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3,99

sur 593 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Première rencontre avec Louise ERDRICH et c'est une bonne surprise. Celui qui veille est un roman basé sur les lettres écrites par le grand-père de l'autrice, un amérindien né dans une réserve et qui a connu le pensionnat. C'est peut être cette spécificité qui donne un côté intimiste au roman. Ce n'est pas récit au rythme haletant avec moult rebondissements et plein de surprises. Il s'agit plutôt d'une balade en forêt où tout est calme en apparence mais où chaque endroit où on pause les yeux raconte une histoire, regorge de vie.

Les pages défilent sans ennui, sans longueur. L'autrice nous relate des morceaux de vie, celle de Patrice une jeune fille au caractère bien trempé et de Thomas, un père de famille aux allures de vieux sage. Des personnages dont les destins s'entrelacent et qui nous parlent de leur entourage. Au final c'est l'histoire d'une communauté et à travers elle celle du peuple amérindien. Un peuple qui se bat pour sauvegarder sa spécificité, son identité. Un peuple qui refuse d'être noyé dans l'oubli, noyé parmi le reste de la population. Un indien n'est pas un homme blanc et ne le sera jamais, penser le contraire est une hérésie.

Cette histoire c'est aussi celle d'une quête, la recherche d'une soeur disparue, l'apaisement de l'âme d'un vieux camarade du pensionnat, celle de l'âme soeur, celle de soi même. Comment savoir qui l'on est quand pendant des années un peuple s'est acharné à vouloir détruire le votre ? Comment retrouver l'identité perdue, malmenée ? Comment se recomposer une identité sans trahir ses ancêtres et en s'intégrant au monde tel qu'il est désormais.

Cette histoire est empreinte de chamanisme, de vieilles croyances. Elle raconte un mode de vie humble et sincère qui de tous temps à chercher à s'harmoniser avec la nature, pas à la dompter, à s'harmoniser avec les êtres vivants, les esprits, les âmes de ceux qui ne sont plus et les mystères de ce monde. Ne pas chercher à tout expliquer, vivre en acceptant, ne pas tenter de soumettre le monde tout autour. Vivre sans juger, laisser exister, accepter ce que l'on comprend et ce qui nous échappe.

Il y a beaucoup de résilience dans ce livre et de détermination. Une détermination calme et pesée, silencieuse et discrète mais indéfectible. Une histoire racontée sans fard et sans misérabilisme.

Ce livre est une invitation à l'introspection et à la remise en question. En parallèle l'intrigue est bien menée et le tout est très agréable à lire. Il m'a juste manqué (question de goût) un peu de passion. de celles qui nous font déraper et faire des folies, sur un coup de tête. J'ai parfois trouvé que c'était trop maîtrisé et raisonnable mais j'ai passé un très beau moment de lecture. J'y reviendrai sûrement.

Merci aux copains de la LC qui comme d'habitude ont enrichi cette lecture avec leur bonne humeur, leur érudition et leur bienveillance. Sandrine, berni, Jean-Michel, Nico, Isa, Anne-So, Marie Caroline, Yellowsub, ... une classe dissipée mais studieuse ;-)
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Louise Erdrich éclaire le monde avec ce roman/ récit choral qui met en scène des indiens Chippewa de la réserve de Turtle Mountain,Dakota du nord.De sa plume prolixe ( un peu trop ?) elle nous entraîne dans la dure existence de ses ancêtres,entre traditions, croyances et dérives ou le meilleur côtoie le pire.
Apprendre,comprendre,c'est aussi s'identifier pour mieux ressentir et compatir à cette lutte pour préserver leur dignité et la disparition de leurs terres.
L'humanité,l'identité, c'est bien ça le sujet, qui donne envie d'en savoir plus sur ce peuple amérindien si proche de la nature et si bien représenté par cette autrice majeure de la littérature américaine.

