Les Intondables, cinquième tome de la série le Génie Des Alpages, en est un représentant caractéristique. En effet, après des débuts en fanfare, des dérives parfois un peu trop poussées du côté obscur, F'murr trouve véritablement sa vitesse de croisière ici.
Contrairement au troisième album, par exemple, nous sommes beaucoup plus dans le comique de l'absurde que du non-sens. Les deux notions pourraient paraître synonymes, à mes yeux toutefois, elles ne le sont pas.
Dans l'absurde, le trait est poussé jusqu'à l'outrance, les décalages sont phénoménaux, mais l'on perçoit encore le point vis-à-vis duquel on effectue le décalage, source vive du comique. Dans le non-sens, on perd ce point de repère, on ne peut plus alors parler de décalage, car il n'y a aucun calage. C'est ce que vulgairement on désigne sous l'expression : " ni queue ni tête ". Et le comique, dans ce cas-là, en prend un sérieux coup ; des mines dubitatives, des interrogations, mais de comique, point.
Je vous rassure, on renoue dans Les Intondables avec plus de comique (de mon point de vue). Ce n'est pas franchement hilarant, mais c'est un bon niveau moyen, pas transcendant non plus.
L'impression de lecture, par rapport à ce que F'murr a pu produire auparavant, est donc moins de pétages de boulons et de délires en tous genres et en toutes directions — pas toujours accessibles voire pas souvent — mais beaucoup plus de clins d'oeil parodiques, notamment au monde de la BD (Le Surfeur d'Argent, Tintin, Mickey et quelques autres) mais pas uniquement.
On lit aussi un propos, légèrement, progressivement mais sûrement, à chaque album plus politique ; sur l'environnement et l'aménagement du territoire, sur la condition de vie et d'expression du citoyen et même un clin d'oeil caustique à la toute récente (pour l'époque de parution) révolution iranienne.
En somme, un agréable moment (sans extase particulière non plus) en compagnie d'Athanase Percevalve, le berger, de son chien sans nom et de la myriade de brebis, de bélier et même de bouc totalement frappadingues. Comme dans le tome 4, on alterne avec des histoires courtes et des saynètes sur double-pages.
Bien évidemment, ceci n'est que mon avis, probablement plus insondable qu'intondable, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Les Génie des alpages tient une place de choix près de mon lit.
F'murrr nous a quittés il y a deux ans, que dis-je quitté, il est toujours là, le zygomaticien de génie, maître de l'absurde du calembour du jeu des mots du surréalisme, du fou rire, du non-conformisme, surréalisticoloufoque, le mot ne m'appartient pas mais je l'adopte avec joie.
Les brebis, par dizaines, racontent leurs aventures, leurs rigolades et railleries, un concert de folie d'un bout à l'autre, avec F'murrr au pupitre dont la baguette magique tient ferme son autorité loufoque.
Abousimbelle, Amabielle et Samaëlle , et la petite Anisette, Articule s'amène en courant, en tirant par la patte Attelle qui emmène Babette, Bidule trouve toujours un truc-machin accroché à Bretelle et un autre à dire à propos de la spiritualité de Bouddhinette , tandis que Frisquette et Canicule un jour se font la tête et un autre sont en cheville, j'ai failli oublier Amnésie K.O. Rondesuie , et Juliette qui s'est enfuie avec son grand amoureux d'aigle, quelle bonne compagnie, et d'autres encore, mais si j'invite toutes ces gourmandes à Babelio je crains pour les poètes en l'herbe.
Elles sont adorables, pas toujours, malicieuses, grincheuses, râleuses et surtout intondables, vous les trouverez sur les alpages, là-bas où l'herbe est douce et juteuse, elles sont toujours accompagnées par le bouc fidèle, Romuald de son nom, charmant et très affectueux, qui fond comme une glace quand Marlène lui déclare, avec son fort accent : "Tu es le blus chouette le blus kultifé, le blus chentil, le blus sensiple, le blus - Ah oui ? Ah oui ? Je vais craquer", peut-être pas un mâle dominant, et pourquoi dominer d'ailleurs, et puis les brebis n'entendent se faire dominer par personne, et le chien, cabot de génie et du non-sens, n'arrête de philosopher et de se renouveler. Il y a un berger, bien entendu, et une bergère ils font des folies et des parties de j... en l'air.
