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3,65

sur 671 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il y a de ces tous petits romans qui en s'arrêtant chez vous, laissent une trace indélébile sur votre coeur. Nagasaki.
Il y a mille regards qu'on peut porter sur l'incompréhensible et un seul qui devrait suffir.

L'histoire d'une cohabitation secrète entre deux solitudes. C'est sa maison à Shimura. C'est son placard à elle, la clandestine.

L'homme regarde le ciel de son bureau comme le météorologue qu'il est. La femme regarde le ciel, le soleil sur sa peau.

L'homme se rend compte de la présence de cette autre chez lui. Il retourne et remue sa solitude à coups de rêves inassouvis, de fantasmes abandonnés.
Il se débat entre envies et peurs.

On fuit tous quelque chose. Nul refuge ne peut recueillir la paix tant qu'en soi elle se chamaille avec nos peurs.

Nagasaki.
Quelques pas en pépite.
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C'est sur les conseils de belle-maman qui m'a prêté ce roman que je découvre Eric Faye.
Nagasaki est un court roman ou une longue nouvelle qui nous plonge au coeur de Japon. Shimura-san est un homme qui vit seul dans sa petite maison :
"Il faut imaginer un quinquagénaire déçu de l'être si tôt et si fort, domicilié à la lisière de Nagasaki dans son pavillon d'un faubourg aux rues en chute libre. Et voyez ces serpents d'asphalte mou qui rampent vers le haut des monts, jusqu'à ce que toute cette écume urbaine de tôles, toiles, tuiles et je ne sais quoi encore cesse au pied d'une muraille de bambous désordonnés, de guingois. C'est là que j'habite."
Peu à peu, il a comme une étrange impression que des choses disparaissent : un yaourt dans le réfrigérateur, un fruit, un peu de jus de fruit en moins dans la bouteille....
"A-t-on jamais vu un réfrigérateur hanté ? Ou qui se nourrit en prélevant une part de son contenu? "
Si au début, il pense à de l'inattention, très vite il devient suspicieux et installe une petite caméra dans sa cuisine. Ce qu'il va découvrir n'est pas du tout ce a quoi il s'attendait.

C'est un roman prenant que l'on dévore d'une traite. L'écriture est belle et poétique et j'ai beaucoup aimé la construction du roman qui oppose les deux personnages. Shimura-san m'a paru froid et j'ai eu du mal a m'y attacher. Bon, en même temps, je suppose qu'il a des circonstances atténuantes face a cette curieuse découverte. J'ai, par contre, beaucoup plus aimé la seconde partie du roman ou l'on apprend davantage sur ce second personnage. On éprouve forcement de la sympathie et de la pitié au fil des pages.

Je suis en tout cas conquise et ce livre est un vrai coup de coeur. Je pense partir très vite à la recherche d'un autre roman de l'auteur à découvrir.
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
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Lu en quelques heures seulement, on peut donc dire que j'ai littéralement dévoré cet ouvrage.

L'histoire est celle de Kobo Shimura, un météorologue âgé de 56 ans et résidant à Nagasaki. Sa vie est des plus banales puisque célibataire, sans enfants, il vit seul, n'a pas de relation amoureuse et ne sort jamais avec ses collègues de boulot pour aller boire une bière après le boulot. Sa vie est d'un ennui à mourir et est chronométré à la minute près, à savoir par exemple qu'il de lui arrive pratiquement jamais de dîner après 18h30. Il connaît les rayons de son frigo par coeur, ce qui va lui permettre de se rendre compte que quelqu'un s'y sert de temps en temps. Après avoir mis cela sur le compte de la sénilité, il en est arrivé à obtenir des preuves irréfutables qu'une personne, une femme, se servait régulièrement dans son frigo. Il n'était donc ni fou ni sénile mais ce qu'il ignorait, c'est que cette même femme cohabitait avec lui depuis un an, et ce, à son insu. Lui qui est si méthodique et droit dans sa vie, comment ne s'est-il pas rendu compte plus tôt qu'une autre personne que lui utilisait la même douche que lui et dormait sous son toit ?

