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Très beau roman noir, bien construit, sur un scénario probablement déjà vu en partie dans d'autres livres, mais que l'écriture de Peter Farris magnifie dans des dialogues réussis, porteurs aussi bien de joie et peine, violence et tendresse, humour et dérision.

Deux héros dominent cette histoire, l'un proche du terme d'une vie parsemée d'erreurs et de douleurs, le vieux Leonard, l'autre, une jeune fille, Maya, déjà abîmée par les hommes, mais possédant une volonté de survivre et de vivre, ouvrant peu à peu ses sentiments au vieil homme et partageant avec lui une amitié sincère dans une intimité pleine de dangers mortels.

La vie de Leonard a été complexe, il en est encore torturé à mesure qu'il avance vers sa fin, celle de Maya en a fait une victime, en sursis car elle sait trop de choses sur les puissants de la cité qui doivent la détruire à tout prix.

Le roman s'articule donc autour de ces deux destinées qui se sont rencontrées fortuitement, viennent s'insérer de nombreux intervenants, malfaisants, plus rarement aidants, avec un suspense allant crescendo vers un dénouement peut-être attendu mais qui colle bien avec les destins des deux principaux héros.

Leurs personnalités sont très attachantes, ils ont leurs souffrances, bien différentes, ils en partagent certains pans, juste ce qu'il faut pour mieux se comprendre, s'attacher l'un à l'autre, chacun donnant et recevant le merveilleux de toute amitié désintéressée.

La nature est bien sûr présente tout au long de l'histoire mais le climat est si dense et tendu que les rares descriptions peuvent à peine se laisser effleurer par les yeux en quête du développement des événements.

Qui est donc le diable en personne? Certainement pas celui qui est cité comme tel, plutôt ange gardien protecteur. Plutôt tous ceux qui méprisent la vie humaine, écrasant sous leurs puissance et l'assouvissement de leurs perversions les plus faibles.

Belle lecture pour tous les amateurs du genre.
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Géorgie du Sud, au milieu de nulle part. Enfermée dans le coffre d'une voiture, ligotée, une chaussette dans la bouche, étourdie, Maya se réveille péniblement. Elle a beau taper des pieds et crier, le chauffeur continue de rouler, sur des routes de plus en plus chaotiques. Prostituée pour le compte de Mexico, favorite du Maire et donc susceptible de savoir certaines choses, elle se doute du sort qui lui est réservé. Lorsque la voiture s'arrête enfin, tout près de la réserve naturelle, et que les deux hommes ouvrent le coffre, elle reconnaît aussitôt Willie Watkins, un des coursiers de Mexico, et Javon. Ce dernier, bien décidé à profiter d'elle avant de la refroidir, manque de vigilance et Maya réussit à s'enfuir, évitant les balles. Courant vers une clairière, elle aperçoit un pâturage, des épouvantails et une maison tout au bout. La voix d'un homme qu'elle ne connait pas, une mâchoire qui craque, du sang qui gicle... Visiblement, il ne faut pas se croire tout permis sur le terrain de Leonard Moye !

Un vieil homme, esseulé (mis à part le mannequin Marjean), rude, violent parfois et qui sait imposer ses propres lois. Une prostituée en fuite, "princesse" de Mr le Maire, maltraitée, paumée et en pleine dérive. Un duo improbable, certes, mais qui pourtant devra faire front contre mafieux en colère, politiques véreux et accros, hommes de main vengeurs et autres flics ripoux. Si Peter Farris sait nous plonger dans une ambiance noire et violente, entre perversions sexuelles, corruption, banditisme et mafia, il sait aussi dépeindre, avec finesse, les paysages alentours et, avec sensibilité, la relation unique et émouvante qui se crée entre Maya et Leonard. Un roman tendu, nerveux et à la fois touchant. Une peinture gangrenée de la société américaine.
Diablement efficace !
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Y a Maya, la p'tite abeille copine de Willy, puis y a Maya, l'héroïne de ce livre.
Point commun, le fait d'avoir connu pas mal de dards. Trop. Pas étonnant lorsqu'on se retrouve sous la coupe d'un proxo bien plus avide d'abattage charnel que de poésie déclamée sur la plage, un coucher de soleil rougeoyant en toile de fond.
Dix-huit ans et déjà un avenir radieux aux abonnés absents. D'autant plus improbable qu'un coffre de bagnole en guise de carrosse conduit par deux branques surarmés prête rarement à la positive attitude.
C'est qu'elle connait trop de secrets, la petite. De quoi faire vaciller les puissants.
Mais le très haut, dans son infinie bonté, se fendra tout de même d'un ange protecteur.
Vous verriez la gueule du chérubin.
Leonard Moye, qu'il s'appelle.
Saint Patron du défouraillage en règle.

