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Critique de Fandol


Caryl Férey, avec Lëd qui signifie glace en russe, m'avait vraiment régalé comme auparavant avec Zulu, Mapuche, Condor et Paz. Aussi, lorsque j'ai appris que, quatre ans plus tôt, il avait publié un récit intitulé Norilsk, je n'ai pas hésité à lire ce livre racontant son voyage dans la ville la plus polluée du monde, la plus septentrionale et la plus froide car située quatre cents kilomètres au nord du cercle polaire arctique.
Dans les années 1930, Staline y avait installé un terrible goulag appelé Norillag, ville bâtie par les détenus eux-mêmes. Pendant vingt ans, cinq cent mille prisonniers ont extrait nickel, cuivre, cobalt, charbon. En 1953, une révolte des bagnards a été réprimée si violemment qu'on a dénombré plus de mille cinq cents victimes. Aujourd'hui, une entreprise d'oligarques proches de Poutine exploite des gisements de nickel, de cuivre et de palladium, polluant à l'extrême tout l'environnement.
Lui qui n'aime pas le froid finit par céder à la demande de deux éditrices mais exige que son meilleur ami, depuis leur adolescence, l'accompagne. Celui qu'il nomme La Bête est borgne, porte un bandeau noir sur l'oeil, ne travaille pas, est polygame, pratique le krav maga, sport de combat du Mossad, est un anar de droite, boit beaucoup de vin rouge, fume trop d'herbe, est breton, même celte, est rock, emmerde tout le monde et peut être accessoirement photographe. Quel portrait !
La présence de la Bête, tout au long de leur voyage, est importante même si ses exploits en perturbent régulièrement le bon déroulement.
Sur la Russie, nous avons régulièrement des informations négatives comme l'actualité nous le rappelle aujourd'hui avec le sort scandaleux réservé à l'opposant Alexeï Navalny. Par contre, Caryl Férey rappelle que ce pays nous a donnés de grands écrivains comme Dostoïevski, Gogol, Tolstoï, Berberova, Aleksievitch et même Joseph Kessel, fils d'une famille russe exilée.
Comme un guide est indispensable, c'est finalement Valentina, qu'ils nommeront Tatiana puis Bambi, qui les rejoint à Moscou depuis Saint-Pétersbourg où elle habite. Norilsk est sa ville natale et elle y retourne après dix ans d'absence.
Les voilà donc sur place pour quelques jours grâce à un visa obligatoire pour la Russie plus l'autorisation spéciale du FSB, les services secrets qui ont succédé au tristement célèbre KGB. Je note que Paris est plus près de Moscou que Norilsk, ville située à trois mille kilomètres de la capitale, avec quatre heures de décalage horaire et cinq heures de voyage.
L'aéroport d'Alykel-Norilsk est à quarante kilomètres de la ville et c'est la foire d'empoigne entre les chauffeurs de taxi après l'accueil pas chaleureux du tout de la police locale. Finalement, c'est Shakir, un ouzbek, qui se charge du trio, un homme que Caryl Férey a aussitôt décidé d'intégrer dans Lëd.
Ainsi, au fil de ma lecture, j'ai retrouvé quantité d'indices, découvert des personnages et toutes les sources d'inspiration de l'auteur qui ne faisait pas que boire de la vodka mais prenait beaucoup de notes dans son petit carnet.
C'est finalement avec regret qu'ils ont repris l'avion car des liens d'amitié très forts s'étaient tissés avec leurs amis sibériens. Ils savaient pourtant qu'ils ne se reverraient pas mais nous avons gagné un terrible et passionnant roman que j'avais dévoré avec passion : Lëd.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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