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EAN : 9782246012436
489 pages
Grasset (02/03/2005)
3.63/5   87 notes
Résumé :
Porporino, le narrateur, élève à l'école des castrats napolitains sous le règne du roi Ferdinand, dans les années 1770, est un personnage inventé mais la plupart des héros qui traversent ses mémoires ont réellement existé : le prince de Sansevero, esprit universel aux frontières du génie et de la démence, Antonio Perocades, franc-maçon rationaliste, la belle Sarah Goudhar et lady Hamilton, aventurières comme seuls en ont produit les anciens régimes, le jeune Mozart,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Composé en trois parties, "Porporino ou les mystères de Naples" s'attache à faire revivre le Naples du 18ème siècle, à l'époque où les castrats régnaient en maître sur l'opéra et où Mozart était un enfant prodige trimbalé par son père dans toutes les plus grandes cours d'Europe.
La quatrième de couverture du livre était alléchante et donnait envie, au final je suis déçue de cette lecture qui ne m'a pas apporté ce que j'y cherchais.
La première partie, "San Donato", revient sur l'enfance tranquille de Vincenzo del Prato, plus tard appelé Porporino, dans une village de campagne loin des fastes de la vie napolitaine.
J'ai trouvé l'entrée en matière intéressante, elle montre les conditions de vie dans les campagnes à cette époque et permet de cadrer l'histoire ainsi que le narrateur, amené à évoluer au cours de l'histoire.
"La sagesse et le bonheur ne commencent que là où finit la conscience de son propre statut.", Vincenzo va ainsi abandonner sa vie de garçon insouciant s'initiant aux émois de l'amour pour découvrir Naples dans une deuxième partie, "Les pauvres de Jésus-Christ", s'attachant à son adolescence et son éducation culturelle et musicale.
De l'opération qu'il a subie, Vincenzo n'en parle pas, quelques mois ou années se sont écoulé(e)s depuis la première partie et sa nouvelle famille est désormais son protecteur et ses camarades, particulièrement un : Feliciano.
Il perd son nom de baptême pour prendre son nom de castrat : Porporino, et emmène le lecteur avec lui dans une Naples riche en personnalités : le prince Sansevero, Lady Hamilton, le jeune Mozart qui se pique de curiosité pour les castrats et se rebelle publiquement face à l'autorité de son père.
Je pensais, peut-être naïvement, que tous ces illustres personnages ayant contribué à l'histoire de Naples auraient une présence dans le texte mais ils ne font finalement que passer et sont à peine esquissés par l'auteur.
Pourtant, je reconnais à ce roman d'être riche d'un point de vue historique, Dominique Fernandez sait de quoi il parle et a fait des recherches avant d'écrire son livre, mais j'ai vainement cherché à retrouver les sensations éprouvées en visitant Naples : une ville faite de ruelles, de quartiers typiques, de couleurs, sans en retrouver aucune.
Pourtant, la troisième partie du livre s'intitule "Naples" et est censée être entièrement dévouée à cette ville, j'ai complètement décroché en ayant hâte de finir ce livre.
Je n'irai pas jusqu'à dire que c'est une Naples sans saveur mais c'est clairement une Naples qui manque de caractère et n'en impose pas tant que ça au lecteur.
A la place, l'auteur a choisi de se perdre dans une histoire d'amour entre Feliciano et Don Manuele.
L'idée de départ était bonne et par moment ce jeu du chat et de la souris a éveillé mon intérêt, mais comme d'autres idées présentes dans ce roman, l'auteur n'est pas allé jusqu'au bout et finit bien souvent les situations en queue de poisson.
Il en fait de même concernant l'amitié entre Porporino et Feliciano, Porporino se met à éprouver des sentiments qui lui sont étrangers, j'attendais de l'auteur qu'il aille au bout de sa pensée mais finalement non, ça s'arrête brusquement et ça ne revient à aucun moment par la suite.
La seule chose que l'auteur a sans doute le mieux perçu et transcrit dans son oeuvre est l'univers des castrats : "L'esprit castrat, c'était la quintessence de l'esprit napolitain : conscience de sa propre bouffonnerie, autodérision, conscience de cet orgueil, refus de se laisser duper.", c'est le seul élément d'intérêt de ce récit qui offre un éclairage sur ces personnes.
Au final, "l'unique supériorité qui te reste, c'est de te rendre compte de la vanité de tout ce que tu as entrepris.", sauf que je suis bien incapable de dire ce qu'a entrepris Porporino dans sa vie.
Lorsqu'il parlait encore au lecteur de son apprentissage il avait émis le souhait de rester dans les choeurs et ne pas se mettre sur le devant de la scène.
Après il s'est mis à être le spectateur de la tragique histoire entre son ami Feliciano et Don Manuele, je ne vois rien de vaniteux là-dedans et ses mémoires s'avèrent décevantes.

