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sur 1942 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Alors qu'il rend visite à sa mère, Josephina, au coeur du township de Khayelitsha, Ali Neuman est étonné de la voir alitée, une infirmière à ses côtés. Devant l'insistance de son fils, la vieille dame, bénévole au dispensaire, est bien obligée de lui avouer que quelqu'un l'a agressée le matin même et lui a volé son sac. Bien décidé à retrouver le gamin responsable de cela, qui fait sûrement partie d'un gang, tentant de mettre la main sur sa mère, Ali reçoit un appel du sergent Dan Fletcher lui sommant de le rejoindre au Jardin botanique de Kirstenbosch. En effet, un employé municipal est tombé nez à nez avec le cadavre d'une jeune fille salement abîmé. Tant de coups sur le visage qu'il était impossible de l'identifier. Pas de sac à main à ses côtés mais une carte de vidéoclub au nom de Judith Botha, le fils de Nils Botha, ancien grand joueur de rugby et aujourd'hui coach emblématique des Stromers du Western Cape. Une supposition très vite démentie par la jeune femme qui informe Fletcher que son amie, Nicole, était en possession de sa carte. À l'autopsie, le médecin décèle plusieurs drogues dans le corps de la jeune femme dont une substance chimique non identifiée et inconnue...

Deux jeunes femmes assassinées en peu de temps... Deux blanches, qui plus est. Sordide crime racial ou l'affaire est-elle un brin plus compliquée ? L'on est chez Caryl Ferey, aussi l'on se doute que l'enquête va s'avérer bien plus complexe qu'elle n'en a l'air. Pour la résoudre, trois flics. Paumés, ébranlés, meurtris. Ali Neuman qui a dû fuir, avec sa mère, le bantoustan du Kwazulu après avoir vu son père pendu et son frère brûlé devant ses yeux. Dan Fletcher dont la femme se bat contre un cancer. Et Brian Epkeen, borderline, quitté par sa femme à cause de ses nombreuses infidélités et dont la communication avec son fils étudiant est impossible. Des personnages soignés et approfondis autour de qui gravitent des gamins des rues délaissés, des mafieux, des jeunes accros à toute sorte de drogues... Encore une immersion totale pour ce roman terriblement et effroyablement réaliste et d'une noirceur absolue. Entre drogue, sida, misère (sociale et sanitaire), mafia, violence, meurtre, racisme, Caryl Ferey ne nous épargne rien et dépeint un bien triste tableau de l'Afrique du Sud, un pays déchiré, sans repère, à la dérive. Un roman fort bien documenté et écrit, violent, cru, sans concession...
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J'ai entendu parler Caryl Férey sur le plateau de la Grande Librairie l'année dernière. Son portrait et ses ouvrages m'ont interpellé à l'époque. J'ai décidé de le lire mais comme je lis peu de polars et que ma PAL était pleine (elle l'est toujours) je me suis dit que j'avais le temps. Et puis j'ai appris que Zulu sortait en salle en décembre ce qui a précipité ma lecture.

Bien m'en a pris. Un choc!

La description en fond d'écran de l'Afrique du Sud post-Apartheid mais anté-"bus de l'équipe de France de foot" est saisissante d'effroi, à l'opposé de l'image véhiculée par le film Invictus. L'espoir prend peur et se perd dans les township du Cap avant d'être découpé en rondelles. En parallèle on découvre l'Afrique du Sud des riches blancs, vautrés dans un décor où Horatio Caine des "Experts Miami" aurait certainement beaucoup de travail.

Mais les flics du Cap n'ont pas autant de moyens que leurs collègues de Floride. Les pauvres anti-héros essaient de maintenir la tête hors de l'eau croupie dans laquelle beigne leur pays et ne réussissent que modérément. Leur vie est un drame, et cela empire, mais ils font face bravement, face à une violence incroyable dépeinte dans quelques scènes horrifiques qui feraient passer Les Noces Pourpres (cf le Trône de Fer) pour un petit chantier d'amateurs.

Cette violence, intériorisée ou extériorisée, vous capte, vous avale tout cru. Vous essayez de submerger grâce à quelques notes d'espoir: un amour possible pour Ali et Zina, la joie de vivre de Joséphina, l'humour cynique de Brian, mais vous coulez à nouveau, tiré par les chevilles par un monstre des profondeurs armés de drogue et de griffes.

