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Composé en trois parties, "Porporino ou les mystères de Naples" s'attache à faire revivre le Naples du 18ème siècle, à l'époque où les castrats régnaient en maître sur l'opéra et où Mozart était un enfant prodige trimbalé par son père dans toutes les plus grandes cours d'Europe.
La quatrième de couverture du livre était alléchante et donnait envie, au final je suis déçue de cette lecture qui ne m'a pas apporté ce que j'y cherchais.
La première partie, "San Donato", revient sur l'enfance tranquille de Vincenzo del Prato, plus tard appelé Porporino, dans une village de campagne loin des fastes de la vie napolitaine.
J'ai trouvé l'entrée en matière intéressante, elle montre les conditions de vie dans les campagnes à cette époque et permet de cadrer l'histoire ainsi que le narrateur, amené à évoluer au cours de l'histoire.
"La sagesse et le bonheur ne commencent que là où finit la conscience de son propre statut.", Vincenzo va ainsi abandonner sa vie de garçon insouciant s'initiant aux émois de l'amour pour découvrir Naples dans une deuxième partie, "Les pauvres de Jésus-Christ", s'attachant à son adolescence et son éducation culturelle et musicale.
De l'opération qu'il a subie, Vincenzo n'en parle pas, quelques mois ou années se sont écoulé(e)s depuis la première partie et sa nouvelle famille est désormais son protecteur et ses camarades, particulièrement un : Feliciano.
Il perd son nom de baptême pour prendre son nom de castrat : Porporino, et emmène le lecteur avec lui dans une Naples riche en personnalités : le prince Sansevero, Lady Hamilton, le jeune Mozart qui se pique de curiosité pour les castrats et se rebelle publiquement face à l'autorité de son père.
Je pensais, peut-être naïvement, que tous ces illustres personnages ayant contribué à l'histoire de Naples auraient une présence dans le texte mais ils ne font finalement que passer et sont à peine esquissés par l'auteur.
Pourtant, je reconnais à ce roman d'être riche d'un point de vue historique, Dominique Fernandez sait de quoi il parle et a fait des recherches avant d'écrire son livre, mais j'ai vainement cherché à retrouver les sensations éprouvées en visitant Naples : une ville faite de ruelles, de quartiers typiques, de couleurs, sans en retrouver aucune.
Pourtant, la troisième partie du livre s'intitule "Naples" et est censée être entièrement dévouée à cette ville, j'ai complètement décroché en ayant hâte de finir ce livre.
Je n'irai pas jusqu'à dire que c'est une Naples sans saveur mais c'est clairement une Naples qui manque de caractère et n'en impose pas tant que ça au lecteur.
A la place, l'auteur a choisi de se perdre dans une histoire d'amour entre Feliciano et Don Manuele.
L'idée de départ était bonne et par moment ce jeu du chat et de la souris a éveillé mon intérêt, mais comme d'autres idées présentes dans ce roman, l'auteur n'est pas allé jusqu'au bout et finit bien souvent les situations en queue de poisson.
Il en fait de même concernant l'amitié entre Porporino et Feliciano, Porporino se met à éprouver des sentiments qui lui sont étrangers, j'attendais de l'auteur qu'il aille au bout de sa pensée mais finalement non, ça s'arrête brusquement et ça ne revient à aucun moment par la suite.
La seule chose que l'auteur a sans doute le mieux perçu et transcrit dans son oeuvre est l'univers des castrats : "L'esprit castrat, c'était la quintessence de l'esprit napolitain : conscience de sa propre bouffonnerie, autodérision, conscience de cet orgueil, refus de se laisser duper.", c'est le seul élément d'intérêt de ce récit qui offre un éclairage sur ces personnes.
Au final, "l'unique supériorité qui te reste, c'est de te rendre compte de la vanité de tout ce que tu as entrepris.", sauf que je suis bien incapable de dire ce qu'a entrepris Porporino dans sa vie.
Lorsqu'il parlait encore au lecteur de son apprentissage il avait émis le souhait de rester dans les choeurs et ne pas se mettre sur le devant de la scène.
Après il s'est mis à être le spectateur de la tragique histoire entre son ami Feliciano et Don Manuele, je ne vois rien de vaniteux là-dedans et ses mémoires s'avèrent décevantes.