Tout est surprenant et rien ne surprend, je suis addicte alpaguée, lire et relire les 13 volumes, un par un et tous à la fois, et en mourir de rire, tout un délire qui fait du BIEN ! Les références et les clins d'oeil abondent et trouvent leur degré d'humour et, si de la barque "Ivre" quelqu'un tombe à l'eau ça fait "plioutch" et le dissident ukrainien nous rappelle les droits de l'homme... et des brebis qui ne sont pas des moutons. Et les jeux de mots de lettres et de sens abondent, quelques classiques sont invités, à leur insu. Tirer la paille la plus courte, pour éviter ou pour entrer dans le tourbillonnant piège ? Pas de crainte, toutes les pailles sont courtes !
Si vous venez dans les alpages de F'murrr abandonnez la raison en premier, elle n'y trouvera pas sa place, l'humour est déconcertant, immensément subtile et puissant.
Où que tu sois, F'murrr, ton humour fera rire des générations à venir de jeunes et de moins jeunes, jusqu'à plus de 100 ans !
En dépit de tout Joyeux Noël à vous tous amis Babelio !
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Décidément, ils n'en font qu'à leur tête ces habitants des Alpes. Mieux : ils en ont en rechange. Des têtes, pas des Alpes (quoique vu comment ils cassent le décor, on peut se poser la question).
Difficile, en somme, d'effacer l'existence de ces indigènes de papier. La gomme de la Mort risque de ne pas suffire. Ils résistent les bougres, même aplatis, enroulés (façon tapis) et enterrés.
Pourtant ils ont parfois des idées noires : ils font des vers, ils font l'hiver... Mais ils les défont tout aussi vite, quand ce ne sont pas explicitement les moutons qui remplacent la neige pour entraîner sur leur belle laine blanche les skieurs en manque de sensations fortes.
Les bonhommes de neige ont beau apprendre à parler et à chanter, ce ne sont que des alter egos bouffons, vite remisés pour la prochaine saison de névroses. Quelle chienlit, quel chiendent ! Et Romuald, qui s'était rêvé tondeur de moutons ou poète maudit… le voilà rendu aux pâturages verdoyants. Bélier !
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LE CHIEN (qui parle à deux aigles) : Que fait ce prédateur céans — ça n'est pas son territoire, ici ?...
LE PREMIER AIGLE : Il ne peut plus retrouver son aire.
LE CHIEN : Ben il n'a qu'à réciter.
Le chiendent est un être mi canin mi végétal, et qui pour se nourrir, profitant du sommeil des humains va s'agripper sur leur poitrine, en enfonçant profondément ses racines jusqu'aux organes vitaux … jusqu'au cœur … D'où l'expression : "mal de chien".
Le chien montrant au berger un endroit dans le ciel :
- Tiens regarde une péniche qui passe …
- Une péniche !!!!!!!
- C'est une de plus belle que j'ai jamais vue !!!!
- Bon ça va tu m'as bien eu !
- ?
- Tu connaissais les horaires de passage !!
- Voilà : la lune est-elle une banane et dans ce cas, où se trouve l'épluchure?
- Ça n'est pas une question scientifique...
- Ben qu'est-ce qu'il te faut? !!!
- Moi, je vais te questionner Einstein, et si tu ne peux pas répondre, tout s'éteindra!!
Et comme il ne pouvait répondre, tout bascula dans le néant!!
Ben tiens, deux autres OVI...
OVI? Ils volent mais ne sont pas des objets!!
Attention Athanase: "OVI" pluriel du latin "OVUS", ce qui signifie: "mouton". Ce n'était que deux moutons dans le ciel ... or deux moutons dans le ciel ne font pas la pluie ... par conséquent il fera beau demain.
Le graphiste F'Murrr a effectue le samedi 7 juin 2008 au Salon des Solidarités une séance de dédicace de son ouvrage récemment réédite Le char de l'État dérape sur le sentier de la guerre