Je commence à dire n'importe quoi. La fumée de tik a du s'échapper des pages. Vaut mieux que j'arrête sinon je ne vais pas dormir...

Lisez-le
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Malgré le fait que le livre ne soit pas tout récent, j'avais une résa à la bib tellement il a de succès, succès amplement mérité. Personnellement de par d'autres voies je savais que la vie n'était pas rose en Afrique du Sud et que l'espoir Mandela / Tutu avait fait long feu, les blancs restants toujours autant à distance des noirs que par le passé, le racisme latent transpirant par tous les pores des villes de ce pays qui, dit-on, est fabuleusement beau. Des bantoustans en townships (ville bateaux ?), de dope en dope, d'ethnie en ethnie, de Xhosas en Tsotsis, de crime en meurtre, de flingue en couteau, Férey nous amène et nous promène dans un monde, une ville Cape Town où la criminalité bat tous les records mondiaux sans dépasser, cependant Johannesburg.
Pourtant que la nature est belle, les baleines à bosse, les phoques, les épicéas, les vues sur l'océan mais aussi la pourriture et la fange qui sont l'âme des pauvres laissés à leur misère sans suffisamment de flics pour garantir leur sécurité.
Les filles sont blacks et belles, certaines sont zoulous et princesses et entendent encore l'écho des cris de leurs ancêtres lorsqu'ils défirent tout un régiment anglais. On siffle et on marche sur des braises, on chique et on marche sur la plage, on s'aime et on se hait et...on tue.
Les enfants disparaissent qui s'en soucie ? La police, Ali Neuman qui doit son prénom au fameux combat de Kinshasa entre Mohamed Ali et Foreman, homme meurtri dans sa chair par des salopards qui ont tué son père devant ses yeux ainsi que son frère aîné, un pneu imbibé d'essence autour de la tête dont un salaud de l'Inkatha mettra le feu, chef de la criminelle fait ce qu'il peut avec ses deux bras et deux c'est pas assez, Zoulou il est, prince également mais le monde se fout d'un prince zoulou.
Quelques mamas noires, dont la mère d'Ali, aveugle ou presque, cherchent à savoir et ont une petite communauté aidant ces pauvres gosses sidéens à 11, 12 ans.
Réconciliation nationale mes fesses, à sens unique la réconciliation, amende honorable idem, reconnaissance des actes, ben voyons autant demander aux nazis d'être volontaires pour être jugés à Nuremberg.
Une molécule adjointe à de la drogue provoque des effets irréparables et la mort certaine d'autant qu'un effet secondaire provoque un sida foudroyant. Les dealers sèment les ténèbres comme le vent éparpille les grains.
Ici le flic ne fait pas peur, la brigade de Neuman le sait cependant difficile d'éviter l'inévitable. Les meurtres perpétrés sur de jeunes blanches mettent la communauté en colère et il préférable voire recommandé que ce soit un blanc, l'adjoint et ami Epkeen, flic aux nombreux états d'âme et à la vie compliquée, qui ira faire des ronds de jambe chez la crème blanche du Cap. L'enquête sera longue et à rebondissements d'autant que, c'est bien connu, les superbes et leur pognon leur pignon sur rue, leur vie de rêve ne se font pas bouger en levant le petit doigt et n'acceptent que les galonnés pas les porteurs de képi.

Un livre intense, magnifique, une voix déchirante, un appel au secours dans le désert, un prêche de cathédrale, Férey nous régale dans une langue atypique, fleurie, lisse, coulante et colorée comme la peau de cette princesse zoulou qui danse si bien sur les braises rougeoyantes et fait sortir les coeurs des hommes de leur poitrine.

Du grand et du beau. Un passage obligé pour les amateurs de polars, pour ceux qui aiment le dépaysement et les inconditionnels de notre belle langue.

Un immense coup de coeur !
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Au Cap, une jeune femme, blanche, provenant d'une famille aisée, est retrouvée morte, le visage massacré, dans un parc magnifique, au milieu des fleurs, dans le jardin botanique de Kirstenbosch. L'autopsie révèle la présence d'une drogue inconnue.

