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L'Épidémie n'est pas celle qu'on croit, même si la Masse critique s'est révélée opportuniste : ici, nous sommes en Suède et la campagne électorale du futur dirigeant s'est axée sur l'obésité. Las de voir ses contemporains représenter un fardeau grevant le budget santé de la nation, l'éradication de ce fléau devient son leitmotiv.

On commence par les slogans, les campagnes d'information, puis montée en puissance avec la prise en charge des opérations bariatriques par le système de santé national, intervention l'on propose de plus en plus tôt jusqu'à perdre la raison, après les jeunes enfants ce sont les nouveau-nés dont les antécédents familiaux augmentent le risque de les avoir un jour dépasser l'indice corporel ajusté qui identifie mieux qu'une étoile jaune les individus considérés peu à peu comme des criminels.

Dans un premier temps, l'induction de troubles du comportement alimentaire est un premier effet secondaire, qui touche de près Landon, le héros de cette farce glaçante.

Et puis comme même les bases de la médecine scientifique sont bafouées, et qu'il existe toujours dans le pays des résistants, la solution extrême, que l'on pourrait appeler finale est organisée.

Si le processus remet en place progressivement, il s'accélère, avec le rythme du roman qui devient vite un thriller. Et c'est la boule au ventre que l'on parcourt les dernières pages.

L'obésité devient vite une métaphore d'une autre exclusion, elle aussi orchestrée à grande échelle naguère, avec les mêmes mécanismes et les mêmes dilutions des responsabilités qui permettent aux décideurs de se laver les mains et aux exécutants de nier toute responsabilité, tout est possible.

Le résultat est un bon thriller, à la fois sans le rythme de la narration et pour ce qu'il suggère de la capacité des instances gouvernantes de perdre toute capacité de raisonnement logique.

Merci à Babelio et aux éditions Actes Sud pour leur confiance.
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En ces temps covidesques, il me semblait tout à fait approprié de lire un roman intitulé "L'épidémie", surtout en sachant...que ça n'avait rien à voir avec un quelconque virus !
Non non, nous sommes en Suède, et l'épidémie que souhaite juguler le premier ministre Johan Svärd est d'un tout autre ordre : il s'agit d'éradiquer l'obésité, génératrice de frais médicaux et qui selon lui menace l'équilibre du pays. Soyons beaux, soyons sains, soyons minces et nous serons plus heureux, fiers de notre pays où règne la santé. Veillons à maintenir notre IMGM (Indice de Masse Grasse et Musculaire) aussi bas que possible et mangeons de l'Airfood goût noisette, ça ressemble à de la nourriture, mais ça ne nourrit pas ! Allons à l'église, non pas pour écouter un sermon, mais pour faire de l'exercice, puisque les lieux de culte se transforment l'un après l'autre en salles de sport.
Mais tout ceci ne suffit pas à Johan Svärd, les élections approchent et il voudrait bien rempiler. Problème : les gros ne voteront pas pour lui, ces porcs ! Il va donc falloir aller bien plus loin pour éradiquer l'obésité, et le temps presse.
Parmi ces vilains gros non coopératifs, il y a Helena dont la fille Molly a du intégrer une classe "spéciale" pour enfants en surpoids dont les programmes tiennent plus du bourrage...de crâne que de l'instruction. le jour où la fillette rentre avec une brochure sur la chirurgie bariatrique, c'est l'humiliation de trop pour Helena : elle quitte la ville pour se réfugier dans la vieille maison de son père. C'est là qu'elle va rencontrer Landon, jeune chercheur séparé de sa fiancée Rita qui est entrée dans une spirale mortifère d'amaigrissement forcené.
A Stockholm, Gloria a perdu son poste d'enseignante à l'université d'Uppsala, à cause de son surpoids. Depuis, elle se morfond seule dans son appartement où seule sa voisine Bibi vient la voir. Un jour, elle reçoit une mystérieuse convocation...
Le décor est planté, les personnages en place.
A partir de là, l'auteure nous emmène dans le délire d'un dirigeant barré dans son délire totalitaire, qui rêve d'un pays sans gras où tout le monde respirerait la santé, qui serait un exemple pour le monde entier, et surtout pour les USA et la France, pays que Johan exècre depuis qu'Amy, son amour de jeunesse l'a quitté à New York pour un frenchie.
Les mesures de rétorsion passent de simples incitations à des brimades de plus en plus intrusives, que ce soit dans la vie professionnelle ou privée. Les personnes en surpoids sont stigmatisées, moquées par les "normaux" et la violence psychologique à leur égard s'insinue dans tous les domaines.
Moi qui suis un peu "limite" au niveau poids, je vous jure qu'à certains moments je me rongeais les ongles pendant ma lecture, en pensant au chocolat que j'avais mangé pour accompagner mon café ! L'angoisse monte progressivement jusqu'à atteindre un paroxysme, on suit, haletants, Helena, Landon et Gloria qui cherchent à échapper à ce régime (!) de nazis de la minceur. le parallèle est d'ailleurs facile à établir entre les partisans de Johan Svärd et ceux qui cherchèrent à éradiquer une autre partie de la population, jugée elle aussi "indésirable" en son temps. Simplement l'intolérance et la haine sont placés sur un autre plan : l'apparence physique, le culte de la forme (et non des formes !).
J'ai parfois eu des difficultés à poursuivre ma lecture, je me sentais presque mal à l'aise en me disant que oui, ce n'est pas totalement irréaliste, cela pourrait même arriver, tellement certains sont obsédés par le culte du paraître, de la minceur. le masque peut cacher les boutons, mais pas les kilos !
Mais malgré une lecture discontinue, j'ai apprécié ce roman bien construit, plausible même si l'idée peut sembler invraisemblable au départ. J'ai eu peur pour les trois héros et la petite Molly, j'ai espéré que quelqu'un réagisse et dise "stop, vous êtes de grands malades ! ", j'ai détesté ces moutons qui adhèrent à une idéologie totalitaire sans comprendre la manipulation dont ils sont complices. Et je me suis dit avec inquiétude que certains pays d'Europe ne sont pas loin de basculer dans des dictatures de ce type, même si l'approche n'est pas la même.
J'ai alterné ce roman avec "Né d'aucune femme" de Franck Bouysse, guère plus joyeux, et un traité sur la déconsommation ! Autant vous dire que mon pauvre cerveau en a pris de tous les côtés entre ces trois bouquins...
Bon, je m'en vais manger un yaourt à 0% en réfléchissant à tout ce que je pourrais jeter dans ma maison, et j'espère ne pas rêver de dictateur fou ou de forgeron psychopathe !
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Jamais un titre n'a été plus d'actualité et il arrive à pic dans le catalogue de chez Actes Sud. Mais je vous rassure, ici il n'est pas question de Corona virus.

