AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur La mort à distance (11)

Elle est sublime, la petitesse
d'une goutte de rosée

saisissez-la quand elle tremble
encore sur un pétale

et que le temps s'immobilise et que l'infime
vous accorde l'infini.
Commenter  J’apprécie          210
Quelque part, on frappe à une porte
et l'on sait déjà

qu'elle ne s'ouvrira
jamais plus, quelque part

un homme se réveille et découvre
que par delà ses rêves

il ne reste rien, puis
se rendort, quelque part une fleur

monte vers le soleil
mais elle est si petite qu'un insecte

s'en empare et qu'il piétine
sa couleur

quelque part, c'est un autre
qui cherche des mots pour le dire

qui sait déjà que tout
est écrit.
Commenter  J’apprécie          110
Un peu de jour les a portés, l'absolu
de la nuit les reprend

que la terre
soit douce à ceux qui dorment.
Commenter  J’apprécie          90
Je m'approche de la fenêtre, je regarde la pluie qui tombe, une pluie monotone, une pluie d'hiver. Je pourrais, il faudrait sans doute, ne rien dire sinon qu'elle est toujours la même, qu'il ne me reste qu'à l'oublier. Mais cette pluie, je ne sais pourquoi, refuse mon impatience. Elle est là qui persiste, qui balafre les carreaux, qui me provoque. Elle n'a pour elle que cette manière d'obstination sans but, sans histoire. Que je l'accepte seulement, que je m'accorde à sa lenteur, elle devient comme une substance bénéfique, un fluide qui me pénètre, et dans chacune de mes fibres, je sens une plénitude et un repos, oserai-je l'écrire, une bienveillance à mon égard, une salutation silencieuse de l'eau. Chaque minute est là, suspendue pour toujours. La mort s'éloigne.

p.105
Commenter  J’apprécie          80
C'était un homme qui ne souffrait pas, ou plutôt que la souffrance avait déserté. Il allait comme un fou, il ne pensait qu'à se briser la tête contre un mur, puis une étrange torpeur s'était emparée de lui, paralysant tous les ressorts de son être. Une distance, une espèce de pellicule impalpable s'interposait maintenant entre cet habitacle de chair et ce qui pouvait l'atteindre. Il s'étonnait lui-même, il palpait son corps, il cherchait à se souvenir de chacune de ses blessures, mais très vite il perdait le fil de cette histoire lamentable qui ne le concernait presque plus. Qu'avait-il donc à faire d'autre que d'attendre, immobile, sans plus intervenir? Non, il ne souffrait pas, mais une telle constatation ne parvenait nullement à le satisfaire, il aurait voulu que l'avenir l'arrache à son incertitude, à cette irrésolution de tous les instants. Il restait là, à l'écoute des battements de son coeur, comme s'il redoutait que son coeur s'annule. Le monde, maintenant, passait trop loin pour qu'il prétende s'en approcher, participer de son ardeur par un désir, une soif, un geste. Et comme d'autres, plus exigeants que lui, mouraient de ne pas mourir, il comprenait peu à peu que la plus grande souffrance d'un homme était de n'en éprouver aucune et d'accueillir en soi, par mille démissions infimes, le triomphe du néant.
Commenter  J’apprécie          60
Elle est sublime, la petitesse
d'une goutte de rosée

saisissez-la quand elle tremble
encore sur un pétale

et que le temps s'immobilise et que l'infime
vous accorde l'infini.
Commenter  J’apprécie          60
Quelle allégresse
dans ces brindilles qui s'enflamment, quelle
insouciance à bien mourir.
Commenter  J’apprécie          50
Donnez-moi, je vous prie, ce que je refusais
hier, un rayon de soleil,
un regard,
quand j'étais riche.
Commenter  J’apprécie          30
Ce n'est qu'une minute, mais la plus merveilleuse, puisque j'épouse parfaitement mon corps. Comment le dire avec des mots si lourds, des mots qui traînent derrière eux le poids d'une histoire que je n'ai pas vécue et qui me retarde ? J'éprouve le bonheur de sentir chaque parcelle de ma peau, de marcher comme si mes jambes étaient toutes neuves, et je parle une langue qui ne sait rien de la vivacité de l'air, de la chaleur du jour et qui se renfrogne dans un coin et qui claudique. Ce sont des verbes qu'il me faudrait, des impératifs bondissants, des interjections allègres qui ponctueraient la page!
Commenter  J’apprécie          30
Ne garderai-je du jour que cette longue lassitude et la poussière des chemins au fond des yeux ? Je m’assiérai n’importe où, je tenterai seulement de reprendre souffle, sans hâte et comme pour mieux me souvenir. L’espoir, quand on s’arrête de marcher, devient inutile, mais le vieux désir d’être encore ne disparaît pas avec lui. Et je suis là, comme quelqu’un qui s’étonne que son corps le soutienne et le défende, ce corps meurtri, ce corps appesanti, le mien pourtant, et que je méprisais. Les grandes lois du soleil et de l’ombre nous échappent, nous mesurons l’espace aux battements d’un cœur quand il est neuf, mais que la machine au-dedans hésite ou s’emballe, les repères se dissipent et chaque pas devient une épine dans la chair. N’importe, je suis là, je regarde mes mains, je n’oublie pas qu’elles ont touché la splendeur intacte du monde et qu’il y eut des moments d’allégresse à sentir la sève trembler sous les doigts. Non, la mémoire ne se résume nullement à la somme des choses mortes entassées dans la tête. Elle est tapie au creux d’une odeur, d’une feuille froissée par la pluie, d’un murmure. Et que l’on fasse taire en soi le bruissement de la pensée, qu’on s’arrache à ce théâtre de mauvais rêves, le paysage se recompose, les formes s’animent, les couleurs recommencent à vibrer. Rien ne bouge pour celui qui se détourne, tout s’éveille au-devant de celui qui reste à l’écoute et il ne craint plus. On cherche à l’endroit d’une ancienne blessure, et c’est à peine si la peau tressaille. Et c’est à présent l’immobile qui devient une fiction, et cette lassitude d’avoir tant vécu comme une invitation à poursuivre encore.
Commenter  J’apprécie          20






    Lecteurs (17) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

    Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

    Paris
    Marseille
    Bruxelles
    Londres

    10 questions
    1223 lecteurs ont répondu
    Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

    {* *}