Comme une petite réminiscence d'Heidi , sur ce coup-là.
Mais à la sauce Peter Farris, fortement assaisonnée en plomb et autre joyeuseté létale.

À la fois touchant et effrayant, Leonard possède tous les ingrédients du type à qui on ne se frotte pas...à moins d'avoir des penchants suicidaires à l'insu de son plein gré.
La loi, pas son problème dès lors qu'il s'estime en droit de s'arroger certaines mesures de rétorsion sur ses terres.

Ces mêmes terres appelées à devenir le récif salvateur sur lequel allaient venir se fracasser moult vagues de vils salopiots n'ayant pour seul objectif que de rétamer Maya.

Peter Farris, dans un souci de juste équilibre, viendra contrebalancer toute cette violence animale par de très beaux et tendres moments d'absolue tendresse.
De celle qui naît dans les coeurs de ceux que tout oppose mais que tout réunit, finalement.
Un vieil homme solitaire et mutique devenu l'ultime rempart d'une jeune fille à la dérive.
Une raison viscérale de réintégrer le monde des vivants après avoir si longtemps côtoyer celui des presque morts.

Porté par une écriture sèche et enlevée, ce Diable ne s'habille pas en Prada mais possède, cependant, suffisamment d'atours pour vous faire éprouver de la Sympathy for the Devil.

Grand moment.
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Belle surprise que ce deuxième roman de Peter Farris !

Géorgie du Sud. Ses marécages, sa chaleur saturée de mouches, ses tatous abimant les voitures, ses coyotes. Et attention aux crocodiles qui vous attrapent la jambe, aux serpents qui glissent à vos pieds! Dans un terrain isolé au coeur de la forêt vit Léonard, ancien trafiquant d'alcool, vu comme un fou, lui qui emmène partout un mannequin, figurant sa femme, Marjean. Partie? Morte?

Et voilà que débarque soudain une toute jeune prostituée, Maya, et à ses trousses, deux tueurs! Léonard va se prendre d'affection pour cette fille meurtrie et jouer les justiciers...

Mais on se doute que les choses n'en resteront pas là. Maya sait trop de choses, notamment sur le Maire, son client attitré... Vivante, elle est très gênante...

Dans un style brut et efficace, mais coloré de poésie quand il s'agit de décrire la nature sauvage, l'auteur nous offre une chasse à la femme faite de violence et de cruauté inouïe. Il met l'accent sur toutes les manigances politiques, les agissements des gangs, les réseaux de prostitution, la brutalité et la corruption au quotidien. Un portrait acéré et juste de l'Amérique actuelle. Et une magnifique et improbable amitié, qui m'a touché le coeur.
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La petite pute et le vieux bootlegger ...ou comment trouver de la tendresse dans un monde de brutes.

Pas de doute, Peter Farris sait y faire pour planter le décor et il est désespérant, ce décor : un véritable diaporama de scènes de film noir.
Je suis toujours très sensible au contexte visuel dans un roman, me projetant aisément des images en Technicolor. Ici le ton, sec et brut, est très efficace pour imaginer des comtés de Géorgie (USA) entre campagnes isolées et quartiers citadins en faillite. Mais la plume sait aussi se faire lyrique pour décrire les forêts denses, les marais putrides et les grottes des territoires immenses de la région d'Atlanta.

Le pitch est assez prévisible mais, avec ses personnages attachants, cette histoire tient la route: La chasse à la fille peut commencer dans une atmosphère digne du film Délivrance*.

Des hommes de mains décervelés mais surarmés, des mafieux implacables, des édiles municipaux pourris et "accros" au sexe, drogues et pouvoir, des flics ripoux, des bouseux marginaux et excentriques, des petites prostituées consommables-jetables.
Tout un petit monde ne connaissant que sa propre loi.

Vous secouez le tout en ajoutant une dose de nature sauvage et souvent inhospitalière avec moustiques, mouches et alligators dans la chaleur d'étuve du Sud.

Je referme conquise ce thriller nerveux dans la ruralité américaine contemporaine. Encore une excellente production des éditions Gallmeister, spécialistes incontestées de la littérature des grands espaces naturels.

