AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,91

sur 339 notes
5
36 avis
4
38 avis
3
9 avis
2
2 avis
1
0 avis
Ce roman est atypique par son sujet mais il est fortement d'actualité, aussi… compte-tenu des préjugés assez rapides qui sont faits de nos jours sur les réseaux sociaux.
Nous sommes en Suède, de nos jours, dans une dystopie, évidemment (mais qui sait)… un homme politique, bien sous tout rapport est élu avec une promesse simple : faire de la Suède un pays sans obésité.
Les premières mesures sont simples, efficaces, mais ne heurtent que peu de personnes. On pèse, recense, produit de jolis programmes minceurs, ouvre des salles de sport, de bien-être, d'animation à l'aide à mincir… puis, devant le refus des « en-surpoids », on taxe le sucre, le gras, et on prive de certaines possibilités de la vie publique.
Certains appliquent à la lettre la nouvelle doctrine, la surpassent en s'affamant, se mettant en danger, quitte à mourir pour se conformer aux nouvelles normes de santé. Car, dans le sillage du gouvernement, pullulent, soudain (évidemment ?), des centres prônant une refonte complète de votre corps, injectant d'autres sangs, etc.
Nous suivons, en grande partie Landon, un jeune étudiant qui n'est pas dans ce cas d'obésité, sa petite amie, qui vire parano rapidement, Helena, sa fille Molly qui, elles, sont en surpoids morbide pour les standards, puis une écrivaine, etc.
Tous les personnages sont montrés dans leurs quotidiens, leurs batailles, les injonctions de la politique de santé, y compris le fameux politicien qui n'hésite pas devant son aura et ses principes sanitaires.
Petit à petit la découverte des arcanes de cette politique dresse un portrait acide, aride, horrible et glaçant de cette grossophobie suédoise
Pourtant, le roman part doucement, avec des dialogues assez plats, sans grand relief parfois, mais cela se lit bien, c'est intéressant.
Ce n'est ni un coup de coeur, ni un roman mitigé… c'est une bonne lecture avec des sujets de fond qui peuvent inciter les lecteurs à se questionner sur leurs convictions, leurs croyances, leurs batailles à défendre.
La fin est assez évidente, mais malgré tout, on refuse cette épidémie-là… (je vais jeter ma balance, au cas où !).
Commenter  J’apprécie          80
"Un esprit sain dans un corps sain". Ce vieux proverbe qui est distillé à longueur de médias comme une injonction, sert de prétexte à cette dystopie sur une société totalitaire. Nous sommes déjà contaminés par le culte de la minceur, voire de l'anorexie, et culpabilisés si on cède à la gourmandise sans pratiquer de sport.

L'autrice surfe sur cet impératif pour imaginer un chef d'état en Suède qui veut faire de son pays un modèle de pays 0% de matière grasse. Elle imagine, pour commencer, des campagnes de dénigrement des obèses qui coûtent cher à la société et la main mise des politiques sur les scientifiques pour qu'ils diffusent ce message. La tension monte lorsque les Suédois acceptent de réduire l'estomac des enfants, puis des nouveaux-nés pour leur interdire à jamais les plaisirs de la table.
Et très vite, trop vite, on ne parle plus d'obeses mais de porcs.
Le langage fait son office de propagande et l'apparition de camps nous laisse presager le pire.

La métaphore du nazisme est directe, les processus sont connus.
Mais si l'idée est intéressante et le livre agréable à lire, il reste dans le domaine du thriller et passe trop rapidement sur les étapes du conditionnement de la population et sur l'invraisemblable apathie des suédois ( la poche de résistance se limite à un pauvre universitaire amoureux).
Bref un peu superficiel mais sympa malgré tout.
Commenter  J’apprécie          80
De quoi ça parle ?

Cette histoire se déroule dans un futur très proche du nôtre, au coeur de la Suède moderne. Là-bas, le Parti de la Santé a pris le pouvoir et mène d'une main de fer sa nouvelle politique. Son dirigeant, le très charismatique et séducteur Premier Ministre, Johan Svärd, a décrété que d'ici à la fin de son mandat, son pays serait devenu le plus mince du monde.