La Suède a élu Johan Svärg, comme Premier ministre, il y a quatre ans. Il était nouveau dans le paysage politique, et peu de gens l'on prit au sérieux. Pourtant son programme de santé, ce veut radical : éliminer l'obésité et les gens en surpoids. Les prochaines élections sont dans six mois et il tient absolument à être réélu.

On suit donc quatre personnages
- Johan Svräg, lui-même, qui met en place son plan diabolique pour sa réélection. Sa mégalomanie est absolument incroyable et fait froid dans le dos. C'est un homme sans scrupule, prêt à tout pour le pouvoir et l'argent.
- Landon, qui est en surpoids mais ne fait pas encore partie de ceux qui sont classés comme très vulnérables par le gouvernement. Il ne rêve que de quitter le pays pour s'installer aux États-Unis et ça se comprend vu les discriminations auxquelles il doit faire face.
- et Gloria, qui avec ses 150 kilos est déjà aux prises avec le changement de société.Tout comme Helena qui se bat pour sauver sa fille.

L'auteur nous montre très ouvertement et directement quelles dimensions les actions politiques peuvent prendre, et c'est terrifiant. Propagande, endoctrinement (et ça dès le plus jeune âge), discrimination…. Tout est bon pour le gouvernement pour arriver à ses fins. On débarque dans une Suède ou toute la société à reçu un lavage de cerveau. Depuis l'arrivée de Johan Svärg au pouvoir, des centres de fitness ont remplacé les églises, les cliniques de liposuccion ou de chirurgie gastro-intestinale sont partout, les émissions de cuisine avec des nutritionnistes tournent en boucle sur toutes les chaines et l'industrie pharmaceutique est bien sûr en plein essor!

C'est un récit captivant, prenant dès les premières pages. Une fois commencé, il est impossible de le lâcher. Certaines méthodes employées dans le roman ne sont pas sans rappeler Hitler et l'on est toujours aussi consterné / fasciné par la façon dont on pourrait contrôler une société entière sans que personne ne semble le remarquer. Il y a un côté voyeur, on est souvent très mal à l'aise au fil du récit et j'ai vraiment eu peur d'une fin terrible. Je me demandais sans cesse comment tout cela pouvait finir. La tension est présente du début à la fin et j'ai dévoré ce roman en à peine 48h.