Ali Neuman est le chef de la police criminelle du Cap, mais pas que. C'est un Zoulou (un des deux principales ethnies noires avec les Xhosas), marqué à jamais par la mort de son frère Andy, brûlé vif par les milices noires chargées du maintien de l'ordre dans les Bantoustans, et de son père, pendu par les mêmes criminels pendant l'apartheid, période de dictature politique d'une ethnie sur les autres (dictature politique qui s'est muée en dictature économique depuis la fin de l'apartheid, comme le dit l'auteur)

Ali est ses collègues, malmenés par la vie, vont mener une enquête qui va les plonger (sans qu'ils en ressortent indemnes, on est chez Caryl Ferey, pas chez Oui-Oui), dans les remugles nauséabonds de la suprématie de l'homme blanc et de l'anticommunisme.

Je suis une fois de plus soufflé (la dernière fois, c'était avec Mapuche, je sais, je ne les lis pas dans l'ordre) par la capacité de Caryl Ferey à s'approprier un drame politique et humain, à savoir l'infâme et délirant Project Coast piloté par Wouter Basson, à faire vivre ce drame dans un environnement contemporain (l'Afrique du Sud post-apartheid) tout en nous délivrant un magnifique et très personnel roman noir.

Project Coast

L'ami Wouter Basson, auquel je ne confierais pas les enfants de mon pire ennemi, surtout s'ils reviennent de vacances et sont un tant soit peu bronzés, a recruté dans les années 80, sur les ordres du Président d'Etat Peter Botha plus de 200 scientifiques à travers le « Project Coast », pour imaginer, créer et tester des armes chimiques permettant d'éliminer les militants anti-apartheid noirs et communistes et empêcher la montée en puissance démographique de la population noire.

Par exemple, un poison visant à stériliser les femmes à la peau noire aurait été créé à cette époque.

Peter Botha est mort dans son lit, Wouter Basson est toujours cardiologue, tout va bien pour lui merci.

Ah si, aux dernières nouvelles, il risque d'être rayé de l'Ordre des Médecins.

C'est cette machination à très grande échelle, a priori inimaginable, qui va être la colonne vertébrale du roman.

L'Afrique du Sud post-apartheid

C'est le coeur du roman, une photographie prise par Caryl Ferey, qui ne s'est pas contenté comme moi de se documenter sur Internet.

Ce qui en frappe en premier, c'est que rien n'aurait changé avec la fin de l'apartheid. A part les droits politiques, l'Afrique du Sud reste un pays profondément divisé et inégalitaire et, comme le dit l'auteur, plusieurs générations seront nécessaires pour que la situation s'arrange, un peu.

Ce point est cependant à relativiser sur des points précis comme la lutte contre le Sida comme nous le verrons plus loin.

L'Afrique du Sud est d'abord un pays pauvre, relativement (121ème place/187 en 2012 à l'Indice de Développement Humain). C'est un pays très pauvre selon nos critères occidentaux, c'est cependant une des premières puissances d'Afrique avec le Nigeria et l'Egypte.

Pour simplifier, les pauvres sont très nombreux et très pauvres (le taux de chômage officiel est de 23% selon le Gouvernement, 40% selon les syndicats), et les riches sont peu nombreux mais très riches, et cette situation n'a pas vraiment évolué depuis la fin de l'apartheid, mis à part un départ assez massif (près d'un million de personnes) de jeunes diplômés blancs à l'étranger, phénomène qui s'est depuis atténué, au contraire un phénomène de retour au pays a été constaté.

Caryl Ferey nous balade dans les townships, (attention, ce n'est pas une promenade de santé !) mais nous montre aussi les demeures ultra-sécurisées des blancs.

L'Afrique du Sud est un pays dans lequel les inégalités sont les plus importantes, elles sont particulièrement vives dans le système de santé, qui ne fonctionne pas de la même manière selon les zones blanches ou noires.

Et dans le domaine de la santé, la manière dont la pandémie de Sida a été appréhendée est symptomatique de ce pays : d'une politique de déni au début des années 2000, on est passé à une politique du n'importe quoi (la Ministre de la Santé déclarant les médicaux rétroviraux toxiques et préconisant comme soins un régime alimentaire, un Président d'Etat vantant les mérites de potions magiques), puis, depuis 2007, à une politique de soins et de prévention (notamment dans le domaine de la transmission de la mère à l'enfant) digne de ce nom qui a porté des fruits.

