Le serveur rougit comme un Allemand à son premier jour de plage.
Les hommes méprisent en public ce qu'ils craignent en privé.
Dans les maladies d'amour, vouloir guérir c'est déjà guérir à moitié. Après cela, chaque souvenir apporte non pas une nouvelle peine mais un début de soulagement pour les peines anciennes.
Cette douleur aiguë et constante, cette angoisse qu'elle ne pouvait réfréner découlait de sa différence. Notamment de ses cheveux, seule de la classe à les avoir roux. Porter cette flamme orangée sur la tête, ce trait distinctif lui confirmait ce qu'elle avait soupçonné depuis l'âge de cinq ans : qu'elle n'était pas comme les autres. Ruth décelait sa distance, sa différence dans ce qu'étaient les yeux d'autrui.
elle se savait dépressive, coutumière des crises d'angoisse comme on est l'habitué d'un bar, elle savait que son équilibre mental était assez précaire pour ne pas dire nul, qu'elle était impulsive, avait un caractère mélancolique, ne se trouvait bien nulle part...Mais elle avait renoncé à comprendre s'il s'agissait d'une maladie ou d'un type de personnalité, si elle était très créative, imaginative à l'excès, ou simplement maniaco-dépressive.