« Les porcs », comme il surnomme les personnes en surpoids, sont apparemment devenues une charge pour la société, et las de voir les caisses de l'Etat se vider à cause des divers aménagements et traitements nécessaires, l'homme politique a décidé d'éradiquer l'obésité : fixant comme objectif de son quinquennat, une course contre la montre avec cette « maladie », cette « épidémie ».

Toutes sortes de mesures sont mises en place. Entre autres : des impôts sur le sucre ou tout aliment gras, la conversion des églises en salles de sport et la création de classes séparées pour enfant « à embonpoint » dans les écoles. Les programmes scolaires font désormais lire aux enfants des ouvrages tel que « Lili fait un régime », charmant petit livre narrant les aventures d'une fillette malheureuse et sans amis à cause de ses kilos en trop ; et le domaine de la chirurgie esthétique (liposuccion, anneaux gastriques et autres opérations fort sympathiques du même genre) est désormais rendu beaucoup plus simple d'accès et même remboursé et promu par les Institution Médicales dans certains cas.

Très vite, les résultats se font sentir : les chiffres de l'obésité sont en chute libre et les Suédois semblent coopératifs. Toutefois, d'autres conséquences secondaires un tantinet plus néfastes font également leur apparition. Il s'avère que, soumise à la pression gouvernementale, la population elle-même prend goût à ce jeu macabre, mettant au jour certains aspects fort peu reluisants de notre espèce.

Dans le milieu du travail, les citoyens possédant un IMGM (Indice de Masse Graisseuse et Musculaire) trop élevé, sont licenciés. Les éminentes scientifiques et les docteurs ès lettres ne sont pas même à l'abri. Évidemment. Les compétences ne comptent plus. Intelligence et esprit ne font pas le poids face au dictat et à la tyrannie de l'apparence.

Des syndicats d'immeubles votent désormais pour l'expulsion de leurs résidents en surpoids et les centres sportifs sont devenus la nouvelle religion du peuple : dans ces lieux, où toutes les machines sont constamment occupées, personne ne peut abandonner une séance, sous peine d'être fouetté au sang. Entre voisins, les médisances et les critiques vont bon train : le harcèlement, les injures, le lynchage, tout est augmenté, renforcé, amplifié. Les taux de suicide, d'anorexie et de morts dues à des insuffisances alimentaires sont quant à eux en hausse non régulée.

Néanmoins, comme on s'en doute, les acteurs ne sont pas toujours d'accord, et surtout pas TOUS d'accord. Des personnes comme Landon Thompson-Jaeger, chercheur, ou Helena, ex-infirmière (renvoyée), choisissent de désobéir aux restrictions afin de tenter d'échapper au fléau de la folie collective. Se rencontrant à la campagne, alors que tous deux cherchent le calme et l'oubli : l'un pour se remettre les idées en place, l'autre pour protéger sa fille Molly des influences néfastes de son milieu éducatif, une amitié immédiate va naître entre eux. Voire un peu plus que cela…

Mais tandis que les sentiments doux s'installent, le Premier Ministre, lui, s'impatiente dans sa capitale. Les résultats n'apparaissent pas assez vite et les chiffres baissent trop lentement à son goût. de plus, les prochaines élections ne vont plus tarder. Des décisions drastiques doivent être prises, et vite. S'inspirant donc de certains fameux camps établis durant la Seconde Guerre mondiale, Johan Svärd envoie une convocation aux derniers résistants de ce conflit. Ceux-ci, de leur première initiative ou bien contraints et forcés, se retrouvent conduits dans des terrains secrets réservés par le Parti : soi-disant pour participer à des opérations amaigrissantes.

Cependant, lorsque Helena elle-même disparaît en pleine nuit, enlevée par des agents gouvernementaux, Landon est forcé de partir à sa recherche. Bientôt, les questions se posent : que se passe-t-il véritablement dans les « camps pour obèses » ? Tandis que l'étau se referme peu à peu autour du cou des victimes, l'épidémie doit être identifiée. le fléau vient-il véritablement de cette apparente « maladie » – le surpoids –, ou provient-il plutôt de la population elle-même et de son regard vis-à-vis d'autrui ?