La pauvreté, le chômage, la maladie, les conditions sociales, notamment la disparition prématurée des parents, oncles, tantes en raison du Sida qui a fait plusieurs centaines de milliers de morts (l'espérance de vie est passé de 62 ans en 1990 à 51 ans en 2005 pour remonter à 60 ans actuellement) engendrent la violence.

Oui, l'Afrique du Sud est un pays violent, à un point tel que nous ne pouvons l'imaginer : un Africain du Sud sur 4 aurait commis un viol…. Certes, la situation aurait là aussi évolué depuis l'écriture de Zulu, mêmes si les organisations non gouvernementales parlent de manipulation des chiffres (ça existe en France, donc ça peut exister en Afrique du Sud), et cette violence est en partie importée depuis d'autres pays d'Afrique.

C'est une suite imaginaire au Project Coast au coeur d'une Afrique du Sud pauvre et violente qui va constituer la trame de Zulu.

Un magnifique et très personnel roman noir.

Les flics de Caryl Ferey sont des désespérés magnifiques : la vie d'Ali Neuman , en dehors de son job de flic et de sa mère, est un désert aride dans lequel il n'existe aucun ailleurs, aucun possible différent, c'est trop tard. Il fait semblant, c'est tout. Les sentiments qu'il peut éprouver pour les femmes sont dénaturés par ce qui s'est passé lorsqu'il a vu son frère et son père mourir, une partie lui est vraiment morte ce jour-là

Les deux autres flics, blancs, s'ils n'ont pas souffert durant leur jeunesse, sont torturés, l'un par des démons extérieurs, le cancer du sein de sa femme, et une grande peur de la violence, l'autre par des démons intérieurs qui font que son fils le méprise et son ex le déteste.

Ce n'est pas tant la violence physique (pas si présente que ça même si certaines scènes sont assez raides) dans ce roman qui rend ce roman noir comme la mort, mais l'atmosphère sordide, désespérante, des gosses de 8 ans qui attaquent des vieilles ou proposent à Ali une pipe pour vingt rands, des types complètement défoncés qui tirent sur tout ce qui bouge ; tout ça dans un pays d'une beauté incroyable ce qui crée un contraste saisissant.

C'est l'environnement, réel, de cette Afrique du Sud, si inégalitaire, où une minorité (9%) de blancs tient encore toutes les commandes économiques, qui rend ce roman noir.

Et puis, il y a le style de Caryl Ferey, qui convoque tous les codes du thriller pour les tordre, les faire siens, cette volonté d'éviter à tout prix les lieux communs, les phrases toutes faites, les ficelles des intrigues multiples qui se rejoignent au bout du compte, les héros qui s'en sortent toujours même dans les situations désespérées, le tout dans un style direct, percutant, mais aussi très didactique et sensible à la beauté des choses et à l'humanité des gens.

Ce roman renvoie à ce qu'il y a de plus réussi, dans un autre style et un autre temps, chez Maurice Dantec et Hugues Pagan.

Enfin, le diagnostic est clair, universel :

"Face à la concurrence des marchés mondiaux, les États souverains ne pouvaient quasiment rien faire pour endiguer les pressions de la finance et du commerce globalisé, sous peine de s'aliéner les investisseurs et menacer leur PNB : le rôle des États se cantonnait aujourd'hui à maintenir l'ordre et la sécurité au milieu du nouveau désordre mondial dirigé par des forces centrifuges, extraterritoriales, fuyantes, insaisissables. Plus personne ne croyait raisonnablement au progrès : le monde était devenu incertain, précaire, mais la plupart des décideurs s'accordaient à profiter du pillage opéré par les flibustiers de ce système fantôme, en attendant la fin de la catastrophe. Les exclus étaient repoussés vers les périphéries des mégapoles réservées aux gagnants d'un jeu anthropophage où télévision, sport et pipolisation du vide canalisaient les frustrations".