Une histoire très émouvante et très bien écrite. La fin, que je ne vous dévoilerai pas, pour ne pas gâcher l'effet de surprise, m'a néanmoins laissée sur ma faim, effet bien évidemment intentionnel de la part de l'auteur. Je trouve d'ailleurs que ce dernier réussit parfaitement son coup puisqu'il permet au lecteur d'imaginer sa propre continuité de l'histoire en lui permettant de vaguer à mille et une interprétations possibles. de plus, qui a dit que "l'Histoire est un éternel recommencement ? "
Lisez ce livre si vous voulez comprendre où je veux en venir...
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Ce court roman m'a marquée profondément, je l'ai d'ailleurs relu et l'émotion est intacte, plus intense encore ...

Eric Faye signale au départ qu'il s'est inspiré d'un fait-divers japonais. Une triste histoire comme tant d'autres , vite effacée par la ville moderne indifférente et anonyme, qui brasse les humains comme des objets.

Shimura est un célibataire d'une cinquantaine d'années,vivant à Nagasaki, qui aime la solitude.Il est météorologue.Le livre s'ouvre sur sa narration: il raconte qu'il s'est rendu compte progressivement que quelqu'un venait chez lui et lui dérobait de la nourriture.Il fait installer une webcam et finit par s'apercevoir qu'une femme de son âge vit effectivement dans son habitation.Un peu lâche, il se contente de prévenir la police , qui appréhende l'intruse.Elle sera restée en fait un an chez lui...

Cette anecdote est déjà en elle-même surprenante mais si l'auteur ne s'en était tenu qu'à cela, le roman n'aurait pas la force et l'intérêt qu'il prend ensuite. En effet, le point de vue change alors et c'est celui de la femme , "l'intruse", qui est donné. Après une peine assez légère ( mais on peut se révolter en se disant qu'elle n'a rien fait de mal vraiment; je reconnais qu'on peut aussi se dire qu'elle a d'une certaine façon " violé" l'endroit), elle sort de prison. Et elle retourne sur les lieux.La maison est en vente.Elle se rappelle que lors de l'audition, le propriétaire avait dit " Je ne peux plus vivre là-bas."

La lettre finale qu'elle lui envoie et dont bien sûr je ne révélerai rien, est bouleversante et éclaire d'un jour complètement nouveau ce drame de la solitude urbaine, de la nostalgie, du chagrin inconsolable, qui nous poursuit longtemps, lancinant et tenace.
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OH ! merveille que ce petit roman basé sur une histoire vraie! Cette histoire aurait pu être banale et voici que l'auteur nous la raconte, la fait vivre et vibrer de façon extraordinaire ! ... Une triste vie de célibataire de 56 ans, banlieusard et solitaire, c'est celle de Shimura-san à Nagasaki, rempli d'habitudes et d'ennui, un jour il s'aperçoit que chez lui quelques objets et de la nourriture disparaissent mystérieusement...Qui est ce mystérieux intrus qui se permet de "squatter" chez lui ? Une souris, un cambrioleur, un SDF ou des lutins de maison ?
Il va découvrir avec stupeur que son locataire est très loin de ce qu'il imagine...

C'est subtilement narré, fluide par l'écriture, cette histoire est incroyable, elle aurait pu très mal se terminer mais le personnage fait preuve d'altruisme et de bienveillance... belle leçon de fraternité qui par les temps qui courent fait du bien !
A découvrir et à lire absolument !
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Lu à sa parution, en 2010- Paris 19e/ Relecture le 27 mars 2023

Un souvenir très, très marquant de lecture , en dépit de sa brièveté....Devant écrire un texte sur un fait de société, j' ai soudain songé à l'illustrer avec ce texte.
J'ai donc été rechercher directement mon exemplaire sur mes rayonnages surchargés...et l'ai relu dans la foulée !

Cette relecture m'a autant interpelée et émue que la première fois !
Cette fiction est toujours d'une vive actualité à plus d'un titre : La solitude urbaine, une société de plus en plus individualiste et repliée sur elle-même, les laissés-pour-compte...sans toit ni emploi, la crise économique qui balaye les humains,etc.

Une femme mystérieuse de cinquante-huit ans, clandestine depuis un an dans une maison....

