intérêt du roman et sa difficulté. J'avoue qu'au départ, je me suis un peu perdue entre tous les personnages qui défilaient et j'ai mis un certain temps à entrer dans le livre.

Mais ces portraits sensibles sont vraiment toute la réussite de ce livre. Car sinon, il ne s'y passe finalement pas grand-chose et cela peut déplaire à ceux qui veulent de « l'action » ou du romanesque. Les passages oniriques sont également nombreux et le lecteur doit accepter de se laisser porter, si je puis m'exprimer ainsi.

Par le biais des habitants de la réserve, l'auteure dresse un beau tableau des traditions et des difficultés de son peuple. La tragédie affleure au fil des chapitres. Les familles vivent souvent dans le plus grand dénuement et certains destins ont été brisés par un passage au pensionnat, ou par l'alcool ou pour certaines femmes manipulées, par la prostitution.

C'est ma deuxième découverte de Louise ERDRICH après LaRose et les deux romans sont finalement assez proches dans leur sujet et leur traitement avec de nombreux personnages attachants. Une belle lecture qui m'incite à continuer avec cette auteure.
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En romançant les souvenirs de la vie de son grand-père, Louise Eldrich illustre une page guère reluisante de l'histoire de la société américaine.
Nous sommes en 1953 dans le Montana.
Une communauté indienne utilise à fond les marges de manoeuvre que l'état fédéral lui a "généreusement" octroyées en administrant au mieux les ressources et les terres de sa réserve. Un camp pour dire les choses sans fioritures.
La préservation de la culture indienne et des traditions pour ses membres et pas seulement pour des touristes de plus en plus rares rythme la vie de ses premiers habitants.
Dans ce combat, ces premiers "américains" se réfèrent aux termes des traités signés à la fin du XIXème siècle, après leur quasi extermination par l'armée fédérale, stipulant que "aussi :longtemps que l'herbe poussera et que l'eau des rivières coulera" leurs terres resteraient indiennes.
Mais en 1953, l'idéologie du rêve américain peut-elle tolérer qu'à ses portes des "citoyens" (?) du pays soient des prosélytes d'une philosophie de respect de la nature, de communication fusionnelle avec les animaux, les forêts et les montagnes ?
C'est bien à cela que l'état fédéral par l'intermédiaire d'un sénateur mormon veut mettre un terme.
La "termination" selon le terme contenu dans le projet de résolution du Congrès.
La mobilisation de la communauté autour de Thomas Wazhhashk "rat musqué" va permettre de porter la parole indienne devant les chambres du Congrès.
Au fil du récit on mesure combien le progrès s'affranchit des règles éthiques et des promesses passées dès lors que le profit pointe son nez et justifie l'exploitation de ressources jusqu'alors ignorées.
Roman sans fin. Sans victoire. Histoire éternelle de ceux qui luttent contre le rouleau compresseur de la dite civilisation.
Admirable récit qui se lit avec passion.
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Louise Erdrich est de la nation indienne Ojibwé. Comme l'auteur du magnifique « Notre coeur bat à Wounded Knee », David Treuer. Dans ce livre, l'auteure nous emmêne sur les traces de Thomas, qui est en fait le personnage de son grand-père à qui elle rend un vibrant hommage, car il s'est battu de toutes ses forces pour les droits des Indiens de la réserve de Turtle Mountain, au Dakota du Nord, en 1953.

Thomas vit sur cette réserve très pauvre, les Américains Blancs ayant pris, plutôt volé les terres des indigènes, en ne leur laissant que très peu, et la plupart des endroits sont incultivables. Les indiens meurent littéralement de faim. Il n'y a quasiment pas de gibier, la pêche est très réglementée, il fait froid, on meurt de froid aussi, de l'alcool trafiqué, et de beaucoup de choses. Pour faire vivre sa famille, Thomas a réussi à être embauché comme veilleur de nuit dans l'usine qui fabrique des pierres d'horlogerie, installée sur la réserve.