En tout cas, c'est vraiment très bien écrit, original et effrayant. Åsa Ericsdotter est, définitivement, une auteure à suivre ! Elle décrite à merveille la sphère politique et son roman est encore et toujours d'actualité. Un livre qui fait réfléchir sur ce que nous tenons souvent pour acquis dans la société d'aujourd'hui : la Démocratie, la liberté d'expression et, surtout, les droits de l'homme qui au final pourrait être très vite supprimés au profit d'une société comme celle décrite dans ce roman.
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Ce récit dystopique, qui revêt des airs d'anticipation, est suffisamment vraisemblable pour marquer les esprits et interroger le·a lecteur·rice. À mon sens, il est ici question de la manière dont tout peut basculer, la déchéance d'un état et l'asservissement de sa population, en raison d'une seule personne détenant assez de pouvoir pour ériger ses peurs et sa haine au rang de programme politique. C'est alors l'histoire d'un homme, premier ministre suédois gangrené par sa répulsion des personnes grosses, qui corrompt alors progressivement le régime en appliquant -au départ- quelques lois à l'encontre des individu·es qu'il estime un peu trop enrobé·es. Peu à peu, ces lois se multiplient et se font de plus en plus sévères, allant de l'interdiction de travailler à la ghettoïsation des habitant·es en passant par la sur-médication et les opérations chirurgicales amaigrissantes dès le plus jeune âge.

Ce thriller, captivant, nous rappelle combien il faut se méfier de l'état et des personnes au pouvoir qui se servent de la "justice" et des médias pour diffuser leurs idées, contrôler les esprits et les anéantir. L'autrice, Åsa Ericsdotter, décrit à merveille les dérives politiques totalitaristes et ses mécanismes jusqu'au déclin d'une société, la suppression des droits des hommes et femmes, la liberté et le glissement terrible vers le génocide. La folie et la phobie d'un homme deviennent alors ici l'occasion d'un extrémisme politique, religieux et médical qui chute vers une horreur indicible. Si le roman décrit finement l'abnégation d'un collectif par la construction d'un système politique infernal que nous refusons d'imaginer possible, il glace par son actualité et son acuité quant à nos obsessions d'être en bonne santé, d'avoir un corps parfait et d'être dans la norme.

L'autrice manie un récit haletant, le dérapage d'une société qui devient complice des psychoses d'un homme : l'occasion de dresser une fresque critique de nos sociétés actuelles...

Merci à Babelio et Actes Sud pour l'envoi de ce livre !
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L'épidémie... oui mais pas celle à laquelle vous pensez ! Il s'agit ici de l'obésité vue comme un fléau et une épidémie à combattre par l'ambitieux politicien suédois Johan Svärd, porté au pouvoir par sa campagne populiste contre cette maladie qui selon lui ravage le pays. Si les premières mesures prises par son gouvernement semblent de bon sens pour inciter les personnes en surpoids à se faire aider et à maigrir, la surenchère permanente nécessaire pour entretenir sa cote de popularité et le faire réélire va peu à peu trop loin dans son obsession d'une société saine et "purifiée".

J'ai acheté ce roman lors du déconfinement l'année dernière trouvant que son titre faisait écho à ce que nous vivions et ayant lu de très bonnes critiques mais je n'avais pas osé le lire jusqu'ici, craignant un contenu trop noir et déprimant. Et bien je confirme : c'est une excellente lecture mais qui fait froid dans le dos. C'est paradoxalement la première partie du roman qui m'a le plus glacée, au point que j'ai été obligée d'interrompre temporairement ma lecture tellement celle-ci m'angoissait. On y découvre la Suède en version à peine modifiée où l'obsession du poids et la forme physique ont été érigées en valeurs ultimes. Toute la société semble s'être réorganisée en fonction de cet objectif : maigrir, rester en forme, avoir une silhouette idéale. Au départ, cela paraît presque normal : après tout, après la lutte contre le tabac, l'alcool et le "manger 5 fruits et légumes par jour", n'est-il pas naturel qu'un gouvernement se préoccupe ainsi de la santé de ses citoyens ? Et puis, les légère, ô si légères, bizarreries ou aberrations se multiplient : des restrictions imposées aux obèses, de la chirurgie baryatique ou des médicaments coupe faim érigés comme solution à tous les problèmes y compris ceux des enfants en surpoids, des incitations à être maigres par ci, des discriminations par là... On découvre petit à petit ce monde pas si idéal mais qui encore une fois ne paraît pas si loin du nôtre. Et enfin c'est cette réunion où sont conviés et regroupés dans un stade des milliers d'obèses : et là le lecteur refuse d'y croire, il se dit mais non ce n'est pas possible, l'auteur n'osera pas, mais que va-t-il se passer... (et c'est là que j'ai interrompu temporairement ma lecture car elle me mettait trop mal à l'aise !).

