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Critique de MaxSardane


Ah, la forêt mystérieuse dans laquelle on n'a pas le droit d'aller, la maison détentrice de vieux secrets qui ne demandent que l'arrivée d'une bonne petite famille américaine pour se réactiver ! Un postulat connu, mais toujours aussi efficace. Ce roman est, paraît-il, un classique du fantastique, qui aurait ouvert la voie à beaucoup de romans du genre venus par la suite. On le comprend aisément à la lecture, tant on retrouve des choses qui sont aujourd'hui très familières : le côté sombre des contes de fées, le folklore celtique, etc. Pensant naïvement avoir lu le meilleur de ce que le genre féérique a à offrir, j'avais dédaigné ce roman en le prenant à tort pour une fantasy classique (la lecture de l'interminable trilogie des Elfes de Jean-Louis Fetjaine m'ayant bien vaccinée). Erreur ! Ici, on n'est pas dans la fantasy à la Tolkien, mais dans le fantastique… ouf ! Et merci au billet du blog SyFantasy de m'avoir mise sur le droit chemin en évoquant ce bouquin dans son dossier « 3 romans de fantasy à la frontière du fantastique ». Quelques mots clés bien choisis m'ont décidée à sauter le pas : « Stephen King en pleine campagne », « horreur, lyrisme et merveilleux », « revisite du mythe de la chasse sauvage », « contes et légendes d'autrefois » + « modernité »… comme quoi, on peut avoir de bêtes a priori sur un livre, et passer à côté d'une fort plaisante lecture !

Ce que j'ai aimé :

- les « faies » sont méchants. Très.
- mais ils sont aussi magnifiques et on se damnerait (littéralement) pour eux. Ce ne sont pas des Cullen ou des Harry Stiles pour autant : on est très loin du YA, ici !
- le folklore des êtres surnaturels traité dans son entièreté, en mêlant traditions gaéliques, saxonnes, germaniques, et même orientales (les péris), tout en restant extrêmement fidèle aux matériaux sources. Ce roman traite notamment de l'un des personnages les plus intéressants du folklore irlandais : Amadán na Brionna, le « fou ». À ma connaissance, il n'y a qu'un seul autre auteur de fantaisie qui fait apparaître cette entité particulièrement inquiétante comme personnage dans un roman (et le fait bien) : c'est Léa Silhol dans Vertigen (bon, je vais arrêter de parler d'elle. Un jour.)
- le suspense et le rythme, en dépit du thème archiconnu (qui ne l'était pas tant que ça à l'époque) et l'effet tourne-page. J'ai lu ce livre en une après-midi.
- la concision et le côté extrêmement ramassé de la construction du livre : aucun passage/info inutile (sans être trop prévisible). Je craignais qu'à un moment donné, le roman parte dans tous les sens, mais ce n'est jamais arrivé.

Ce que je n'ai pas aimé :

- la langue : il y a de très belles choses, mais aussi beaucoup de répétitions, de phrases hachurées ou possédant la même structure.
- quelques coquilles et bizarreries de traduction : espaces manquantes ou en trop, expressions idiomatiques traduites littéralement (et donc incompréhensibles). Bizarre, car le traducteur est Jean-Daniel Brèque, l'excellent traducteur de Dan Simmons et de tant de monuments de l'horreur.
- le roman date un peu (1988!) et depuis, la société a (beaucoup) changé. Des personnages présentés de façon positive comme Gabbie, véritable caricature d'enfant gâtée et de riche héritière ricaine qui plie tout le monde à sa volonté en deux coups de fil, le recours quasi constant des persos à une batterie d'avocats ou autres agents du capitalisme triomphant ne passent plus, ni les réflexions qui sont faites sur les rapports hommes-femmes et le traitement des agressions sexuelles. Heureusement, l'auteur est fin et intelligent : il avait pressenti une évolution, puisqu'il nous sort les « dernières théories » sur l'accompagnement psy des victimes de viol, qui sont considérées comme acquises aujourd'hui, mais paraissaient apparemment révolutionnaires à l'époque…
- la fin qui part un peu en eau de boudin. Visiblement, il fallait conclure, et après avoir distillé les infos au compte goutte pendant plusieurs centaines de pages, il fallait le faire vite !

Ça ressemble à :

- Nuit d'été (Dan Simmons) et Ça (Stephen King) : comme dans ces deux romans, ce sont les enfants qui sont en première ligne pour lutter contre un mal pernicieux et ancien. À l'instar d'Alice au Pays des Merveilles et des gosses dans Peter Pan, ils ont accès à une dimension parallèle dans laquelle ils pourraient bien rester pour toujours… sauf que l'autre monde de Feist est plus proche d'Hellraiser que du pays des enfants perdus.
- Sous le Lierre (Léa Silhol) en nettement moins poétique, romanesque et littéraire : ici, on est plus dans le genre de l'horreur que du réalisme magique. Les points communs : le thème de la Chasse Sauvage, la propriété garante d'un pacte ancien, la forêt dangereuse, avec ses êtres qui exercent sur les mortels un attrait magique et sexuel.
- Dr Norell & M. Strange (Susanne Clarke), pour le lore féérique très authentique, certains décors de l'autre monde (pour moi, les plus belles et inquiétantes descriptions de l'autre monde sont celles de Clarke) et le coven de « mages » qui tentent tant bien que mal (plutôt mal) de le contenir.
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