On fait quoi ?
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A peine le livre reposé, déjà devant mon clavier, avec une question : Comment vous dire ? Comment expliquer ce qui restera de ce livre ?
Parce que ne vous y trompez pas, il en restera définitivement quelque chose… de l'ordre du magistral… sans aucun doute.
Je tournais la deuxième page que le livre m'avait happée, prise aux tripes avec une seule envie continuer à en tourner les pages. Et plus, cela devenait morbide, plus je voulais savoir. Ce qui arriverait à ces trois flics pris dans une tourmente qu'ils sont loin d'imaginer. Combien de cadavres rencontreraient-ils sur leur passage. Quelle est la chance de suivie de chacun. Avec l'Afrique du Sud comme décor qui devient elle aussi un personnage à part entière, à se demander comment a-t-elle réussie à survivre, elle aussi.
Ce livre contient une part d'histoire, une de fiction et la plus belle à mes yeux, une part de thriller, comme on n'en lis plus souvent.
Un vrai coup de coeur, qui restera longtemps gravé dans ma mémoire.
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L'Afrique du Sud post apartheid n'est pas devenu un paradis.
Les ghettos, la misère, le racisme,la haine entre ethnies, la violence quotidienne, le sida, l'alcool, les drogues en tous genres continuent à faire des ravages.
Ali Neuman, qui a vu mourir ses proches dans d'atroces souffrances et qui a souffert lui même dans sa chair le sait. Son métier de chef de la police le mène chaque jour à affronter cette terrible réalité.
Quand une jeune fille blanche est retrouvée morte le visage massacré, c'est à lui le flic zoulou et son équipe, que l'on confie l'enquête.
Caryl Ferey nous entraine dans une descente aux enfers. Ici , le terme "Roman noir" s'applique à chaque page.
L'Afrique du Sud, d'avant la coupe du monde de football, qui nous est décrite ici, fait peur.
Ferey nous parle de ce qu'on ne nous montre pas, de cette jeunesse désoeuvrée, sans espoir, de ceux qui l'exploitent, de ceux qui s'enrichissent sur son cadavre.
De ces flics confrontés et victimes d'une violence sans limite. de ces politiques de tous bords qui préfèrent fermer les yeux ou cacher l'évidence dans un pays qui, je l'espère de tout coeur aujourd'hui, réussira à se sortir de cet incroyable bourbier de haine.
Ce livre n'est pas qu'un simple polar, il est aussi le témoignage d'une dramatique réalité.
Monsieur Caryl Ferey, merci pour ce douloureux moment de lecture ce livre est un GRAND roman...
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De l'action, du suspense, de la violence, un monde noir à la nausée et une documentation minutieuse, c'est mon troisième livre de Caryl Frey et la patte magistrale de l'auteur fonctionne de nouveau à merveille, cette fois en Afrique du Sud. Comme d'habitude, Caryl Frey n'écrit pas à la légère. Il s'est manifestement sérieusement documenté et a pris le temps de visiter et d'essayer de comprendre le pays qui sert de cadre à son roman. du coup, ses thrillers ne sont pas qu'une histoire, mais aussi le sujet à une réflexion sur notre monde et plus particulièrement sur ses tâches de misère noire, que l'on ne voit guère dans les médias. Seul petit bémol, mais c'est le cas de la plupart des artistes, la recette, si parfaite soit-elle, est un peu toujours la même et au fil des lectures, le plaisir de la découverte s'émousse un peu. On imagine déjà la liste des pays (malheureusement longue) qui pourrait servir de cadre à ses prochains romans.
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Imaginez mon effarement ! J'ai découvert Ferey avec La jambe gauche de Joe Strummer, puis, suis allée avec lui en Amérique du Sud, au pays des Mapuche. Et là BOUM, je suis en Afrique du sud , post apartheid. Je me pince. On retrouve une jeune fille blanche, morte, défigurée, battue, etc etc. Mais pour l'auteur, on se demande si ce n'est que prétexte pour tenter de nous faire comprendre ce pays Arc en ciel. Que la politique sud africaine semble compliquée. Il faut être patient pour tenter de comprendre les anciennes rivalités, les problèmes socio économiques plus actuels, les dérives et les espoirs. Il semble qu'il n'y a rien de régler en Afrique du sud où tout subsiste encore: racisme, ghettos, pauvreté, corruption et j'en passe. Les statistiques que nous balance Férey sont effrayantes. L'Afrique du sud semble dure, terriblement cruelle. Voici ce qu'en pense un des protagonistes à la page 228: "Il avait soudain envie de prendre des vacances, des grandes, de se tirer loin de ce pays qui pissait le sang, du monde assiégé par la finance et les élites (ré)actionnaires, et crever d'amour avec la dernière venue en se soûlant dans un de leurs palaces à la con, comme dans les bouquins de Fitzgerald..." Non ce n'est pas invitant un pays qui pisse le sang. Puis, plus loin, le déni du chef de la police page 280: "Il fit un rapport élogieux du département criminel qui avait anéanti le gang mafieux et l'assassin de deux jeunes femmes , avant de noyer le poisson avec éloquence: il n'y avait pas de résurgence identitaire zouloue, pas de membres déçus de l'Inkatha prêts à en découdre avec le reste du pays pour réclamer la sécession ou l'indépendance. Il n'y avait pas de groupes politiques extrémistes , pas d'ethnies bafouées, il n'y avait qu'un gang de mercenaires lié aux mafias qui écoulait une nouvelles drogue sur la péninsule..." Voilà pour moi qui résume assez bien la complexité d'une réalité sociale des plus emmêlées, des plus délicates, prête à exploser à tout moment et c'était sans parler des Afrikaners, des Blancs, des Noirs, des Métissés...ouf...
Une lecture qui remue et qui n'est pas sans laisser de cicatrices !
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Comment donner encore plus envie de lire ce livre à ceux qui hésitent ?
Près d'une centaine de personnes a déjà décrit tout le bien qu'elle en a pensé !
Ce livre est un tableau magistral encore vivant de ce qu'est devenu l'Afrique du sud.
Comment prendre en pleine figure, la violence d'un pays ?
Comment imaginer survivre à l'Histoire d'un peuple, d'individus dont la mémoire est à jamais marquée par l'impossible, l'inavouable, la désolation ?
Comment découvrir les à côtés inconnus d'une guerre fratricide, les horreurs perpétuées par les uns et les réponses pas vraiment meilleures des autres ?
Comment croire encore qu'un pays peut se relever, renaître, recommencer autre chose en gardant en mémoire son passé, sans en tenir rigueur à lui même et au reste du monde ?
Comment avons nous pu supporter tous ces drames ? Aujourd'hui encore, le pays a changé, mais les mêmes horreurs se jouent ailleurs ou juste à côté !
Comment faire pour essayer de faire évoluer les choses, même un tout petit peu, le combat semble perdu d'avance ?
Je ne sais pas vraiment.
Merci à M Férey de nous prendre à témoins de ce que devient l'Afrique du sud.
Merci à M Férey de nous faire partager ses indignations.
Et à bientôt au cinéma, pour voir ce qu'il est advenu de ce livre.
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Mercredi prochain, sort sur nos écrans le film qui a fait la cloture du dernier festival de Cannes, Zulu, de Jérome Salles, un thriller apre et tendu sous fond de township sud africain, avec un casting international alléchant, mené par Orlando Bloom et Forest Whitaker, qui pourrait nous ramener aux excellents films des années 80 sur l'Afrique du Sud, comme "Une saison blanche et sèche" que j'avais vu et adoré au ciné à sa sortie.

