MASSE CRITIQUE JANVIER 2022
PLUMES FEMININES 2022
PORTRAIT AU COUTEAU –
MALIKA FERDJOUKH**
1910. Marie jeune danseuse à l'Opéra de Paris, pour gagner quelques sous, pose pour un peintre. Petits tableaux de vie, quelques scènes brèves se succèdent au rythmes des secrets partagés entre copines, à la sortie des cours de ballet, projets incertains à l'aube de la vie et éveil de coquetteries innocentes devant les regards tendres d'un amoureux timide. Mais la vie prend fin trop vite.
Un siècle plus tard le modèle qui pose pour les étudiants aux Beaux Arts présente cinq cicatrices bizarres à l'endroit du coeur.
Et il se trouve qu'un tableau au
Musée d'Orsay signé Odilon Voret s'intitule le coeur déchiré et représente une jeune femme assassinée de cinq coups de couteau.
Les jeunes étudiants, Elisabeth, Antonin et le modèle, Flavie, commencent une enquête à la recherche du meurtrier du début du XXe siècle. Une expérience unique, des plus extravagantes, une belle invitation à la fiction.
Tous mes remerciements à la Masse critique de Babelio et aux Editions Bayard pour m'avoir offert la découverte de cette auteure.
La plume de
Malika Ferdjoukh pétille aux éclats des jeunes, s'amuse à faire des comparaisons et des clins d'oeil, des incursions dansantes vers des héros et personnages dont le XXIe siècle garde la mémoire.
Les jeunes héros de l'histoire, à peine sortis de l'adolescence sont gourmands de découvertes qui se laissent grignoter comme les amuse-gueules à l'apéro. Ils vont vite dans leur enquête, les dialogues sont allègres et les discussions, au rythme cardiaque élevé, appellent sans accueillir, juste pour passer à autre chose, le palazzo d'Argento à Venise, le steampunk furieux, la K-pop, le Julien Sorel de
Stendhal, ainsi que le syndrome
De Stendhal, Un Américain à Paris, le Silence des agneaux, un certain Indiana Jones en compagnie d'un fameux
Albert Einstein, quelques noms restés connus du cinéma, de la littérature, de la musique, de la science se retrouvent ainsi réunis dans ce méli-mélo, une ratatouille « frappadingue ».
Un clin d'oeil pour inciter les jeunes à les découvrir ? Les jeunes les connaissent-ils peut-être déjà, et ce serait tout à leur mérite.
Leur enquête continue mais les « enquiquine grave même». le langage des jeune oblige, of course.
Mais tout se termine bien, ils se sont mariés, ont eu des enfants et ont vécu heureux.
Légère très légère, mais folâtre et enjouée, un tantinet fantastique, l'enquête n'est pas mauvaise, mais ce n'est qu'un croquis. Et la peinture n'est pas de la party.
Il y a des croquis, des pures chefs-d'oeuvre, rapides, aux traits effilés, appuyés par endroits, esquisses suggérées et vibrantes, émotions à fleur de ligne, sensations près de la touche. Ce livre n'en est pas un.