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EAN : SIE219618_858
Julliard (30/11/-1)

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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
J'ai ' avec modestie - traduit à nouveau Babi Yar de Yevgeny Yevtushenko

À Babi Yar aucun monument.
Un ravin, pour grossière pierre tombale.
J'ai peur.
Aujourd'hui je suis aussi vieux d'années
que tout le peuple juif.
Maintenant je crois être
un Juif.
Et je me traîne dans l'Égypte ancienne;
et je meurs crucifié, sur la croix ,
et à ce jour j'ai encore les cicatrices des clous.
Je crois être
Dreyfus.
Le Philistin
est le dénonciateur et le juge.
Je suis derrière les barreaux.
Agressé de tous côtés.
Harcelé,
on me crache dessus,
on me calomnie.
Avec des hurlements stridents,
les dames en dentelles de Bruxelles
me collent leurs ombrelles en pleine figure.
Et je suis alors
un gamin de Bialystok.
Le sang coule, dégoulinant sur les planchers.
Les bagarreurs de bar,
puant la mauvaise vodka et l'oignon.
Un coup de botte me jette à terre.
Et je supplie les brutes du pogrom, en vain.
Pendant qu'ils hurlent,
'Sauvons la Russie, tuons les Youpins!',
un boutiquier rosse ma mère.
O ! mon peuple russe !
Je sais,
tu
es international jusqu'au fond de toi.
Mais les hommes aux mains sales
ont souvent fait de ton nom un jingle.
Je sais la bonté de mon peuple!
Comme ces vils antisémites sans un instant d'hésitation
s'appellent pompeusement
L'union du peuple Russe!
Je me crois
Anne Franck,
Transparente
comme une branche en Avril.
Et J'aime.
Nul besoin de phrases.
J'ai seulement besoin
que nous nous regardions.
Comme nous voyons et ressentons
si peu!
On nous interdit les feuilles,
on nous interdit le ciel.
Pourtant nous pouvons faire tant,
tendrement
s'embrasser dans l'obscurité d'une pièce.
Ils viennent ici?
N'ayez pas peur.
C'est seulement les bruits du printemps
le printemps qui arrive...
Venez vers moi.
Vite, donnez-moi vos lèvres.
Est-ce qu'ils cassent la porte?
Non, c'est la glace qui se brise...
C'est l'herbe sauvage qui bruisse sur Babi Yar.
Les arbres ressemblent à de mauvais augures,
comme des juges.

Tout ici hurle en silence,
Tête nue,
lentement, je me sens
devenir gris.
Et moi, moi-même
je suis un hurlement immense et silencieux
au-dessus des milliers de milliers morts ici.
Je suis moi-même
chacun de ces enfants,
tués ici.
Je suis moi-même
chacun de ces vieillards
tués ici.
Rien en moi
n'oubliera jamais!
Je veux que l'Internationale gronde
quand le dernier antisémite sur terre
sera enterré à jamais!
Dans mon sang, il n'y a pas de sang juif.
Les antisémites, dans leur haine obtuse
doivent me haïr comme un Juif.
C'est pourquoi
je suis un vrai Russe.



Les 29 et 30 septembre 1941, à Kiev, 33000 juifs de tous âges et des deux sexes sont tués au lieu-dit Babi Yar (le ravin de la vieille femme en russe). Et ce fut l'un des pires massacres de la Seconde Guerre mondiale.
Les Allemands, qui ont occupé Kiev le 19 septembre 1941, avaient alors diffusé des affiches en ukrainien ordonnant 'à tous les juifs' de 'se rassembler le 29 septembre vers 8 heures du matin au croisement des rues Melnik et Dokterivska' avec leurs papiers d'identité, de l'argent et des vêtements chauds. 'Celui qui désobéira à cet ordre sera fusillé', prévenait le texte, perçu à Kiev comme l'annonce d'une déportation.
Des dizaines de milliers de personnes venues avec leurs affaires, pour l'essentiel des vieillards, femmes et enfants, ont alors été sauvagement éliminées à la mitrailleuse au bord du ravin.

