AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Les cruelles étoiles de la nuit (47)

Elle scruta les environs. Ils étaient à nouveau sur les lieux. Cours, escaliers, caves, appartements, intérieurs. Périmètres de sécurité, projecteurs, écrans, mètres-rubans, éclairs de flash, traces à la craie sur sols en béton, en bois ou en asphalte. Voix nasillardes de collègues dans des talkies-walkies. Bruits de pas dans les ténèbres, soleil, grisaille de l’automne et chaleur du printemps. Objets accrochés, exposés, pour décorer ou s’amuser, souvenirs. Lettres, journaux intimes, calendriers, notes prises au vol et listes de courses à faire. Voix surgies du passé sur vidéo ou répondeurs.
Commenter  J’apprécie          10
– Connaissez-vous un certain Petrus Blomgren ?

– Je ne crois pas, répondit Manfred Olsson. Je devrais, selon vous ?

On entendait des voix, peut-être en provenance d’un poste de télévision, en fond sonore.

– Quel est votre métier ?

– L’alarme. Pourquoi ?

– Nous avons trouvé un morceau de papier avec votre numéro de téléphone chez ce Petrus Blomgren. Il l’a forcément pris quelque part.

Pas de réponse.

– Vous n’avez pas d’explication ?

– Non, je vous l’ai déjà dit.

– Connaissez-vous Jumkil ?

– Ce serait trop dire. Je sais seulement où ça se trouve. Mais de quoi s’agit-il ? Je suis pressé, je dois m’en aller.

– Chez qui travaillez-vous ?

– Je suis à mon compte. Je vais… mais qu’est-ce que ça peut vous faire ?

En effet, se dit Lindell avec un sourire peu triste. Rien du tout. Pas pour l’instant et pas par la suite non plus, sans doute.
Commenter  J’apprécie          10
À l’Institut de littérature, où il travaillait jadis mais ne se rendait plus qu’une fois par mois, désormais, nul n’était très chagriné de cette disparition. Åsa s’était entretenue avec un de ses anciens collègues, qui n’avait rien fait pour dissimuler son aversion envers le retraité.

– C’était une plaie, avait-il résumé.

Le porte-à-porte confirmait cette impression. Nul n’exprimait de regrets quant au disparu, en fait.

– Je suppose qu’il s’est égaré dans son jardin, avait même lâché son plus proche voisin.

Il enseignait également à l’université, mais dans une discipline inconnue d’Åsa, qui se souvenait seulement qu’elle avait quelque chose à voir avec la physique.

Elle relut les notes qu’elle avait prises. Ulrik Hindersten était veuf depuis une bonne vingtaine d’années et, depuis cela, il vivait avec sa fille unique. Ni le père ni la fille ne figurait dans les fichiers de la police, que ce soit pour un délit quelconque ou pour dettes.

Apparemment, leurs finances étaient saines. Ulrik touchait une pension d’un montant respectable, le travail de Laura lui rapportait plus de trente mille couronnes par mois et leur maison était payée depuis belle lurette.

Selon Åsa, il n’y avait que trois hypothèses. Soit Ulrik Hindersten s’était suicidé, soit il s’était égaré et avait fini par mourir de maladie ou d’épuisement, soit quelqu’un l’avait tué, éventuellement pour le voler. À tout prendre, c’était la seconde qui lui paraissait la plus vraisemblable. Mais elle n’en referma pas moins le dossier avec le sentiment qu’elle n’allait pas savoir de sitôt si elle avait vu juste.
Commenter  J’apprécie          10
Åsa Lantz-Andersson s’efforçait de ne pas se laisser aller aux schémas de pensée, mais elle dut vite renoncer. Toutes les explications possibles et imaginables avaient été envisagées. Dès le samedi, on avait procédé à une importante opération de porte-à-porte dans les environs de la maison du disparu et une battue avait fouillé en vain le bois qui en était proche. Mais tout ce qu’on avait trouvé, dissimulé sous un sapin, c’était le butin d’un cambriolage dans Sveavägen.
Commenter  J’apprécie          10
– Il est peut-être mort, assassiné ?

– Qu’est-ce qui vous incite à le croire ?

Laura Hindersten se leva. Sa frêle silhouette semblait sur le point de voler en éclats. Elle chancela et Åsa eut le réflexe de tendre la main pour la retenir.

Son arrogance n’est qu’un masque, au fond, pensa-t-elle, dans un accès de mauvaise conscience et de sympathie envers cette femme.