"Porporino ou les mystères de Naples" avait les attraits d'un livre susceptible de rendre l'atmosphère de Naples au 18 ème siècle et de faire partager au lecteur l'une des époques d'or de l'opéra italien au travers des castrats, en évoquant notamment l'un des plus célèbres : Farinelli, et à travers le personnage imaginaire de Porporino.
J'ai eu du mal à achever cette lecture et je n'y ai pas trouvé ce que je cherchais, néanmoins je reconnais des qualités au travail de Dominique Fernandez et je lirai d'autres oeuvres de lui afin d'approfondir ma connaissance sur cet auteur.
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L'esprit castrat

Quand on se propose de lire un roman, sans qu'on en sache trop (je connaissais que le roman présente la vie de quelques castrats du XVIII-e siècle et porte l'empreinte du baroque, c'était tout!), on ne sait pas à quoi s'attendre, on ne peut s'attendre qu'au miex et, en effet, 'Porporino ou les mystères de Naples' est un des meilleurs romans qu'on a lu.
C'est un roman qui ravit par son air baroque et par son pouvoir de tramer par l'intermédiaire des fils narratifs un monde veridique, qui paraisse vrai.
Le roman, la voix d'une conscience, représente le devenir d'un castrat, même d'un écrivain, car, en fait, on ne surprend pas l'être, mais le passage ('Je ne peins pas l'être, je peins le passage' dit Montaigne).
Quoiqu'un 'être defixé', déséquilibré et touché par une crise identitaire, ce n'est que par ses mémoire que le personnage, comme écrivain, pourra finalement converger vers un centre. Mais cette représentation écrite de l'écoulement de l'être, cette prise de conscience du devenir, n'est-ce pas l'identité même, dans une autre acception, la plus juste, la plus adéquate, mais surtout la plus sincère avec soi? Donc Porporino, loin d'essayer vainement à se procurer une identité, veut premièrement et finalement comprendre son devenir par l'écriture. À continuer!
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Le XVIIIème siècle vit l'apogée et la fin des castrats, ces chanteurs d'opéra que l'on avait volontairement castrés avant leur puberté afin qu'ils conservassent leur voix exceptionnelle. Bien loin de ne jouer que des rôles féminins, ils interprétaient également des rôles d'hommes, qu'écrivaient tout spécialement à leur intention des compositeurs comme Métastase.
Dans "Porporino ou les Mystères de Naples", c'est au destin de l'un de ces chanteurs, de son enfance dans un petit village italien jusqu'à sa vieillesse sur les rives du Neckar, que nous attache Dominique Fernandez.
Remarqué pour la qualité de son chant par le prince de Sansevero, le jeune Vincenzo del Prato est vendu aux gens du prince par son père, évidemment très pauvre et qui, d'ailleurs, ne l'aime guère. Après son opération, accomplie dans les règles de l'art de l'époque par le Dr Salerno, Vincenzo, qui se choisira par la suite le nom de scène de "Porporino" en hommage à un illustre castrat, est intégré au Collège des Pauvres en Jésus-Christ de Naples, véritable pépinière de compositeurs et de chanteurs.
Il y rencontrera Feliciano, à qui il vouera un amour platonique, et qui périra de façon atroce à la fin du roman, victime de la folie du prince Sansevero.
Mais au-delà l'intrigue, le romancier entend surtout dépeindre une époque où la Tradition commençait à se heurter avec violence aux idées nouvelles , jaillies entre autres de France. Ce n'est pas encore le temps de la Révolution française, puisque nous sommes sous le règne de Louis XV, mais la société est en pleine ébullition.
Au hasard des soirées auxquelles sont invités les élèves du Collège bénéficiant, comme Porporino et Feliciano, d'une haute protection, défilent un Casanova vieillissant, un Mozart encore tout jeune et bien d'autres. Les amateurs de rhétorique se disputent sur le thème de la liberté des idées et aussi sur celui de la barbarie que représente l'opération infligée aux castrats.
En parallèle, Dominique Fernandez nous fait partager sa connaissance - qui est grande - de l'art musical italien. Et puis, bien sûr, il nous fait visiter la ville de Naples, qu'il nous dépeint comme une espèce de reine puissante et encore belle mais déjà atteinte par les premiers symptômes de la petite vérole. Quant à son analyse des douloureux rapports père-fils qui peuvent mener un jeune garçon à l'homosexualité, elle est remarquable en tous points.
Le style, d'une élégance impeccable, est un vrai régal. La construction, quant à elle, est - à mon avis - un peu bancale : on passe trop brutalement de l'enfance de Vincenzo aux jours de Naples. A lire cependant comme une curiosité, surtout pour les amateurs de musique classique qui seront sans doute ravis de croiser çà et là l'image de Farinelli ou de Caffarelli. ;o)
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D'accord, la couverture est loin d'être attractive, mais la collection (les Cahiers Rouges chez Grasset) est excellente, et (me) déçoit rarement. Ensuite, c'est un livre que j'ai lu - que dis-je, lu, dévoré ! - entre Naples et Rome, ce qui ne gâche rien, puisque, comme son titre l'indique assez bien, ce roman de Fernandez nous balade dans les rues de Naples.