Lu dans le cadre du prix des lecteurs des Hauts-cantons de l'Hérault 2024
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Malgré l'heure tardive, Thomas, un Indien d'Amérique veilleur de nuit dans une usine de pierre d'horlogerie est bien réveillé. Entre deux rondes, il profite de ses longues nuits de travail pour trouver le moyen de lutter contre le souhait en 1953 du Congrès des États-Unis de leur offrir une "émancipation", procédé déguisé visant à ne plus reconnaître les différents peuples indiens. Par ses nombreux courriers, Thomas souhaite protéger l'histoire et le devenir des tribus indiennes, et plus particulièrement la sienne, celle des Chippewas. Malgré les difficultés et les ravages causés par l'alcool, cette communauté reste soudée et on y découvre tour à tour la vie de ses membres...

Récit très intéressant inspiré par la vie de son grand-père, l'auteure, Louise Erdrich revient de manière romancée sur le parcours de son aïeul qui a pris place dans cette lutte. Ce bel hommage met en lumière une période assez méconnue qui a pourtant était un tournant pour les tribus indiennes. Les passionnés de culture américaine se réjouiront à la lecture de cet ouvrage.
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« Celui qui veille », Thomas Wazhashk, ne se contente pas d'être veilleur de nuit dans l'usine de pierre d'horlogerie, à proximité de la réserve de Turtle Mountain, il veille aussi et surtout sur l'intégrité des indiens Chippewas, menacés de « délocalisation pacifique » vers des zones offrant davantage d'opportunités économiques.
Présenté comme un privilège cette mesure serait plutôt une façon déguisée de se débarrasser de cette communauté en la privant de ses droits fondamentaux, de son identité amérindienne et de ses croyances.
Pixie, la nièce de Thomas, ouvrière dans la même usine d'horlogerie que son oncle, est déterminée à exister par elle-même en se libérant du joug familial. Elle entend se défaire de ce surnom ridicule, en imposant Patrice, son véritable prénom et partir à Minneapolis en espérant retrouver sa soeur dont elle n'a plus de nouvelles.
Au-delà de ces deux personnages terriblement attachants, nous croisons des hommes et des femmes aussi différents qu'ambivalents.

Enchaînant les chapitres courts, l'histoire est plurielle, enrichissante, universelle, bouleversante, pleine d'humanité. Il y est question de survie, d'amour, de traditions, de spiritualité, de rapports familiaux.

« Celui qui veille » est un magnifique roman mêlant avec virtuosité la petite histoire à la grande, très justement couronné par le Prix Pulitzer.


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Je n'ai pas était totalement conquise par ce livre.
Je voulais savoir comment se passer la vie des Amérindiens dans leurs réserves aujourd'hui.
En faite, je n'ai rien appris, c'est peut-être pour cela que je me suis un tantinet ennuyé.
Je lis beaucoup d'ouvrage sur les Amérindiens, je suis admiratif de leur manière de vivre, de penser et de croire…
L'histoire de cette famille hors norme m'a entièrement comblé : Thomas est sa détermination, Patrice (Pixie) est son combat pour sauver son clan et s'arracher de sa destinée.
Un très beau roman tout de même, ou les Indiens doivent rester vigilant puisque le Congrès américain veille et engloutie chaque parcelle qui leur est destinée.

Extrait :
En tout, cent treize nations indiennes subirent le désastre de la termination, avec près de cinq cent soixante-dix mille hectares de terres tribales perdues.

Bonne lecture !
Lien : https://angelscath.blogspot...
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Que pensez-vous des prix littéraires ? Plus j'avance, plus j'apprécie d'en lire, peut-être influencée par le fait qu'ils sont mis en avant, mais surtout car ils m'apparaissent comme les témoins des préoccupations et des courants de pensée d'un instant donné dans le pays où ils sont attribués.

Aux Etats-Unis, le Prix Pulitzer de la fiction a été attribué en 2021 à Louise Erdrich pour Celui qui veille, sur les difficultés des réserves amérindiennes dans les années 1950, alors qu'il avait été décerné en 2020 à Colson Whitehead pour Nickel Boys, sur les maisons de correction et la condition afro-américaine dans les années 1960.

Le traitement en littérature de ces parties obscures de l'Histoire met un coup de projecteur qui enrichit, à mon sens, le lecteur dans ses connaissances et sa conscience du monde qui l'entoure.

