Il y a deux nuits,j'ai entendu un bruit étrange qui m'a réveillé.C'était une sorte de gargouillement qui venait de la salle de bains,un plop-plop qui tambourinait dans ma tête,une note de musique qui s'amplifiait en vibrant.Intrigué,je me suis levé,et je me suis alors aperçu que la lumière de la salle de bains était allumée.J'avais dû oublier d'éteindre l'interrupteur et de fermer le robinet.C'était tout de même étrange;ce genre de choses ne m'arrive jamais,il y a des années que je vis seul,des années de routine immuable et de précision millimétrée.J'ai ouvert la porte,tremblant de peur et de froid.La baignoire débordait.J'ai remarqué,terrorisé,un corps qui flottait.Celui d'une jeune femme.Endormie ou morte.Je me suis approché.Je l'ai reconnue.J'ai craint le pire.J'ai essayé de la sortir de la baignoire.Je l'ai attrapée sous les aisselles,et j'ai tiré de toutes mes forces en joignant les mains sur sa poitrine,mais en vain.Ses cheveux mouillés collaient à sa peau blanchâtre comme des algues.Malgré son aspect frêle,elle était extrêmement lourde.
Elle était morte.
C'est alors que j'ai pris conscience et que j'ai eu honte.
De la magistrale érection qui trahissait ma virilité.
Et je me suis réveillé en criant.
J'étais sur le point de te téléphoner pour te dire de ne pas aller nager cette semaine,car j'avais eu un rêve très angoissant,dont je craignais qu'il ne soit prémonitoire,je t'avais vu morte dans ma baignoire.
Je ne l'ai pas fait.
Tu es allée à la piscine,comme chaque jour.
Tu ne t'es pas noyée...
Mais elle avait déjà les hanches élargies par les déceptions conjugales, et le fond vitreux de ses yeux verts laissait deviner beaucoup d'alcool et peu d'avenir.
Si je pouvais, je grimperais par la cour, je me faufilerais par une fenêtre et je m'introduirais dans le foyer d'une de ces familles heureuses.
C'est d'ailleurs grâce à l'oubli que nous parvenons à continuer de vivre, car si nous nous remémorions toutes les choses positives que nous avons perdues, nous serions écrasés par le poids de la nostalgie, et si nous nous souvenions de toutes les mauvaises, nous serions minés par la dépression
[...] mais en ce moment il préfère ne penser ni a Susana ni à sa fiancée, car il sait que les sentiments les plus douloureux sont les plus absurdes. L'angoisse des choses impossibles, la nostalgie de ce qui n'a jamais été, le désir de ce qui aurait pu être, l'envie de ce qu'ont les autres, l'abîme, qui s'ouvre entre la réalité et le désir, entre la volonté et l'évidence.
Ceci est un livre sur les occasions perdues ou saisies. Le succès dépendant de la conjonction de la chance, du talent et de l'audace, j'espère que vous donnerez sa chance à ce livre, et à ce que vous ne serez pas rebutés par l'audace avec laquelle je m'efforce d'échapper aux genres prédéfinis. Le talent est censé être le mien, mais vous en êtes seuls juges.