Fernandez est un habitué et un amoureux de l'Italie, grand connaisseur de l'époque moderne, comme en témoignait déjà le très puissant La Course à l'abîme, un de mes livres-cultes sur un de mes peintres-cultes (Le Caravage), un pavé de 700 pages lui aussi (trop) rapidement ingurgité.

Cette fois-ci nous quittons Rome pour le village miséreux de San Donato, perdu dans la Campanie profonde, où grandit le jeune Vincenzo del Prato, dont nous suivons la biographie imaginaire tout au long du roman. Dès l'enfance, Vincenzo est taraudé par des questionnements identitaires : qu'est-ce qui fait la différence entre l'unique et l'indistinct, les garçons et les filles ? Plusieurs évènements troublants, associant notamment le curé, accentuent ces angoisses. Vincenzo est âgé d'une douzaine d'années lorsque son père se résout à le "vendre" au seigneur du lieu, le prince de Sansevero, qui réside à Naples et décide de faire de l'enfant un castrat, selon la mode alors en vigueur à Naples, l'une des plus brillantes capitales de l'art lyrique.

Commence alors une nouvelle vie pour Vincenzo devenu Porporino, et pour nous une plongée vertigineuse et proprement étourdissante dans la Naples du 18e siècle, capitale de royaume. Tout le gratin européen s'y retrouve, depuis Casanova jusqu'à l'aventurière Sarah Goudard. le jeune Mozart y raconte comment le vieux Farinelli lui enseigne les rudiments de l'opéra, la reine se déguise en prostituée pour racoler sur le port, le prince de Sansevero se meurt d'amour pour une actrice volage, le roi se moque copieusement des cocus, les lazzaroni vivent, et les beaux castrats font tourner bien des têtes dans le tumulte napolitain.

L'érudition, la verve et la passion de Fernandez font de la lecture de ce roman un moment absolument magique. On est littéralement emporté, de la première à la dernière page, dans un véritable tourbillon où la fausse préface ajoute une touche de mystère. J'ai rarement lu des pages aussi belles - et aussi justes sur Naples, ville chère à mon coeur s'il en est.

Ainsi, page 309 : "Naples, splendide et décrépite - décrépite ou pas encore tout à fait terminée ? Combien me touchent ces belles demeures, auxquelles il manque toujours quelque chose, un bout, un ornement dans la façade, peut-être est-il tombé, ce balcon a pu s'effondrer, personne n'aura pensé à le reconstruire, peut-être aussi n'a-t-on jamais eu le temps de le mettre en place, ou l'argent a-t-il fait défaut. Il est impossible de dire si ce désordre, cette incurie, cet air de défaite est dû à la vieillesse, à l'abandon, ou si le projet initial était trop vaste, trop ambitieux, trop fou".

En contrepoint de ce voyage fascinant mené avec maestria, une réflexion pas inintéressante sur l'enfance, l'identité et ses limites, la vanité de l'homme et l'amour-passion.

L'indescriptible, l'impalpable atmosphère napolitaine est bien là, quelque chose en tous cas de sa poésie sauvage et inimitable, son faste passé et sa décadence, sa grandeur désolée ... et rien que pour cela, il vaut vraiment le coup de découvrir ces Mystères de Naples.
Lien : http://le-mange-livres.blogs..
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Naples et ses castrats : de tous les mondes disparus, lesquels suscitèrent à la fois autant d'indignation vertueuse, d'incompréhension horrifiée, d'admiration fascinée, de fantasmes et de rêves ?