Paradoxalement, la seconde partie du roman où on commence à se douter de ce qu'est vraiment cette société idéale sans obèses à laquelle rêve Johan Svärd m'a presque parue moins forte et moins percutante. Finalement l'horreur imaginée et suggérée fait parfois plus d'effet que sa description détaillée... On s'attache néanmoins aux différents personnages croisés dans la première partie et dont on découvre les liens et surtout on frissonne en sentant l'étau se resserrer petit à petit autour de Landon, qui seul va vouloir savoir ce qui se passe vraiment, et Helena, jeune femme en surpoids réfugiée à la campagne pour éviter à sa fille un peu trop grosse aussi les humiliations et souffrances visant à la faire maigrir. L'auteur mène son intrigue tambour battant, sans temps mort, et ce roman se dévore comme un excellent thriller, le petit côté réaliste en plus.

La grande force de ce livre est pour moi le réalisme du début et le glissement progressif qu'il décrit entre une politique de santé publique qui ne veut que le bien de ses citoyens et le totalitarisme et les discriminations qu'elle va petit à petit entraîner. Une lecture glaçante et qui fait réfléchir : après avoir lu ce roman, je ne peux m'empêcher de voir d'un autre oeil certains articles de journaux ou débats concernant l'obésité et la lutte contre le surpoids. C'est aussi une excellente dénonciation du populisme et de la manière dont un homme doté d'un fort charisme et prêt à tout pour réussir peut s'emparer du pouvoir et mener tout un pays à sa perte... car après tout ici c'était les obèses mais pourquoi pas un autre prétexte. Un roman fort et original à ne pas rater mais à découvrir, de préférence un jour où le soleil brille et où vous avez le moral !
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Le Parti de la santé est au pouvoir en Suède depuis 4 ans.
Son cheval de bataille ? L'obésité. Tous les maux de la société sont le résultat de la voracité, de la paresse, du manque de volonté des obèses qui n'ont seulement imposent à tous la vue de leur corps difforme mais coûtent à la communauté tout entière avec leurs problèmes de santé spécifiques : diabète, maladies cardiaques…
Tous doivent faire un effort en menant une chasse sans merci aux calories, en épuisant leur corps avec du sport, du sport, du sport. C'est ce que martèlent les autorités, la propagande d'Etat, la publicité…
Landon est un peu enrobé et s'il n'est pas victime de discrimination directe, il subit quand même les regards désapprobateurs de ses collègues quand il mange une barre chocolatée.
Helena est franchement ronde et s'en porte très bien. Pourtant, quand l'école de sa fille de 9 ans laisse planer la menace de la pose d'un anneau gastrique à la petiote, elle décide d'aller s'isoler à la campagne pour protéger Molly de la folie ambiante.
Gloria n'ose plus sortir de chez elle. Elle se fait livrer à la maison et ne reçoit plus que la visite de son amie Bibi.
Quant à Johann Svärd, le si sexy 1er ministre, craignant pour sa réélection, il décide de durcir les mesures de discriminations déjà fortes pour avoir des résultats indiscutables avant le retour aux urnes.
Cette dystopie, qui certes transpose le modèle mis en place par les nazis à l'endroit des Juifs aux Suédois d'aujourd'hui, est fort bien pensée et fort bien menée. Détournant le culte du paraître qui submerge nos sociétés occidentales, elle montre parfaitement comment des mesures menées d'abord à bas bruit, soutenues par un endoctrinement forcené, avec le soutien d'instance bénéficiant d'une aura d'autorité (milieux de la police, médical, pharmaceutique) s'imposent dans la population qui finit par accepter l'inacceptable.
Tout au long de ma lecture j'ai craint pour Landon, Helena, Molly, Gloria, espérant qu'ils s'en sortent mais ne voyant pas comment…
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Ce roman suédois publié dans l'excellente collection Actes noirs des Éditions ACTES SUD est sorti en France peu avant le confinement. Son titre n'évoque pourtant pas l'épidémie virale, mais l'épidémie mondiale d'obésité en mettant en scène une intrigue se déroulant en Suède. Un parti politique y a pris le pouvoir en promouvant l'absolue nécessité de faire maigrir les personnes "trop" fortes.