Son occupant officiel s'étonnait de voir des aliments disparaître de sa cuisine.Cet homme, un quinquagénaire célibataire , et routinier, météorologue de profession, décide d'installer une caméra et a constaté qu'une inconnue déambulait chez lui en son absence. Ce simple fait divers dans un quotidien du matin à Nagasaki, en 2008, va inspirer très fortement Eric Faye dans cette fiction !

Le récit se fait exclusivement par la bouche du propriétaire de la maison, hormis quelques pages vers la fin du roman , où l'auteur donne la parole...à cette " clandestine" , qui finit par nous émouvoir , découvrant avec surprise pourquoi sur les trois maisons qu'elle squatte discrètement, c'est la maison de notre narrateur qu'elle préfère par-dessus tout !

"Je n'ai jamais aimé ceux qui réussissent.
Non pas parce qu'ils réussissent, mais parce qu'ils deviennent le jouet de leur succès, d'un Moi aveuglé. le Moi à tout prix est la fin de l'homme.
La Crise rend les hommes un peu plus seuls.Que signifie encore ce " nous" qui revient à tire- larigot dans les conversations ? le " nous" meurt.Au lieu de se regrouper autour d'un feu, les " je" isolent, s'épient. Chacun croit s'en sortir mieux que le voisin et cela, aussi, c'est probablement la fin de l'homme."

Dans le monde sans imprévu de ce quinquagénaire célibataire et solitaire , l'intrusion de cette " clandestine" dans sa maison va faire l'effet d' un bouleversement bien plus violent qu'il n'y paraît

Une sorte de tsunami, qui va tout remettre en cause dans sa petite vie routinière , sans la moindre aspérité, ni attachement affectif...Car ce roman parle aussi de deux Solitudes immenses...dans la grande ville !




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Le Nouvel Obs : « Eric Faye méritait depuis longtemps un grand prix littéraire. Il a fallu, comme souvent, qu'il publie son moins bon livre pour que l'Académie le couvre d'honneurs justifiés par ailleurs. »

Je commence donc par le moins bon, d'après ce canard, Grand Prix du Roman de l'Académie Française tout de même. Je me demande ce que devait être ces précédents romans car pour ma part, ce dernier paru en 2010 m'a totalement subjugué et conquis l'espace de deux petites journées. le roman n'est pas bien épais, à peine 110 pages, mais pas un mot de trop pour une histoire tirée d'un fait divers paru dans plusieurs journaux japonais dont l'Asahi.

Shimura-san est un météorologue, la cinquantaine, célibataire, un peu maniaque, un peu dépressif. Il vit seul dans une maison silencieuse de Nagasaki où chaque chose est rangée à sa place. Un quotidien d'une banalité effarant où Shimura-san ne fait strictement aucun écart de conduite à sa vie parfaitement réglée. Un jour, des soupçons envahissent son esprit. Il a le sentiment qu'un pot de yaourt a disparu et que le niveau du jus de fruit s'est légèrement abaissé… Il ne lui en faut pas plus pour installer une webcam dans sa cuisine et surveille ainsi, de son travail, la porte de son frigo… Jusqu'au jour où l'ombre d'une femme, ni belle ni jeune, apparait sur l'écran de son ordinateur…

Comment décrire un tel livre, si court mais si humain. Je me revois lorsque je découvrais « Neige » ou « Soie », deux autres courts romans écrits par des occidentaux sur le Japon. Comme ces deux précédentes oeuvres, j'ai eu le sentiment que l'auteur s'était mis au diapason de la littérature nippone. La plume aurait très bien pu être tenue par un auteur japonais sans que l'esprit du roman n'en soit affecté dans un sens ou l'autre. Et pour rester dans les impressions asiatiques, tout en lisant ce roman, je revoyais des images du film de Kim Ki Duc, « Locataires », le sentiment de découvrir en cette ombre parue furtivement sur la webcam de Shimura-san, une « visiteuse » venue s'apaiser dans cette maison vide et absente de son propriétaire…

Il y a des livres qui semblent vous marquer plus que d'autres. Ce « Nagasaki » en fait partie. Juste une impression, celle d'avoir entrevue des sentiments humains dans ces deux personnages (et c'est suffisamment rare de nos jours). Je sais que je ne me contenterai pas de cette simple lecture. le livre est rangé dans ma bibliothèque, à l'abri de la poussière et de la lumière vive, à coté des autres romans japonais, et dans quelques mois, je le ressortirai et reprendrai plaisir à ressentir ces mêmes émotions… et sûrement à en découvrir d'autres…
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Shimura-san est un célibataire de 55 ans qui vit seul dans sa maison de Nagasaki; la télévision, la lecture, les réflexions sur le vieillissement de la population et la robotique occupent les loisirs de ce météorologue.