*John Boorman 1972

Sélection Policier du Grand Prix des Lectrices de ELLE 2018
Rentrée Littéraire 2017
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C'est par le billet de @Wyoming que j'ai eu envie de lire ce livre. Indiqué sur la couverture comme un roman noir, on n'est pas déçu du voyage…

Maya, jeune prostituée, se retrouve dans un coffre bâillonnée et entravée par des liens. Sa fin semble évidente et pourtant, elle parvient à se libérer.

Au moment où l'un des tueurs tente d'abuser d'elle, une dernière fois avant de l'exécuter, celle-ci parvient à s'échapper. Dans sa course, elle arrive dans un terrain dont le propriétaire, Léonard Moye, un marginal excentrique, n'admet aucune intrusion. Celui-ci prend la défense de Maya et tue un des deux malfrats.

A partir de là, Léonard, d'abord sur la défensive, se laisse amadouer par Maya qui peu à peu lui raconte sa vie, son calvaire en tant que jouet d'un certain Mexico et du Maire de la ville.

Ceux-ci n'ont qu'un objectif : tuer Maya, témoin de trop gênant.

On est dans une histoire assez classique où la corruption, le prostitution, le trafic de drogues sont les thèmes principaux. C'est donc la définition propre du roman noir.

Tous les défauts de l'âme humaine sont mis en exergue :
- Léonard, taiseux, ancien trafiquant d'alcool, menteur et tueur sans remords ;
- le Maire et Mexico, rois de la magouille, proxénètes et pédophiles ;
- Les tueurs à gages qui, oserai-je le dire: tentaient de faire leur boulot ;

Quand à l'histoire en elle-même, elle s'apparenterait à un bon western spaghetti dans lequel je verrai bien :
- Clint Eastwood dans le rôle de Léonard Moye ;
- Lee van Cleef dans le rôle de Lambert ;
- Yul Brynner dans le rôle de Chalmers ;
- Éli Wallach dans le rôle de Mexico.