Ce premier livre d'Asa Ericsdotter traduit en France est sensé proposer une réflexion sur notre façon de percevoir l'autre dans sa différence et la capacité de nos démocraties à résister à la montée de l'intolérance.
En effet, subrepticement, le régime politique du parti de la santé devient "le couvre - feu des personnes obèses" et fait aussi le lit à celles qui acceptent des pertes de poids toujours plus conséquentes pour préserver leur emploi et leur logement.

L'argument le plus retentissant entendu dans le pays étant que les soins liés à l'obésité coûtent trop chers à l'état. "Les gros sont des paresseux qui bouffent le budget de l'état avec leurs maladies de gros" .
C'est évidemment l'antipathie générale pour les obèses qui se révèlera la condition sine qua non pour que le plan machiavélique du premier ministre suédois puisse fonctionner.
Ça ne vous rappelle rien ?

Accrochez - vous car vous n'avez encore rien vu !
Peu à peu, ce parti devient une idéologie et derrière l'image d'une " Suède forte et saine" qui refuse que le trou des dépenses de santé se grève, on comprend vite que "ce n'est pas le parti le problème, c'est ses convictions" qui ont généré une nouvelle société basée sur la surveillance et le contrôle. Sur l'intolérance et le rejet.
Cette propagande de la haine a pris de l'ampleur avec une rapidité déconcertante. La manipulation médiatique aux mains du pouvoirs et les fakes news servent ainsi le machiavélique projet.

Asa Ericsdotter sait raconter les histoires, c'est indéniable. Sa construction classique voit quelques personnages (peu nombreux) avancer en se croisant, s'épaulant, s'opposant. On les suit presqu'au jour le jour.
Son sujet est passionnant, mais si je viens d'écrire juste avant « est sensé proposer une réflexion sur notre façon de percevoir l'autre dans sa différence… » c'est parce que j'ai trouvé dès le début qu'il lui manquait un souffle, un supplément d'âme avec, par exemple des personnages supplémentaires et surtout un chouia de matière réflexive dans les échanges ou les descriptions.

J'ai regretté un démarrage un peu mou, une première partie longue, redondante, contenant des monologues intérieurs et des dialogues répétitifs, voire creux parfois.
De plus, ce qui fait le suspens de ce récit m'a paru trop gros (excusez !). Je n'ai pas pu croire que la population ne s'inquiète pas des disparitions soudaines et si massives.
La fin est certes trépidante, j'ai tourné fiévreusement les pages pour savoir comment tout cela allait se terminer. Quelle voie choisissait l'auteure.

Mais, du début à la fin, l'introspection sociétale a fait défaut.
Car attention, la haine, ce cafard indestructible, est une idéologie qui ne disparaît jamais vraiment. C'est pourquoi « L'épidémie » aurait dû être traitée autrement.

Demain, (ou déjà ?!), la haine peut prendre n'importe quel autre visage et il faut donc comprendre mieux comment l'homme peut se transformer si vite en LOUP pour son voisin. Ce roman est passé à côté de ce processus (très humain).
Quel dommage !


Lien : http://justelire.fr/lepidemi..
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Je lis peu (voire pas) de dystopie, uchronie etc.... Pourtant j'ai aimé regarder avec mes filles les films "Hunger Games". Ma fille aînée a dévoré les 3 tomes en si peu de temps. Mais rien à faire ça ne me tentait pas....
Pourtant j'ai emprunté cette "Epidémie", et je n'ai pas réussi à lâcher ce livre.... je l'avoue je me suis régalée (conclusion : ne jamais dire "fontaine je ne boirai pas de ton eau").
.
Ici on va décortiquer l'horreur.
L'épidémie en question est l'obésité. le Parti de la Santé a été élu, démocratiquement, pour faire maigrir la Suède. Et va désigner les coupables : les obèses.
Evidemment le rapprochement avec la Shoah est là, et j'ai pensé aussi aux Tutsis présentés comme des "cafards" préparant ainsi l'acceptation et la participation aux massacres. le principe des boucs émissaires....
L'auteure en profite pour critiquer et griffer le culte du corps parfait que nous vivons actuellement.
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Le livre est tristement réaliste car il se base sur des faits réels en les adaptant à sa problématique.
On n'est pas dans un monde loin de nous, on est dans aujourd'hui, dans ce qui pourrait nous arriver selon les résultats de nos votes.... C'est une dystopie certes, mais très réaliste et très proche. C'en est d'autant plus effarant.
Une lecture intéressante que j'ai déjà conseillée à mon mari....
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Deux romans de suite sur les dérives totalitaires de gouvernements, quelle idée ! Mais ça ne m'a pas empêché de profiter de celui-ci et de finir totalement révulsée !