Ce Zulu a de grandes chances d'être aussi réussi, car il se base sur un roman exceptionnel ( qui a le même titre que le film), un des meilleurs polars de ces 10 dernières années, et auréolé de plusieurs prix, dont le prix des Quais du Polar 2009 ( l'année d'avant celle dont j'ai fait partie du jury, Caryl Ferey étant un habitué du festival) ainsi que le Grand prix des lectrices de «Elle» 2009.

Ce roman a fait l'unanimité, ne serait ce que par le décor dans lequel il nous plonge, celui des ghettos du Cap et nous livre le tableau, récent, d'une Afrique du Sud qui éprouve les plus grandes difficultés à se débarrasser de ses vieux démons.

Si vous rentrez dans l'univers de Zulu, il y a de fortes chances, que comme des milliers de lecteurs, et que comme moi, vous n'arriviez plus à le lacher. En effet, Caryl Ferey, auteur d'autres romans se passant dans des pays éloignés et gangrénés par la violence, nous livre d'une force et d'une puissance incroyable à l'image de ce pays particulièrement trouble est fascina que représente l'Afrique du Sud. Un monde et une société d'une violence inouïe envers les plus défavorisés, un pays de contrastes et d'espoir en dépit de tout.
Zulu possède énormément d'atout, et notamment le fait d'être extremement documenté , ce qui la rend crédible du début à la fin, et le mélange fiction et documentaire est ici parfaitement dosé, comme rarement il l'a été.
Bref, un roman à lire absolument, en complément ou avant le film de Jérome Salles!!

Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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