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sur 500 notes
Amis Babéliotes, je ne savais pas que ce livre mettrait tragiquement fin à un rêve de gosse : vivre dans une cabane, retirée du monde, au beau milieu de la forêt. Robinson a son île, Tesson, sa Taïga et moi, j'avais encore il y a quelques jours, ma cabane en bois dans la forêt des Landes, entre Pindères et Pompogne. Mais depuis ma participation à la lecture commune de Faërie de Raymond Elias Feist, je n'en suis plus tout à fait sûre. Certes, je connais le bruit de la forêt, les sifflements du vent dans les branches, les troncs qui craquent, les animaux qui rampent, ceux qui piquent et ceux qui nous évitent, mais ça ! Je ne connaissais pas… Pas encore.

J'avais bien compris que cela me ferait flipper, que sous couvert d'un titre que n'auraient pas renié mes cousins les bisousnours, se cachait une réalité tout autre. Je m'étais donnée une limite : les cent premières pages et si je vire au bleu, la peur brandissant sa couleur, je ferme, m'excuse platement et déclare forfait par abandon.

Toi qui l'a déjà lu, tu rigoles en coin, parce que tu sais ! Et toi qui lis sans connaître, tu dois trouver cette entrée en matière très légère pour ne pas dire « cavalière ». Et tu auras raison. Parce que ce n'est pas comme cela que les choses se passent, ce n'est jamais comme cela dans la vraie vie ; les livres ont raison de nous plus souvent que nous d'eux, mais c'est un autre débat que je n'ouvrirai pas. Pas maintenant.

Je cause, je cause, et avec tout cela je ne t'ai pas encore parlé de l'intrigue, de cette fameuse couleur de la peur, de l'angoisse qui prend son temps (elle s'en fout, elle n'est pas pressée, elle sait qu'elle aura tes tripes) et de ce monde des fées, que n'auraient pas renié un Poe ou un Gaiman. Mais voilà, tout le souci est là : si je commence à te raconter l'histoire, à m'aventurer avec toi sur la colline du roi des Elfes et aux abords du pont du Troll, à tremper mes jolis petits orteils à côté des tiens dans le ruisseau qui sourd, mais je fous tout en l'air, je te gâche ton futur voyage dans cet univers, un peu comme si tu briefais Alice, juste avant sa traversée du miroir. Je ne veux pas être responsable de ce gâchis-là ! Alors, tu comprends, je tourne autours, je fais celle qui… mais au fond de moi, c'est que je les sens encore : ces foutus noeuds dans l'estomac et ce trouillomètre à zéro.

"Ce n'est rien, juste un coup de froid dans le coeur."

Ça aide pas à conter des histoires de fées tout cela, mais je peux quand même essayer :

Il était une fois, la famille idéale (entre Ingalls et Beaumont), qui décide de s'arracher au tourbillon sans fin de la vie new yorkaise pour venir se ressourcer dans la maison Kessler, une ferme isolée à l'orée des bois. Tout se passe pour le mieux dans le meilleur des mondes : les garçons jouent au base-ball, la plus grande tombe amoureuse, le papa écrivain, écrit ; seule la maman est à deux doigts de regretter ce départ, mais toute la famille semblant comblée, elle finit par se réjouir. Ils font la connaissance de deux universitaires qui s'intéressent pour leurs recherches à l'ancien propriétaire de la maison ; ils dissertent sur les légendes passées, sur ces celtes porteurs de mythes et de récits dont la magie n'a d'égal que la cruauté. D'ailleurs, cette forêt en aurait été le théâtre ! Des légendes ? Ça, c'est ce qu'on dit pour que les gens cessent de s'y aventurer. Plus les histoires sont vieilles, moins on y croit. Et plus elles sont belles… Mais quand elles sont terribles, angoissantes et meurtrières, on ne pense pas aux elfes. Encore moins aux fées. Pas tout de suite. Pas la première fois, alors on…

Tu as entendu là ? Ce craquement ? Non... Et cette odeur ? C'est quoi ? Dis-moi ? On dirait un mélange de fleurs et d'épices ? Hein ? C'est ça, tu crois...
Oublie ! Oublie tout ce que je viens de te dire…
Les fées sont des petites amours douces et charmantes. Les mages sont des êtres vénérables et puissants ! Seuls les trolls sont méchants et vicieux. C'est bien connu !