Livre plaisant à lire, que je vous encourage à découvrir
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Etat de Géorgie, comté de Trickum. le décor pourrait être celui d'un film d'horreur : une ferme isolée dans la cambrousse posée sur la rive d'un étang peuplé d'alligators. Face à la bâtisse, une douzaine d'épouvantails ont été crucifiés dans un pâturage. Derrière une fenêtre du rez-de-chaussée, un mannequin installé dans un fauteuil à bascule semble scruter l'horizon de ses yeux ternes. Cette ferme, c'est le domaine de Leonard Moye, qui y vit en ermite. Seuls les chats y sont les bienvenus ; personne ne se risque à lui rendre visite. Mais une nuit, une fugitive pourchassée par deux tueurs échoue sur ses terres. Maya a échappé à la surveillance des proxénètes qui devaient l'exécuter et a trouvé refuge chez Leonard. Tout oppose le vieil homme coriace et la prostituée ingénue. Ce rapprochement improbable va ouvrir la voie à une possible rédemption. Mais avant, il faut lutter pour survivre.
Peter Farris a assemblé tous les ingrédients connus d'un excellent roman noir : un bootlegger acariâtre, un comté rural et bondieusard, des «white trash» du Sud profond, des politiciens véreux et des policiers corrompus. Ajoutez à tout cela les épices de la violence et de la criminalité (drogue, blanchiment, prostitution).Et pour corser le tout, le roman est placé dans un cadre naturel hors-norme, que l'auteur compose à merveille : paysage, faune et flore de la Géorgie. Tout est parfaitement dosé et passe allègrement grâce à une écriture fluide et à un rythme endiablé. Un roman noir comme je les aime.
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Titre : le diable en personne
Année : 2017
Editeur : Gallmeister
Auteur : Peter Farris
Résumé : Georgie du sud, au milieu de nulle part. Maya est enfermée dans un coffre et roule vers une mort certaine. Prostitué par un caïd local depuis son plus jeune âge, elle a le malheur d'être devenu la favorite d'un homme influent ce qui fait d'elle un témoin à abattre. Léonard Moye vit seul reclus dans sa maison au beau milieu d'une nature hostile. Lorsqu'il perçoit l'arrivée d'une voiture inconnue, l'homme que l'on prend pour un fou, n'hésite pas une seconde et se saisit d'une arme afin d'aller à la rencontre des intrus qui se sont engagés sur ses terres sans autorisation.
Mon humble avis : En règle générale je suis assez friand des bouquins édités par Gallmeister. Spécialiste du nature writing, des polars américains et des grands espaces j'ai rarement été déçu par cet éditeur qui m'a permis de découvrir des auteurs tels que Graig Johnson, David van ou James Crumley. C'est donc avec un plaisir certain que je m'attaquais à la lecture de ce court polar qu'on disait nerveux et addictif. Les premières pages me confortaient dans cette opinion : j'étais en territoire connu, Gallmeister nous aura encore gratifié d'un roman puissant et tout à fait dans le style que j'affectionne particulièrement. Farris est un auteur talentueux, à n'en point douter, l'ambiance qui règne dans ce diable en personne est pesante, lourde. Nous sommes ici dans une région rurale où l'on touche du doigt l'envers du rêve américain, la nature est hostile et les personnages de ce roman sont aussi frustres et sauvages que le décor qui les entoure. le style de l'auteur est parfois lyrique lorsqu'il dépeint la nature mais toujours direct et brut lorsque la narration se rapproche de l'humain. Sur un sujet balisé et somme toute plutôt banal, Farris parvient à passionner son lecteur grâce à un talent certain pour installer une ambiance et dépeindre une galerie de personnages pervers, jusqu'au-boutistes et d'autres plus nuancés. Sans surprise le récit se déroule à un rythme soutenu, marqué par des scènes d'action plutôt réussies ( pas mes scènes préférées néanmoins ) et d'autres scènes plus intimistes où l'on apprend à connaître et à entrer en empathie avec les deux personnages principaux de ce polar sec et sans fioritures. Oui Farris va à l'essentiel : les cadavres s'accumulent et le sang coule à flot dans ces marécages de Georgie du sud et ce pour le plus grand plaisir du lecteur que je suis. Par certains aspects ce polar m'a rappelé un film formidable : White Lightin du génial Dominic Murphy sorti en 2008 et passé complètement inaperçu. Farris dépeint à merveille cette Amérique laissée pour compte, gangrénée par la violence, la pauvreté et la corruption. C'est à mon humble avis fort, rude et passionnant de bout en bout. Encore une belle réussite chez Gallmeister. 
J'achète ? : Oui sans aucune hésitation. Si comme moi tu es passionné par les polars authentiques, témoins d'une réalité sans concession tu ne pourras que dévorer ce court roman de Peter Farris.
Lien : http://francksbooks.wordpres..
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Dans la famille des amitiés improbables qui se révèlent toujours les plus solides, je voudrais Leonard le vieux bouilleur de cru qui vit avec une armée de chats et un mannequin de couture, et Maya, jeune fille dressée à assouvir les pulsions les plus cradingues des nantis de la région, du riche homme d'affaire jusqu'au maire de la ville.
Ces deux-là, qui n'ont en commun que leur marginalité, n'auraient jamais dû se croiser, Leonard n'ayant aucune disposition particulière pour les relations avec ce qui pourrait être sa petite fille et Maya, n'allant que là où elle est louée, n'aurait certainement jamais mis les pieds sur la propriété de cet ancien bootlegger qui ne permet de toute façon à personne de fouler son terrain sans sa permission expresse. Mais Maya a entendu les confidences sur l'oreiller du taulier de l'hôtel de ville et serait capable, si elle décidait de l'ouvrir, de mettre à mal tout le système de criminalité en col blanc du district et ça pourrait bien remonter très loin alors inutile de prendre le moindre risque, Maya doit débarrasser le plancher et quel meilleur endroit qu'un coin isolé de cambrousse pour régler définitivement cette sale habitude qu'elle a de respirer ?
Et si le plan Faire-taire-la-poule-du-maire n'aurait dû être qu'une simple formalité, c'était sans compter sur Leonard Moye qui, tout misanthrope qu'il est, apprécie moyennement que des malabars armés jusqu'aux dents s'en prennent à une petite nana sans défense, chez lui et sans son consentement en plus, non mais on croit rêver !

Peter Farris a des influences, on peut pas nier. Il ne les pompe pas, non, mais on les perçoit bien en filigrane, d'ailleurs il le dit lui-même, parmi ses écrivains fétiches on trouve comme ça dans le désordre : Harry Crews (Farris a un goût indiscutable, et je le dis en toute objectivité, si !), Dorothy Allison, Larry Brown, Flannery O'Connor, Rick Bass, pour ne citer qu'eux. Et c'est vrai, tout est là : du trash, de l'Amérique profonde, un soupçon de ferveur religieuse, du sudiste mal dégrossi et hop, on plante le tout à Plouc-City qu'ici Peter Farris à choisi de renommer Trickum County, pour la discrétion.
And the rest is history, la recette classique du polar noir bien serré mais qui rate rarement sa cible, un livre qui ne s'impose pas trop de limites et malgré des personnages parfois un poil caricaturaux (maire pourri jusqu'à la moelle, mercenaires et dealers en guise de gardes du corps, vieil ermite détestant la terre entière mais qui, à la première occasion, se révèle être un pied tendre...) ça n'en reste pas moins un bon Gallmeister qu'on lit avec un petit sourire gras et jubilatoire. Pourquoi s'en priver ?
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« le diable en personne » est un bon polar comme je les aime. Tous les ingrédients étaient réunis pour réussir à me faire entrer dans le roman et tourner les pages avec avidité jusqu'à la fin : une histoire assez noire, saupoudrée de quelques notes d'humour peut-être toutes aussi noires, des personnages assez complexes et intéressants, à la description plutôt bien fouillée, une intrigue qui tient en haleine mixée à quelques grammes d'émotion.
Géorgie du Sud… Maya, dix-huit ans, réussit à s'échapper alors que deux hommes tentent de la tuer. Elle est sauvée et recueillie par un vieil homme solitaire Léonard Moye, qui va la prendre sous son aile et la protéger. Dès la première page, on apprend que la jeune femme est une prostituée dont le proxénète a cherché à la supprimer parce qu'elle connait un secret.
Résumé comme ça, on pourrait se dire « ouais, bof, merci bien, mais non. », c'est du déjà vu, pas de quoi s'emballer et se précipiter dans la 1ère librairie venue, toute affaire cessante, surtout en ce moment*. J'avoue que moi-même j'avais hésité à l'emprunter avec cette 4ème de couverture. Sans parler de la 1ère de couv' qui n'a guère aidé à me rassurer sur la qualité du roman. Finalement, je me suis laissé tenter par le fait que ce soit une édition Gallmeister et je n'ai pas été déçue.
Alors je recommence, plouf, plouf… Oubliez mon résumé mal dégrossi de l'histoire et pensez simplement que l'auteur Peter Farris, par son écriture acérée et psychologique, arrive à créer une atmosphère sombre, angoissante parfois, qui s'accorde bien à l'ambiance des bourgades rurales des Etats-Unis du Sud. Alcool de contrebande, sexe, politique, violence, amitié et haine. le programme est sympa pour quelques jours… de lecture tout du moins… et encore, je n'ai pas parlé des terres du vieux Moye, au milieu de nulle part, dans la forêt, avec les petites bébêtes qui vont avec, agrémentées de quelques épouvantails pour éloigner les curieux ni de son mannequin dans sa cuisine assis dans un fauteuil habillé à la mode de son cru et qu'il prend pour sa femme.
En plus des rebondissements et les moments plus musclés, c'est l'apprivoisement entre Maya et Léonard, deux êtres un peu perdus, solitaires, qui fait le petit plus de ce roman noir. Et si on nous a déjà raconté l'histoire du vieil homme revêche et grincheux, misanthrope, qui finit par s'adoucir et montrer la douceur qui est en lui (un peu du genre Gabin ou Galabru mais au physique plutôt grand et maigre), et même si les méchants sont de foutus méchants, et bien, ça coule quand même comme une bonne rasade de whisky un soir d'hiver.
Le style de Farris est assez plaisant. Il sonde l'âme humaine, les travers, les perversions, les difficultés relationnelles. Et il laisse aussi entrevoir quelques moments de beauté et de bonté. Quelques percées du soleil parmi les nuages, ça fait du bien. Les épouvantails auraient beau ricaner, ça donne quand même un peu de sourires dans ce monde de brutes…
Un bon polar qui vaut le détour, pas forcément jusqu'en Géorgie du Sud, mais au moins, plus sûrement, dès que possible, jusqu'à une librairie ou bibliothèque pour découvrir cet écrivain*.

*Les habitudes -même langagières- ont la vie dure : en ce moment, inutile de se précipiter dans la première librairie venue. le plaisir s'en trouvera forcément décuplé, une fois la bise revenue.
Et si je puis me le permettre, si vraiment l'envie vous démange d'acquérir un livre, passez commande par internet via une librairie indépendante plutôt que le mastodonte sans foi ni loi, le godzilla bouffeur des indépendants et petits artisans.
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