Fasciné, Dominique Fernandez l'est indéniablement lorsqu'il entreprend de peindre, à travers les mémoires fictives d'un des derniers castrats, les ultimes moments de ce monde en déclin, depuis la campagne napolitaine où se recrutent les jeunes chanteurs aux fastes des scènes et des palais qui abriteront leurs triomphes, sans oublier l'école aux lois strictes où se forment leurs voix.
Un monde d'ors et de ténèbres, à deux doigts de se voir balayé par les aveuglantes Lumières, par les révolutions intellectuelles, politiques et sociales de la fin du XVIIIe siècle, écrasé par l'implacable triomphe de la Raison et de la Bourgeoisie. Un monde, pourtant, dont la logique répondait peut-être à des aspirations bien plus fondamentales que les simples désirs d'une aristocratie décadente auxquels on l'a trop souvent limité. Un monde où la superstition n'est pas nécessairement, pas uniquement, synonyme d'obscurantisme et d'asservissement, mais fusion instinctive dans une humanité primordiale, épargnée par les diktats réducteurs de la civilisation et de l'âge adulte.
Une humanité où chacun n'est pas contraint de répondre à des définitions précises, de rentrer dans des cases, où fusionnent le pauvre et le riche, le masculin et le féminin.

De cet idéal, deux incarnations radicalement différentes s'opposent. Porporino, qui très vite renonce aux désirs et aux ambitions des hommes, trouve un bonheur un peu fade mais solide dans la certitude de n'être rien. Feliciano, son camarade très aimé, joue de pouvoir être tout avec une soif de vivre, une grâce et une désinvolture qui attisent un peu trop les passions. Entre eux deux, un comte amoureux jusqu'à la folie pathétique et un prince génial et dérangeant, dont les caves abritent de bien curieuses expériences...
Si le personnage principal manque un peu trop de caractère pour attirer mon empathie, il est parfaitement juste dans son rôle, et cette relative fadeur est plus que largement compensée par le flamboiement ambigu des autres acteurs du drame. Mais le plus intéressant, ici, reste peut-être cette très belle, très riche évocation du royaume de Naples et de son identité ambiguë. Certaines réflexions sur l'esprit napolitain, d'ailleurs, m'ont fait penser à quelques unes des plus belles pages de Lampedusa.
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Citations et extraits (51) Voir plus Ajouter une citation
— Hé ! Hé ! Je me demande si l'institution des castrats ne fut pas la réponse qu'inventa le génie italien pour éluder les prescriptions trop sévères du code d'honneur castillan. Il est remarquable que le premier castrat soit apparu après, seulement après l'implantation des Espagnols dans la péninsule, et que le royaume de Naples, où ils restèrent deux siècles et demi, sans compter le règne de Charles, ait acquis pour ainsi dire le monopole du recrutement et de la formation des dessus. Sans cette échappatoire, le brillant chérubin italien aurait fini comme le sombre don Juan, victime tragique de la monogamie et du culte de la puissance virile. L'Italie, et surtout le royaume de Naples, se trouvèrent soumis à un code de l'honneur pour lequel ils n'étaient pas du tout préparés. L'invention des castrats, et en général la diffusion de la mode des travestis sur la scène, furent une trouvaille spécifiquement napolitaine, une ruse de l'instinct populaire, une protestation contre les règles insupportables de la morale castillane. En allant admirer des castrats, ou des femmes qui chantaient des rôles masculins, on prenait le droit, en quelque sorte, de s'attarder dans l'indétermination sexuelle, d'oublier les tâches de la maturité.
Comment se rappeler qu'on avait le devoir d'être un homme, si ceux dont on applaudissait l'incomparable voix se trouvaient dispensés de cette obligation ! Un grand capitaine, un roi, un conquérant, César, Alexandre lui-même ! dépouillés de leur puissance virile tout en gardant leur pouvoir de séduction : quelle aubaine pour des gens dont la sensualité subtile, complexe et hésitante s'accommodait fort mal des prescriptions brutales d'un code sans nuances, qui était par surcroît celui des occupants.
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« — Eh bien ! soyons plus précis. Ces yeux aux reflets verts, ces lèvres de corail, ces cheveux qui bouclent avec tant de grâce sans le secours des fers, votre teint, Feliciano, votre manière de marcher, de vous tenir, n'appartiennent pas, j'en mets ma main au feu, à une petite victime de la cruauté sacerdotale.