Patrice, alias Pixie, y travaille aussi. Même si c'est de l'esclavage, une seule pause, pas de cantine, elle vient avec sa gamelle, qui ne contient pas grand-chose. Mais elle rapporte de l'argent à la maison, pour aider sa mère, son père, alcoolique violent qui ne travaille pas, son petit frère, et sa soeur Véra. Pixie est une nièce de Thomas. Les récits de Pixie et de Thomas s'entrecroisent : Zhaanat, la mère de Pixie détient de nombreuses connaissances en herboristerie, en pouvoirs traditionnels, et ses rêves, comme ceux de tous les anciens, sont toujours prémonitoires, ou du moins, « guidants ». Elle transmet toutes ses recettes, ses histoires et traditions à Pixie. Elles rêvent toutes les deux de Vera, qui etait partie pour travailler dans une grande ville, mais elle a disparu. Les anciens se sont réunis et ont « vu » Véra, couchée par terre, presque morte, un bébé près d'elle. Pixie demande des jours d'absence à l'usine et part chercher Vera. À Minnéapolis. Par le train. Elle qui n'a jamais quitté la Réserve de Turtle Mountain.

Thomas, lui, qui sait lire, emmène les journaux pour les lire le soir pendant son travail. Et il découvre qu'une loi va être présentée devant le Congrès Américain : la loi de « Termination ». le projet est de dire qu'on va finir d'assimiler les indiens en tant qu'Américains, en cessant totalement de respecter les traités signés leur allouant la terre des réserves. En cessant de laisser des droits aux indiens. Cette loi s'appelle la Résolution 108. Elle est portée par le Sénateur Arthur V. Watkins, héraut inlassable de l'expropriation des autochtones, et là, précisément de cinq nations indiennes dont celle des Chippewas de Turtle Mountain.

Thomas, a connu les fameux pensionnats gouvernementaux où les enfants étaient « déculturés », maltraités, molestés par des prêtres catholiques, mais les parents pensaient qu'au moins il auraient à manger. Parce que tous mouraient de faim. Beaucoup d'enfants dans ces pensionnats sont morts de mauvais traitements. Ceux qui, comme Thomas, en sont revenus savent lire. Et lui, il détecte tout de suite l'extrême dangerosité de cette loi, et va passer une année et demi à aller alerter chaque chef de famille, chaque responsable de district, le Conseil des anciens, une pétition est lancée, et les chefs de famille vont aller faire signer chaque personne, en expliquant ce qui les attend : ils seront poussés de la terre de leurs ancêtres, le peu qu'il leur reste, sous le prétexte d'assimilation. Ils n'auront plus rien. Thomas utilise ses nuits de veilleur à écrire à chaque sénateur, chaque personne importante, en leur demandant de le recevoir, qu'ils aient droit à leur défense. Et Thomas pense à cette autre nièce, qui fait des études de droit, et qui finit son mémoire justement sur l'histoire de son peuple, forcé de signer des traités en leur défaveur, par manque de connaissances en lecture, et en manque de connaissance des projets réels des Blancs. C'est Millie, alias « Les Carreaux », l'avocate qu'il lui faut. Thomas sent qu'il leur faut du concret, des preuves, des noms, et des chiffres.

À l'instar de son grand-père, l'auteure donne à Thomas toutes les forces indiennes pour se jeter dans le combat, et aller, avec sa délégation, ses notes, le mémoire de Millie, jusqu'au Congrès pour y défendre devant tous les sénateurs, les droits de sa tribu. Et il gagnera. Face à cet abject Arthur V. Watkins, responsable du vol de millions d'hectares de terres et de forêts à son profit, et également « prophète » Mormon, qui signera l'abject « Livre des Mormons » où les femmes sont réduites à l'esclavage, à la polygamie, et qui considère les noirs et les indiens comme des bêtes sauvages démoniaques.
Personnellement, j'ai eu du mal à rentrer dans ce livre, à cause de la multiplicité des personnages et des histoires… mais j'avoue que j'en sors pleine de respect pour Patrick Gourneau, l'homme qui a inspiré ce livre.

Ce livre a reçu le Prix Pulitzer 2021

Merci à Francis Geffard, directeur de la collection « Terres d'Amérique » aux éditions Albin Michel, pour sa confiance.

Lien : https://melieetleslivres.fr/..
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Louise ERDRICH. Celui qui veille.