Le site de Babi Yar a été jusqu'en 1943 le théâtre d'exécutions massives : jusqu'à 100.000 personnes y ont été tuées, parmi lesquelles des Juifs, des Tziganes, des combattants de la résistance et des prisonniers de guerre soviétiques.
Le carnage des 29 et 30 septembre 1941 a été révélé lors des grands procès de Nuremberg, mais l'URSS, dont l'Ukraine faisait partie, a toujours cherché à minimiser le drame pour ne pas avoir à admettre que les victimes étaient juives. Pendant des décennies, les rassemblements de commémoration furent interdits dans le ravin.
Un monument construit à Babi Yar en 1976 est consacré aux 'citoyens et prisonniers de guerre soviétiques', sans aucune mention des victimes juives. En 1991, un mois après la chute de l'URSS, la communauté juive érigea non loin de là une sculpture en forme de menorah, le chandelier juif à sept branches.



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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Poème illustrant la symphonie n° 13 de Dimitri Chostakovitch "Babi Yar"

Non, Babi Yar n’a pas de monument.
Le bord du ravin, en dalle grossière.
L’effroi me prend.
J’ai l’âge en ce moment
Du peuple juif.
Oui, je suis millénaire.
Il me semble soudain-
l’Hébreu, c’est moi,
Et le soleil d’Egypte cuit ma peau mate ;
Jusqu’à ce jour, je porte les stigmates
Du jour où j’agonisais sur la croix.
Et il me semble que je suis Dreyfus,
La populace
me juge et s’offusque ;
Je suis embastillé et condamné,
Couvert de crachats
et de calomnies,
Les dames en dentelles me renient,
Me dardant leurs ombrelles sous le nez.
Et je suis ce gamin de Bialystok ;
le sang ruisselle partout.
Le pogrom.
Les ivrognes se déchaînent et se moquent,
Ils puent la mauvaise vodka et l’oignon.
D’un coup de botte on me jette à terre,
Et je supplie les bourreaux en vain-
Hurlant ’’Sauve la Russie, tue les Youpins !’’
Un boutiquier sous mes yeux viole ma mère.
Mon peuple russe ! Je t’aime, je t’estime,
Mon peuple fraternel et amical,
Mais trop souvent des hommes aux mains sales firent de ton nom le bouclier du crime !
Mon peuple bon !
Puisses-tu vivre en paix,
Mais cela fut, sans que tu le récuses :
Les antisémites purent usurper
Ce nom pompeux :’’Union du Peuple Russe’’...
Et il me semble :
Anne Franck, c’est moi ;
Transparente comme en avril les arbres,
J’aime.
Qu’importent les mots à mon émoi :
J’ai seulement besoin qu’on se regarde.
Nous pouvons voir et sentir peu de choses-
Les ciels, les arbres, nous sont interdits :
Mais nous pouvons beaucoup, beaucoup- et j’ose
T’embrasser là, dans cet obsccur réduit.
On vient, dis-tu ?
N’aie crainte, c’est seulement
Le printemps qui arrive à notre aide...
Viens, viens ici.
Embrasse-moi doucement.
On brise la porte ?
Non, c’est la glace qui cède...
Au Babi Yar bruissent les arbres chenus ;
Ces arbres nous sont juges et témoins.
Le silence ici hurle.
Tête nue
mes cheveux grisonnent soudain.
Je suis moi-même
silencieux hurlement
Pour les milliers tués à Babi Yar ;
Je sens
Je suis moi-même
Je suis moi-même
chacun de ces enfants,
chacun de ces vieillards.
Je n’oublierai rien de ma vie entière ;
Je veux que l’Internationale gronde
Lorsqu’on aura enfin porté en terre
Le dernier antisémite du monde !
Dans mon sang, il n’y a pas de goutte juive,
Mais les antisémites, d’une haine obtuse comme si j’étais un Juif, me poursuivent-
Et je suis donc un véritable Russe !

Traduit du russe par Jacques Burko
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