D'ailleurs, c'est pas moi qui ais eu l'idée de propager cette lecture, c'est Ange77 et Siabelle, je peux te mettre un lien vers leurs profils, si tu veux, d'ailleurs Siabelle a lancé un fil sur le forum «Science-Fiction et Fantasy » de Babelio, c'est « Lecture Commune : Faërie de Raymond E. Feist ». C'est ici, je te mets le lien :

http://www.babelio.com/forum/viewtopic.php?t=12729

Mais ne leur dis surtout pas, car c'est pas trop porteur de dénoncer les copines. En règle générale, ça le fait pas du tout et ça risquerait de me mettre au banc de la communauté babéliote et ça, à six jours de me rendre au pique-nique de Lyon, j'supporterais pas !!!
Si cela marche pour toi. On fait comme cela ! T'oublies. T'oublies tout !
Et on est bien d'accord : je-ne-t-ai-RIEN-dit !
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Il faut toujours croire les enfants quand ils voient, au coeur de la nuit, dans les recoins les plus obscurs de leur chambre, quelque créature maléfique et monstrueuse. Réveillés en sursaut par les hurlements de leurs progénitures, les parents, au lieu de sécher leurs larmes et de les morigéner avec tendresse, feraient mieux de regarder à deux fois les replis ténébreux de leurs demeures…
Si Gloria et Phil avaient appliqué cette remarque de bon sens, s'ils avaient pris au sérieux les terreurs nocturnes de leurs jumeaux, ils se seraient évités bien des chagrins. Une famille sympathique, au demeurant ! Un peu caricatural, il est vrai. A l'abri des besoins matériels. Nous pourrions les qualifier de bobos… Mais cette famille s'aime. Elle est soudée, et vit au rythme des bouderies de la belle Gabbie, la grande frangine, et des rires, des cris, des disputes, des bagarres de Sean et Patrick, les jumeaux, qui cavalcadent comme des fous dans cette nouvelle demeure où la tribu vient d'emménager.
C'est une ancienne ferme isolée en bordure d'une grande forêt. Une vielle bâtisse baroque, envoutante… et très inquiétante aussi. Les jumeaux sont les premiers à sentir ces ondes pernicieuses qui la traversent de part en part. Elle est située à la frontière entre deux univers : celui des mortels et celui insolite des fées, farfadets, et autres lutins… Un monde magique, mystérieux, à la fois sombre et étincelant. Ses habitants sont d'une beauté à couper le souffle ou d'une laideur repoussante. Mais surtout, surtout, il y règne une malignité rampante, une malice, une malveillance qui broie ceux qui ont le malheur d'entrer dans cet univers infernal. Au fil des mois qui passent, la frontière entre ces deux univers devient de plus en plus poreuse… pour le plus grand malheur de la gentille et bruyante tribu qui a investi cette demeure pleine de mystères…
Confrontés à ces évènements incompréhensibles, incroyables, les adultes ne se montrent pas à la hauteur. Ils perdent pied, tournent en rond, s'affolent ; ils supputent, font de grands effets de manches ou de mentons, échafaudent d'inutiles hypothèses… Et c'est finalement le plus petit, le plus faible, le rêveur, le doux, le gentil qui, armé de son seul courage et de son innocence, va résoudre cette crise et ramener tout le monde chez soi…
Merci à Siabelle pour m'avoir associé à cette lecture commune. Plusieurs lectures de ce livre ont été effectuées, et pas un qui n'ait vu, ni ressenti la même chose…
S'il vous prend l'envie de lire Faërie, un conseil d'ami : retrouvez votre âme d'enfant. Surtout quand vous suivrez les tribulations des jumeaux. Vous savez ! Quand, dans votre imaginaire débordant, vous vous sentiez capable de terrasser de vos seuls bras maigrichons un géant belliqueux armé jusqu'aux dents ; quand, dans la nuit angoissante, vous appeliez d'une voix suppliante votre papa parce qu'en face de vous une ombre malfaisante, redoutable, plus noire que la nuit, s'approchait de vous…