Celui qui veille, c'est Thomas Wazhashk. Veilleur de nuit à l'usine de pierres d'horlogerie de la réserve de Turtle Mountain, il veille également aux intérêts de sa communauté comme Président du conseil tribal et veille sur les défavorisés et les jeunes de la tribu dans les moments de joie et de peine.

Thomas, personnage inspiré de la vie du grand-père de Louise Erdrich, va s'investir contre la loi de « termination », ayant pour objectif de retirer toute spécificité au statut des Indiens, afin principalement de pouvoir morceler leur terre, possédée collectivement, et de les relocaliser.

Thomas va aussi aider comme il le peut, sa nièce, Patrice. Cette jeune femme intelligente cherche à atteindre ses idéaux, même si elle doit se confronter à l'alcoolisme de son père, à la disparition de sa soeur et prendre en compte de nombreux éléments qui pourraient la détourner de son chemin.

La force de ces deux personnages, la vie dans la réserve en opposition aux lieux de débauche de Minneapolis, l'importance des traditions et de la boxe donnent un roman très dense. A découvrir !
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Celui qui veille nous transporte dans les années 50 dans une réserve amérindienne située dans le Dakota du Nord. Un projet de loi mortifère pour les populations autochtones est en discussion au Congrès. En effet, il contraindrait les habitants de la réserve à partir, à s'éparpiller et à s'installer en ville. Autant dire à perdre le peu qu'il leur reste de leurs racines et de leurs terres.

Thomas (personnage charismatique inspiré du grand-père de l'auteur) va mettre toute son énergie pour que sa tribu ne subisse pas ce sort. Thomas est veilleur d'usine la nuit et cultivateur le jour. Il se sent investi d'une mission afin d'éviter à tout prix que la réserve ne disparaisse.

En parallèle, sa nièce Patrice part à la recherche de sa soeur disparue dans des circonstances tragiques à Minneapolis et s'interroge sur son futur en tant que femme. Bien que très courtisée, elle ne veut pas être réduite à un rôle de femme au foyer, épuisée par les tâches ménagères et l'éducation de nombreux enfants.

Autour de ces deux figures, gravite une foule de personnages dans une succession de courts chapitres. C'est à la fois ce qui fait l'intérêt du roman et sa difficulté. J'avoue qu'au départ, je me suis un peu perdue entre tous les personnages qui défilaient et j'ai mis un certain temps à entrer dans le livre.

Mais ces portraits sensibles sont vraiment toute la réussite de ce livre. Car sinon, il ne s'y passe finalement pas grand-chose et cela peut déplaire à ceux qui veulent de « l'action » ou du romanesque. Les passages oniriques sont également nombreux et le lecteur doit accepter de se laisser porter, si je puis m'exprimer ainsi.

Par le biais des habitants de la réserve, l'auteure dresse un beau tableau des traditions et des difficultés de son peuple. La tragédie affleure au fil des chapitres. Les familles vivent souvent dans le plus grand dénuement et certains destins ont été brisés par un passage au pensionnat, ou par l'alcool ou pour certaines femmes manipulées, par la prostitution.

C'est ma deuxième découverte de Louise ERDRICH après LaRose et les deux romans sont finalement assez proches dans leur sujet et leur traitement avec de nombreux personnages attachants. Une belle lecture qui m'incite à continuer avec cette auteure.
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L'autrice a écrit ce roman en hommage à son grand-père.
Celui qui veille, c'est le veilleur de nuit d'une usine de pierres d'horlogerie. Impliqué dans la vie et le devenir de sa réserve, il organise un déplacement à Washington pour s'exprimer dans le cadre de la « termination ». Celle-ci est un texte du Congrès qui, sous prétexte d'émanciper les Indiens, affranchi les États-Unis de toutes les aides fédérales en place. Nous sommes en 1953.
En parallèle, on suit la vie de Pixie, jeune indienne qui travaille à l'usine, qui a en charge le soutien financier de sa famille et qui découvre les affres de l'amour.
Ce très beau roman balaye la vie dans la réserve, décrit avec poésie les moeurs et les coutumes des Indiens. On sent une grande tendresse de l'autrice pour ses ancêtres et une grande colère aussi pour l'injustice qu'ils subissent encore.
Le roman s'ouvre par une note de la traductrice en rapport avec le concept de « termination ». Ces quelques mots donnent toute la dimension de ce travail qui n'est pas assez valorisé par le monde de l'édition.