Ne connaissant pas cette auteure mais attirée par le bandeau rouge indiquant que le Prix Pulitzer a été décerné à ce roman, je consulte sa biographie sur le site Wikipédia. Et je constate, après avoir lu le récit autobiographique que cette femme a des origines amérindiennes. Sa mère est issue de la famille des Chippewa dont il est question dans ce livre. le personnage principal ressemble à son grand-père maternel. Et le titre « Celui qui veille »évoque l'action menée par son ancêtre. Celui qui veille, sur les siens, sur le monde extérieur, et qui va devenir le porte-parole des délaissés, des oubliés….

le récit débute en septembre 1953, une époque récente. Il se situe dans l'état du Dakota Nord. Thomas Wazhashk est un indien qui travaille à l'usine de pierres d'horloges. Il est veilleur de nuit et fait ses rondes quotidiennement et la journée, il poursuit la petite exploitation agricole, encore en sa possession. La nuit, il se tient au courant des actualités. Il apprend que le gouvernement fédéral veut récupérer les terres abandonnées précédemment aux autochtones. Celle résolution 108, la House Concurrent vise tout simplement à faire disparaître les indiens, les obliger à quitter leur réserve et ne plus leur verser de subsides. Déjà un certain nombre des sujets ont quitté plus ou moins volontairement la réserve et se sont dirigés vers Minneapolis, ou Saint-Paul, des villes attractives de par leurs industries. Mais ce n'est qu'un leurre. Les emplois promis ne sont que feux de paille. Et les femmes sont soumises au bon vouloir et aux plaisirs des hommes : elles finissent souvent dans des bouges, des lieux de plaisir mal famés, et connaissent une misère de plus en plus sévère.

Patrice Paranteau est une jeune femme, la petite-fille de Thomas et elle travaille de jour dans la même usine que son grand-père. Sa soeur aînée, Vera a quitté le foyer pour la grande cité et ne donne plus de ses nouvelles. Patrice part à sa recherche, sans aucune adresse mais elle l‘a vu en rêve, portant un bébé. Les croyances sont encore ancrées dans les mémoires et Patrice gagne la grande ville, ignorant les pièges et traquenards qui se dressent devant elle. Trouvera-t-elle son aînée ? Assistée de Wood Moutain, un jeune homme de la réserve, pratiquant la boxe, elle va suivre les traces de Vera jusqu'au saloon « le rondin 26 ». Après quelques tribulations dans la ville, elle parvient à s'enfuir avec le bébé de sa soeur. Nulle traces de Vera, Toute la famille participe à l'éducation de cet enfant, et s'attache au bambin.

Ce roman à plusieurs voix retrace la lutte des indiens. Ils s'accrochent à leurs terres, confiées par Lincoln. Petit à petit les différents gouvernements ont rogné les biens durement acquis. Et des voix dont celles de Thomas s'élèvent pour tenter de conserver leurs patrimoines. Parqués dans des réserves avec interdiction de les quitter ils seront au cours des ans délestés de leurs maigres possessions.Il faut aller à la recherche, dans le pays des signatures de ces pauvres indiens plus ou moins illettrés. Qui ira défendre leur cause devant le parlement ? Qui osera porter sur les fonts baptismaux leur déshonneur ?

Ce récit criant de vérité, est de la même veine que les ouvrages de Colson WHITEHEAD. Ségrégation, racisme sont encore profondément enfouis dans la culture américaine. Combien faudra-t-il d'années pour effacer toutes ces inégalités. Il y a encore un travail à faire mais la population indienne, sa culture ont complètement disparues. Un très bon roman autobiographique qui relate la dispersion, la disparition des réserves indiennes et de ses habitants, en un mot l'extermination pure et simple de cette population. Et il s'agit d'évènements relativement récents, un peu plus de soixante ans, c'était hier. Je vous conseille la lecture de ce roman autobiographique. Nous apprenons, l'impact de la ségrégation raciale, culturelle, menées par les divers gouvernements qui se sont succédé dans ce vaste pays.
Vous trouverez cet ouvrage en janvier chez votre libraire. j'ai une édition "Épreuves non corrigées" car j'appartiens à un jury littéraire. (10/12/2021)

Lien : https://lucette.dutour@orang..
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