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Faerie , vaste blague que ce titre car l'on est bien loin du monde merveilleux des petits trolls facetieux et autres farfadets malicieux.

Tout se presentait pourtant bien pour la famille Hastings , nouvellement proprietaire d'une vieille ferme isolée.Mais ce bonheur champetre n'aura qu'un temps.Petit a petit , le mal rode , s'en prenant tour a tour a Sean et Patrick , les jumeaux fusionnels puis a Gabbie , leur soeur ainée pour enfin terrifier toute la maisonnée.

Le danger s'immisce insidieusement dans ce roman et c'est , pour moi , ce qui en fait sa force.Doté d'une plume efficace , l'auteur distille l'angoisse a petites doses homeopathiques debouchant sur un final grandiose!!Un vrai feu d'artiFEIST!! Oups , désolé..Premier recit dévoré de cet ecrivain qui m'etait alors inconnu , il est evident que je vais pousser plus avant sa livrographie.

Et si d'aventure vous vous promenez en foret et croyez entendre des bruits suspects , une cavalcade , courez sans vous retourner et vous en rechapperez...peut-etre...
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Je m'attendais pas à ça !
On est à notre époque, dans notre monde à nous et ici l'auteur fait évoluer sont histoire avec plusieurs légendes celtiques dans la propriété d'une famille.
Les événements vont s'enchaîner lentement mais sûrement jusqu'à un final excellent.

Les personnages sont bien développés autant du côté humain que du côté du peuple magique, on à les deux frères jumeaux de la famille qui sont attendrissant qui m'ont vraiment plus et parmis les personnages surnaturel j'ai adoré quasiment tout le monde, gentil comme méchants, en fait il ont tous un bon et un mauvais côté.

Le dernier tiers du récit est impressionnant. Par Saint Patrick j'ai adoré ce livre !
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«Une communication silencieuse s'établit entre les jumeaux. Cet endroit est effrayant, pensèrent-ils.»

Dès les premières pages, on sent une atmosphère étrange, voire inquiétante. On va également à la rencontre de nos héros, Phil amène sa famille venir s'installer au bord d'une forêt. On fait tout de suite connaissance avec eux.

Intense, Torpeur, Épouvante

Au fil des pages, tu suis nos héros dans leur quotidien, et tu détectes une sensation de malaise, dans l'air. Tu distingues quelque chose qui épie dans l'ombre. Il se dégage alors une sensation de peur et de crainte.

«En fait, ces bois sont supposés être hantés…»

L'auteur Raymond E. Feist crée toute une histoire autour de «Faérie». Comme c'est mon premier livre, je suis agréablement surprise par ma lecture. Je suis à la fois émerveillée et terrifiée. Je découvre chez lui son talent remarquable de conteur. Je remarque également qu'il aime nous faire partager des légendes celtiques autour de son histoire, c'est à mon avis une grande force de cet auteur.



Qu'est-ce qui se passe donc dans Faérie ? Je vous mets donc la définition du dictionnaire :


C'est un roman assez mystérieux, c'est un adjectif qui le définit bien. Au fil des pages, tu te laisses happer littéralement par l'ambiance. Je ne sais pas si je vais trouver les bons mots pour vous la décrire… tu es totalement submergée, ça s'épreigne sur toi et tu deviens toi-même un visiteur qui observe les lieux, les décors et qui regarde les personnages se faire manipuler.