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Dakota du Nord, 1953.Thomas Wazhashk, veilleur de nuit dans une usine de pierres d'horlogerie, est déterminé à lutter contre le projet du gouvernement fédéral censé « émanciper » les Indiens, car il sait bien que ce texte est en réalité une menace pour les siens. Ce combat le mènera jusqu'à Washington...

De son côté, sa nièce, Pixie, s'apprête à découvrir la ville de Minneapolis pour la première fois bien décidée à retrouver sa soeur aînée disparue depuis plusieurs mois.

Dans ce roman, l'autrice rend hommage à son grand-père en s'inspirant du combat qu'il a mené pour la préservation des droits de son peuple. Thomas, président du conseil tribal, comprend que cette loi d'émancipation vise à abroger les traités, conclus des années plus tôt, qui leur conféraient un statut particulier. Elle supprime peu à peu les tribus en mettant fin notamment aux aides fédérales, et en spoilant leurs terres pour les disperser dans les villes. Il se met alors à écrire aux sénateurs pour en empêcher l'adoption. 
Avec toute son innocence, la jeune Pixie entreprend son premier grand voyage et découvre malgré elle, le racisme et les côtés sombres de la nature humaine. C'est le personnage auquel je me suis le plus attachée. Si elle vit dans la pauvreté avec un père alcoolique et doit travailler à l'usine de nombreuses heures pour un salaire misérable, elle ne se laisse pas faire et affronte les épreuves avec beaucoup de courage. A travers leurs histoires, nous voyageons entre rêve et réalité. Louise Erdrich nous offre une belle immersion dans le quotidien des Indiens Chippewas de la réserve de Turtle Mountain, nous faisant découvrir leur précarité mais également leurs coutumes... J'ai découvert avec grand plaisir sa plume très délicate grâce à ce roman dans lequel elle réussit à nous transmettre tout son amour de la culture amérindienne. Un livre un brun onirique que je vous recommande !
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La loi « Termination Act », votée en 1953 et 1954 par le Congrès américain, destinée à "libérer les Indiens de la tutelle fédérale", rompt avec la loi de Réorganisation Indienne de 1934, qui protégeait les indiens. Cette loi tend à mettre fin à l'existence des tribus indiennes pour les fondre dans la société américaine. (d'après un article de over-blog.com). Elle a ainsi causé la disparition de nombreuses réserves dont les habitants ont été dispersés.
Louise Erdrich, fille d'une Indienne chippewa de Turtle Mountain, s'inspire de la vie de son grand-père, opposant farouche à cette loi pour écrire son roman. le récit de Celui qui veille débute en 1953. Il témoigne du combat mené par la communauté des indiens Chippewa pour défendre leur cause. On découvre à la fois le parcours de Thomas Wazhashk et celui de Patrice, fillette indienne de la tribu. Thomas est président du bureau des affaires indiennes. C'est lui celui dont parle le titre. Il veille la nuit, surveillant une usine pour gagner sa vie mais veille, surtout, sur la condition des siens et sur les conséquences relatives à cette loi. Patrice, elle, nous permet de découvrir la vie quotidienne des indiens, tiraillés entre le besoin, l'urgence de sauvegarder les traditions et l'attrait des grandes villes. Racisme, prostitution, alcool traversent ce récit mais aussi espoir et fraternité. Tout n'est pas rose, c'est violent … et l'histoire n'est pas toujours très simple à suivre, ces deux niveaux de narration s'articulant plus ou moins explicitement.
J'ai beaucoup apprécié le versant historique et sociologique du livre qui m'a permis de découvrir des peuples dont je connaissais peu les coutumes et les tragédies mais je n'ai pas été convaincue par les histoires de coeur et les rivalités entre les nombreux protagonistes du récit.
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