Mon avis :

J'ai acheté cet ouvrage pendant le confinement. Je l'avais acquis en même temps que deux autres romans : le Bûcher de Perumal Murugan et Comment tout a commencé de Pete Fromm. Ainsi, ce trio marque encore pour moi cette période très particulière (« mes livres du confinement » comme on dit), même s'ils ont donné lieu à trois avis très distincts les uns des autres.

À peine ai-je pu les tenir entre mes mains, que j'établissais déjà leur ordre de lecture, de préférence et d'attentes. Et, au sommet de la pile des favoris, se tenait L'épidémie justement.

Toutefois, comme le dit si bien ce dicton trop souvent utilisé : « Il ne faut pas se fier aux apparences ». La pyramide s'est renversée et ce livre se retrouve désormais à la dernière place du podium.

Les personnages :

Ils n'ont, en vérité, aucune consistance. Typiques, prévisibles, déjà vus… Bref, les protagonistes de cette histoire sont assez banals. On trouve l'homme d'affaire impitoyable qui n'hésite pas à supprimer son propre ami d'enfance afin d'arriver à ses fins ; le chercheur tourmenté par son passé qui possède un coeur en or et n'hésite pas une seconde à mettre sa vie en danger pour ceux qu'il aime ; et l'éminente professeure mise en marge de la société à cause de sa condition physique, mais qui, timide, est pourtant un personnage adorable.

Les acteurs de ce roman n'ont aucun fond : pas de réflexions propres, pas de personnalité originale et distincte. Moi, qui apprécie beaucoup les romans où l'on développe le monde intérieur de ses personnages, je suis restée sur ma faim. Cet aspect rebutant m'a, par ailleurs, empêchée de pouvoir véritablement m'attacher à eux.

De plus, le sujet de ce récit traite d'un changement majeur dans la politique d'un pays. Il aurait été d'autant plus intéressant de décrire le tournant mental de ses citoyens.

le fond et la forme du récit : les différents thèmes :

La dictature : Comme ébauché plus haut, je trouve que la thématique de L'épidémie n'est pas traitée de la bonne manière. Pour dire tout franchement, elle est relativement bâclée.

Le livre débute dans une société en plein changement ; et quels changements justement ! Un nouveau racisme est en train de voir le jour : la grossophobie et avec elle, des persécutions visant à éradiquer le « gêne de l'obésité » parmi la population et les générations futures.

Pourtant, il est évident que l'on ne convainc pas une population entière du jour au lendemain d'accepter que ses enfants soient considérés comme des sujets d'expérimentation pour une nouvelle méthode amaigrissante sur un corps humain. Ou de permettre que des gardes soient présents dans les salles de sport pour battre quiconque présente un signe de faiblesse.

Tout le processus du « brain-washing » qui s'instaure dans un régime totalitaire aurait pu facilement constituer une grande moitié du livre. L'auteure pouvait présenter les campagnes des Partis ennemis s'opposant à la dictature, les réseaux de résistance mis en place par la population, puis, les techniques destinés à mater et assouvir le peuple : le chantage, les mensonges, les « accidents », et enfin, la résignation, l'ignorance et la conversion. Elle aurait pu entrer dans les détails de la longue et difficile opération de soumission, d'acceptation : qui commence par une suggestion, puis par une rumeur qui enfle jusqu'à devenir la nouvelle réalité.

Or ici, le roman débute alors que les Suédois ont déjà adopté ce mode de vie, ainsi que les idées et les conséquences qui vont avec. La plupart des citoyens partagent déjà pour la plupart les idées du gouvernement. En somme, le plus gros du processus historique est déjà mis en place. J'ai bien envie de dire que la partie la plus intéressante de l'histoire a été omise et donc que le récit part déjà sur un très mauvais pied.

Cependant, je peux observer un débat moral qui à certains moments, fait vaguement surface dans les actions des personnages. La situation de ce livre est-elle celle décrite par Rousseau : « L'homme est bon et c'est la société qui le déprave » ou par William Golding : « Maybe there is a beast… maybe it's only us » ?

La grossophobie ou la politique de la minceur : Tout n'est évidemment pas tout noir dans ce roman. le thème profond pour sa part, est très intéressant.