Laura Hindersten avait trente-cinq ans, soit quelques-uns de plus qu’elle, seulement, mais paraissait plus âgée que cela. Cette impression était peut-être surtout due à la façon dont elle était vêtue, à savoir d’une jupe grise et d’une veste mi-longue d’un beige assez vieillot, car son visage était encore celui d’une jeune femme et il n’y avait aucune trace de gris dans son abondante chevelure brune relevée en queue-de-cheval. Åsa nota même, avec un brin de jalousie, à quel point celle-ci était éclatante.

Son visage oblong était pâle et ses incisives un peu proéminentes faisaient penser à celles d’un rongeur, surtout quand elle riait. Mais ils auraient été nombreux à estimer qu’elle était attirante, avec son mélange de douce blondeur et d’un brun déterminé. Sous ses puissants sourcils sombres, ses yeux étaient bleu clair. Elle avait le teint pâle et ses petites oreilles en forme de coquillage étaient d’un bel arrondi classique.

Bien que datant de quelques années, la photo que Laura avait posée sur le bureau révélait qu’elle devait un certain nombre de ses traits à son père.

– Dernière question : votre père avait-il des relations avec une femme ?

Laura secoua la tête et quitta la pièce sans dire un mot. Åsa était persuadée qu’on ne retrouverait pas cet homme vivant, trois jours après sa disparition.
Commenter  J’apprécie          10
Hôtel de police d’Uppsala, septembre 2003


– Votre père était-il déprimé, ces derniers temps ?

Åsa Lantz-Andersson baissa les yeux dès qu’elle eut posé la question. Le regard de la femme qui se trouvait en face d’elle était si impérieux qu’il était difficile à soutenir. Laura Hindersten la clouait sur place comme pour lui dire : je ne crois pas que vous retrouverez mon père, pour une simple et bonne raison : vous êtes une bande d’incapables qui a juste enfilé un uniforme pour se déguiser.

– Non, dit-elle d’une voix ferme.

Åsa poussa inconsciemment un soupir. Son bureau était couvert de dossiers et chemises.

– Il ne donnait pas de signes d’inquiétude ?

– Je vous ai déjà dit que non, il était comme d’habitude.

– C’est-à-dire ?

Laura Hindersten éclata d’un rire sec et bref qui rappela à l’agent une institutrice qu’elle avait eue jadis : elle pourrissait l’existence des enfants par son orgueil mêlé à l’amertume de devoir supporter des élèves aussi stupides.

– Mon père est chercheur, il enseigne à l’université et il consacre son existence tout entière à l’œuvre de sa vie.

– À savoir ?

– Ce serait trop long de vous expliquer mais, pour faire bref, je peux vous dire que c’est un des experts de Pétrarque les plus en vue de tout le pays.

– Je comprends, fit Åsa en hochant la tête.

Nouveau rire sec et bref.

– Il a donc quitté la maison familiale vendredi dernier. Vous a-t-il fait part de ses projets pour la journée ?

– Aucun. Comme je vous l’ai déjà dit, j’ai constaté sa disparition en rentrant de mon travail. Il n’a pas laissé de mot sur la table de la cuisine et je n’ai rien trouvé dans son agenda, quand je l’ai consulté.

– Avez-vous relevé des indices laissant penser qu’il ait emporté des affaires personnelles ?

– Non, pas à ce que je sache.

– Son passeport ?

– Il est toujours dans le tiroir de son bureau.

– Votre père a soixante-dix ans. A-t-il donné des signes de perturbation, a-t-il…

– Si vous voulez dire qu’il serait atteint de démence sénile, je peux vous assurer que vous vous trompez. Il est en pleine possession de ses facultés intellectuelles.

– Parfait, reprit Åsa. A-t-il l’habitude d’aller se promener et, dans ce cas, où ? Il y a un bois, pas très loin de chez vous.

– Il ne sort jamais se balader.
Commenter  J’apprécie          10
Je ne crois pas à la piste du joueur d'échecs, elle me paraît beaucoup trop sophistiquée. C'est bon pour les romans policiers, ça.
Commenter  J’apprécie          10






    Lecteurs (81) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Etes-vous incollable sur la littérature scandinave ?

    Qui est l'auteur du roman "Bruits du cœur" ?

    Herbjørg Wassmo
    Jens Christian Grondhal
    Sofi Oksanen
    Jostein Gaarder

    15 questions
    150 lecteurs ont répondu
    Thèmes : littérature scandinaveCréer un quiz sur ce livre

    {* *}