"Porporino ou les mystères de Naples" avait les attraits d'un livre susceptible de rendre l'atmosphère de Naples au 18 ème siècle et de faire partager au lecteur l'une des époques d'or de l'opéra italien au travers des castrats, en évoquant notamment l'un des plus célèbres : Farinelli, et à travers le personnage imaginaire de Porporino.
J'ai eu du mal à achever cette lecture et je n'y ai pas trouvé ce que je cherchais, néanmoins je reconnais des qualités au travail de Dominique Fernandez et je lirai d'autres oeuvres de lui afin d'approfondir ma connaissance sur cet auteur.
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L'esprit castrat

Quand on se propose de lire un roman, sans qu'on en sache trop (je connaissais que le roman présente la vie de quelques castrats du XVIII-e siècle et porte l'empreinte du baroque, c'était tout!), on ne sait pas à quoi s'attendre, on ne peut s'attendre qu'au miex et, en effet, 'Porporino ou les mystères de Naples' est un des meilleurs romans qu'on a lu.
C'est un roman qui ravit par son air baroque et par son pouvoir de tramer par l'intermédiaire des fils narratifs un monde veridique, qui paraisse vrai.
Le roman, la voix d'une conscience, représente le devenir d'un castrat, même d'un écrivain, car, en fait, on ne surprend pas l'être, mais le passage ('Je ne peins pas l'être, je peins le passage' dit Montaigne).
Quoiqu'un 'être defixé', déséquilibré et touché par une crise identitaire, ce n'est que par ses mémoire que le personnage, comme écrivain, pourra finalement converger vers un centre. Mais cette représentation écrite de l'écoulement de l'être, cette prise de conscience du devenir, n'est-ce pas l'identité même, dans une autre acception, la plus juste, la plus adéquate, mais surtout la plus sincère avec soi? Donc Porporino, loin d'essayer vainement à se procurer une identité, veut premièrement et finalement comprendre son devenir par l'écriture. À continuer!
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Naples et ses castrats : de tous les mondes disparus, lesquels suscitèrent à la fois autant d'indignation vertueuse, d'incompréhension horrifiée, d'admiration fascinée, de fantasmes et de rêves ?

Fasciné, Dominique Fernandez l'est indéniablement lorsqu'il entreprend de peindre, à travers les mémoires fictives d'un des derniers castrats, les ultimes moments de ce monde en déclin, depuis la campagne napolitaine où se recrutent les jeunes chanteurs aux fastes des scènes et des palais qui abriteront leurs triomphes, sans oublier l'école aux lois strictes où se forment leurs voix.
Un monde d'ors et de ténèbres, à deux doigts de se voir balayé par les aveuglantes Lumières, par les révolutions intellectuelles, politiques et sociales de la fin du XVIIIe siècle, écrasé par l'implacable triomphe de la Raison et de la Bourgeoisie. Un monde, pourtant, dont la logique répondait peut-être à des aspirations bien plus fondamentales que les simples désirs d'une aristocratie décadente auxquels on l'a trop souvent limité. Un monde où la superstition n'est pas nécessairement, pas uniquement, synonyme d'obscurantisme et d'asservissement, mais fusion instinctive dans une humanité primordiale, épargnée par les diktats réducteurs de la civilisation et de l'âge adulte.
Une humanité où chacun n'est pas contraint de répondre à des définitions précises, de rentrer dans des cases, où fusionnent le pauvre et le riche, le masculin et le féminin.