De nos jours, il est devenu très dur d'échapper aux complexes et aux préjugés imposés par la société vis-à-vis du poids. le quotidien rappelle constamment à tout un chacun de surveiller son corps, de faire du sport, de ne manger ni trop gras ni trop sucré. Si ces préceptes sont sans doute bénéfiques pour notre santé, ils s'accompagnent bien souvent, d'autres messages qui sous-entendent qu'un tel est trop gros, qu'une telle mange trop mal et qu'en somme, il ou elle ne pourra être heureux que lorsqu'il aura intégré « les normes » qu'on lui a imposées.

Le débat évoqué dans ce livre nous permet de sortir quelques minutes de ce cercle vicieux afin d'entrapercevoir ce qui pourrait se produire si nous continuons sur cette voie. Cette société apocalyptique a été tordue, distendue, caricaturée et même rendue burlesque par certains de ces traits grotesques. Nous pouvons toutefois percevoir aussi un certain côté effrayant dans cet ensemble de préconisations qui disent ne viser que notre bien. En effet, doit-on vraiment en arriver là avant de prendre enfin conscience du ridicule de notre situation ?

Les actions :

Nous venons de le voir plus haut, L'épidémie n'est pas une étude sociale. Alors, comment diable peut-on bien remplir ses 400 et quelques pages ? Avec une histoire d'amour pardi !

N'étant pas, de prime abord, une grande fan de littérature sentimentale, je déteste encore plus lorsqu'un roman visant en apparence un sujet tout autre que l'amour s'y retrouve fatalement lié (de surcroît lorsque le thème de base était très prometteur).

Bien vite, il apparaît que la fameuse « épidémie » n'est plus le sujet principal. L'auteur semble s'en détourner rapidement afin de se concentrer sur l'évolution de la relation entre Landon et Helena. En somme, un retournement de situation inapproprié pour une situation telle que celle dans laquelle vivent nos deux personnages. de plus, le tournant pris par l'action implique qu'on se soit attaché à eux afin de les comprendre et de pouvoir s'y identifier mais, comme expliqué plus haut, leur banalité les rend assez dépourvus d'intérêt.

Enfin, il est impossible de ne pas s'offusquer concernant le dénouement de ce livre : autrement dit, la découverte des « camps pour obèses » du Parti de la Santé. Cet évènement est censé constituer l'un des éléments-clés du récit (puisqu'il est même évoqué dans le résumé). En effet, c'est à ce moment-là que le monde entier est forcé de prendre conscience des atrocités qui se sont déroulées alors que tous ont fermé les yeux.

Or, vu que les protagonistes étaient occupés à se débattre avec leurs pulsions amoureuses, la résolution est obligée de se boucler en 10 pages top chrono. Ce qui est un record de rapidité… mais également un petit signe de bâclage. La découverte, le scandale, l'arrestation, tout ça en moins de cinq courts chapitres. Je reste perplexe !

le mot de la fin :

Mes critiques négatives sont décidément toujours beaucoup plus longues que les positives ! Ce qui est logique mais requiert également beaucoup plus de temps et de concentration.

Bref, vous l'aurez maintenant bien compris, L'épidémie de Åsa Ericsdotter est arrivé très loin du coup de coeur. Et dire, qu'il partait sur de si bonnes bases… Un sujet aussi épineux que celui de l'apparence aurait mérité d'être traité avec beaucoup plus de profondeur !