Tout peut arriver et la dystopie est là pour nous le rappeler et elle est bien souvent la répétition de d'événements déjà arrivés mais dont le sujet change : inquisition, chasse aux sorcières, nazisme et bien d'autres à toutes époques !

Dans celui-ci c'est la chasse aux gros, au gras, à la laideur des rondeurs ! Petit à petit le Parti de la Santé, initié par le premier ministre, fait avaler la couleuvre à la population : devenir mince voire maigre !

Déjà à notre époque tout est fait afin de pousser le plus grand nombre à penser que si les gens sont obèses c'est de leur faute et non pas un problème de santé ou de société ! La pauvreté pousse à mal manger car c'est ce qui est le moins cher et les gros sont largement stigmatisés, publicité, mode, régimes multiples...

Il n'a donc pas été difficile à l'auteure de pousser cette dérive à l'extrême en jouant sur l'importance du paraître et la culpabilité sous prétexte de santé !

C'est une réussite !

CHALLENGE MAUVAIS GENRE 2020
CHALLENGE PLUMES FEMININES 2020
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Cela semble si invraisemblable et pourtant L Histoire nous rappelle tant d'horreurs invraisemblables.

L'Epidémie est un roman dystopique qui d'après moi, possède plusieurs niveaux de lecture.

La première évidente : La Shoah, les différents génocides de masse... Bref, on est dans un rappel de l'Histoire :" Landon avait suffisamment lu de livres sur l'histoire politique pour savoir ce qui risquait de se passer après. Les attitudes fuyantes. le déni. Tous soudain innocents." Je ne vais pas en dire plus pour ne pas spoiler l'inimaginable mais vous avez compris.

Mon second niveau de lecture : l'obsession de la santé liée à la nourriture. D'ailleurs parler d'épidémie pour aborder l'apparence... Lorsque j'étais petite fille, je regardais quel cadeau j'allais gagner dans mon paquet de céréales, aujourd'hui mes enfants regardent le Nutriscore. Vous me direz :"c'est chouette!" oui mais jusqu'à quel degré un enfant de 7 ans doit-il faire attention à ses phobies alimentaires? Et comment vont-ils grandir? Quel regard auront-ils sur ceux qui ne font pas attention? Dans ce roman, l'obsession de la santé se situe dans les choix de sa nourriture, mis en avant sur ce que mangent les "gros" et qui contribue forcément à leur "mauvais" poids et leur "mauvaise" santé. On y parle d'obésité morbide, mais à aucun moment on ne parle des carences alimentaires de ceux qui veulent rester maigres, des anorexiques, des pertes de cheveux de ceux qui ne mangent plus, de la peau sur les os, ni de ceux qui sont en bonne santé même avec une surcharge pondérale. Une amie qui a de l'embonpoint, me disait récemment :"quand vous rentrez dans une boulangerie, les gens se disent, ils ont faim. Moi quand je rentre dans une boulangerie, les gens disent elle se goinfre. Les gros n'ont pas le droit d'avoir faim." Parce que tout de suite, on associe la surcharge pondérale à une mauvaise hygiène de vie... Mais ce n'est pas toujours le cas. Et dans ce roman, le "dictateur" met l'accent uniquement sur cela. En fait, c'est de la grossophobie déguisée. C'est de la haine.

Mon troisième niveau de lecture, c'est celui de la nourriture : la façon dont on traite nos porcs dans les fermes-usines versus la saucisse de tofu que les personnages n'aiment pas. On sait ce qui est mal, mais on sait aussi ce qui est bon. Pour se sentir humain ne doit-on pas sacrifier le plaisir de manger? Dans ce roman, il n'est pas question de famine, donc l'éthique se situe dans les choix de sa nourriture. Je voudrais détailler le paradoxe entre la façon dont on traite les porcs et les humains mais je risquerais de dévoiler trop d'intrigues alors je m'arrête là.
C'est un roman très riche en réflexions.
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