Inconnu, Danger, Secret

Je peux comparer «Faérie» qui à mon avis, ressemble un peu au conte «Alice au pays des merveilles.» L'auteur Raymond E. Feist sait bien faire douter son lecteur. Il emploi des descriptions détaillées, qui te donnent des illusions. Tu te demandes comme les héros, si c'est un songe ou si tu es bien éveillé.



À vrai dire, quand tu entres dans cet univers, tu ne sais pas où tu mets les pieds. Tu te laisses totalement envahir, tu es de plus en plus intrigué et tu t'attaches aux personnages hauts en couleurs. Tu te demandes s'il y a des ombres derrière toi, si tu es bien réel ou si tu es dans un monde imaginaire.
Au cours de ma lecture, je constate que l'auteur Raymond E. Feist parvient très bien à accaparer son lecteur par ses personnages, son climat obscur et son suspense. Je remarque également que le livre est bien construit, il est aussi divisé par partie. Je trouve que les chapitres ne sont pas longs à part la dernière partie.
Pour la finale, j'aime bien le déroulement, l'auteur sait bien trans-mettre les émotions et le sentiment de peur au lecteur. Je trouve aussi que les explications autour des légendes, c'est beaucoup pour moi même si c'est intéressant. Je tiens à dire que je trouve que la fin est un peu longue, car j'ai hâte de voir comment ça se termine. C'est les deux points, que je relève, car ma concentration s'est un peu relâchée, à ce moment-là. J'espère que je me suis mieux expliquée cette fois-ci.



Je vous mets en garde : Faérie n'est pas un conte pour enfant, on peut dire que c'est une histoire pour des adultes. On y retrouve tous les éléments essentiels qu'on aime, on se laisse bercer par la douce lumière du jour et on se laisse transporter par la noirceur, quand la nuit tombe.
Qu'est-ce que Faérie ? C'est un mélange de fantasy et de fantas-tique, c'est deux mondes parallèles à laquelle on adhère. L'auteur nous donne un cadre ensorceleur et les émotions sont au rendez-vous. Je n'oublierai pas de sitôt les personnages auxquels je me suis attachée, cette magie qu'entoure cet endroit. Est-ce que c'est un lieu envoûté ou maudit ? Avec ce roman, je suis ravie de découvrir la plume douée de Raymond E. Feist. C'est un très bon moment de lecture, je le recommande mais c'est un monde à part car on retrouve des scènes qui sont angoissantes et qui donnent égale-ment des frissons. Encore une fois, est-ce qu'il faut croire tout ce que nos yeux voient ? Voilà, la question, que je me pose.
Pour finir, j'ai hâte de lire les autres critiques qui s'en viennent et je le rappelle la lecture c'est une question de goût. Chaque personne est unique et elle possède ses propres perceptions.

Isabelle
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Tout avait pourtant bien commencé, dans ma lecture commune de ce livre comme dans le roman lui même.

Une gentille famille américaine sans soucis, ce que nombre de lecteurs ont reproché, mais, qui sait il reste peut-être encore des gens qui s'aiment et qui ont des enfants sans problèmes ?

Une gentille famille donc, emménage dans une vielle maison, ayant appartenue à un allemand, qui s'avère avoir été féru d'occultisme...

La maison, et ses alentours, livrent peu à peu leurs secrets, une pièce remplie de livres et de manuscrits étranges (ici, j'ai pensé à Lovecraft !) et même un trésor...

Pendant ce temps, les enfants dont des jumeaux, sont confrontés, à des apparitions de créatures inquiétantes, qui paraissent issues de la mythologie celte...

Et puis les événements s'accélèrent, les apparitions se font plus présentes et menaçantes...
Le roman de Feist, m'a tout d'abord alléché, puis intrigué, et enfin, hélas, déçu...

A mon avis, ce qui pèche c'est la fin, que j'ai trouvé à la limite du bâclé.