https://lirelandoulerevedunemontmartroise.wordpress.com/2021/02/19/lepidemie-de-asa-ericsdotter/
Lien : https://lirelandoulerevedune..
Commenter  J’apprécie          83
contrairement aux précédents avis, j'ai sorti les rames pour finir ce roman ! je me suis bien ennuyée les 3/4 du roman, seulement les dernières pages m'ont tenu en haleine. Mais l'ennui m'a gagné la plupart du temps, trop de politique, de grossophobie a gogo, des personnages plats...une histoire originale certes mais loin de m avoir passionnée !
Commenter  J’apprécie          80
Me voilà orpheline après avoir tourné la dernière page de ce roman. Roman qui vient nous rappeler les tristes mécanismes du totalitarisme et de ses idées fixes . Comment une idéologie quelle qu'elle soit peut se mettre en place? Cela nous rappelle qu'il est indispensable d'avoir son libre arbitre toujours en éveil. Dans un style direct, simple et rythmé l'auteure nous entraîne dans les rouages de la folie du pouvoir. Elle nous montre l'importance de respecter dans nos choix nos valeurs et notre humanité.
Aujourd'hui, ce livre devrait être conseillé sur les listes de lecture dans les établissements scolaires, surtout aujourd'hui.
Excellent
Commenter  J’apprécie          72
Maigris ou crève. Ou comment résumer ce roman terrifiant en une seule phrase-choc. Un peu réducteur, mais en gros c'est l'idée. En parlant de gros, le premier ministre suédois Johan Svärd ne les aime vraiment pas, les gros. D'ailleurs, quand il parle d'une personne en surpoids, il emploie un mot bien plus péjoratif que gros. Pour lui, le gros n'est rien d'autre qu'un porc qu'il faut éradiquer, éliminer, par tous les moyens. L'Allemagne nazie persécutait, entre autres, les juifs et les homosexuels. le Parti de la Santé, qui dirige la Suède, persécute tout citoyen en situation de surcharge pondérale. L'obésité est une épidémie qu'il faut éradiquer, une maladie rendue responsable de tous les maux qui peuvent affecter la société suédoise. Et donc le premier ministre du gouvernement met en place des mesures drastiques et fortement discriminatoires.

"L'indice de masse grasse et musculaire était devenu la meilleure arme du Parti de la Santé. C'était l'IMGM qui déterminait l'aptitude des gens à leur profession. Un IMGM supérieur 42 leur interdisait d'exercer un métier dans le secteur public."

L'accès à un emploi, à un logement, à des aides économiques et sociales, est désormais entièrement conditionné à votre IMGM. Mais la mission du gouvernement pour "une Suède forte et saine" va prendre une tournure encore plus dramatique. Car la fin justifie les moyens, tous les moyens. C'est le "tous" qui fait ici l'effroyable différence.

Sous la forme d'un roman à suspense haletant et écrit dans un style limpide, L'épidémie raconte, dans un futur proche, le basculement d'un pays vers l'intolérance et le totalitarisme. Au final, une dystopie qui nous renvoie aux heures les plus sombres de notre histoire.

Mention spéciale au personnage de Johan Svärd. Pour moi, l'autrice n'est pas tombée dans le piège du manichéisme à outrance. le chef du Parti de la Santé est un personnage détestable et ignoble, c'est certain, mais non dénué d'une certaine d'humanité. Parce que justement, Johan Svärd n'est pas le diable incarné, c'est un être humain, terriblement humain. Mais l'excès ne peut mener qu'à d'autres excès. Parfois, jusqu'à la folie. J'ai vraiment bien aimé ce roman très noir, très dur, atroce, impitoyable, et prenant de bout en bout.

Lien : http://www.conseilspolarsdep..
Commenter  J’apprécie          70
Je sais, avec un titre comme ça et après 3 mois à vivre jour et nuit avec le COVID dans tous les médias, tu n'as qu'une envie c'est de quitter rageusement cet article en te demandant bien ce qu'il passe par la tête la serial lectrice pour en remettre une couche au niveau épidémie. Mais ne te sauve pas, je te garantie qu'ici il ne sera ni question de pangolin ou autre animal exotique contaminé, ni de pandémie mondiale, ni même de confinement ou de vaccination !
L'épidémie est une dystopie qui se déroule en Suède. le gouvernement en place s'est fixé un but : mettre toute la Suède à la diète ! Et quand je parle de diète, je ne te parle pas d'un simple rééquilibrage alimentaire hein, je te parle d'un vrai régime, dur, dans le but que ce peuple nordique devienne le peuple le plus mince de la planète. Et pour ça, tous les moyens sont bons et la politique tyrannique mise en place par le gouvernement en place se montre de plus en plus féroce avec les personnes en surpoids ou obèses : taxes sur le sucre et le gras rendant difficilement accessible les produits qui en contiennent, églises transformées en gigantesques salles de sport, il faut suer, transpirer, souffrir, se priver pour être beau et pour réussir. Terminés les apéros sympas et alcoolisés avec les potes, terminée la petite brioche du dimanche matin et la soirée crêpes avec les enfants, vous mangerez des légumes, des édulcorants, du soja, juste assez pour ne pas mourir, vous ferez du sport plusieurs heures par jour, vous vous ferez poser des anneaux gastriques et subirez des chirurgies dès votre plus jeune âge afin de vous rendre toujours plus minces ! Si vous avez un tant soit peu de cellulite sur les fesses ou quelques kilos en trop, vous vous retrouverez non seulement la cible des moqueries et des méchancetés des gens qui eux, représentent la réussite du modèle mis en place, mais aussi vous aurez droit à un licenciement sans passer par la case Prud'hommes, on tentera de vous virer de votre logement et il vous sera impossible de trouver une autorité en mesure de vous aider car le leitmotiv général sera : « Soyez minces, sinon crevez !« . Il y aura bien quelques tentatives éparses de rébellion, mais rapidement étouffées dans l'oeuf. Et plus nous allons avancer dans notre lecture, plus les méthodes employées par ce gouvernement totalitaire pour faire plier la population se révèlent absolument effroyables !

