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Critique de Bibalice


C'est le souvenir précieux d'une lecture d'un roman de Knut Hamsun qui m'a fait jeter un oeil aguicheur à ce "roman" de Frederick Exley. Ce livre de Knut Hamsun s'intitulait 'La faim". Ce roman m'avait alors presque définitivement éloigné de la littérature : j'y avais trouvé à peu près tout ce que j' avais cherché en vain des années durant : "La Faim" touchait à l'essence même de l'écriture, de la recherche de l'écriture au péril de sa santé mentale. Je n'ai plus rien lu pendant longtemps après avoir terminé ce livre et je ne pense pas avoir encore trouvé de romans de cette trempe depuis.

Outre la proximité du titre, le roman de Frederick Exley partage un thème commun avec le chef d'oeuvre de l'écrivain norvégien : la recherche passionnée de l'écriture et l'inexorable descente aux enfers du narrateur/auteur. C'est probablement ce qui m'a poussé à le choisir pour l'opération Masse Critique.

Premières impression : l'édition est absolument superbe. de la couverture déchirée laissant découvrir un portrait de Frederick Exley clope au bec à la quatrième de couverture aux lettres incrustées, l'objet est incontestablement magnifique. Impossible de ne pas lui laisser une place de choix dans votre bibliothèque une fois que vous l'aurez en votre possession

Bon, il y a certainement des raisons autres que purement esthétiques et matérialistes pour lui laisser une place d'honneur au milieu de vos livres. Ce vrai-faux journal (je n'ai pas su démêler le vrai du faux), d'un auteur quasi inconnu en nos frontières, a de quoi vous faire oublier la totalité de la production littéraire actuelle : Des bons mots, des accents bukowskiens (certes, les deux auteurs étant portés sur / par la bouteille, l'analogie est facile bien que l'auteur semble plus proche d'un Hunter s. Thompson qu'autre chose) et surtout une descente aux enfers aussi intense que passionnante.

Le journal commence par la découverte de la mort de l'auteur d'Edmund Wilson pour qui Exley développe, dès lors, une passion sans retenue. Il décide de rechercher l'essence de son oeuvre et s'ensuit alors, sur quelques centaines de pages éparses, une longue quête de l'auteur/narrateur à travers la littérature et certains de ses plus illustres apôtres (Nobokov) pour en trouver son essence même.

Exley évoque tout du long l'échec de son précédent livre "Le Dernier Stade de la soif" et parle en continu de des difficultés pour écrire "A l'épreuve de la faim". Au delà des saillies amusantes parfois brillantes mais souvent anecdotiques de Exley à propos d'à peu près tout, ce sont ces pages consacrées à l'écriture de son roman qui me semblent les plus passionnantes de ce roman : ce sont des pages remplies de doutes qui tranchent violemment avec l'arrogance que l'auteur témoigne en mille autres occasions lors de ce journal.

Amateurs de Bukowski, de Hunter S Thomson ou simples amoureux de la littérature, je ne peux que vous recommander ce livre, et peu importe si vous ne connaissez rien ni personne de ces années 1970 contées avec verve par l'auteur. le plus important dans ce "journal" magnifiquement édité par Monsieur Toussaint Louverture tient dans la quête passionnée de Frederick Exley vers un absolu littéraire qui s'échappe inexorablement à mesure que l'auteur croit s'en rapprocher.
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