Les premiers soupçons de Shimura-san naissent lorsqu'il remarque la disparition, dans sa cuisine, de certains aliments qu'il est certain d'avoir achetés. Muni d'une règle graduée, il part à la recherche d'indices pour étayer ses doutes.

Les dépressions cycloniques, les typhons ne suffisent pas à le détourner de cette idée fixe: quelqu'un s'introduit dans sa maison lorsqu'il s'en éloigne et utilise ses provisions.

Pour en avoir le coeur net, il installe une webcam qu'il active durant ses heures de travail. Ce piège lui permet de poser l'oeil sur l'intruse et d'alerter les services de police qui viendront la cueillir chez lui.



Eric Faye part d'un fait divers pour écrire cette non-rencontre entre deux personnes fragilisés par la vie. Shimura-san est un homme quelconque, fade enchaînant immuablement et méthodiquement le quotidien de ses journées; la femme qu'il héberge a subi le naufrage de sa vie antérieure et semble trouver dans cette maison de l'apaisement:

« Oh ! Peu lui importait à cet instant précis, de n'avoir ni charme ni jeunesse, je le savais bien. Elle était seule, croyait-elle, et tout à son enchantement. Les yeux toujours à demi-fermés, elle souriait. Et je me suis dit alors elle doit souffler, se remettre qui sait de quelles peurs et souffrances. »

Dans l'exiguïté de sa cellule, la clandestine devient la narratrice pour expliquer son intrusion. C'est un moment intense et émouvant que celui des révélations.

Eric Faye ouvre son récit en pénétrant, presque par effraction lui aussi, dans la vie de cet homme et s'éclipse très vite en laissant le lecteur poursuivre ses réflexions et imaginer le parcours futur de ses personnages.

Une histoire sobre et marginale qui se penche sur la solitude morale et physique des individus et qui décrypte notre relation avec notre maison, notre "home sweet home".

Une interprétation toute en finesse d'un fait divers commun dans une ambiance nipponne réaliste et contemporaine.

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Un petit roman court, écrit d'après un fait divers au Japon.
Chaque soir, après son travail un homme rentre chez lui et trouve à chaque fois des objets déplacés ou la bouteille de jus d'orange du frigo plus vide que lorsqu'il est parti le matin... Hallucination ou quelqu'un lui fait-il une farce? A découvrir pour le thème et l'écriture très belle et simple! Un roman assez bouleversant.
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Un petit chef-d'oeuvre contemporain comme je les aime!

J'ai beaucoup apprécié la forme de la narration à travers laquelle on pénètre la vie,
l'histoire, les pensées les plus profondes des deux personnages principaux.
Grâce à la narration il est aisé d'établir un parallèle entre les vies des deux personnages,
lesquels présentent de fortes similitudes mais également un point commun fort: cette
fameuse maison.

Par ailleurs, l'histoire, apparemment tirée d'un fait réel, en plus d'être très bien "mise
en texte" est très originale. Une originalité soulignée par les dernières pages de ce
petit roman lesquelles apparaîssent comme une véritable chute puisqu'en effet elles
nous délivrent tous les secrets et répondent à toutes les questions que le lecteur aura
pu se poser tout au long du livre.

Evidemment, je n'en dirai pas plus sur le contenu de cette oeuvre que je conseille
fortement à tout lecteur avide et affamé, ou même au lecteur le plus sage. A travers
un fait réel, l'auteur aborde des thèmes relativement critiques tels que la solitude, le monde du
travail pour les quinquagénaires qui se retrouvent au chomâge, la crise, la société actuelle
et ses nombreuses problématiques....

En bref, voici une oeuvre intelligente et originale.

Encore une fois mon ptit nez de lectrice m'a bien guidé et je l'en remercie!
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