L'ouvrage est-il crédible ? Vu mon paragraphe précédent, je vous accorde que ce n'est pas l'impression que ça donne. Clairement, ça me m'a pas dérangé parce qu'à mon sens, une bonne dystopie se doit d'être assez ancrée dans le réel pour être crédible, mais avec une bonne dose de noirceur voire d'exagération pour te faire flipper. L'auteure met en lumière ici les dérives d'un gouvernement extrémiste, totalitaire, qui n'est pas sans nous rappeler certaines périodes parmi les plus noires de notre Histoire, comme celle de la Seconde Guerre Mondiale et du régime Nazi qui a ravagé des populations pendant ses années de règne. L'épidémie montre également l'aveuglement de toute une partie de la population pour le régime politique en place, incapable de réfléchir par elle-même ni de se dresser contre le pouvoir en place. Il faut faire partie des moutons, de la masse, car sinon tu ne vaux rien.

Loin de mon genre de lecture habituel, j'ai aimé ce bouquin parce qu'il pousse à son paroxysme la « grossophobie » qui gangrène notre société, et qui pourtant elle, est bien réelle, ainsi que l'apparence qui est maîtresse de tout, et surtout des jugements… Nous sommes un bon nombre à avoir des sujets d'inquiétude quant à notre poids, je suis le genre de personnes qui se sent coupable de manger une pizza parce que je sais que le lendemain ça va faire mal sur la balance et que, après avoir perdu du poids après une adolescence difficile, je n'ai aucune envie de le reprendre même si j'aime par-dessus tout bien manger et picoler et que je suis une bonne vivante épicurienne. A l'heure de la saison estivale et des magazines féminins qui mettent encore aujourd'hui en lumière 98% de femmes minces, voire maigres, vous trouverez une résonnance particulière à cette lecture, j'en suis certaine !

Le mot de la fin
L'épidémie est un roman du froid, et pourtant ici on est loin du classique thriller nordique qui prend son temps et qui met au centre de l'intrigue la nature et les éléments qui font que j'aime tant ce type de romans habituellement. le rythme de l'intrigue diffère des thrillers nordiques dans le sens où il se passe sans cesse quelque chose ici, et que les moments plus calmes au niveau de l'intrigue le sont afin de nous plonger dans ce futur que nous n'aimerions pas voir arriver.

Un ouvrage qui peut aussi bien convenir aux lecteurs de thrillers/polar qu'aux amateurs de littérature blanche.

Une surprenante découverte !


Lien : https://anaisseriallectrice...
Commenter  J’apprécie          70
J'avais hâte de lire ce roman, qui a eu un bon bouche-à-oreille au sein de ma bibliothèque. du coup, il m'a fallu attendre un certain temps.

De quoi ça parle ? En Suède, dans un futur proche (très, très proche), le Parti de la Santé, de Johan Svard, un leader charismatique, est au pouvoir. Son mot d'ordre : la santé avant tout, la Suède doit être l'exemple d'une politique qui mise sur la santé. Cela se traduit par un combat contre l'obésité. Sauf que les premières bonnes intentions suscitent assez vite une politique de discrimination et entraînent une partie de la population à des excès pour être toujours plus mince.

Nous suivons 3 destins : Landon, un chercheur universitaire dont la compagne devient anorexique, Gloria, une écrivaine qui a perdu son poste de professeur à l'université à cause de son surpoids, et Helena, qui veut protéger sa fille dodue des méthodes sauvages imposées aux enfants (chirurgie bariatrique).