« A-t-il entendu dire, me demandai-je, que je passe pour être né de la fornication d'un prêtre ? J'allais éclater de rire à cause de la tournure fadement complimenteuse et bizarrement alambiquée de sa phrase, quand je m'avisai, par je ne sais quel frémissement qui parcourut ma personne, que peut-être le chevalier de Casanova ne songeait nullement à goûter avec moi les douceurs de la paternité.
« — Feliciano, reprit-il, je suis sûr que votre conformation diffère de la mienne.
« J'hésitais encore à comprendre.
« — Vous n'êtes qu'une beauté travestie.
« — Monsieur, répondis-je, je suis Feliciano Marchesi.
« — Ma chère, vous êtes une jolie femme déguisée. Si la longue contemplation que j'ai faite de vos charmes ne m'en avait donné l'assurance, je n'aurais jamais eu l'effronterie de vous attirer derrière ce rideau.
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Une mort épique/invraisemblable/effarante:
Ce fut d'autant plus horrible de les(les serviteurs) entendre pousser un grand cri lorsque, de leurs mains impies, ayant trouvé le coeur, ils l'agitèrent devant nous comme un trophée. A cette vue je m'évanouis dans mon coin. [...] Il ne restait plus de sa forme terrestre que des vagues débris éparpillés dans le sang, comme si ç'avait été un boeuf offert un jour de cocagne par la libéralité du Roi pour l'amusement de ses sujets.[..]
Il mourut sans une plainte, sans un cri. Dieu me pardonne, mais il eut le temps de regarder don Manuele qui s'était réfugié dans un coin. Lorsque les valets s'écartèrent, il s'écroula sur le tapis, les bras en croix, un sourire aux lèvres.
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Moi, je me félicite tous les jours de pouvoir changer de nature selon ce qu'on désire que je sois. C'est fantastique d'entrer dans un salon, de voir tous les yeux qui se fixent sur toi, de sentir tous les cœurs qui battent dans la poitrine de ces hommes et de ces femmes. Tu te dis que chacun de ces gens qui te regardent est peut-être en train de se demander s'il réussira à se faufiler dans ton lit ou à t'attirer dans le sien. Tu les tiens tous, tu les gouvernes tous, ils sont à tes pieds, ils sont à toi, tu les possèdes, chacun des sexes croit que tu préfères l'autre, et toi tu n'en préfères aucun, pour rester leur maître.
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Une vingtaine de prénoms en tout servaient à désigner trois ou quatre cents personnes. Je faisais rapidement le calcul. Si quelqu'un avait ouvert une porte et crié dans la nuit : « Vincenzo ! » ou « Paolo ! » ou « Giuseppe ! », vingt-cinq voix auraient pu répondre à l'appel. N'est-ce pas cela qu'ils voulaient, n'est-ce pas cela qui les rendait heureux, oui, cette communication circulaire obtenue par la mitoyenneté des prénoms ? Chaque Vincenzo était tous les autres Vincenzo à la fois, et tous les Vincenzo participaient à la vie de chacun, de même que les étoiles qui scintillaient au-dessus de leurs têtes se contentaient d'une palpitation intermittente pour exister et d'une solidarité anonyme pour se reconnaître.
Comme ils avaient l'air apaisés et tranquilles ! Comme on les eût étonnés en leur apprenant que l'ambition de s'affirmer contre son voisin et d'être quelqu'un par soi-même créait une incessante agitation à la cour de Roi Ferdinand, distante de quelques dizaines de lieues de leur village ! Ni mon père ni ma mère ni aucun des habitants de San Donato n'auraient été assez fous pour se mettre en peine de savoir, avec cette fébrilité propre aux citadins, si leur individu avait ou non de la consistance. Lorsqu'ils furent sommés d'en acquérir une, au nom des idées nouvelles en vogue dans la capitale, on a bien vu quelle réaction énergique ils opposèrent au téméraire prédicateur !
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Arthur Dreyfus Journal sexuel d'un garçon d'aujourd'hui - éditions P.O.L: où Arthur Dreyfus tente de dire de quoi et comment est composé son livre "Journal sexuel d'un garçon d'aujourd'hui" et où il est notamment question d'intensité de vie et d'écriture, de rencontres sexuelles et de leurs retranscriptions, du désir et de l'amour, de la pulsion de mort, de sexualité gay et des 2300 pages du livre, de honte et de morale, de repentir et de rédemption, d'Emmanuel Carrère et de Michel Foucault, de Guillaume Dustan et de Dominique Fernandez, de Grindr et de plans, de vérité et d'intimité, à l'occasion de la parution de "Journal sexuel d'un garçon d'aujourd'hui" aux éditions P.O.L, à Paris le 19 février 2021
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