De cet idéal, deux incarnations radicalement différentes s'opposent. Porporino, qui très vite renonce aux désirs et aux ambitions des hommes, trouve un bonheur un peu fade mais solide dans la certitude de n'être rien. Feliciano, son camarade très aimé, joue de pouvoir être tout avec une soif de vivre, une grâce et une désinvolture qui attisent un peu trop les passions. Entre eux deux, un comte amoureux jusqu'à la folie pathétique et un prince génial et dérangeant, dont les caves abritent de bien curieuses expériences...
Si le personnage principal manque un peu trop de caractère pour attirer mon empathie, il est parfaitement juste dans son rôle, et cette relative fadeur est plus que largement compensée par le flamboiement ambigu des autres acteurs du drame. Mais le plus intéressant, ici, reste peut-être cette très belle, très riche évocation du royaume de Naples et de son identité ambiguë. Certaines réflexions sur l'esprit napolitain, d'ailleurs, m'ont fait penser à quelques unes des plus belles pages de Lampedusa.
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D'accord, la couverture est loin d'être attractive, mais la collection (les Cahiers Rouges chez Grasset) est excellente, et (me) déçoit rarement. Ensuite, c'est un livre que j'ai lu - que dis-je, lu, dévoré ! - entre Naples et Rome, ce qui ne gâche rien, puisque, comme son titre l'indique assez bien, ce roman de Fernandez nous balade dans les rues de Naples.

Fernandez est un habitué et un amoureux de l'Italie, grand connaisseur de l'époque moderne, comme en témoignait déjà le très puissant La Course à l'abîme, un de mes livres-cultes sur un de mes peintres-cultes (Le Caravage), un pavé de 700 pages lui aussi (trop) rapidement ingurgité.

Cette fois-ci nous quittons Rome pour le village miséreux de San Donato, perdu dans la Campanie profonde, où grandit le jeune Vincenzo del Prato, dont nous suivons la biographie imaginaire tout au long du roman. Dès l'enfance, Vincenzo est taraudé par des questionnements identitaires : qu'est-ce qui fait la différence entre l'unique et l'indistinct, les garçons et les filles ? Plusieurs évènements troublants, associant notamment le curé, accentuent ces angoisses. Vincenzo est âgé d'une douzaine d'années lorsque son père se résout à le "vendre" au seigneur du lieu, le prince de Sansevero, qui réside à Naples et décide de faire de l'enfant un castrat, selon la mode alors en vigueur à Naples, l'une des plus brillantes capitales de l'art lyrique.

Commence alors une nouvelle vie pour Vincenzo devenu Porporino, et pour nous une plongée vertigineuse et proprement étourdissante dans la Naples du 18e siècle, capitale de royaume. Tout le gratin européen s'y retrouve, depuis Casanova jusqu'à l'aventurière Sarah Goudard. le jeune Mozart y raconte comment le vieux Farinelli lui enseigne les rudiments de l'opéra, la reine se déguise en prostituée pour racoler sur le port, le prince de Sansevero se meurt d'amour pour une actrice volage, le roi se moque copieusement des cocus, les lazzaroni vivent, et les beaux castrats font tourner bien des têtes dans le tumulte napolitain.

L'érudition, la verve et la passion de Fernandez font de la lecture de ce roman un moment absolument magique. On est littéralement emporté, de la première à la dernière page, dans un véritable tourbillon où la fausse préface ajoute une touche de mystère. J'ai rarement lu des pages aussi belles - et aussi justes sur Naples, ville chère à mon coeur s'il en est.

Ainsi, page 309 : "Naples, splendide et décrépite - décrépite ou pas encore tout à fait terminée ? Combien me touchent ces belles demeures, auxquelles il manque toujours quelque chose, un bout, un ornement dans la façade, peut-être est-il tombé, ce balcon a pu s'effondrer, personne n'aura pensé à le reconstruire, peut-être aussi n'a-t-on jamais eu le temps de le mettre en place, ou l'argent a-t-il fait défaut. Il est impossible de dire si ce désordre, cette incurie, cet air de défaite est dû à la vieillesse, à l'abandon, ou si le projet initial était trop vaste, trop ambitieux, trop fou".