Mais lorsque Johan Svard décrète la tolérance zéro et applique des méthodes brutales qui renvoient aux pires moments de l'histoire, difficile d'agir quand tout sentiment de révolte est éteint parce que les changements sont passés tellement petit à petit que maintenant tout le monde les a intégrés et acceptés.

C'est un superbe roman, une super belle claque ! Et non, on n'est pas dans le "body positive" ici, mais dans le fait qu'on peut vite désigner une cible pour que tout le monde déverse sa haine. Ici, les personnes en surpoids deviennent des sous citoyens, des fainéants qui ne font aucun effort, des parasites pour la société. Et tout a commencé par des petites choses comme encourager les gens à perdre du poids pour obtenir tel avantage ou à privilégier les soins aux personnes en bonne santé (n'a-t-on pas déjà vu cela ?). Bref, cette dystopie n'est pas si fantaisiste que ça.

Cela paraît "hors-sujet", mais ça me rappelle l'autre jour, je discutais avec quelqu'un qui se plaignait de tous ces documentaires, films et livres à foison sur la II Guerre Mondiale. "C'est bon, c'est vieux tout ça ! Passez à autre chose !" disait-elle. J'ai eu envie de la baffer. Car précisément, en oubliant le passé que l'humanité risque de retomber sur des horreurs pareilles.

Voilà, donc une raison supplémentaire de lire cet excellent roman. Pour les titilleurs, la première moitié peut paraître un peu lente, mais il est nécessaire de poser le cadre. Cela ajoute de la profondeur pour rendre l'intrigue et les personnages crédibles. Je ne comprends pas comment on peut se plaindre de cela ! (lu dans d'autres critiques).


Commenter  J’apprécie          60
Énorme coup de coeur... Un des meilleurs livres de ma vie ! Dévoré ce weekend.

Qui n'a jamais entendu à propos d'une personne en surpoids "quand même, il (elle) pourrait se prendre en main, c'est pas possible de se laisser aller comme ça etc..."?
De l'hygiènisme à la dictature il n'y a qu'un pas. Bien sûr tout le monde a envie de maigrir pour être en meilleure santé, plaire davantage, ou d'autres raisons qui sont personnelles. En revanche maigrir pour ne pas perdre son travail, quelle que soit votre qualification, ne pas perdre son logement, devenir obsédé par son IMGM , bien plus vicieux que l'IMC? Alors, IMGM, kézako ? Indice Masse Graisseuse Musculaire, gare à ceux qui dépassent un seuil fatidique.
Une dérive de la tendance à manger sans gras, sans sucre, sans ... RIEN ! Essayez donc un sachet de "Air food" !
Une critique acerbe et cruelle de la société de l'image, des vendeurs de régimes, des clubs de sport, de la chirurgie esthétique poussée à son paroxysme par un chef de gouvernement séduit par un "évangéliste" de la santé aux USA. le climat social n'est pas au beau fixe en Suède. Désigner LE responsable des difficultés économiques :LE POIDS et tout le reste passe au second plan. Mais tout ne se déroule pas aussi vite que prévu, les nouvelles élections approchent et il faut gagner. On ajoute frustration et mégalomanie on obtient un résultat terrifiant. Cette dystopie nous glace le sang et nous arrache des larmes. Ne jamais oublier, la couverture est suffisante pour comprendre que cette fiction nous rappelle les pires moments de l'histoire contemporaine.

"La haine n'était pas une idéologie qui changeait au gré des gouvernements. C'était un cafard qui continuait à avancer même si on lui marchait dessus "

Commenter  J’apprécie          61
Un titre d'actualité qui n'a rien à voir avec le coronavirus. Ici, l'épidémie à combattre, c'est l'obésité.
Le Premier Ministre suédois, Johan Svard en a fait son slogan de campagne : l'obésité est une maladie qui coûte cher au système de santé, donc cher aux contribuables. Une solution : faire maigrir les gros, de gré ...ou de force!
Un roman qui fait froid dans le dos et qui interroge nos positionnements, individuel et collectifs, face à la montée des populismes et dans nos rapports à l'autre différent, quelle que soit sa différence.
Commenter  J’apprécie          60



Lecteurs (801) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2892 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *}