Afrique du Sud, 1992, fin de l'apartheid. « Une nation arc-en-ciel en paix avec elle-même et avec le monde » (
Nelson Mandela). Fin de la discrimination, une nation « unie dans la diversité ».
Nation arc-en-ciel, très belle métaphore pour désigner cette unité. L'arc-en-ciel symbolise la couleur dans la déclinaison de sa palette, l'espoir dans un ciel qui n'était que clair-obscur, le calme après la tempête. Oui, mais...
La violence persiste. Elle s'est déplacée mais conserve son caractère ultra. Une violence endémique. « Les crimes violents, un monstre impossible à abattre dans un pays gangrené par la corruption » selon un artic
le du '360 Afrique' paru le 04/03/2024 titré « La criminalité, une triste norme en Afrique du Sud ».
Ajoutez à cela drogue et sida et vous avez le contexte dans lequel baigne le roman de
Caryl Férey.
Un roman qui démarre comme un polar assez classique avec un crime atroce et qui bascule progressivement dans un polar noir, de plus en plus sombre au fil des pages pour finir dans une noirceur totale, celle qui vous donne la nausée. Mais en dépit d'un certain dégoût à la lecture de quelques scènes difficiles à soutenir, vous continuez à les tourner ces pages malsaines, car vous êtes entraîné dans la spira
le de l'enquête, il vous faut savoir...
J'ai été happée dès les premières pages et suis restée sous tension jusqu'à la dernière page. L'écriture de cet auteur est incroyablement immersive. Je n'étais plus installée dans ma petite vie tranquille, non ! Je me suis retrouvée en Afrique du Sud dans les tourments de l'enquête, des enquêteurs, du pays... Une écriture visuelle qui fait mal, j'ai souffert à cette lecture. C'est violent, très violent, barbare. Les crimes sont (presque) à chaque coin de page. C'est cru, le sexe est présent, dépravé bien souvent. La femme dans le roman n'est pas à la noce. Elle n'est souvent qu'objet de désir ou de délire. L'ambiance est pesante, le sida sévit ainsi que la drogue. Une drogue aux effets dévastateurs. Une drogue coupée aux produits corrosifs : « La métamphétamine formait la base du tik mais on y trouvait de tout, éphédrine, ammoniac, solvant industriel, Drano ou lithium de batterie, acide chlorhydrique... ».
Mais j'ai appris également car ce roman est documenté, je l'ai trouvé instructif. Je connais si peu de ce pays en fait. L'auteur a su insérer dans son récit des pages d'histoire. le tout se mêle parfaitement pour ne faire qu'un, un polar noir bien fice
lé, dense, aux personnages fouillés.
Ce n'est pas un coup de coeur car trop mal au coeur, la nausée encore au bord des lèvres, mais ce roman me marquera davantage que sa version ciné que j'ai vue à sa sortie. Cette histoire est marquante, le personnage d'Ali m'accompagnera quelques temps je crois, il me sera diffici
le de m'en défaire... Un roman à découvrir si vous ne l'avez pas lu, sous réserve d'apprécier ce genre très particulier.