En contrepoint de ce voyage fascinant mené avec maestria, une réflexion pas inintéressante sur l'enfance, l'identité et ses limites, la vanité de l'homme et l'amour-passion.

L'indescriptible, l'impalpable atmosphère napolitaine est bien là, quelque chose en tous cas de sa poésie sauvage et inimitable, son faste passé et sa décadence, sa grandeur désolée ... et rien que pour cela, il vaut vraiment le coup de découvrir ces Mystères de Naples.
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Le XVIIIème siècle vit l'apogée et la fin des castrats, ces chanteurs d'opéra que l'on avait volontairement castrés avant leur puberté afin qu'ils conservassent leur voix exceptionnelle. Bien loin de ne jouer que des rôles féminins, ils interprétaient également des rôles d'hommes, qu'écrivaient tout spécialement à leur intention des compositeurs comme Métastase.
Dans "Porporino ou les Mystères de Naples", c'est au destin de l'un de ces chanteurs, de son enfance dans un petit village italien jusqu'à sa vieillesse sur les rives du Neckar, que nous attache Dominique Fernandez.
Remarqué pour la qualité de son chant par le prince de Sansevero, le jeune Vincenzo del Prato est vendu aux gens du prince par son père, évidemment très pauvre et qui, d'ailleurs, ne l'aime guère. Après son opération, accomplie dans les règles de l'art de l'époque par le Dr Salerno, Vincenzo, qui se choisira par la suite le nom de scène de "Porporino" en hommage à un illustre castrat, est intégré au Collège des Pauvres en Jésus-Christ de Naples, véritable pépinière de compositeurs et de chanteurs.
Il y rencontrera Feliciano, à qui il vouera un amour platonique, et qui périra de façon atroce à la fin du roman, victime de la folie du prince Sansevero.
Mais au-delà l'intrigue, le romancier entend surtout dépeindre une époque où la Tradition commençait à se heurter avec violence aux idées nouvelles , jaillies entre autres de France. Ce n'est pas encore le temps de la Révolution française, puisque nous sommes sous le règne de Louis XV, mais la société est en pleine ébullition.
Au hasard des soirées auxquelles sont invités les élèves du Collège bénéficiant, comme Porporino et Feliciano, d'une haute protection, défilent un Casanova vieillissant, un Mozart encore tout jeune et bien d'autres. Les amateurs de rhétorique se disputent sur le thème de la liberté des idées et aussi sur celui de la barbarie que représente l'opération infligée aux castrats.
En parallèle, Dominique Fernandez nous fait partager sa connaissance - qui est grande - de l'art musical italien. Et puis, bien sûr, il nous fait visiter la ville de Naples, qu'il nous dépeint comme une espèce de reine puissante et encore belle mais déjà atteinte par les premiers symptômes de la petite vérole. Quant à son analyse des douloureux rapports père-fils qui peuvent mener un jeune garçon à l'homosexualité, elle est remarquable en tous points.
Le style, d'une élégance impeccable, est un vrai régal. La construction, quant à elle, est - à mon avis - un peu bancale : on passe trop brutalement de l'enfance de Vincenzo aux jours de Naples. A lire cependant comme une curiosité, surtout pour les amateurs de musique classique qui seront sans doute ravis de croiser çà et là l'image de Farinelli ou de Caffarelli. ;o)
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J'y ai retrouvé avec grands plaisirs des lieux et des personnages croisés lors de ce voyage à Naples, du théâtre San Carlo à la chapelle Sansevero et son christ voilé, les explications données dans le roman autour des statues de cette chapelle et des divers expériences du prince Raimondo, l'histoire des castrats, la fin d'une époque dans le monde de la musique et dans l'histoire de l'Italie, bref, tout à fait séduite par le thème.
En revanche, j'ai eu beaucoup de mal à entrer dans ce livre, et je reste un peu sur un "oui mais"
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