Je m'explique, après une lente montée en tension, bien menée, tout se règle en quelques dizaines de pages, dans une confrontation entre les mortels, et les créatures fantastiques, que pour ma part, j'ai trouvé peu convaincante.

Il s'agit, bien sûr, de mon avis personnel, donc subjectif....
En conclusion, retenterai-je une lecture commune, oui, relierai-je un roman de Feist, non, d'autant plus que je ne suis pas fan de fantasy...
Voilà !
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《Si nous, les ombres que nous sommes,
Vous avons un peu outragés,
Dites-vous pour tout arranger
Que vous venez de faire un somme
Avec des rêves partagés.》
[Shakespeare, Le Songe d'une nuit d'été, acte V, scène 1]


"Faërie" (titre original : Faerie Tale), ou "Faërie : La Colline magique" selon les éditions, est une sorte de thriller surnaturel, illustrant à merveille la fantasy contemporaine et relevant principalement des contes et légendes d'outre-mer.
Écrit par Raymond E. Feist il y a presque 30 ans - et qui n'a pris aucune ride -, c'est aussi le seul titre indépendant de l'auteur, et son meilleur à en croire la 4ème de couv. : "un véritable bijou du genre, rapidement devenu culte"...

"Ils arrivèrent près d'une rangée d'arbres, puis se retrouvèrent soudain devant un tertre nu qui s'élevait à une hauteur de sept ou huit mètres et qui dominait toute la clairière. (...)
- Une butte-aux-fées ! dit Gabbie avec un plaisir évident.
- Erlkönighügel.
- Quoi ?
- Erlkönighügel. Littéralement : la colline du Roi des aulnes. Ou du Roi des elfes, dans la version originale danoise. C'est comme ça que le vieux Kessler l'a baptisée. C'est aussi le nom officiel de votre ferme dans le titre de propriété, bien que tout le monde ici l'appelle la maison Kessler.
- Génial. Y a-t-il une histoire là-dessous ?"


Alors, qu'en est-il ?

Voici un roman que je qualifierais de fantastiquement diabolique et de diaboliquement fantastique !


Toute l'essence du récit découle de la dualité séculaire entre le bien et le mal, on retrouve d'ailleurs cette dualité au sein du duo que forment les jumeaux Patrick et Sean. L'un étant plus terre à terre, plus rationnel, alors que le second, plus rêveur, possède une riche imagination. Le premier nous étant présenté comme le plus "courageux" et téméraire des deux dès le départ, à cause de ce côté justement plus pragmatique et cartésien.

"À contrecoeur, Sean s'avança à hauteur de son frère.
- Peut-être que c'est un rat, ou quelque chose comme ça.
- Oh, le mec ! dit Patrick. Qu'est-ce que tu es bébé."

Mais à l'instar du bien et du mal, du yin et du yang, ceux-ci sont complémentaires et dépendants l'un de l'autre, ne pouvant exister l'un sans l'autre et évoluant en une harmonie synchrone.

"(...) C'était une pierre polie, percée d'un trou en son milieu et accrochée à une lanière de cuir.
- Qu'est-ce que c'est ? demanda Patrick.
- C'est une pierre-à-fées.
- Oh ! s'exclama Sean.
Patrick ne paraissait guère convaincu.
- Ce n'est qu'un caillou, dit-il.
- Exact, jusqu'à un certain point. Mais une baguette magique est aussi un bâton, si on la considère comme telle."


Feist nous emmène au coeur d'une intrigue chimérique passionnante, poignante et emprunte d'une vraie sensibilité.
C'est avec un immense talent qu'il dépeint ici cette fabuleuse force vitale de la magie et ce, dans une nature vibrante et pénétrante. Sans oublier sa maîtrise à narrer le combat ancestral entre les forces en présence...

"- (...) Alors, nous serons de nouveau libres de courir de par le monde.
Le ciel cracha un éclair et tonna en signe de contrariété, et la clairière fut brusquement vide, ceux qui s'étaient assemblés ici à peine un instant plus tôt s'étant évanouis. Ils s'enfuirent dans la forêt, disparaissant à la vue aussi vite que les gouttes de pluie qui tombaient dans les flaques sur le sol boueux."


Le récit rend évidement hommage au Bon peuple ou Petit peuple, aussi nommé Sith ou Faeries, entre autres mythes et légendes plus ou moins connus des aficionados.

"- Ma chérie, nous sommes au XXe siècle, pour employer un cliché. Notre maison n'est quand même pas bâtie au-dessus d'un autel consacré à Cthulhu."


L'auteur nous entraîne corps et âme dans une gigue épique aux accents endiablés où dansent déjà de nombreuses créatures magiques telle les fées, les lutins ou les elfes. Il ressort également pour notre plaisir les grands noms des thèmes celtes ou médiévaux : Puck, Obéron et Titania, ainsi que pléthore de personnages issus du folklore et des contes irlandais, et européens au plus large sens, comme les Leprechauns ou les Changelins pour ne citer qu'eux.


"- On aurait dit qu'il avait un pouvoir sur moi. Est-ce que je suis dingue, ou quoi ?
Mark sourit.
- À mon avis, dit-il, vous êtes plus « ou quoi » que dingue."


Sous la plume vive et addictive de l'écrivain, défilera ainsi tout un petit monde féerique, qui au fil des pages va s'animer, prendre vie, dans toute son attrayante et envoûtante beauté et sa splendeur magique, comme dans toute sa perverse cruauté - laissant le lecteur aux prises avec ce sentiment de dualisme inhérent à notre fable.

"(...) c'est folie que de nier la vérité parce qu'il est plus commode de ne pas croire."


Mais, ne vous méprenez pas ; nous ne sommes pas dans un conte pour enfants, les pauvres en seraient probablement quitte pour quelques cauchemars...

C'est ici une féerie brute et sans concessions, de celle qui hante les esprits par son caractère exubérant et vertigineux, de celle qui équilibre ces fameuses forces du bien et du mal.
Et dans cette indéniable maturité, sévit également une terrifiante et quasi déplaisante sensualité. En effet, le "sexe" est inexorablement présent de ci de là, rappellant cette facette peut-être un peu moins connue des êtres féeriques.

"il y avait autour de lui une aura de pouvoir, une puissance presque primitive et très sexuelle.
- Je serais bien resté à White Horse jusqu'à aujourd'hui, mais mon maître est venu me quérir… J'aurais quitté son service en ne le suivant pas…
Ses mots semblaient s'estomper et, de toute façon, Gabbie ne leur trouvait aucun sens. Maître ? Service ? Il parlait comme s'il avait été un serf ou un esclave. Mais toute sa curiosité s'enfuit tandis qu'elle observait le forgeron à la tâche."


Mon avis :

À lire et à relire !
Un vrai coup de coeur, sans hésitation.

L'écriture de R. E. Feist est aussi chatoyante, enivrante et ensorcelante que peut l'être l'aura des personnages fantasmagoriques de son oeuvre.
J'ai d'ailleurs nettement moins apprécier les protagonistes plus "réels", excepté Sean et Patrick.

Et si je devais toute fois y trouver un bémol, ce serait sans nul doute le côté un peu trop "parfait" de la famille Hasting, certe une famille recomposée (ce qui fait contre-poids ^^) mais beaucoup trop honnête à mon goût.
Tous, même en dehors de la maisonnée de nos héros, sont si incroyablement beaux, lisses et presque moralement trop gentils, qu'ils en paraissent parfois bien moins réels justement que les représentants du Bon Peuple eux-mêmes.
Et riche avec ça, à outrance même pour une héritière en particulier...
Cet aspect, par trop éthéré et peu convaincant pour y croire complètement, m'a presque* déçue.
Heureusement, les jumeaux relèvent le tout, tant on s'y attache.
* presque ; car cela n'altère en rien ma note finale ...après tout, nous sommes quand-même dans un conte de fées ! =)

"- Sur le calendrier de l'Église c'est le 24, dit Gloria. Le jour de la nativité de saint Jean-Baptiste.
- J'ai lu le Songe d'une nuit d'été, dit Phil. Je croyais que c'était seulement… une nuit au milieu de l'été.
- Il y a trois jours de l'année qui sont censés être importants pour les fées, dit Agatha. Le 1er mai, le 24 juin et le 1er novembre. Selon la légende, cette nuit est une nuit de pouvoir et une nuit de fête.
- Quelle est la signification des deux autres jours ? Je sais que le 1er novembre est le jour de la Toussaint, mais le 1er mai ?
- La fête du Travail, affirma Gary. Les fées sont marxistes."
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Je poursuis ma séance de rattrapage des grands noms de la Sf et de la fantasy, et aujourd'hui on va parler de Feist. Ma PAL croulant déjà sous le poids de sagas énormes souvent composées de tomes qui le sont tout autant, je privilégie désormais (tant que faire se peut) les one-shot avant de m'engager plus-avant, car il faut reconnaître que les cycles de cet auteur ont l'air assez incroyables.

C'est Faërie l'heureux élu, m'écartant ainsi des sentiers battus de la fantasy traditionnelle, dirons-nous, car il s'agit ici d'un univers lié aux mythes folkloriques irlandais. Après American Gods de Gaiman il y a quelques mois, je vais bientôt être incollable sur les fées et autres leprechauns.
On est donc plus sur du fantastique à mon goût, teinté d'une ambiance thriller, mais force est de reconnaître que ce récit est sacrément efficace à bien des égards.

La famille Hastings vient de faire l'acquisition d'une nouvelle demeure dans un coin paumé de l'état de New York, abandonnant ainsi leur regrettée Californie, mais l'installation ne va pas exactement se passer comme prévu. Quelques vagues phénomènes inexpliqués vont rapidement se multiplier et gagner en étrangeté, amenant notre petite famille à avoir la certitude que le bois empiétant sur leur propriété recèle de magie antique, et pas vraiment bienveillante.
Au fil des événements, l'inquiétude va se muer en frayeur, et les Hastings vont devoir, aider de voisins ou autres spécialistes, réussir à résister à nos chers petits lutins verts et consorts, qui sont bien plus flippants qu'on ne pourrait le croire.

Premier constat, et non des moindres, c'est foutrement bien écrit. Je ne savais pas trop à quoi m'attendre avec ce bouquin assez compliqué à étiqueter, mais l'auteur a réussi son cocktail pourtant osé, et avec la manière s'il vous plaît.
Une plume limpide et séduisante, alliant un côté poétique et une ambiance de conte moderne, va nous porter tout le long de notre lecture, et contrecarrer une atmosphère souvent lugubre et étouffante. L'immersion est totale.
Les personnages sont croqués avec précision, et hormis quelques côtés caricaturaux, jouent leur rôles à la perfection dans cette histoire merveilleuse. Feist sait aussi visiblement tisser son intrigue avec soin, et nous embarque dans son voyage avec une facilité déconcertante, et mieux vaut avoir un bon souffle, car le rythme imposé n'est pas de tout repos.

A la fois féerique et occulte, cliché et original, haletant et contemplatif, effrayant et merveilleux... l'écrivain aura jouer avec ces extrêmes jusqu'au bout, nous servant un récit déconcertant mais d'une très (très) grande qualité. Noyé par ma PAL, il va pourtant falloir que je libère une place ou deux pour quelques autres oeuvres de ce monsieur Feist. Ca ne va pas être simple...
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Première vraie immersion dans le monde du fantastique et ses créatures légendaires et première pas convaincante, pour moi...

Le début de l'histoire commençait pourtant pas mal !
Cette jolie petite famille qui quittait Los Angeles, pour une vieille ferme, au fin fond des Etats-Unis, me séduisait et m'intriguait.
Puis des faits (j'ai failli écrire "des fées" ^^) étranges ont commencés à se produire...
Dans un premier temps, je les ai trouvé plutôt excitants ( un homme à l'attirance envoûtante et incontrôlable, c'est, comment dire, pfiouuuu !!! ...décoiffant !), mais au fur et à mesure qu'ils ont pris un ton plus dramatique, ces événements surnaturels et paranormaux ont commencé à me déranger...
Jusqu'à ce que je décroche complètement et que je termine par les survoler.
Le surnaturel, dans le monde réel, m'a rapidement rebuté...
Une barrière m'a fait obstacle et je n'ai pas réussi à la franchir.
Difficile dans ces conditions d'adhérer à l'histoire et d'éprouver la moindre compassion pour les personnages...
C'est ce qu'on appelle, passer complètement à côté !

Des fées, des elfes, des trolls ou autres créatures légendaires ou maléfiques, pourquoi pas pour une prochaine lecture !
Mais plutôt dans un milieu qui me paraîtra plus naturel pour eux, le monde de l'imaginaire !

Je remercie mon amie Siabelle de m'avoir invitée à cette lecture commune. Cela reste une belle expérience !
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Quittant la vie trépidante de Los Angeles, Phil, Gloria et leurs trois enfants emménagent dans une vieille ferme à l'autre bout des Etats-Unis. Un coup de tête, un coup de coeur pour cette superbe bâtisse et les bois qui l'entourent. Mais il n'y a pas que de gentils lapins qui vivent sur la propriété, il y a aussi tout un monde d'elfes et de fées, capables de prendre diverses apparences pour mieux troubler les humains. Maléfiques, ces créatures se jouent d'abord des enfants, plus sensibles au surnaturel, puis à mesure que le combat final approche, incluent les adultes dans leur sarabande infernale. Les occupants de la ferme deviennent ainsi les pions d'un jeu d'échecs immémorial, ancré dans les légendes celtiques, et dont l'enjeu n'est rien moins que le contrôle du monde…

Bienvenue dans l'univers fantastique de R. Feist. Il s'agit bien ici de « fantastique », et pas de « fantasy ». Sans prétendre développer une thèse sur la question, le point commun de ces deux genres littéraires est qu'ils font intervenir des éléments surnaturels dans un cadre réaliste. Mais dans la fantasy, ce surnaturel est accepté dès le départ (comme dans Tolkien ou Le Guin), alors que dans le fantastique, il est a priori rejeté parce que irrationnel, impossible ou illogique, et parce qu'il provoque doutes et angoisse.
Et en effet, dès le début j'ai ressenti un grand malaise, l'angoisse qui monte au fil des pages, les mains qui deviennent moites, le coeur qui accélère, le cauchemar qui se profile derrière la lampe de chevet qu'on n'ose plus éteindre,… Oui j'avoue, j'ai eu peur. L'objet de cette peur sans nom ? …le style… J'ai bien cru que je plongeais sans retour dans du Danielle Steel…Quelle horreur…imaginez mon cerveau incrédule et terrifié…
Bon, restons correcte : mis à part l'écriture gnangnan (pas aidée par une traduction parfois douteuse) et les personnages stéréotypés, c'est une lecture sympathique et rapide (malgré quelques longueurs dans les descriptions). le combat entre Bien et Mal est bien amené, complexe, avec dans ses premières escarmouches une charge érotique assez dense.
Mais j'ai du mal à être dithyrambique à propos de ce roman, sans doute parce que le fantastique n'est pas ma tasse de thé. Je suis trop cartésienne pour accepter l'intrusion du surnaturel dans la vie réelle : c'est l'un ou l'autre (car j'apprécie la fantasy), car pour moi le mélange des deux est indigeste. Des goûts et des couleurs, n'est-ce pas…
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